Face à une sécheresse persistante qui a gravement affecté la production agricole locale, le Maroc a décidé d’augmenter ses importations de riz pour répondre à la demande intérieure et freiner la hausse des prix. Cette mesure intervient dans un contexte où les rendements céréaliers, y compris ceux du riz, ont considérablement diminué, exacerbant les tensions sur le marché alimentaire.
Abdelhamid Bahi, président de l’Association des commerçants de produits alimentaires, a expliqué, le 6 janvier, aux médias locaux que les prix du riz ont augmenté de manière significative ces dernières années. Par exemple, le prix du riz importé d’Inde est passé de 60 cents à 95 cents le kilogramme en gros, et se vend désormais à 1,3 dollar au détail. Certaines variétés ont même vu leur prix doubler, atteignant près de 2 dollars le kilogramme pour les consommateurs.
Bahi souligne que la consommation de riz au Maroc, bien que modérée (2,2 kg par habitant), est en hausse, ce qui accroît la pression sur les prix. Pour y remédier, le gouvernement a décidé d’exonérer les droits de douane et la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) pour les importations de riz, une mesure visant à stabiliser les prix et à protéger le pouvoir d’achat des ménages.
La culture du riz au Maroc, qui s’étend habituellement sur une superficie de 8 000 à 9 000 hectares, a été durement touchée par le manque de pluies. La superficie cultivée a chuté de 85 % lors de la dernière saison agricole, entraînant une baisse drastique de la production, passée de 69 000 tonnes à seulement 7 000 tonnes.
En temps normal, la production locale couvre environ 72 % de la demande, le reste étant assuré par des importations en provenance de pays comme l’Inde, la Thaïlande, les États-Unis et l’Europe.
Une stratégie d’importation renforcée
Le ministère de l’Industrie et du Commerce a récemment incité les entreprises à importer 55 000 tonnes de riz supplémentaires, bénéficiant de la suspension des taxes jusqu’à la fin de l’année 2025. Cette initiative vise à garantir un approvisionnement suffisant en riz, alors que les usines locales peinent à répondre à la demande en raison de la baisse de la production.
Les données de l’Office des changes montrent que les importations de riz ont déjà augmenté, passant de 81 400 tonnes sur les onze premiers mois de 2023 à 86 700 tonnes sur la même période en 2024. La facture d’importation a également bondi, atteignant 79 millions de dollars contre 52 millions l’année 2022.
Contexte mondial et défis locaux
La hausse des prix du riz sur le marché mondial, influencée par les conséquences de la pandémie de Covid-19 et les perturbations climatiques, a également impacté le Maroc. En 2023, l’Inde, l’un des principaux exportateurs, a interdit les exportations de certains types de riz, ce qui a encore accru les tensions sur les marchés internationaux.
Outre le riz, le Maroc a également intensifié ses importations d’autres produits de base tels que le blé, l’orge, le sucre, les viandes et l’huile d’olive, afin de compenser les pertes agricoles dues à la sécheresse.
Alors que le Maroc s’efforce de stabiliser son marché intérieur, les défis restent importants. La sécheresse, couplée à la volatilité des prix mondiaux, continue de peser sur l’économie et la sécurité alimentaire du pays. Les mesures prises par le gouvernement, bien que nécessaires, devront être accompagnées de stratégies à long terme pour renforcer la résilience agricole et réduire la dépendance aux importations.
En attendant, les consommateurs marocains espèrent que ces efforts permettront de contenir la flambée des prix et de garantir un accès abordable à des produits de base essentiels comme le riz.
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