La Cité de la Culture a abrité, jeudi, un panel de discussion sur le Sénégal, le pays de Téranga, qui est au cœur d’un Focus aux 35èmes Journées Cinématographiques de Carthage (JCC).
Le réalisateur Mohamed Challouf était le modérateur du Panel auquel ont participé Germain Coly, Directeur de la Cinématographie au ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Culture du Sénégal et Zeyna Diop, actrice, réalisatrice, scénariste et directrice du festival « Les Téranga ».
« Quand on parle de la Tunisie et son rapport avec le Sénégal, on pense souvent à Ousmane Sembène, complice de Tahar Cheriaa dans la création des JCC », a déclaré Challouf, citant des cinéastes comme Djibril Diop Mambety qui était très connu en Tunisie ou encore la pionnière des cinéastes sénégalaises Safi Faye.
Le cinéma au Sénégal
Pour Germain Coly, le focus Sénégal aux JCC « nous permet en dehors des films qui sont en compétitions aux JCC, de montrer la production cinématographique sénégalaise aujourd’hui…».
Il a évoqué la volonté de l’Etat à installer une industrie cinématographique au Sénégal à travers la mise en place des textes de loi organisant l’activité cinématographique ainsi que des mécanismes de financement qui servent à la formation des jeunes cinéastes et des professionnels du film.
Le pays a mis en place des écoles de formation et des initiatives de formation en production et en réalisation ou en encore dans la postproduction pour les étudiants de cinéma de tout le Continent.
Au niveau universitaire, un mastère en réalisation documentaire a été créé à l’université Gaston Berger, à Saint-Louis qui a vu naitre une nouvelle génération de diplômés. Un programme de formation en production dans les métiers du cinéma est également mis en place dans l’Université de Thiès.
Le ministère de la Culture et la direction de la cinématographie ont « la responsabilité de mettre en œuvre la politique cinématographique adoptée par l’Etat sénégalais », selon Germain Coly.
Sur le plan de la coproduction, le Sénégal a mis en place des accords de coopération cinématographique avec des pays du Continent tels que la Tunisie, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire, ainsi que des pays occidentaux et arabes dont la France, le Canada, les Emirats arabes Unis et l’Arabie Saoudite.
A la question sur la visibilité du cinéma sénégalais, le représentant sénégalais répond par l’affirmative « relativement oui. Les salles de cinéma sont en train de revenir ». Il cite notamment la salle Canal Olympia Téranga, le complexe Pathé et le complexe cinématographique Ousmane Sembène.
La problématique qui se pose est relative « à la distribution des films africains, un problème qui est en train d’être pris en charge », selon le responsable sénégalais.
En parallèle, le Sénégal mise sur les festivals dont le nombre avoisine les 18 festivals organisés à la Capitale Dakar et dans d’autres régions du pays.
MobiCiné ou encore Cinéma numérique ambulant sont des initiatives qui permettent de projeter des films là il n’y a pas de salles.
Le pays compte sur le développement des partenariats avec les communes et les établissements scolaires afin que tout le monde puisse accéder au cinéma.
Le Sénégal ambitionne de mettre en place « des infrastructures de proximité, à travers les maisons de la jeunesse et de la citoyenneté dans les 46 départements. »
« L’accès à la Culture et au cinéma est une priorité pour le Sénégal », a affirmé le responsable.
Pour sa compatriote, Zeyna Diop, «au Sénégal comme dans toute l’Afrique, il n’est pas évident d’être acteur et vivre de son art ».
Sauvegarde des archives cinématographiques
La direction de cinématographie œuvre également pour la sauvegarde des archives cinématographiques et audiovisuelles qui datent de la période postindépendance. « Au-delà de cette période, nous n’avons pas d’archives chez nous », a déclaré Directeur de la Cinématographie.
La direction est en train de numériser les archives, en plus d’établir des accords de partenariat de restauration des films ce qui a permis de restaurer le « Camp de Thiaroye » d’Ousmane Sembene et Thierno Faty Sow, une coproduction de 1988 entre le Sénégal, la Tunisie et l’Algérie. Germain Coly a salué le rôle de Challouf dans la restauration de cette fiction (2h33) qui se passe au Sénégal en 1944.
La copie restaurée a été sélectionné dans la section Cannes Classics, du Festival de Cannes 2024. Le film a été restauré avec la Hobson/Lucas Family Foundation par The Film Foundation’s World Cinema Project et Cineteca di Bologna au laboratoire L’Immagine Ritrovata” en association avec le ministère tunisien des Affaires Culturelles et le ministère sénégalais de la Culture et du Patrimoine historique.
« Camp de Thiaroye » a été refusé au Festival de Cannes 1988. Au mois de Septembre de la même année, il a été présenté en sélection officielle de la Mostra de Venise en Italie où il a obtenu le prix spécial de Jury.
«Au Sénégal, la sauvegarde des archives demeure un grand chantier », a indiqué Germain Coly.