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Bonne année… tout de même

C’est après tout une forme de politesse que de souhaiter à ses semblables une bonne et heureuse année. Somme toute, on nous promet, pour cette année 2025, monts et merveilles. Il parait même qu’on va édifier une nouvelle Tunisie pleine de joie et de bonheur. Tout cela est, peut-être, vrai, mais le cœur n’y est pas. Le cœur n’y est pas en pensant à ces journalistes, animateurs et chroniqueurs qui se trouvent actuellement en prison. Le cœur n’y est pas en se souvenant de ces jeunes qui se trouvent actuellement en prison pour avoir dessiné un graffiti. Le cœur n’y est pas en sachant que plusieurs militants de la société civile, défenseurs des droits de l’Homme, se trouvent aujourd’hui en prison.
Cela, sans parler des personnalités politiques impliquées dans le dossier du complot contre la sûreté de l’État, et qui se trouvent en prison depuis plus de vingt-deux mois.

Sans distinction, ils sont tous des prisonniers de droit commun.On aurait aimé entamer l’année 2025 le cœur plein d’entrain, avec des signes d’apaisement. Or, on continue à développer un discours qui met les Tunisiens dos-à-dos et les classe en deux catégories inconciliables : les patriotes honnêtes,
les « sadikoun » d’une part, et les traîtres, les vendus, les agents de l’étranger qu’on traite de
tous les noms d’oiseaux, d’autre part.

On aurait assurément aimé entamer la nouvelle année 2025 avec la certitude d’une relance éco- nomique, d’une croissance qui permettra de créer des emplois et d’un climat d’affaires qui incitera à l’investissement. Or, on continue à vivre dans l’appréhension d’une pénurie qui touchera l’une des matières de base. Sur un autre registre, des hommes d’affaires, sans être exempts de reproches, continuent de vivre dans l’appréhension d’une affaire qui les fera croupir en prison. On aurait aimé que tous, de tous bords, sachent que la seule manière de faire réussir un projet national est de rendre le commun des citoyens, acteur de cette histoire, de ce qu’on appelle maintenant un récit national. Et, pour dire les choses simplement, les tiraillements entre les bons et les mauvais, les pour et les contre, les «sadikoun» et les traîtres, agissent très exactement dans le sens inverse. Tout se passe comme si le plus urgent était de régler des comptes à la husarde. Au final, tout le monde risque d’y laisser sa peau.
En fait, on entame l’année 2025 avec un sentiment de trop plein de désillusion qui fait, en effet, craindre le vide. Les hypothèses actuelles les plus optimistes montrent que plus des trois quarts des Tunisiens ne croient plus en la chose publique. En gros, il ne s’agit même plus, pour ces citoyens, de faire confiance à l’un ou à l’autre, mais de dire que tous ne font pas l’affaire. Et, puisque dans l’intervalle, les affaires de corruption démontrent que ce mal est encore plus pro- fond que supposé initialement, le sac à puces est plein quand l’assiette de la vertu républicaine est désespérément vide.

C’est pour tout cela qu’ assurément, il sera difficile de faire des vœux pour la  nouvelle année.
Mais pour ne pas sombrer totalement dans le désespoir et le pessimisme : Bonne année… tout
de même.

Le mot de la fin est disponible dans le Mag de l’Economiste Maghrébin n 910 du 1 au 15 janvier 2025

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