L’évolution de la paire EUR/USD a un impact sur l’économie tunisienne. La paire EUR/USD a démontré une résilience notable. Et ce, malgré les incertitudes entourant la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE). Bien que Christine Lagarde, la présidente de la BCE, ait adopté un discours modéré, l’euro a su maintenir une stabilité relative autour de 1,05 dollar. Cette stabilité illustre l’équilibre fragile entre une BCE en pleine adaptation et les anticipations de resserrement de la Réserve fédérale américaine (Fed).
Bien avant d’analyser les répercussion sur l’économie tunisienne, examinons le tableau de bord de l’économie mondiale. Les perspectives économiques de la zone euro influenceront directement les anticipations sur les taux directeurs. Selon les analystes, la BCE pourrait amorcer une trajectoire baissière, avec des taux prévus entre 2,00 % et 2,25 %, des niveaux considérés comme supérieurs au seuil neutre.
Cette révision reflète une tentative de répondre aux défis économiques croissants, notamment le ralentissement de la croissance et les pressions inflationnistes modérées.
La dynamique des obligations souveraines européennes
Sur le marché obligataire, l’élargissement récent de l’écart entre les rendements des obligations italiennes et allemandes résulte principalement de rééquilibrages de portefeuilles et de prises de bénéfices.
Cette dynamique ne traduit pas nécessairement une inquiétude accrue concernant les fondamentaux économiques ou les politiques monétaires. Les écarts précédemment étroits réduisent les risques d’une réaction disproportionnée face au ralentissement.
Les attentes pour l’EUR/USD
À court terme, l’EUR/USD devrait osciller entre 1,0450 et 1,0550. Cette fluctuation reflète l’attentisme des marchés avant la prochaine réunion du Comité fédéral de l’open market (FOMC).
Ce rendez-vous pourrait constituer un tournant pour le dollar, renforçant les positions courtes sur l’euro en raison de son avantage en termes de portage.
La posture de la Banque nationale suisse (BNS)
La Banque nationale suisse (BNS) a adopté une attitude prudente en réduisant ses taux de 50 points de base, tout en manifestant des réserves quant à l’utilisation de taux négatifs.
Bien que moins accommodante que la BCE, la politique de la BNS pourrait accentuer la pression baissière sur l’EUR/CHF, renforçant ainsi la divergence entre les deux institutions.
L’Impact sur l’économie tunisienne
La stabilité relative de l’EUR/USD et les divergences de politiques monétaires entre la BCE et la BNS ont des répercussions notables sur l’économie tunisienne.
Ces effets se manifestent principalement à travers les échanges commerciaux, les réserves de change et le coût du financement international.
Le premier effet, sur les échanges commerciaux
L’Union européenne, principal partenaire commercial de la Tunisie, joue un rôle déterminant dans l’impact des fluctuations de l’euro sur :
- Les exportations tunisiennes : une baisse relative de l’euro face au dollar réduit la compétitivité des produits tunisiens sur les marchés européens, en particulier dans les secteurs comme le textile et l’agroalimentaire.
- Les importations tunisiennes : une dépréciation de l’euro pourrait réduire le coût des importations depuis la zone euro. Cependant, cette baisse pourrait être neutralisée par une hausse des prix des matières premières libellées en dollars.
Le deuxième effet, sur les réserves de change et balance des paiements
La parité stable autour de 1,05 impose des pressions significatives sur les réserves en devises de la Tunisie via :
- La dépréciation de l’euro par une réduction de la valeur des réserves en euros en termes de dollars affecterait négativement les marges de manœuvre financières.
- L’inflation importée, avec un dinar tunisien souvent aligné sur l’évolution de l’EUR/USD, une variation défavorable pourrait exacerber les pressions inflationnistes sur les biens de première nécessité.
Le troisième effet, sur le coût du financement extérieur
Les divergences entre la BCE et la Fed influencent directement le coût d’accès aux marchés financiers pour la Tunisie via :
- Les Taux européens : si la BCE réduit ses taux, la Tunisie peut obtenir des conditions plus avantageuses pour ses emprunts en euros. Ce qui réduirait sa charge de la dette.
- Un Dollar fort : une politique plus restrictive de la Fed alourdirait le coût des remboursements en dollars, augmentant les risques de tensions budgétaires.
Le quatrième effet, sur les perspectives sur le tourisme et les transferts
- Tourisme : une stabilité de l’euro face au dollar pourrait encourager les flux touristiques en provenance de l’UE, soutenant un secteur vital pour l’économie tunisienne.
- Transferts de fonds : les envois des Tunisiens résidant en Europe, essentiels pour la consommation interne, pourraient être légèrement affectés par une dépréciation prolongée de l’euro.
En définitive, l’évolution de la paire EUR/USD, dans un contexte de politiques monétaires européennes et suisses divergentes, représente un enjeu majeur pour l’économie tunisienne.
Une gestion proactive des réserves de change et des politiques monétaires locales s’impose pour limiter les effets négatifs sur la compétitivité, sur la stabilité macroéconomique et sur la stabilité macrofinancière tunisiennes.
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* Dr. Tahar EL ALMI,
Economiste-Economètre.
Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,
Psd-Fondateur de l’Institut Africain
D’Economie Financière (IAEF-ONG)
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