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Patate chaude

Lucky Luke doit rougir de honte. Lui, l’homme qui tire plus vite que son ombre, a trouvé plus rapide que lui. C’est au Parlement que ça se passe, où, quotidiennement, on se bouscule pour appuyer sur le bouton qui fera voter les lois. La loi de finances, qui a été expédiée sans coup férir, est l’un des exemples, même s’il n’est pas le moindre.

Mieux encore, et histoire de faire vite, on peut même appuyer sur le bouton rouge avant de se raviser et appuyer sur le vert. C’est véridique. Dans notre hémicycle, nos députés, après avoir rejeté une loi sur le durcissement des sanctions visant la contrebande, se ravisent et l’adoptent le lendemain. Le cas n’est pas unique, il s’agit d’un autre rétropédalage après l’annulation d’un article déjà adopté concernant l’exonération des pensions de retraite. Ce n’est pas qu’on cherche la petite bête, loin de nous le décret 54, une loi adoptée peut très bien être remise en cause. Ce n’est pas du Coran comme on dit, sauf que plaider pour une cause et son contraire en l’espace de quelques heures, cela soulève des questions sur la cohérence du processus législatif.

Mais bon, qu’à cela ne tienne, dans notre ARP, les projets de loi se suivent et ne se ressemblent pas. Après le projet de loi de la confiscation civile, voilà qu’on parle d’un projet de loi qui vise à instaurer un mécanisme de remboursement partiel des frais d’études universitaires pour les diplômés en médecine et en ingénierie qui choisissent de travailler à l’étranger.

C’est vrai que la proposition de loi a été retirée. Il faut dire aussi que l’affaire a suscité les réactions les plus vives, dans un sens comme dans l’autre. A la « bourde », s’ajoute en effet la faute de communication, pour peu qu’on élimine à titre conservatoire la mauvaise foi stratégique. En fait, l’erreur est surtout dans le piège que constituent les prises de position intempestives. Cela en dit long sur l’état d’esprit de nos élus qui font la loi, et toutes les élucubrations de dénégation n’y font plus grand-chose. Par définition, la communication est ratée quand elle ne prend pas en compte les conditions de sa réception. La suspicion structurelle que tout un chacun veut voler la Nation peut parfois mener au pire.

Faire de cette menace réelle qui est la fuite des cerveaux un fonds de commerce, histoire de plaire à la galerie, est désolant. A qui la faute ? Probablement à la fébrilité des uns et des autres, engagés dans une course contre la montre pour gagner la légitimité après avoir montré qu’on terrassait l’ancien régime. La surabondance des infos sur les dérives lors de la décennie dite noire ne doit pas cacher l’essentiel : les nouveaux arrivants manquent encore de professionnalisme pour ce qui est de la « vente » de leurs idées. Le discours populiste peut faire illusion, mais la réalité est autre.

La réalité est autre, la réalité, c’est la pénurie qui s’installe. L’actualité du moment tourne autour de l’huile d’olive, des tomates, du lait, du thé, du café, du sucre et des pommes de terre. Le problème n’est pas vraiment nouveau, mais dans ce secteur comme dans d’autres, la fuite en avant ressemble à s’y méprendre à la politique de l’autruche et parfois à la technique éprouvée de la patate chaude. Il se trouve seulement qu’il s’agit là d’une grosse patate. On ne voit guère comment s’en sortir et le moins que l’on puisse dire,est que la note est salée. Un illustre journaliste disait un jour : « Chez nous, faute de banane, on glisse sur une peau de patate ». Il ne pensait pas si bien dire.

Le mot de la fin disponible dans le Mag de l’Economiste Maghrébin n 908 du 4 au 18 décembre 2024 

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