À qui profite le conflit russo-ukrainien ?
Les spécialistes prétendent qu’à la fin d’un conflit ou d’une guerre, il y a un vainqueur mais pas de gagnant, puisqu’une guerre coûte cher à tous les belligérants. En revanche, à l’issue d’un conflit ou d’une guerre par pays interposé, comme c’est le cas du conflit russo-ukrainien, il y a un gagnant et des perdants. Devinez lesquels !
Habib Glenza
Chacun des deux belligérants, la Russie et l’Ukraine, et les bailleurs de fond occidentaux qui financent ce conflit ont leurs propres raisons pour mener une guerre non seulement absurde, dévastatrice et coûteuse en vies humaines et en moyens financiers, mais qui risque de déboucher sur un conflit nucléaire qui mettrait fin à toute existence sur terre. Quelles sont donc les raisons qui ont poussé les belligérants (la Russie et l’Ukraine) et les bailleurs de fonds (Américains et Occidentaux) à cette folie?
Pour les Russes, les Occidentaux ont torpillé, délibérément, tous les efforts pour parvenir à une paix durable notamment après l’échec des accords de Minsk I et II en 2014 et 2015, les vains pourparlers de paix d’Istanbul en 2022 et la promesse donnée à l’Ukraine d’intégrer l’Otan et l’Union européenne (UE). En 2022, l’ex-chancelière allemande Angela Merkel a avoué, au journal Die Zeit, que les accords de Minsk n’étaient qu’un prétexte pour donner à l’Ukraine le temps de se préparer à la guerre contre la Russie!
Par conséquent, l’Etat russe s’est vu dans l’obligation d’intervenir militairement en Ukraine, le 24 février 2022, pour empêcher l’Otan d’installer ses bases militaires dans ce pays voisin qui a longtemps été dans son orbite.
L’Europe dans la gueule de l’ours russe
La raison essentielle qui a poussé les Ukrainiens à affronter l’ours Russe, sachant qu’ils dépendent presque totalement de l’aide militaire occidentale, c’est la naïveté du régime de Kiev appâté par les promesses faites par l’Occident concernant l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan et à l’UE.
Poussés par les Américains à défendre les intérêts géostratégiques des Etats-Unis, les Occidentaux et plus particulièrement l’UE se sont jetés dans la gueule de l’ours russe sans réfléchir aux conséquences graves de ce conflit sur les plans politique, économique et social, qu’ils commencent du reste à ressentir lourdement.
Plus de 16 000 sanctions contre la Russie ont touché tous les secteurs économiques et financiers susceptibles d’affaiblir l’économie de ce pays, mais pas d’embargo sur l’énergie russe, un pas que l’UE n’a pas osé franchir car il l’exposerait à une crise économique sans précédent, la Russie étant, faut-il le rappeler, le principal fournisseur de gaz pour l’Europe (40% en 2021) et notamment de l’Allemagne.
Les Etats-Unis seuls bénéficiaires du conflit
Pour les Américains, le conflit russo-ukrainien, planifié avant la chute de l’URSS en 1990 et orchestré après l’échec des accords de Minsk en 2014 et 2015, sert surtout les intérêts géostratégiques des Etats-Unis, comme cela avait été expliqué par Zbigniew Brzezinski, dans son célèbre livre ‘‘Le Grand Echiquier’’ sorti depuis 1997.
S’il est admis qu’à l’issue d’une guerre ou d’un conflit armé, il n’y a pas de gagnant mais plutôt un vainqueur, à l’issue du conflit russo-ukrainien, il y aura des perdants et un seul gagnant : les Etats-Unis!
Considéré comme un acteur majeur, Biden a pu faire d’une pierre plusieurs coups. En effet, il a réussi à diviser l’Europe, à affaiblir l’économie de son ennemi historique russe et à redresser l’économie américaine sans devoir participer à une guerre qui pourrait affaiblir ma position de son pays, à l’instar des invasions de l’Afghanistan et de l’Irak. L’objectif de Biden est de réduire la dépendance du marché énergétique européen des ressources énergétiques russes et de remplacer celles-ci par le gaz de schiste américain, cinq fois plus cher et en plus très polluant!
La vente des armes et du gaz de schiste ont réussi à redresser l’économie américaine et à plonger celle de l’Europe dans une grave crise économique, politique et sociale en raison du manque de livraison d’une énergie russe très bon marché qui rendait les produits industriels européens plus compétitifs par rapport à ceux chinois, japonais ou coréens, ce qui a poussé les constructeurs allemands à quitter le pays pour s’installer aux Etats-Unis où l’énergie est beaucoup moins chère.
Le démantèlement des plus grandes sociétés allemandes est l’un des objectifs majeurs de ce conflit pour éliminer un sérieux concurrent pour les produits américains! Et dire que l’Allemagne et l’ensemble des pays de l’UE continuent de se soumettre aux diktats de l’Oncle Sam qui, avec l’arrivée dans quelques jours de Donald Trump à la Maison Blanche, vont devenir encore plus contraignants pour les opérateurs économiques européens, qui ne sont pas au bout de leurs peines.
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