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Ibn Khaldoun et les Arabes !

Ibn Khaldoun (1332-1406), historien, sociologue et philosophe, a exprimé des vues nuancées sur les Arabes dans son célèbre ouvrage, « Al-Muqaddima« . Ses opinions reflètent à la fois son admiration pour certains aspects de la culture arabe et ses critiques envers leurs comportements sociaux, surtout dans le contexte des sociétés bédouines et tribales.

 

Voici un résumé de sa pensée sur les Arabes du Moyen-Orient: 

1. Admiration pour leur rôle historique

Ibn Khaldoun reconnaît la contribution majeure des Arabes dans l’histoire, notamment :

  • leur rôle dans la diffusion de l’islam,
  • l’émergence de grandes civilisations islamiques, comme celle des Omeyyades et des Abbassides,
  • le développement de la langue arabe comme vecteur de la science, de la philosophie et de la culture.

Il souligne leur capacité à établir des empires puissants, en partie grâce à leur solidarité tribale, qu’il appelle « asabiyya » (cohésion sociale).

 

2. Critiques sur leur mode de vie tribal

Dans « Al-Muqaddima », Ibn Khaldoun critique certains traits qu’il attribue aux Arabes bédouins, notamment :

  • leur instabilité politique : Il observe que les Arabes, notamment les tribus bédouines, ont tendance à déstabiliser les régimes établis, mais ont du mal à maintenir des institutions stables une fois au pouvoir,
    • Citation : « Les Arabes, lorsqu’ils s’emparent d’une civilisation, ne laissent derrière eux que ruine et désolation »;
  • leur nomadisme : Ibn Khaldoun considère que leur mode de vie nomade limite leur capacité à développer des infrastructures durables ou des institutions complexes;
  • leur faible intérêt pour l’agriculture et les arts : Selon lui, leur économie reposait souvent sur la conquête et la prédation, plutôt que sur des activités productives stables.

 

3. La distinction entre Bédouins et sédentaires

Ibn Khaldoun établit une distinction claire entre les Arabes sédentaires (ceux vivant dans des villes comme Damas, Bagdad ou au Caire) et les Bédouins. Il admire davantage les premiers, qu’il associe à des réalisations culturelles et scientifiques, tandis qu’il critique le mode de vie des Bédouins pour son impact destructeur sur la civilisation.

 

4. Une analyse sociologique et non raciste

Bien que ses critiques puissent sembler dures, il est essentiel de noter qu’Ibn Khaldoun n’avait pas une approche raciste ou essentialiste. Ses jugements se fondent sur des observations historiques et sociales de son époque. Il ne critique pas les Arabes en tant que peuple, mais analyse leur comportement en fonction de leur mode de vie tribal ou urbain.

En résumé, Ibn Khaldoun admire les contributions historiques des Arabes tout en étant critique envers les aspects de leur organisation sociale et politique, en particulier chez les tribus nomades. Son analyse est un mélange de reconnaissance et de scepticisme, caractéristique de son approche méthodique et sociologique.

 

Les aspects négatifs des Arabes

Vous avez raison : Ibn Khaldoun a souvent insisté sur les aspects négatifs des Arabes, en particulier dans leur rôle de destructeurs des civilisations lorsqu’ils ne parviennent pas à stabiliser les structures qu’ils conquièrent. Ses critiques, bien que dures, s’inscrivent dans une logique sociologique et historique. Voici une analyse plus approfondie de ces critiques : 

1. Destructeurs des civilisations établies

Ibn Khaldoun écrit que les Arabes, notamment les tribus bédouines, ont tendance à provoquer la ruine des civilisations lorsqu’ils les conquièrent. Selon lui, cela est dû à leur mode de vie nomade et leur manque d’expérience dans la gestion des sociétés complexes.

  • Citation célèbre :
    « Lorsque les Arabes s’emparent d’un territoire, ils le dévastent. Ils sont par nature incapables de fonder une civilisation, car ils manquent de discipline et d’organisation. »
    Cette déclaration souligne une incapacité, selon lui, à construire ou à maintenir des infrastructures durables, comme des villes ou des institutions étatiques solides.

 

2. L« asabiyya » (solidarité tribale) et ses limites

Ibn Khaldoun reconnaît que les Arabes tirent leur force de leur « asabiyya », cette solidarité tribale qui leur permet de renverser des régimes et de bâtir des empires. Cependant, il estime que cette cohésion diminue rapidement une fois qu’ils atteignent le pouvoir.
Cela conduit à des divisions internes et à une incapacité à maintenir l’ordre, ce qui affaiblit les institutions politiques.

  • Citation :
    « Les Arabes ne peuvent gouverner qu’en adoptant les institutions d’autrui. »
    Ici, il suggère que les Arabes doivent s’appuyer sur des structures préexistantes, souvent créées par d’autres peuples (Perses, Byzantins, etc.), pour pouvoir administrer leurs empires.

 

3. Le nomadisme et ses effets

Pour Ibn Khaldoun, le mode de vie nomade des Arabes bédouins est à la fois leur force (adaptabilité, solidarité) et leur faiblesse (manque d’intérêt pour les arts et l’administration). Il affirme que leur dépendance à des ressources limitées (pâturages, pillages) les rend hostiles aux formes de vie sédentaire et urbaine.

  • Citation :
    « Les Arabes, en raison de leur vie nomade, sont peu enclins à bâtir des villes ou des infrastructures, et ils considèrent souvent la richesse et la stabilité comme des menaces à leur liberté. »

 

4. Les dynasties arabes et la fragilité du pouvoir

Ibn Khaldoun critique particulièrement la gestion des dynasties arabes, qu’il considère comme éphémères par rapport à celles des Perses ou des Berbères. Selon lui, après une phase de conquête, ces dynasties tombent dans le luxe et la décadence, ce qui entraîne leur chute rapide.

  • Citation :
    « L’État arabe se construit par la force et la conquête, mais il se détruit par l’excès de pouvoir et le relâchement des mœurs. »

 

5. Une analyse spécifique aux Arabes bédouins

Il est important de noter qu’Ibn Khaldoun ne généralise pas ses critiques à tous les Arabes. Ses observations s’appliquent principalement aux tribus bédouines, qu’il distingue des Arabes sédentaires, qui ont contribué au développement de la culture et des sciences islamiques. Les citadins arabes, selon lui, peuvent exceller dans la civilisation lorsqu’ils adoptent un mode de vie plus organisé.

 

Conclusion : Une critique contextuelle

Les critiques d’Ibn Khaldoun ne doivent pas être interprétées comme une condamnation totale des Arabes. Elles reflètent :

  • Une analyse des sociétés tribales de son époque.
  • Une mise en garde contre les conséquences du nomadisme et du manque de structures étatiques solides.

Pour lui, ce rôle « négatif » est davantage lié aux conditions historiques et sociales qu’à une caractéristique inhérente aux Arabes. Ces idées montrent son approche novatrice, centrée sur les dynamiques de pouvoir, les cycles de civilisation, et le rôle des structures sociales.

 

Ibn Khaldoun et le Moyen-Orient

 

Oui, Ibn Khaldoun évoque les populations du Moyen-Orient, notamment les Égyptiens et les Syriens, dans son « Muqaddima », mais il les mentionne surtout en lien avec leurs contextes historiques, géographiques et culturels. Voici ce qu’il dit à propos de ces peuples :

 

1. Les Égyptiens

Ibn Khaldoun accorde une attention particulière à l’Égypte en raison de son importance historique, géographique et politique dans le monde islamique. Il observe plusieurs caractéristiques liées à la société égyptienne :

La richesse de la vallée du Nil :
Il souligne que la fertilité du Nil a permis à l’Égypte de soutenir de grandes civilisations, de l’époque pharaonique jusqu’aux périodes islamiques. Cependant, il note que cette abondance peut aussi engendrer une certaine dépendance vis-à-vis des conditions naturelles.

    • Citation :« Les habitants de l’Égypte sont souvent influencés par le Nil, qui détermine leur subsistance et leur mode de vie. Leur caractère est façonné par cette richesse naturelle. »

Un peuple soumis à l’autorité :
Ibn Khaldoun remarque que les Égyptiens ont une longue histoire de soumission à des gouvernements forts et centralisés (des pharaons jusqu’aux Mamelouks). Selon lui, cela a forgé un caractère de résignation parmi les masses.

 

2. Les Syriens

La Syrie, comme l’Égypte, était un centre culturel et religieux majeur. Ibn Khaldoun y voit une région marquée par sa diversité ethnique et culturelle, mais il en parle surtout en relation avec son rôle dans les grands empires islamiques (Omeyyades, Abbassides, etc.).

Un territoire stratégique :
Il admire la position géographique de la Syrie, car elle sert de carrefour entre l’Orient et l’Occident. Il souligne également la prospérité de ses villes comme Damas, qui a été la capitale des Omeyyades.

Une influence des invasions étrangères :
Il mentionne que la Syrie a souvent été touchée par des invasions (croisés, Mongols), ce qui a marqué son peuple et sa culture.

 

3. Les Libanais

Ibn Khaldoun ne parle pas spécifiquement des Libanais en tant que peuple distinct, car à son époque, le Liban n’était pas considéré comme une entité culturelle ou politique séparée. Cependant, il fait référence aux montagnes du Liban et à leurs habitants, qu’il décrit comme des communautés semi-autonomes vivant dans des régions difficiles d’accès.

  • Les communautés montagnardes :
    Il note que les régions montagneuses, comme celles du Liban, sont souvent habitées par des groupes qui résistent à l’autorité centrale et préfèrent un mode de vie isolé.

 

4. Une distinction entre les citadins et les ruraux

Pour Ibn Khaldoun, les différences sociales et culturelles ne tiennent pas seulement à l’appartenance régionale, mais aussi au mode de vie :

  • Les habitants des grandes villes comme Le Caire, Damas ou Bagdad (autrefois) sont associés à une civilisation avancée, grâce à l’organisation sociale, à la stabilité politique et à l’économie urbaine.
  • Les populations rurales ou montagnardes (comme dans le Liban ou les zones désertiques) sont perçues comme moins avancées, en raison de leur mode de vie plus austère et tributaire de la nature.

 

5. Une vision conditionnée par le contexte

Ibn Khaldoun ne critique pas directement les habitants du Moyen-Orient, comme il le fait parfois pour les tribus arabes nomades. Il considère plutôt que les sociétés égyptienne et syrienne ont été façonnées par des facteurs historiques, géographiques et politiques spécifiques. Leur prospérité ou leur déclin dépend davantage des dynamiques de pouvoir (dynasties, invasions) que de caractéristiques intrinsèques.

Conclusion

Ibn Khaldoun a cité les Égyptiens, les Syriens et, dans une moindre mesure, les habitants des régions libanaises, mais ses observations restent générales. Il s’intéresse davantage aux dynamiques historiques et sociales qu’aux peuples eux-mêmes. Pour lui, les habitants des grandes villes comme Le Caire ou Damas incarnent souvent des civilisations avancées, mais leur sort est lié à la stabilité des pouvoirs en place.

 

Ibn Khaldoun et les Noirs

Oui, Ibn Khaldoun parle des Noirs dans « Al-Muqaddima », mais ses propos doivent être replacés dans le contexte de son époque. Il aborde le sujet dans le cadre de ses analyses historiques, sociologiques et géographiques, et ses opinions reflètent les préjugés et les connaissances limitées de son temps.

Voici une analyse de ses propos :

 

1. Les Noirs dans le cadre des « climats » géographiques

Ibn Khaldoun développe une théorie selon laquelle le caractère et les modes de vie des peuples sont influencés par les conditions climatiques et géographiques. Il divise le monde en sept « climats » (zones géographiques) et attribue des caractéristiques générales aux peuples vivant dans chacun de ces climats.

  • Les habitants des régions chaudes (Afrique subsaharienne) :
    Ibn Khaldoun pense que les peuples vivant dans des régions très chaudes ont un mode de vie qu’il qualifie de « simple » ou « primitif », qu’il attribue aux conditions climatiques extrêmes.
    • Citation :
      « Les Noirs habitent dans des climats très chauds, ce qui affecte leur comportement et leur tempérament, les rendant plus enclins à la joie et au divertissement. »

Il généralise, souvent de manière négative, en disant que ces conditions les empêchent de développer des civilisations complexes comparables à celles des régions tempérées.

 

2. Une perception ethnocentrée et marquée par les préjugés

Ibn Khaldoun, bien qu’éminent penseur, exprime des idées qui reflètent les préjugés de son époque :

Il considère que les Noirs ont tendance à mener une vie qu’il qualifie de « moins civilisée » (ce qui pour lui signifie moins urbanisée et moins organisée politiquement). Cette vision est influencée par le regard des sociétés méditerranéennes et arabes sur les peuples subsahariens.

IL associe parfois les Noirs à des rôles subalternes dans les sociétés islamiques médiévales, notamment comme esclaves ou serviteurs, un statut courant dans le monde arabo-musulman de l’époque.

Citation controversée :
« Ils [les Noirs] se distinguent par leur légèreté et leur frivolité, ce qui est commun aux nations qui vivent dans des climats chauds. »

 

3. Reconnaissance de leurs qualités

Cependant, Ibn Khaldoun ne se limite pas aux critiques. Il reconnaît également certaines qualités des Noirs, notamment leur courage et leur force physique, des caractéristiques souvent mentionnées dans le cadre des armées ou des travaux physiques.

 

4. Les Noirs dans l’histoire islamique

Ibn Khaldoun mentionne aussi les Noirs dans un contexte historique, en reconnaissant leur rôle dans certaines civilisations :

  • Les royaumes africains comme le Ghana, le Mali et le Songhaï, qu’il considère comme des entités politiques importantes.
  • Les contributions des Noirs dans les armées islamiques, notamment les soldats-esclaves appelés zanj.

5. Une vision influencée par son époque

Il est crucial de rappeler que les propos d’Ibn Khaldoun ne sont pas uniques à lui, mais reflètent des perceptions courantes au Moyen Âge :

  • Les théories environnementales de l’époque (influencées par Aristote) associaient souvent le climat au caractère des peuples.
  • La hiérarchisation des peuples en fonction de leur urbanisation ou de leurs structures politiques était une vision répandue chez les penseurs médiévaux.

Conclusion

Ibn Khaldoun parle des Noirs avec un mélange de préjugés et d’observations, influencé par les idées environnementales et ethnocentriques de son époque. Il généralise souvent leurs modes de vie en les attribuant au climat et ne reconnaît pas toujours la richesse culturelle et civilisationnelle des peuples africains subsahariens. Toutefois, ses propos ne doivent pas être interprétés comme une analyse raciste au sens moderne, mais comme une réflexion limitée par les connaissances de son temps et le contexte intellectuel médiéval.

 

Ibn Khaldoun est-il raciste ?

 

Qualifier Ibn Khaldoun de « raciste » dans le sens moderne du terme serait inapproprié et anachronique. Cependant, il est indéniable que certains de ses propos, notamment dans « Al-Muqaddima », contiennent des généralisations et des stéréotypes sur certains groupes, notamment les Noirs. Pour répondre à cette question, il est essentiel de différencier le concept moderne de racisme de la manière dont Ibn Khaldoun percevait et décrivait les peuples.

 

1. Le concept moderne de racisme

Le racisme moderne implique :

  • Une idéologie hiérarchique qui classe les peuples ou races selon des critères biologiques supposés.
  • La croyance en une supériorité ou infériorité inhérente à certains groupes.

Ibn Khaldoun ne semble pas adhérer à une telle idéologie. Sa pensée s’inscrit plutôt dans une tradition médiévale, où les différences entre les peuples sont expliquées par des facteurs géographiques, climatiques ou sociaux, et non biologiques.

 

2. Le contexte des théories climatiques

Ibn Khaldoun suit une théorie largement répandue à son époque, héritée des philosophes grecs comme Aristote, selon laquelle le climat influence le caractère des peuples :

  • Les peuples vivant dans les régions chaudes (Afrique subsaharienne) sont perçus comme joyeux, mais moins enclins à la civilisation.
  • Ceux des climats tempérés (Méditerranée, Moyen-Orient) sont considérés comme équilibrés et aptes à bâtir des sociétés avancées.
  • Les habitants des régions froides sont décrits comme physiquement forts, mais grossiers ou primitifs.

Ces idées, bien que scientifiquement erronées, étaient des tentatives d’expliquer les différences culturelles et ne reflètent pas une idéologie raciale au sens moderne.

 

3. Généralisation et préjugés dans son œuvre

Certaines des observations d’Ibn Khaldoun sur les Noirs, comme leur association à des comportements qu’il qualifie de « frivoles » ou leur manque d’organisation politique complexe, peuvent être perçues comme des préjugés. Cependant :

  • Ces propos ne concernent pas uniquement les Noirs. Ibn Khaldoun critique également d’autres groupes, comme les Arabes bédouins, qu’il décrit comme destructeurs de civilisations.
  • Il s’intéresse avant tout aux modes de vie (nomadisme, sédentarité) et aux structures sociales, qu’il considère comme des déterminants majeurs de la civilisation.

 

4. Reconnaissance des réalisations des peuples noirs

Ibn Khaldoun ne se contente pas de critiquer. Il mentionne également :

  • Les grands royaumes africains comme le Mali, qu’il respecte en tant qu’entités politiques organisées.
  • La force et le courage des Noirs, qu’il valorise dans des contextes militaires.

Ces mentions montrent qu’il n’avait pas une vision strictement négative ou essentialiste des peuples noirs.

 

5. Un anachronisme de le traiter de raciste

L’accuser de racisme selon les critères contemporains revient à projeter des concepts modernes sur une pensée médiévale. Les généralisations d’Ibn Khaldoun ne sont pas fondées sur une idéologie racialiste, mais sur des observations influencées par son époque, marquée par :

  • Une méconnaissance des cultures étrangères.
  • Des tentatives de classer les peuples selon des critères climatiques et environnementaux.

 

Conclusion : un sociologue limité par son époque

Ibn Khaldoun n’était pas raciste au sens moderne, mais ses écrits contiennent des généralisations et des stéréotypes sur certains peuples, notamment les Noirs. Ces idées reflètent les limites des connaissances et des préjugés de son temps. Plutôt que de le juger par des critères modernes, il est plus juste de le considérer comme un penseur brillant mais influencé par les théories et les perceptions médiévales.

En tant que précurseur de la sociologie, il a ouvert des voies importantes pour comprendre les dynamiques des sociétés, même si certaines de ses analyses sont aujourd’hui dépassées.

 

 Ibn Khaldoun et les Juifs 

Ibn Khaldoun aborde les Juifs dans son « Muqaddima » de manière épisodique, souvent en lien avec leurs rôles sociaux, historiques et religieux. Ses observations reflètent les perceptions de son époque, marquées par des contextes culturels, religieux et politiques spécifiques. Ses propos oscillent entre des généralisations critiques et des reconnaissances de leur résilience historique.

 

1. Une perspective historique

Ibn Khaldoun examine l’histoire des Juifs en tant que peuple ancien, avec une perspective influencée par les textes religieux islamiques et bibliques. Il reconnaît leur longue histoire, leur dispersion, et leur survie malgré les persécutions et les conquêtes.

Un peuple ancien :
Il considère les Juifs comme un peuple avec une grande antiquité, ayant eu des moments de gloire sous des prophètes comme Moïse, David et Salomon. Cependant, il les décrit comme un groupe ayant perdu leur puissance politique après la destruction de leurs royaumes (Israël et Juda).

La diaspora et la survie :
Ibn Khaldoun admire leur capacité à préserver leur identité religieuse et communautaire, malgré leur dispersion à travers le monde. Cela témoigne, selon lui, de leur cohésion sociale et de leur endurance.

 

2. Les Juifs dans la société

Ibn Khaldoun fait plusieurs observations sur le rôle des Juifs dans les sociétés médiévales, souvent teintées par les préjugés de son époque :

Un rôle marginalisé :
Il affirme que les Juifs, en tant que minorité dans les sociétés islamiques et chrétiennes, occupent souvent des positions subalternes. Il attribue cela à leur statut de dhimmis (protégés non-musulmans) sous la loi islamique, qui leur garantit la sécurité mais limite leur influence politique.

L’économie et les métiers :
Il remarque que les Juifs se concentrent souvent dans des activités économiques comme le commerce, l’artisanat et le prêt d’argent. Cela reflète leur adaptation aux restrictions sociales et leur spécialisation dans certains secteurs.

 

3. Des critiques marquées par son contexte religieux

Ibn Khaldoun partage certains préjugés courants dans les sociétés islamiques médiévales, influencés par les textes religieux et les tensions historiques :

Critique de leur supposée faiblesse politique :
Il décrit les Juifs comme un peuple qui, après la perte de leur pouvoir, aurait adopté une attitude de soumission face aux autorités dominantes. Il associe cela à leur statut de minorité.

    • Citation :
      « Les Juifs ont été humiliés par la perte de leur royaume et leur exil, ce qui les a rendus faibles face aux nations dominantes. »

Accusations de ruse ou de fourberie :
Ces descriptions reflètent les stéréotypes de l’époque. Ibn Khaldoun ne les critique pas de manière unique, car il applique des jugements similaires à d’autres groupes qu’il perçoit comme faibles ou marginaux.

 

4. Reconnaissance de leur intelligence et de leur résilience

Malgré les critiques, Ibn Khaldoun reconnaît plusieurs qualités aux Juifs, notamment leur capacité à s’adapter et à maintenir leur identité :

Résilience face à l’adversité :
Il admire leur capacité à survivre à travers les siècles, malgré les oppressions et les défis constants.

Cohésion communautaire :
Ibn Khaldoun souligne leur solidarité interne et leur capacité à préserver leurs traditions religieuses et culturelles, même dans un contexte de dispersion.

 

5. Les Juifs dans le contexte des civilisations islamiques

Ibn Khaldoun perçoit les Juifs comme une communauté intégrée mais subordonnée dans les sociétés islamiques :

  • Ils bénéficient du statut de dhimmi, qui leur permet de pratiquer leur religion tout en restant sous la protection de l’État musulman.
  • Leur influence est limitée par les contraintes juridiques et sociales, mais ils jouent un rôle actif dans l’économie et la culture.

 

6. Une pensée marquée par son époque

Comme pour ses propos sur d’autres groupes (Arabes bédouins, Noirs, Berbères), les remarques d’Ibn Khaldoun sur les Juifs doivent être replacées dans le contexte intellectuel et historique du XIVe siècle :

  • Ses critiques s’appuient sur des préjugés sociaux et religieux courants à son époque.
  • Il ne développe pas une haine systématique envers les Juifs, mais il généralise parfois leurs caractéristiques de manière stéréotypée.

Conclusion

Ibn Khaldoun perçoit les Juifs à travers le prisme des réalités sociales, historiques et religieuses de son temps. S’il leur attribue parfois des traits négatifs (faiblesse politique, ruse), il reconnaît aussi leur résilience, leur cohésion et leur rôle économique dans les sociétés médiévales. Ces jugements, bien qu’influencés par les préjugés de l’époque, s’inscrivent dans son effort global pour comprendre les dynamiques des sociétés humaines.

Ibtissem

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‘‘L’invincible armada’’: aide-toi, le ciel t’aidera!

L’attitude actuelle des Arabes face aux Américains et aux Israéliens relève du défaitisme. Ils croient préserver la paix et l’avenir en demeurant dans l’expectative face à l’expansionnisme israélien. En réalité ils auront d’autant moins le choix de leur avenir. Et cela, l’Histoire ne cesse de nous l’enseigner…

Dr Mounir Hanablia *

L’Armada est cette flotte de 130 vaisseaux emportant 30 000 hommes que le Roi Philippe II d’Espagne affréta pour conquérir l’Angleterre en 1588. Elle se composait d’environ 130 navires. Il fallut une véritable révolution navale pour que les Espagnols, habitués à se battre sur des galères effilées armées d’éperons mobilisées par des rameurs avec des soldats se lançant à l’assaut des bateaux immobilisés par des grappins, se convertissent aux voiliers hauts arrondis capables de traverser l’océan et utilisant les canons pour endommager leurs adversaires et les couler.

Le Roi d’Espagne, champion de l’Eglise catholique, reprochait à la Reine d’Angleterre sa religion anglicane, le soutien apporté aux Hollandais calvinistes révoltés et que les Espagnols considéraient comme des rebelles, enfin les attaques contre les galions espagnols remplis des richesses d’Amérique du Sud.

L’Armada prit la mer en mai 1588 et se dirigea vers la Manche, ce bras de mer entre l’Angleterre et la France. Son plan était d’accoster en Flandre afin de se ravitailler et d’embarquer des soldats amenés par le duc de Parme, puis de les débarquer sur la côte anglaise afin de prendre le pays. Mais c’était compter sans la flotte anglaise bien renseignée et surtout sur l’expérience de ses équipages.

La supériorité maritime anglaise

Entre le 16 et le 26 juillet, une série d’engagements eurent lieu qui ne causèrent que peu de dégâts aux adversaires du fait de la volonté des Britanniques de ne pas se rapprocher des bateaux espagnols. De ce fait leurs couleuvrines ne furent pas assez puissantes pour couler les bateaux espagnols dont les canons n’avaient pas la portée nécessaire pour les atteindre.

Les Espagnols tentèrent de prendre la flotte adverse qui se trouvait dans le grand port de Plymouth, mais Francis Drake réussit à déployer ses unités au large à la barbe de ses adversaires et à prendre le vent, ce qui lui permettait de les attaquer sans risquer lui-même d’être surpris.

La flotte anglaise adopta la tactique de la meute qui consistait à attaquer les navires exposés de l’adversaire et à l’obliger de leur porter secours pendant que leur flotte se déplaçait et se mettait constamment sous le vent.

Les Espagnols furent ainsi empêchés de prendre l’île de Wight, qui aurait pu constituer pour eux une importante tête de pont. Un de leurs vaisseaux explosa suite à un acte de sabotage et un de leurs grands capitaines fut pris avec son bateau victime d’une grave avarie. Cependant, ils atteignirent Calais sans encombre mais sans trouver les soldats et le ravitaillement promis.

Dans la nuit du 26 juillet les Anglais lâchèrent sur la flotte espagnole regroupée et à l’ancre des brûlots, ces bateaux auxquels le feu avait été allumé. Les brûlots ne causèrent aucun dégât mais le Duc de Medina Sidonia, l’amiral de l’Armada occupa de couper les amarres et de détacher les ancres. Ce fut une décision fatale qui causa la dispersion des bateaux, ce qui la plaça à la merci des marins et des canons anglais, les Espagnols ayant épuisé leurs munitions.

Il s’ensuivit, le 29 juillet, la bataille dite de Gravelines. Quelques bateaux échoués sur les côtes flamandes furent pillés, et les soldats qui s’y trouvaient massacrés par les corsaires hollandais à l’affût. La moitié de la flotte avec le vaisseau amiral cingla vers l’ouest puis rejoignit l’Espagne par le sud-est en septembre. Les autres bateaux prirent vers le nord. Ceux qui contournèrent les Orcades et l’Écosse puis l’Irlande purent retrouver le chemin du retour. Les autres, qui s’engagèrent dans le golfe de Donegal et la mer d’Irlande, environ 25, s’échouèrent contre les récifs et coulèrent. Les naufragés furent pris et massacrés par les Anglais. Certains tel Leyva et les nobles qui l’accompagnaient traversèrent la côte et purent restaurer sommairement un autre bateau mais ils coulèrent au large de l’Angleterre. Un certain Cuellar, condamné à mort pour avoir laissé son bateau dépasser son vaisseau amiral fut condamné à mort sans que la sentence ne soit exécutée. Il se retrouva naufragé en Irlande et put regagner l’Ecosse puis la Flandre espagnole avant de rentrer dans son pays.

Au total, environ une cinquantaine de bateaux furent perdus et environ 20 000 marins et soldats ne regagnèrent pas leurs foyers.

Du côté des anglais, une centaine mourut au combat, et environ un millier décédèrent probablement par empoisonnement en consommant de la nourriture avariée. En effet, l’hygiène était tellement déplorable sur les bateaux que l’eau et la nourriture s’en trouvaient fréquemment polluées. Cependant, il est probable que quelques-uns moururent du typhus, véhiculé par les poux.

Pour tout dire les Anglais remportèrent la victoire même s’ils ne le surent pas immédiatement, contre l’Invincible, qui s’avéra ne l’être que de nom. Et cela, ils le doivent avant tout à leur meilleure science de la navigation à la voile et au brio de leurs chefs. Ils étaient en effet habitués à naviguer et pêcher dans les eaux agitées de l’Atlantique Nord. Leur organisation était également supérieure, et dans le domaine de la mer, même si l’Amiral était toujours un noble, les gens du peuple tels que Francis Drake connus pour leurs compétences trouvaient leur place et leurs voix étaient entendues.

C’est Drake qui fut le maître tacticien de la flotte anglaise, même si la Reine refusa ses conseils d’attaquer l’Armada et de la détruire dans ses ports d’attache avant son départ. D’autre part, c’est lui qui introduisit les rangées de canons sur les flancs des vaisseaux et qui transforma ainsi le combat naval. Enfin c’est son raid sur Cadix en 1587 qui fit prendre conscience à ses adversaires de la supériorité maritime anglaise.

En contrepartie, les Espagnols étaient dépourvus en marins qualifiés et de surcroît, ceux-ci étaient soumis à l’autorité des nobles qui ne connaissaient rien aux affaires de la mer. Le Duc de Medina Sidonia, nommé Amiral contre sa volonté il faut le préciser, était ainsi dénué de toute qualification. En dépit de son courage, c’est lui qui dans un moment d’affolement donna l’ordre funeste de rompre les amarres des bateaux provoquant ainsi la dispersion de la flotte.

Le destin des nations est entre leurs mains

Certes l’Espagne surmonta le désastre et forte de l’expérience elle reconstitua une flotte qui put protéger efficacement ses bateaux. Néanmoins la résistance victorieuse contre l’Armada fit prendre conscience au peuple anglais de l’importance de sa flotte de guerre pour la protection de son pays. Elle renforça le sentiment national naissant dans la population. Elle empêcha plus tard Napoléon et Hitler d’envahir les îles britanniques.

Le destin des nations n’est pas fait que de paix. Au moment où l’Angleterre affrontait l’Espagne, celle-ci était la superpuissance mondiale, et les Anglais n’étaient pas assurés de vaincre.

On peut imaginer ce qui se serait passé si la Reine d’Angleterre avait fait sa soumission à un pays beaucoup plus puissant qu’elle; il n’y aurait probablement pas eu d’Etats Unis d’Amérique.

On peut voir comment l’attitude actuelle des Arabes face aux Américains et aux Israéliens relève du défaitisme. Les Arabes croient qu’ils préservent la paix et l’avenir en demeurant dans l’expectative face à l’expansionnisme israélien. En réalité ils auront d’autant moins le choix de leur avenir.

A l’inverse, les Israéliens, ces élèves émoulus de l’impérialisme anglais, essaient d’adopter la tactique de Drake qui consiste à détruire les potentialités de l’adversaire avant qu’il ne s’en serve. On a vu comment ils ont agi en Syrie.

Pourtant malgré les inévitables destructions issues d’une infériorité aérienne, le Hezbollah, le Hamas, les Houthis, des organisations paramilitaires qui ne comptent pas plus de quelques milliers de militants, ont prouvé qu’on pouvait résister victorieusement à leur supériorité aérienne.

Les pays arabes devraient comprendre que tout comme les Anglais s’étaient dotés des moyens nécessaires pour construire une marine capable de les protéger, ils devraient développer leurs drones et leurs missiles balistiques, intégrer l’immensité de leur territoire, dans une stratégie de survie, plutôt que d’accepter de devenir les grands disparus dans les oubliettes de l’Histoire.   

* Médecin de libre pratique.

‘‘L’invincible armada’’ de Blond Georges, éditions Plon, 1er janvier 1988, 218 pages.

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Samir Majoul au sommet économique France-pays arabes : la Tunisie, plateforme stratégique pour l’exportation

Intervenant lors d’un débat, le président de la centrale patronale a souligné qu’au vu de la situation géopolitique actuelle instable et des crises internationales successives, le plus grand défi d’aujourd’hui, c’est de parvenir à assurer la souveraineté dans de nombreux domaines, notamment, l’alimentation, l’énergie, la santé et le cyberespace.

‘‘1943, l’année des dupes’’ : des juifs, Algériens par le berceau, et français par le bateau

«La France c’est bien beau, mais attention, avec tous les sacrifices que vous avez consentis vous n’y êtes jamais assurés d’être éternellement français», lance Jacques Attali aux Juifs français d’origine algérienne dont il fait lui-même partie. Est-ce à dire que leur patrie ne saurait être la France et qu’elle ne pourrait être qu’Israël ? L’histoire pourtant prouve qu’à travers leur longue histoire, les Juifs n’ont jamais été aussi intégrés et en paix qu’en terres arabes et musulmanes…

Dr Mounir Hanablia *

Curieux destin que celui des Juifs français originaires d’Algérie. Ils sont pour la plupart d’origine berbère, espagnole sépharade ayant fui l’Inquisition, ou bien ashkénaze européenne ayant débarqué avec les conquérants français. Des descendants de vrais juifs émigrés en Algérie avec les Carthaginois ou bien suite à la destruction du Temple de Jérusalem par Titus en 70, quelques-uns s’en prévalent, sans aucune preuve, pour justifier leur position éminente dans leur communauté, en général pour en assurer la représentation devant l’autorité politique. Et l’autorité politique en Algérie avant 1830, c’est le Dey à Alger, représentant une dynastie d’origine ottomane, rattachée nominalement à la sublime porte, et des sultanats pratiquement indépendants d’origine arabe ou berbère dans les villes les plus importantes.

Les juifs sont principalement citadins, ils sont artisans ou boutiquiers, ne possèdent pas de terres. Quelques-uns, les plus chanceux, font du commerce avec l’Europe chrétienne.  Ils habitent dans des quartiers réservés, et naturellement ils sont juridiquement soumis en tant que non musulmans au régime de la Dhimma : interdiction de port d’armes ou de monter les chevaux, autonomie pour le statut personnel sous les tribunaux  rabbiniques, autorité du Qadhi (cadi) musulman dans les affaires criminelles ou bien dès lors que le contentieux inclut un musulman.

Les juifs algériens, selon où ils habitent, parlent l’arabe ou le berbère, et l’hébreu constitue la langue liturgique. Ils sont parfois exécutés, comme le Rabbin d’Alger Aboulker, en 1815, un nom dont on reparlera en Algérie lors de la seconde guerre mondiale et durant la décolonisation, et en France. Mais l’Algérie est un pays essentiellement agricole et au XIXe siècle exporte beaucoup de produits vers la France, essentiellement du blé et des céréales, qui avec les guerres menées par Napoléon Bonaparte en Europe, en a un grand besoin. Le grenier à blé algérien attise les convoitises françaises particulièrement après Waterloo.

Expropriations de terres et instauration de l’ordre colonial

Les Français encouragés par les anglais veulent compenser en Afrique du Nord ce qu’ils ont perdu en Europe. Ils continuent d’acheter du blé algérien mais ils sont mauvais payeurs. En 1830, c’est l’incident diplomatique. Le Dey, excédé des tergiversations françaises après plusieurs années d’impayés, décoche un coup de chasse mouche qui atteint le consul français (à l’épaule). Charles X, qui a beaucoup de problèmes chez lui et qui finira par être emporté par une Révolution, en tire provisoirement profit avec le soutien du lobby colonial, pour envahir le pays. C’est la conquête et la pacification, un euphémisme pour signifier les massacres et les déportations commis par l’armée qui accompagnent les expropriations de terres nécessaires à l’entreprise coloniale et à l’instauration de l’ordre nouveau.

Sur le plan juridique, les Français et les Européens naturalisés ou non (Espagnols, Italiens, Maltais) relèvent du droit français. Les Arabes et les Juifs d’Algérie sont des «sujets» français, autrement dit, ils sont assujettis à leurs droits coutumiers sauf pour la justice criminelle.

Les Arabes qui vivent dans les campagnes n’ont pas le droit de se déplacer sauf sur autorisation de l’autorité militaire, et sont assujettis à la corvée, ces journées de travail non payées qui assurent la fortune des colons. Exploités et privés de droits, ils vivent dans une misère noire, et leurs enfants ne vont pas à l’école.

Pour les juifs, le sort est un peu moins cruel. Certains parmi eux essaient de faire du commerce avec les Français. Ils sont aidés par leurs coreligionnaires français et comprennent que l’acquisition de la nationalité française est une étape essentielle de leur émancipation.

Les Juifs s’installent dans les quartiers européens

Un célèbre avocat juif français, Adolphe Crémieux, l’une des figures de proue des journées révolutionnaires de 1848 et de la fondation de la IIIe République en 1871, a participé à la création de l’Alliance Israélite Universelle qui en construisant des écoles israélites se fixe pour mission d’ouvrir grâce à l’enseignements les Juifs des pays musulmans à l’éducation et à la culture française afin d’assurer leur émancipation.

Dès lors, les enfants de la communauté juive sont pratiquement tous scolarisés dans les écoles françaises malgré les réticences des rabbins qui craignent de voir leur influence disparaître dans la communauté.

Les juifs algériens éduqués entrent alors dans la fonction publique et les professions libérales, ils abandonnent le ghetto et s’installent dans les quartiers européens. Plusieurs parmi eux plusieurs acquièrent la nationalité française. Cela déplaît naturellement au grand colonat français et aux Européens de condition modeste, les petits blancs ainsi qu’on les appelle, qui ne voient pas d’un bon œil cette concurrence qu’ils pensent avoir partie liée avec les Arabes qu’ils connaissent bien.

L’Algérie française coloniale s’installe ainsi dans l’antisémitisme bien avant l’avènement du fascisme et du nazisme. Mais en 1871, le ministre de la Justice en France, le juif Crémieux, signe une série de décrets, dont celui par lequel il deviendra célèbre sur l’acquisition automatique de la nationalité française par tous les juifs algériens justifiant d’un parent juif résidant en Algérie avant 1830. Mais les autorités coloniales rechignent à l’appliquer, d’autant que la survenue de l’affaire Dreyfus constitue un exutoire au chauvinisme ultra nationaliste français.

Les soldats maghrébins prêts à mourir pour la France

Avec la première guerre mondiale, l’armée d’Afrique et la légion étrangère participent aux grandes batailles de Verdun et surtout de la Somme au cours de laquelle des soldats venus du Maghreb réalisent l’impossible, en perçant le front allemand. Mais l’armée française est incapable d’exploiter la brèche qui finit par se refermer. Le front se stabilise mais les soldats maghrébins ont démontré qu’ils étaient prêts à mourir pour la France. Les plus chanceux sont décorés, et une mosquée, celle de Paris, est érigée à Jussieu par reconnaissance, mais le statut des musulmans, celui de sujets, régi par le code de l’indigénat, ne change pas.

Les Juifs algériens sont devenus pour la plupart Français même s’ils continuent de parler l’arabe en famille, mais pas les musulmans, qui d’ailleurs ne veulent pas s’engager à renoncer à leur droit coutumier ainsi qu’ils sont obligés de le faire en cas de demande de naturalisation.

Les choses continuent ainsi jusqu’à la défaite française de 1940, l’occupation allemande, et l’avènement du régime de Vichy de Pétain, dont l’une des premières lois promulguées est l’abolition du décret Crémieux. Les Juifs algériens sont privés brusquement de la nationalité française. Ils ne peuvent plus exercer dans la fonction publique. Les Européens d’Algérie et le colonat, dont l’antisémitisme a toujours constitué une composante essentielle bien avant Vichy, surenchérissent. Des pétitions signées par les médecins français circulent, demandant l’exclusion des médecins juifs de la profession. Les quelques rares médecins musulmans, dont mon propre grand-père maternel, le Docteur Tahar Trad exerçant à Souk Ahras, refusent de signer, marquant ainsi la solidarité dans le malheur des musulmans avec la communauté juive.

Les Algériens musulmans contre l’antisémitisme des Français   

Ainsi que le note Ferhat Abbès dans le Manifeste Algérien, les malheurs de la communauté juive n’établissent pour autant pas les droits des musulmans dans le régime colonial. Pourtant ce dernier s’est toujours prévalu de l’hostilité envers les revendications juives par la nécessité dans le cas où elles seraient satisfaites de concéder des droits semblables aux musulmans, un anathème inacceptable pour un grand nombre de Français et pour eux tellement effrayant qu’il conduira finalement l’Algérie vers l’indépendance. 

En attendant, sous Vichy, l’Algérie française, qui n’est occupée ni par l’Allemagne ni par l’Italie, en remet une couche dans l’antisémitisme et établit des mesures antisémites qui n’existent pas en métropole. Les juifs privés de travail et de nationalité sont obligés de vendre leurs biens pour survivre mais les musulmans par solidarité ne les achètent pas; des mots d’ordre circulent dans les mosquées l’interdisent en effet. Un numérus clausus leur est imposé dans les universités et qui en réalité est appliqué d’une manière arbitraire. Les étudiants juifs ne sont plus admis aux cours, même à titre d’auditeurs libres. Les écoles sont également fermées et seules des initiatives individuelles établissant des cours pour les enfants chez les particuliers persistent provisoirement sans garantie pour l’avenir.

Le plus grave est l’ouverture de véritables camps de concentration dans le Sud Algérien, dont on établira plus tard qu’ils furent aussi cruels et meurtriers que ceux d’Allemagne et de Pologne, et dans lesquels on parqua outre les Juifs, des républicains espagnols, et des communistes allemands ou français. Mais le 8 novembre 1942, les troupes américaines débarquent en Algérie et au Maroc (opération Torch). Un groupe résistant juif, celui dit du Géo Gras, mené par José Aboulker, le futur médecin chef de service des hôpitaux de Paris, en s’assurant la prise du central de communications et la capture des généraux Juin et Darlan, neutralise toute opposition et facilite l’occupation d’Alger par les Américains. Les résistants s’attendaient à 500 000 hommes, ainsi qu’on le leur avait promis. Ceux qui débarquèrent ne furent pas au départ plus de 15 000. Ils craignaient une forte résistance des troupes de Vichy. En fait, c’est le ralliement de Darlan, l’une des figures de proue du régime de Vichy, aux Américains, alors par hasard de passage à Alger, qui assure le succès final après des combats qui ont fait tout de même plusieurs centaines de morts chez les Américains, et environ un millier chez les Français.

L’armée française se range toujours avec le mauvais camp

Le Général De Gaulle à Londres n’a pas été informé de l’opération et a été mis à l’écart. Les Anglo-américains estimaient en effet De Gaulle comme quantité négligeable et de surcroît peu fiable après l’échec de la prise de Dakar par ses forces en 1940. Quant au Maréchal Juin, le futur héros libérateur de Paris, il avait paradoxalement ordonné à Barré de ne pas s’opposer à l’entrée des troupes italo-américaines en Tunisie. De Gaulle s’en souviendra pour le soumettre.

L’armée française  en Algérie s’avère ainsi politiquement peu fiable dès le débarquement américain et bien avant Massu et le Comité de Salut Public de 1958, ou bien le putsch des généraux de 1961. En fait, elle se rangera toujours avec le mauvais camp, celui de Pétain et de la collaboration avec les Nazis qui occupent la France lors de l’opération Torch de 1942, celui de la perpétuation de la colonisation en Algérie en 1961.

Le plus étrange lors de l’occupation de l’Algérie par les Américains en 1942, c’est qu’ils y laissent intactes les structures établies par Vichy, en particulier l’administration et les lois (antisémites). De Gaulle venu à Alger sur le tard établit après l’assassinat de Darlan l’embryon du futur gouvernement de la France dont, fin politique, il écarte son rival Giraud plus gradé de toute responsabilité. Il refuse d’annuler la décision prise par Giraud de ne pas rétablir le décret Crémieux sous le prétexte d’en publier les textes d’application en des temps plus propices. Il renvoie la mesure à une décision du peuple français après la libération.

Ainsi les Juifs algériens privés de la citoyenneté française 70 ans après l’avoir obtenue, de plein droit, doivent encore attendre une décision du peuple français sur la question de la violation avérée  de leurs droits. Les enfants français d’immigrés maghrébins devraient se souvenir qu’en France, la nationalité n’est ni inaliénable, ni sacrée, mais un enjeu électoral et politique. Les Juifs algériens ne sont libérés des camps de concentration et ceux-ci ne sont fermés qu’une année après, à l’initiative des journalistes et des milieux juifs américains, dont la célèbre Hannah Arendt. Certains directeurs des camps sont condamnés à mort et exécutés. Les membres responsables de l’administration ne sont pas inquiétés.

Les Juifs algériens toujours dépourvus de nationalité n’en vont pas moins se battre contre les Nazis en Italie, sur le Garigliano et à Cassino. Après la guerre, ils sont de nouveau Français de plein droit mais ils se retrouvent rapidement en porte à faux des aspirations des Arabo-musulmans algériens à l’indépendance. C’est oublier tous les Juifs communistes comme Daniel Timsit, qui ont combattu dans les rangs du FLN algérien. Mais les Juifs d’Algérie ont  alors le sentiment pour la plupart avec la multiplication des attentats aveugles et des opérations de contre terrorisme, de ne plus avoir le choix, ils sont désormais considérés comme des Français puisqu’ils l’ont voulu et en paient le prix en quittant finalement leur terre natale pour un pays qu’ils ne connaissent pas encore.

Le colonialisme français a ainsi réussi à déraciner une communauté en la renvoyant loin de ses foyers et de sa culture d’origine , et en en faisant l’otage obligé du chauvinisme ultra nationaliste français toujours susceptible de la priver de ses droits citoyens et de les remettre en question par des lois scélérates tributaires des équilibres politiques toujours changeants.

C’est là une part importante de la question de l’immigration en France, que le problème sioniste n’a fait que compliquer, et que l’auteur du livre, le Juif d’origine algérienne Jacques Attali, n’aborde pas.

On relèvera certes quelques-unes de ses réflexions qui, sans changer la teneur du livre, ne sont pas forcément exactes. Ainsi l’importance accordée au pétrole irakien dans les calculs de Rommel semble influencée par les développements ultérieurs bien connus en 1991 et 2003. En fait la mission essentielle de l’Afrikakorps n’était pas d’occuper l’Irak et Kirkouk, bien plus près du Caucase où opérait la Wehrmacht pour s’emparer de Bakou et son pétrole, mais de couper le canal de Suez, la route de l’Inde d’où l’Angleterre tirait l’essentiel de ses forces, et éventuellement le Golfe arabo persique par où transitait l’aide destinée à l’Union soviétique et à Stalingrad. Il y a certes un pipeline Kirkouk-Haïfa en service mais il n’a été rarement fait mention de lui dans le calcul de Rommel.

En fait Hitler, contrairement à ses amiraux, n’a jamais jugé le théâtre du Moyen-Orient autrement que secondaire, et l’Afrikakorps finit immobilisée à El Alamein, faute de ravitaillement en carburant.

La seconde remarque concerne la politique de De Gaulle, accusé implicitement d’être un raciste antisémite français. C’est bien possible,  mais l’accuser d’avoir quitté l’Algérie pour ne pas accorder la nationalité aux musulmans n’est pas démontré. De Gaulle aurait sans doute volontiers conservé l’Algérie grâce à une victoire militaire après la perte du Vietnam, mais cela aurait nécessité trop de soldats et d’argent, et l’armée française devenait indocile et dangereuse pour la démocratie et menaçait d’instaurer un régime de type franquiste.

En outre, les Américains, toujours eux, désormais créanciers de l’Europe, voulaient la liquidation des empires français et britannique pour pouvoir commercer librement avec les pays qui en seraient issus.

Jacques Attali et l’avenir des juifs au Moyen-Orient

La vision de Jacques Attali sur l’indépendance de l’Algérie apparaît donc plutôt simplificatrice. Cependant il note à juste titre que plusieurs Français, dont le maire d’Alger Jacques Chevallier, ou l’armateur Schiaffino, y sont demeurés après l’indépendance, sans qu’ils ne l’eussent regretté. C’est la preuve que l’Histoire de l’Algérie eût pu prendre une tournure différente si un minimum de bonne volonté avait prévalu.

La dernière remarque est évidemment l’omission des Israéliens d’origine algérienne et les liens avec les Sionistes. On peut comprendre que Jacques Attali s’adressant à ses compatriotes juifs algériens les avertisse ainsi : «La France c’est bien beau, mais attention, avec tous les sacrifices que vous avez consentis vous n’y êtes jamais assurés d’être éternellement français».

Dans ce cas, la patrie ne pourrait être qu’Israël. Certes! Mais d’un autre côté, il peut très bien leur dire: «Attention! Voilà ce qu’il en coûte de jouer aux colonialistes avec les Arabes, et il n’y a d’autre solution en Israël que de s’entendre avec eux si on veut rester dans le pays».

Entre le cœur, celui d’une patrie réservée exclusivement au peuple juif, et la raison, celle d’une entente avec les Palestiniens, l’auteur a sans doute préféré éluder la question du choix de l’avenir. 

* Médecin de libre pratique.  

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