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JCC 2024 – «Palestine, le labyrinthe d’une mémoire en résistance» à la Cité de la Culture de Tunis : Une exposition immersive

Les films entre documentaires et fictions, qui sont présentés accompagnés de textes présentateurs et d’affiches, et dont on peut visulaliser des extraits in situ, reviennent sur des moments clés de l’histoire palestinienne, entre autres ceux en lien avec la Tunisie. Ainsi, on peut y voir documentée l’arrivée des combattants palestiniens au port de Bizerte le 28 août 1982 et l’attaque par raid aérien de l’entité sioniste le 1er octobre 1985 de Hammam Chatt.

Une petite rétrospective sur l’histoire du cinéma palestinien est proposée cette année par les JCC dans le cadre de l’hommage rendu à ce pays et à cette nation qui subissent actuellement, et depuis 1948, les atrocités de l’occupation israélienne acceptée, appuyée et soutenue par les politiques internationales. Une exposition intitulée «Palestine, le labyrinthe d’une mémoire en résistance» y est dédiée depuis le début du festival, installée dans le Hall principal de la Cité de la culture. Ce cinéma a vu ses débuts en 1935 avec deux documentaires, l’un tourné à l’occasion de l’inauguration de l’école technique d’un orphelinat et l’autre tourné par Hassan Sarhan lors de la visite du roi Saoud en Palestine. Sarhan a, depuis, réalisé plusieurs autres films jusqu’à la Nakba de 1948, après laquelle il s’est réfugié en Jordanie. La cause palestinienne est devenue le principal sujet abordé et le cinéma n’était plus abordé seulement comme une forme d’art, mais aussi comme un outil nécessaire pour documenter surtout les affrontements en période de révoltes armées et d’intensification des opérations militaires. La crise des réfugiés ayant pris de l’importance, les camps et la question de l’asile sont aussi devenus des composantes essentielles du cinéma palestinien. Dans ce contexte, les cinéastes palestiniens se sont retrouvés soit dans les pays voisins comme la Jordanie, le Liban et la Syrie en tant que réfugiés, soit dans d’autres pays étrangers. Ils ne pouvaient donc plus produire de films, car ils avaient perdu leurs outils et leurs sociétés de production dans leur pays. En 1965, les mouvements de libération nationale ont marqué le début de la révolution palestinienne armée. Le cinéma de cette époque était alors nommé «cinéma de la révolution palestinienne». Un groupe de directeurs de la photographie et de réalisateurs a fondé la Palestine Film Unit, livrant une collection de films documentant le mouvement armé résistant à l’occupation et les souffrances de la diaspora palestinienne. C’est aussi l’année de la création, par le photographe et cinéaste Hani Jawharya, de l’Organisme de cinéma palestinien (OCP)avec pour objectif principal fondateur de mettre le cinéma tout entier au service de la révolution palestinienne.

Les coalitions révolutionnaires et politiques en Palestine ont aussi créé leurs unités médiatiques et cinématographiques pour produire du cinéma révolutionnaire. Le Front populaire, le Commandement général et le Front démocratique ont produit des dizaines de films, en particulier dans les années 1970 et 1980. La liste de ces films comprend «No to a Peaceful Solution», produit par Mustafa Abu Ali, Salah Abu Hanoud, Hani Jowharieh et Sulafa Jadallah en 1968, ainsi que « With Soul, With Blood » de 1971 par Mustafa Abu Ali, qui a été surnommé le fondateur du cinéma révolutionnaire palestinien. Certains cinéastes étaient néanmoins convaincus qu’un autre langage cinématographique était peut-être plus influent et universellement accessible. Un langage, parfois exempt de sang et de balles. Ainsi, le cinéma palestinien a évolué vers un cinéma philosophique et intellectuel.

Ainsi, depuis les années 80 et les premiers films de Michel Khleifi, entre autres « Noce en Galilée », les cinéastes ont commencé à exposer leur point de vue sur leur société, une approche introspective qui, plaçant la stratégie coloniale des sionistes en filigrane, montre comment celle-ci utilise les failles de la société palestinienne pour mieux la déstructurer et en accélérer l’effacement. Tout en continuant d’explorer les ressources inépuisables du documentaire, c’est à travers la fiction qu’ils ont choisi de mettre en scène la réalité qu’on ne peut ou ne veut pas voir. Les années 90 voient la création d’un grand nombre de films palestiniens tournés par des cinéastes qui ont grandi sous l’occupation sioniste en Cisjordanie, à Gaza ou dans les camps de réfugiés. Les premières œuvres de Rashid Masharawi et d’Elia Suleiman par exemple ont donné une nouvelle visibilité aux Palestiniens. C’est sur d’importants chapitres de cette histoire que revient l’exposition « Palestine, le labyrinthe d’une mémoire en résistance ». Elle prend la forme d’un labyrinthe dans une scénographie qui, notent ses organisateurs, trouble les sens du visiteur et recrée l’état d’urgence permanent qui hante la Palestine. Un dédale dans lequel les murs portent les cicatrices d’un siège colonial qui se prolonge atteignant son paroxysme à Gaza particulièrement avec le génocide en cours. Les films entre documentaires et fictions, qui sont présentés accompagnés de textes présentateurs et d’affiches, et dont on peut visualiser des extraits in situ, reviennent sur des moments clés de l’histoire palestinienne, entre autres ceux en lien avec la Tunisie. Ainsi, on peut y voir documentée l’arrivée des combattants palestiniens au port de Bizerte le 28 août 1982 et l’attaque par raid aérien de l’entité sioniste le 1er octobre 1985 de Hammam Chatt. L’exposition rend aussi hommage à travers des archives de films et des documents audiovisuels aux « martyrs de l’image », ceux qui ont sacrifié leur vie pour transmettre la vérité. Il est question aussi d’extraits d’œuvres essentielles du cinéma palestinien ayant remporté des Tanits d’or ou marqué les précédentes éditions des JCC, à l’instar de « Kafer Kassem » de Borhane Alaouié, lauréat en 1974, « Maâloul fête sa destruction » et « Noce de Galilée » de Michel Khleifi primé en 1988, ainsi que « The wanted » d’Ahmed Shomali primé en 2015 et « Little Palestine » d’Abdallah Al Khateb en 2021.

On peut trouver aussi les films « They do not exist » et « Palestine in the eye » de Mustapha Abou Ali. Ce dernier, qui est un court métrage réalisé en 1977, relate l’impact profond de la mort du photographe martyr Hani Jawharia au sein de l’unité cinématographique de l’OLP et revient sur sa vie à travers des témoignages de sa famille, de ses propres images, y compris le moment de sa mort lors d’un tournage pour l’unité en 1976.

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Journées cinématographiques de Carthage – «Matula», un documentaire de Abdallah Yahia : Un film essentiel

Rayan est l’un de ses poulains les plus prometteurs, autour de lui, le réalisateur dresse le portrait collectif d’un groupe d’individus qui vivent au jour le jour dans un environnement impitoyable.

Hay Hlel, dont l’histoire remonte aux années 1930, est un quartier qui se situe à un jet de pierre du centre de Tunis. Les clichés en ont fait un repère de délinquants presque interdit d’accès, stigmatisant ainsi tous ses habitants. Mais Hay Hlel est surtout une cité marginalisée, parmi d’autres encore dans le pays qui sont oubliées et occultées par les politiques. Cette image négative a malheureusement la peau dure et colle à ce quartier abandonné à son sort. Après El Omrane à Sidi Bouzid (2013) et Jbal Jloud à Tunis (2011), c’est là que le réalisateur  Abdallah Yahia a décidé de poser sa caméra pendant 4 ans pour tenter, à travers son documentaire «Matula», de venir à bout de ces idées reçues, donner de la voix à celles et ceux qui n’en ont pas et braquer la lumière sur cette part maudite du pays. «Nous sommes tous tunisiens. Comme tout le monde, nous essayons de nous en sortir et de vivre dignement. Je ne nie pas l’existence de criminalité dans notre quartier, mais comment  être autrement après tant d’années de marginalisation politique», lance très émue, Douha Ben Salah, une des protagonistes du film lors du débat qui a suivi sa troisième et dernière projection qui s’est tenue, mardi dernier, au Zephyr La Marsa dans le cadre de la 35e édition des JCC. Cette dernière est une femme de fer qui encadre et prend sous son aile des jeunes du quartier en faisant tout pour les éloigner de la délinquance par le biais du football. Rayan est l’un de ses poulains les plus prometteurs qu’elle suit de très près. Il est le principal protagoniste de ce long métrage de 80’ retenu dans la compétition officielle du festival.  Autour de lui, le réalisateur dresse le portrait collectif d’un groupe d’individus qui vivent au jour le jour dans un environnement impitoyable. C’est par un plan serré sur le jeune garçon que s’ouvre le documentaire après un avant-propos fait d’une vue aérienne mettant à nu un décor d’amas bétonnés chaotiques à dominance rouge-brique précédée par un plan montrant le passage de ce qui ressemble à une foule en protestation. La couleur est lancée. Surnommé «Matula» par ses copains en référence à un footballeur africain, Rayan a vécu avec ses grands-parents après que ses parents ont traversé clandestinement la Méditerranée en 2011 pour rejoindre la France. Installés là-bas depuis presque 14 ans, ils attendent toujours une réponse à leur demande d’asile. L’histoire de Matula est celle de ces jeunes qui portent en eux le lourd fardeau des espoirs de toute la famille. Tous nourrissent le rêve qu’il devienne un jour une vedette internationale du football, à l’instar de son idole Cristiano Ronaldo. Sélectionné comme junior à l’Espérance sportive de Tunis, il s’entraîne tous les jours sous l’œil bienveillant de sa grand-mère Samia.  Abdallah Yahya et Moez Bhiri (producteur exécutif et directeur de la photographie) ont suivi Matula et ses proches avec leur caméra pendant 4 ans, nous ouvrant les portes de ce monde  oublié de la Tunisie.  Des décors de misère entre autoroute, voie ferrée, colline et la sebkha de Sijoumi où les drogues et les violences policières font des ravages, où le sentiment de stigmatisation et d’exclusion (la hogra) est omniprésent et où le lien avec l’Etat est très fragile. Une dure réalité à laquelle les gens tentent d’échapper en créant leurs propres alternatives, en s’orientant vers le secteur informel comme le transport clandestin, la poterie des kanoun et même le deal de drogues. Une cruelle réalité, dont une grande partie des jeunes s’évade en s’enfonçant dans le cercle vicieux et infernal du subutex et autres substances «dont la circulation est permise par les gros bonnets de la drogue», une affirmation qui revient en leitmotiv dans le film. «En une semaine, il m’est arrivé d’assister aux funérailles de 5 de ces jeunes que j’ai essayé d’encadrer et qui ont été emportés par la drogue», lance Mme Douha avec amertume faisant écho aux séquences de cortèges funéraires dans le quartier sous les «Allah Akbar» et autres slogans de protestations que les policiers accompagnent de tirs de bombes lacrymogènes. Les victimes sont pour la majorité des jeunes entre 14 et 18 ans, fauchés par une overdose ou sous le coup d’abus policiers. Au milieu de ce chaos,  de fortes têtes sèment des fleurs ici et là dans cette urbanité aride, en se dressant contre la dérive. Et dans le film de Abdallah Yahya, ces «guides» sont toutes des femmes. Il y a d’abord la grand-mère Samia de Matula avec laquelle il entretient une attendrissante complicité faite de taquineries, de coups de colère et de beaucoup de reconnaissance drapée de nonchalance juvénile. «C’est la femme qui m’a élevé après le départ de mes parents en France, sans elle, je serai perdu. Elle m’a tout donné et un autre jour, je la priviligerai même à ma mère», raconte Matula en larmes en montrant son nom Samia, tatoué sur son épaule. Et il y a Dhouha Ben Salah qui vient renforcer le travail de la grand-mère. Elle est la présidente de l’association Hay Hlel-Mellassine Sport. Créée en 2011, cette association de football regroupe des jeunes entre 6 et 18 ans. Malgré les difficultés financières et logistiques, elle s’est investie dans son quartier et a su orienter les mineurs vers les activités sportives. Ces femmes font de tout pour que l’adolescent de 14 ans ne suive pas le même chemin dramatique que les autres jeunes du quartier et veillent à ce qu’il ne s’embarque pas dans une aventure périlleuse et sans espoir, en suivant l’exemple de ses parents. Ces derniers ne l’ont pas vu depuis plus de 13 ans et il ne connaît son jeune frère et sa sœur qu’à travers l’écran de son téléphone. On apprendra à la fin du film que les tentatives pour lui permettre de leur rendre visite n’ont toujours pas abouti. En attendant, le jeune garçon, privé de la présence et de l’amour de ses parents, s’accroche à sa seule bouée de sauvetage, le football, et espère plus d’implication de la part des responsables de l’Etat et pourquoi pas à défaut de ceux de l’Espérance sportive de Tunis. Ce Nord tant rêvé par les gens du Sud, beaucoup de jeunes de Hay Hlel l’envisagent comme la seule alternative au cercle infernal de la misère, la stigmatisation, la violence policière et les drogues. Mais la réalité est loin d’être toujours conforme à leurs fantasmes, nourris par les balades qu’ils s’offrent de temps à autre, dans les rues de Paris et autres villes via un casque de réalité virtuelle…

Une œuvre essentielle à voir absolument !

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Compétition officielle — « Mé el Ain »  de Meryam Joobeur: La Pietà et ses revenants

L’histoire se passe dans un village reculé du pays (entre mer et terre) où deux fermiers, Aïcha, une mère de famille douée de rêves prophétiques, et son mari, Brahim, sont dévastés par le départ inexpliqué de leurs deux fils aînés en guerre en Syrie. Après le retour de l’un d’eux en compagnie d’une mystérieuse fiancée voilée et muette (Reem), les parents décident de taire ce retour à leur communauté.

En course dans la compétition officielle des JCC, parmi 14 autres longs métrages de fiction arabes et africains, le film «Mé el Aïn» (titre en anglais «Who Do I Belong To» et en français «Là d’où l’on vient»), de Meryam Joobeur, a été projeté le 16 décembre au Théâtre de l’opéra de Tunis. Bien avant, les journalistes ont eu droit à une projection de presse à 11h30 qui a été malheureusement un peu perturbée par des intrusions et autres va et vient injstifiés. Cela étant, l’on a pu tout de même découvrir et apprécier cette pépite qui nous a séduits, surtout au niveau formel et stylistique. La forme, Meryam Joobeur l’a enrobée de réalisme magique, rejoignant cette tendance de plus en plus perçue dans notre actuel cinéma où des récits politiques ou portraits de société sont composés en faisant appel au cinéma de genre. En effet, dans «Mé el Ain» (120’, une coproduction entre la Tunisie, le Canada, la France et le Qatar), qui est la version longue de son court-métrage Brotherhood (nominé aux Oscars 2020 et lauréat de plusieurs prix dont le Tanit d’or aux JCC 2018 mention spéciale), la réalisatrice flirte avec le fantastique et utilise les tropes de l’horreur pour aborder le drame des jeunes Tunisiens enrolés par des forces obscures (plus vraiment maintenant) pour rejoindre les rangs de l’Isis dans la guerre déclenchée en 2011 en Syrie. La thématique générale est, certes, un peu offshore qui se veut alignée à la perception et à l’assimilation de la doxa du Nord, entrant dans le cadre de ces sujets qu’on accole aux pays du Sud (la politique, le patriarcat, l’obscurantisme, etc.) qui présentent les peuples arabes comme étant infiniment écartelés dans une lutte sans solution entre modernité et tradition… Mais la réalisatrice a réussi à la transcender par son parti pris esthétique. Une manière peut-être de dire qu’aux pays du Sud on peut représenter autrement nos réalités, aller au-delà de la simple figuration pour nous réconcilier avec notre histoire. L’histoire se passe dans un village reculé du pays (entre mer et terre) où deux fermiers, Aïcha, une mère de famille douée de dons prophétiques, et son mari Brahim sont dévastés par le départ inexpliqué de leurs deux fils ainés en guerre en Syrie.

Quand l’un d’eux (Mehdi) revient comme dans une apparition (apportée par la confusion scénaristique voulue entre les visions de la mère et la réalité) en compagnie d’une mystérieuse fiancée voilée et muette (Reem), les parents décident de taire ce retour à leur communauté. Le retour du fils (sans son frère Amine) déclenche d’étranges événements dans le village. Aïcha est tellement occupée à protéger Mehdi, ainsi que son plus jeune fils Adam, qu’elle remarque à peine la peur croissante au sein de la communauté. Elle doit affronter les limites de son amour maternel afin de mettre fin à l’obscurité grandissante. « Mé el Ain » (qu’on peut traduire par l’eau de source) s’ouvre par une vision de Aïcha (campée par la magnifique Salha Nasraoui) à la fois poétique et morbide, où l’on voit un grand drap coincé dans des branches d’arbres dans un plan ouvert par un fondu noir et d’un bruit assourdissant de vent. D’emblée, on comprend qu’un drame se niche dans les recoins verdoyants de ce décor rural saisissant de beauté, dans ce qui semble être les vestiges d’un paradis perdu, celui de deux parents qui aspirent à un bonheur simple. Et c’est au travers de la figure protectrice de la mère et au gré de ses visions prémonitoires que l’histoire chapitrée en trois parties (Un an après l’orage, Une ombre vit parmi nous et L’éveil) va prendre progressivement tout son sens. Aicha est la figure centrale de l’histoire, une Pietà qui fait face au drame et une matrice qui contient les maux de la famille, ses propres prémonitions angoissantes, le silence horrifique qui accompagne le retour du fils et la douleur de la perte annoncée. Le niqab et le silence de Rim perturbent profondément Brahim (joué par Mohamed Hassine Grayâa). Elle, de son côté, décide d’accueillir le couple dans la maison et s’engage à les protéger à tout prix.  La mort inexpliquée d’une brebis et autres faits étranges sont distillés dans le deuxième chapitre du film pour s’envenimer au fil de l’intrigue (et avec eux les visions de la mère) portés par l’élégance des décors sublimés par une magnifique photographie. Bilal, un jeune policier très proche de la famille, est obligé d’enquêter quand des disparitions progressives de jeunes hommes du village font surface semant trouble et peur chez les habitants.  Dans les deux premières parties, la caméra et le son semblent frôler un mystère qui demeure insaisissable.

La photographie avec ses nuances de bleu et de gris et cette vive présence pourpre qui drape les buissons, accentue cette ambiance étrange et surnaturelle. Le format de l’image cadre les personnages et offre un effet d’immersion nous faisant vivre à chaque plan ce traumatisme partagé.      

C’est dans la troisième partie que le voile commence à se dissiper petit à petit, apportant quelques éclairages pour le moins glaçants. Le drame est à son comble porté par une émouvante bascule poétique. Outre les gros plans qui soulignent les expressions des visages et les fortes émotions, le pathos se dessine aussi par des allégories narratives et figuratives.  Une belle esthétique, 120 minutes avec un rythme impeccable, un récit émouvant et une intéressante approche narrative qui nous rappelle un peu l’ambiance de la série française à succès «Les Revenants» de Fabrice Gobert. Mention spéciale pour le casting et pour l’image.     

 

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«Le Ballet de Bab Bhar», exposition personnelle de David Bond à l’Espace d’art Imagin’ à Carthage (Re): Vivre Tunis en dessins

Il sillonnera sans relâche les rues, les places et les faubourgs de Tunis en y invoquant et en réinventant au dessin, sur son sketchbook, le quotidien, la vie et les décors. Ses dessins, si caractéristiques, ne font pas que croquer une cité et ses habitants, ils racontent des histoires, restituent des sons et des ambiances et réhabilitent des monuments, des enseignes et des façades aujourd’hui disparus.

Grand voyageur, David Bond a sillonné le monde en prenant le départ de son Écosse natale. Ses pérégrinations l’ont mené à Aden, en Alexandrie, à Marseille et à Alger avant de jeter l’ancre à Tunis où il a vécu près de 20 ans, d’abord dans la Médina, ensuite au Kram dans la banlieue nord. Il sillonnera sans relâche les rues, les places et les faubourgs de Tunis en y invoquant et en réinventant au dessin, sur son sketchbook, le quotidien, la vie et les décors. Ses dessins, si caractéristiques, ne font pas que croquer une cité et ses habitants, ils racontent des histoires, restituent des sons et des ambiances et réhabilitent des monuments, des enseignes et des façades aujourd’hui disparus. L’histoire de David Bond avec Tunis commence en 1995 à l’Institut des belles-lettres arabes à Tunis où, jusqu’en 2010, il assure la coordination éditoriale de la revue Ibla. Il obtient une licence en lettres arabes à la faculté des sciences humaines et sociales de Tunis et, en 2017, il soutient une thèse de doctorat à Ohio State University aux États-Unis sur le thème de «Histoire et nostalgie en Tunisie». Ses dessins, aquarelles et autres collages ont été exposés à Tunis à l’Espace d’art Imagin’ à Carthage, à la galerie View et dans la librairie des souks Diwan ainsi qu’à la bibliothèque de l’Ohio State Université et au Centre culturel français à Sanaa (Yémen).

De retour à Tunis dans le cadre de ses fréquents séjours, l’Espace d’art Imagin’ à Carthage, qui l’a fidèlement accueilli pour plusieurs de ses expositions, expose, depuis le 14 décembre, ses derniers travaux réunis sous l’intitulé «Le Ballet de Bab Bhar». Un titre qui, comme il l’explique, s’inspire du «ballet du trottoir» (sidewalk ballet) qui figure dans l’ouvrage de l’urbaniste Jane Jacobs «Death And Life Of Great American Cities» (1961) où elle exprime sa vision d’une ville vivante faite de rencontres imprévues entre personnes différentes.

A ne pas rater!

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