Administration: Réveiller les projets en suspens, une course contre la montre
Qui a intérêt à perpétuer cet état d’immobilisme ? Le Président de la République semble pointer du doigt une culture administrative qui, par inaction ou par complaisance, contribue à creuser le fossé entre l’Exécutif et les citoyens.
La Presse — Le Président de la République, Kaïs Saïed, a une fois de plus exprimé son impatience face aux lourdeurs administratives qui paralysent la réalisation des projets économiques et sociaux dans le pays. Lors de sa rencontre, jeudi 2 janvier, avec le Chef du gouvernement, Kamel Maddouri, au Palais de Carthage, il a dénoncé des retards, injustifiés, qui continuent de freiner l’élan d’un pays en quête de réformes et de prospérité. Écourter les procédures est devenu une priorité nationale pour libérer les forces vives d’une économie en mal de dynamisme.
«Comment expliquer que des fonds sont disponibles et que, pourtant, rien ne bouge sur le terrain ?» Cette interrogation souvent répétée du président résume à elle seule le mal profond qui ronge l’administration. Si les raisons officielles, prétextes de conformité aux procédures, semblent honorables, elles masquent souvent des dysfonctionnements anciens et systémiques. Et entre la lenteur bureaucratique et l’absence de coordination entre les différents départements administratifs, les projets restent figés.
Le temps, un luxe que la Tunisie ne peut plus se permettre
La critique du président de la République va au-delà des simples retards. Il s’agit d’un appel à la responsabilité collective et à une réforme profonde de la gouvernance. Alors que le pays fait face à des défis économiques majeurs ; dette publique élevée et chômage endémique, chaque jour de retard coûte cher à la communauté nationale, non seulement en termes financiers, mais aussi en termes d’espoir.
L’administration tunisienne, souvent perçue par la population comme fonctionnant de manière opaque, est devenue au fil du temps un obstacle plutôt qu’un vecteur de facilitation. C’est une réalité. Pourquoi faut-il des mois pour répondre à une simple correspondance ? Cette question souligne l’urgence de simplifier les processus administratifs, tout en garantissant une transparence essentielle pour anticiper les abus et les blocages persistants.
Une administration qui doit inspirer l’espoir, pas la frustration
À travers ses paroles, Kaïs Saïed exprime une vision, celle d’une Tunisie capable de réinventer ses solutions, d’innover pour contourner les pièges de l’immobilisme. L’invention de nouvelles approches administratives pourrait devenir ainsi une pierre angulaire de cette transformation. En introduisant des systèmes digitalisés, décentralisés et orientés vers l’efficacité et les résultats, le gouvernement peut non seulement accélérer les décisions mais aussi restaurer la confiance des citoyens. Car au-delà des chiffres et des statistiques, ce sont les Tunisiens qui souffrent de ces retards. Les projets en suspens concernent souvent des infrastructures sensibles ; routes, hôpitaux, écoles, dont l’impact sur la vie quotidienne est direct et profond. Le blocage de ces initiatives entretient forcément un sentiment d’injustice et de frustration de la population.
Qui a intérêt à bloquer l’avenir ?
La question reste ouverte ; qui a intérêt à perpétuer cet état d’immobilisme ? Le président semble pointer du doigt une culture administrative qui, par inaction ou par complaisance, contribue à creuser le fossé entre l’Exécutif et les citoyens. Dépasser cette logique nécessite une volonté politique ferme et une action collective audacieuse.
De ce fait, écourter les procédures n’est pas simplement une réforme technique mais s’érige en urgence nationale. C’est redonner du souffle à l’économie, c’est offrir aux citoyens des raisons d’espérer, et c’est, enfin, rappeler que la Tunisie peut réellement prendre son destin en main.
La route est donc claire, moins de paroles, plus d’actions. Reste maintenant à savoir si l’administration aura la volonté de la suivre, pour transformer les blocages d’aujourd’hui en succès de demain.
L’article Administration: Réveiller les projets en suspens, une course contre la montre est apparu en premier sur La Presse de Tunisie.