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Tunisie : débat sur les ressources génétiques pasto-fourragères

La valorisation de la diversité génétique fourragère et pastorale constitue la clé de voûte pour la garantie de la sécurité alimentaire et d’une agriculture durable et résiliente au changement climatique, tel est le constat fait, mercredi 18 décembre, par les intervenants et panélistes au colloque national de la Banque nationale des gènes (BNG) sur le rôle de la banque dans la réalisation de la sécurité alimentaire « Les ressources génétiques pasto-fourragères face aux changements climatiques ».

Les ressources fourragères et pastorales nationales sont indispensables pour la durabilité du secteur de l’élevage, nécessaire à son tour pour l’alimentation humaine. Or, en Tunisie, les cultures fourragères qui sont à raison de 81% des cultures à sec, donc très exposées aux impacts des changements climatiques, subissent des pressions énormes, dont la sécheresse, la dégradation du sol, l’érosion génétique et la perte de la biodiversité. Leur dégradation constitue une menace pour le secteur de l’élevage et de l’agriculture.

Face à cette menace, la BNG envisage d’intensifier les « opérations agriculteurs- conservateurs » tout en coordonnant avec toutes les structures concernées et celles de la recherche pour intensifier les cultures et identifier des variétés résilientes aux changements climatiques.

À cet égard, la banque prévoit d’œuvrer à engager une révision du cadre législatif des semences et plants dans la perspective d’élaborer un registre spécialisé dans les variétés autochtones, d’encourager la conservation à la ferme ainsi que d’intensifier les actions de sensibilisation, a souligné le directeur général de la BNG, Youssef Zidi.

La Banque va axer également son action, ajoute le responsable, sur l’élaboration d’une stratégie nationale inclusive pour une gestion durable des ressources génétiques en collaboration avec les structures concernées, l’enrichissement des collections nationales pour accroître la diversité génétique disponible, afin de répondre aux défis climatiques et environnementaux actuels et futurs et la multiplication à grande échelle des ressources génétiques locales, afin de satisfaire les besoins des agriculteurs en semences autochtones qui contribuent à la sécurité alimentaire et à la promotion d’une agriculture durable résiliente aux stress hydrique et biotique.

Dans le monde entier, les banques des gènes sont des arches de Noé, leurs activités sont très importantes pour l’avenir de l’humanité, a fait remarquer Fayçal Ben Jeddi, docteur en sciences appliquées, agronomie et biotechnologie végétale.

Il a indiqué que la question des ressources fourragères est transversale et touche à multiples filières et à multiples cultures, dont les céréales, les féculents, les oliviers et non seulement les plantes fourragères.

Sur 2193 espèces existantes en Tunisie, plus de 600 sont des espèces pasto-fourragères, a-t-il fait savoir, relevant qu’il y a nécessité aujourd’hui de travailler sans perdre de temps sur des espèces spécifiques et ciblées pour les zones arides, humides ou montagneuses pour plus d’efficacité et pour aboutir à des résultats concrets, d’autant plus que l’amélioration variétale est un travail de longue haleine. « Les améliorateurs sont peu nombreux et l’amélioration nécessite une grande patience, parfois il faut 10 ans pour avoir un résultat ».

Intervenant à l’ouverture du colloque, le ministre de l’Agriculture, Ezzeddine Ben Cheikh, est revenu sur les défis auxquels fait face le secteur fourrager et, partant, celui de l’élevage.

Parmi ces défis, il a cité une baisse des superficies consacrées aux ressources fourragères, lesquelles représentent 16% des grandes cultures actuellement contre 65% en 1965.

Il s’agit également de la baisse des précipitations, de la dégradation des terres, de la perte de la biodiversité, sous les effets des changements climatiques, ce qui rend les cultures fourragères moins résilientes face à ces défis.

« En dépit de ces défis, notre pays est riche en patrimoine génétique et en biodiversité et nous devons œuvrer pour identifier des solutions et encourager les efforts de reproduction d’espèces fourragères plus résilientes et adaptées au changement climatique pour garantir la sécurité et la pérennité du secteur de l’élevage », a recommandé le ministre, revenant sur l’expérience réussie de reproduction de 3 espèces de figue de Barbarie, résistantes à la cochenille du cactus.

Pour sa part, le ministre de l’Environnement et du Développement durable, Habib Abid, a mis en exergue l’expertise et les compétences scientifiques disponibles (chercheurs, ingénieurs, techniciens…) dans les institutions de recherche en Tunisie, outre l’existence d’une base de données très importante à la BNG, autant d’atouts qui permettent de travailler ensemble pour identifier des solutions aux défis auxquels fait face le secteur des fourrages.

«  Il faut qu’on travaille avec des agriculteurs-multiplicateurs et avec les cercles de recherche pour identifier des espèces adaptées et résilientes à la désertification, qui constitue une menace réelle, et aux impacts des changements climatiques en général », a-t-il dit.

Le ministre a également évoqué le projet de ceinture verte sur lequel vont travailler conjointement les départements de l’Agriculture et de l’Environnement.

Il s’agit de zones de développement allant de Sfax, passant par Sidi Bouzid jusqu’à Kasserine et la frontière tuniso-algérienne, où seront développés des projets essentiellement basés sur l’agriculture ainsi que sur la valorisation des eaux usées pour l’irrigation des cultures, dont les oliveraies.

La Banque nationale des gènes dispose jusqu’à aujourd’hui d’une collection de 9223 accessions de ressources génétiques fourragères et pastorales, de 70 genres et 220 espèces identifiées.

Le colloque sur « les ressources génétiques pasto-fourragères face aux changements climatiques » est organisé par la BNG avec l’appui du ministère de l’Environnement, la FAO et l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA).

Avec TAP

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Sécurité alimentaire : La BNG et l’IRESA signent une convention pour valoriser les ressources génétiques locales

La banque nationale des gènes (BNG) et l’Institution de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur Agricoles (IRESA Tunisie) ont signé, mercredi, à Tunis, une convention cadre pour développer les ressources génétiques locales dans le cadre de la recherche scientifique.

Cette convention signée en marge du colloque national de la BNG sur le rôle de la banque dans la réalisation de la sécurité alimentaires «ressources génétiques fourragères et pastorales face aux changements climatiques», prévoit d’encourager les chercheurs à valoriser davantage les ressources génétiques locales. Elle sera, également, un cadre adéquat pour une meilleure coordination et la signature de nouvelles conventions entre la BNG et toutes les institutions de recherche relevant de l’IRESA.

Pour la BNG, la réalisation d’un équilibre entre une production durable, la biosécurité et la protection de la biodiversité est indispensable pour garantir la sécurité alimentaire.

La croissance de la demande sur les ressources fourragères est un défi majeur qui menace la pérennité du secteur de l’élevage, qui fait face déjà à plusieurs défis, dont le surpâturage, la dégradation des terres et la baisse du couvert végétal et forestier en raison des changements climatiques. Pour cette raison, la coopération entre la BNG, en tant qu’édifice conservateur du patrimoine génétique national et les institutions de recherche scientifique agricole pourrait aider à identifier des pistes pour développer des espèces plus adaptées au changement climatique, en coordination avec les agriculteurs et les structures concernées.

Le colloque de la BNG a été ouvert par les ministres de l’Agriculture et de l’Environnement, respectivement Ezzeddine Ben Cheikh et Habib Abid. Des représentants des structures agricoles et de l’environnement et de plusieurs institutions de recherche agronome sont présents à cette manifestation.

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