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Parc Sidi Bou Saïd, un exemple frappant d’abus et d’impunité

Le parc de Sidi Bou Saïd, conçu durant l’ère Ben Ali, était autrefois un modèle d’organisation et de respect des règles. À cette époque, les consignes étaient claires : aucune voiture et aucun vélo n’étaient autorisés à circuler dans cet espace. Une réglementation rigoureuse assurait la tranquillité des lieux et protégeait ce site emblématique. Cependant, ces principes semblent aujourd’hui relégués aux oubliettes, laissant place à des pratiques d’exploitation abusives et à un état de désordre qui soulève de nombreuses interrogations sur la gestion des autorités compétentes.

Leith Lakhoua *

Depuis quelque temps, les citoyens s’indignent face à des dérives notoires au sein du parc. En ligne de mire, le gérant d’un café qui semble jouir d’une immunité inébranlable. Si les quatre entrées principales du parc affichent des panneaux interdisant explicitement la circulation des voitures et des bicyclettes, une exception demeure : l’entrée donnant accès directement au café en question. Aucune signalisation n’y est présente, et les véhicules y pénètrent sans aucune contrainte, stationnant parfois même à quelques mètres du café. Comment expliquer un tel laxisme? Pourquoi cette porte déroge-t-elle aux règles appliquées partout ailleurs?

L’impunité comme norme ?

La question des deux poids deux mesures est au cœur de cette problématique. Il est légitime de se demander pourquoi certains individus ou établissements semblent bénéficier d’un traitement de faveur de la part des autorités. Pourquoi fermer les yeux sur ces dépassements? Ce silence assourdissant, voire cette complicité passive, laisse planer un sentiment d’impunité qui, malheureusement, caractérise encore certaines pratiques en Tunisie.

Le cas du parc de Sidi Bou Saïd n’est qu’un exemple parmi d’autres. Il illustre un état d’esprit persistant où l’application des lois semble fluctuante selon les intérêts en jeu.

Alors que les citoyens ordinaires se voient rappeler à l’ordre pour la moindre infraction, d’autres réussissent à contourner les règles, protégés par des influences ou des connivences suspectes.

La défaillance des autorités locales

Face à cette situation, les autorités locales, à commencer par le «moatamad» local (délégué ou sous-préfet), sont interpellées. Leur rôle est essentiel pour garantir l’ordre et le respect des lois. Pourquoi ces responsables ferment-ils les yeux? Pourquoi les mesures correctives tardent-elles à être appliquées? La réponse est attendue avec impatience, tant par les habitants de Sidi Bou Saïd que par l’ensemble des Tunisiens soucieux de justice et d’égalité.

Doit-on attendre l’intervention du président Kaïs Saïed pour résoudre un problème aussi évident? L’implication directe des plus hautes autorités est-elle nécessaire pour rappeler des principes aussi basiques que l’égalité devant la loi et le respect des règles communes? Une telle perspective témoigne des carences des structures intermédiaires chargées de veiller au bon fonctionnement de nos institutions.

L’urgence d’une régulation citoyenne

Le pays doit s’autoréguler. Bien au-delà de l’application stricte des lois, c’est une prise de conscience collective qui est nécessaire. Les responsables administratifs et les commis de l’État doivent jouer un rôle actif dans la sensibilisation et la mobilisation des citoyens pour protéger l’intérêt général.

En Tunisie, comme ailleurs, il existera toujours des individus cherchant à se placer au-dessus des lois. Mais face à ces abus, c’est la volonté citoyenne qui doit prévaloir. Un peuple vigilant et engagé est le meilleur rempart contre l’impunité.

Le parc de Sidi Bou Saïd, ce joyau historique, mérite mieux que ce laisser-aller. Les autorités doivent rétablir l’ordre et prouver que nul n’est au-dessus des lois. Ce combat dépasse le cas spécifique d’un café ou d’un parc : il s’agit d’une question de principe et de justice sociale. La Tunisie ne peut avancer tant que les pratiques de favoritisme et les deux poids deux mesures perdurent.

Les citoyens, pour leur part, doivent rester vigilants et exigeants. C’est par cette mobilisation collective que nous pourrons bâtir une Tunisie plus juste, où l’intérêt public primera sur les privilèges privés.

* Consultant en organisation industrielle et logistique.

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