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Abandonné par les dieux, Bachar al-Assad en exil à Moscou

Pourquoi la citadelle de Damas est-elle tombée en 10 jours? Pourquoi le président syrien Bachar al-Assad a-t-il été lâché par ses alliés? Que d’interrogations et que de brouillard qui enveloppent un événement majeur au Moyen-Orient et même au-delà?  

Que de questions lancinantes qui demeurent, au moment de l’écriture de cet article, sans réponses? D’abord sur le mystère de la chute de Damas qui est tombée comme un château de cartes en à peine 10 jours suite à l’avancée fulgurante de groupes rebelles. Ensuite, sur le sort de l’homme,  Bachar al-Assad, qui aura régné durant 24 ans par la seule logique de la terreur et du sang.

Car, pour comprendre cette débâcle, il semble évident que le régime de Bachar al-Assad a été lâché par ses alliés traditionnels, en l’occurrence la Russie, l’Iran et le Hezbollah libanais. Pour quelles raisons objectives?

A chacun ses propres soucis

Ainsi, la Russie embourbée dans sa guerre contre l’Ukraine ne peut plus s’encombrer d’un régime à l’agonie. Les mollahs- soucieux de sauver leurs têtes, surtout après l’installation prochaine de leur pire cauchemar, Donald Trump, à la Maison Blanche- cherchent à calmer le jeu et à se faire oublier. Quant à la milice chiite  libanaise, elle a trop reçu de coups de la part de l’armée israélienne pour pouvoir porter secours à un régime chancelant, en fin de règne. D’ailleurs, une source proche du Hezbollah pro-iranien, allié du pouvoir syrien, a rapporté que les combattants du mouvement s’étaient retirés de leurs positions près de Damas et dans une zone à la frontière avec le Liban voisin.

Ainsi, toutes les conditions étaient réunies pour que les troupes rebelles noyautées par les anciens djihadistes d’al Qaïda s’emparent de la capitale syrienne ce samedi 7 décembre. Et ce, sans que les troupes gouvernementales, dernier rempart de la famille al-Assad, ne bougent le petit doigt.

L’analyse géopolitique de Trump

D’ailleurs, une fois n’est pas coutume, Donald Trump, le futur 47ème président des Etats-Unis s’est fendu d’une analyse d’une rare lucidité sur la situation géopolitique qui a conduit à cet événement majeur au Proche-Orient.

Ainsi, s’exprimant hier dimanche 8 décembre dans un message publié sur sa plateforme Truth Social, l’ex et futur président américain a déclaré qu’ « Assad est parti. Il a fui son pays. Son protecteur, la Russie, dirigée par Vladimir Poutine, n’était plus intéressée à le protéger ».

Soulignant l’absence de motivation russe en Syrie, le milliardaire républicain ajouta qu’ « il n’y avait aucune raison pour que la Russie soit là-bas dès le départ. Ils ont perdu tout intérêt pour la Syrie à cause de l’Ukraine, où près de 600 000 soldats russes sont blessés ou morts, dans une guerre qui n’aurait jamais dû commencer et qui pourrait durer éternellement ».

Evoquant l’affaiblissement des principales puissances régionales, Trump rappelait que « la Russie et l’Iran sont actuellement dans un état de faiblesse, l’une à cause de l’Ukraine et d’une mauvaise économie, l’autre à cause d’Israël et de son succès dans les combats ».

Bluffant par la pertinence de l’analyse, l’homme a-t-il pris de l’épaisseur en quatre ans d’absence de la Maison Blanche?

Quelle destination pour al-Assad?

D’autre part, quid du président Bachar al-Assad que personne n’a vu ou entendu en public depuis dimanche dernier, en compagnie du ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi?

Et s’il avait pris la fuite, comme jadis le chah d’Iran, ce serait vers quelle destination? En Russie, soutien indéfectible qui aura engagé son aviation dans la guerre en Syrie pour le remettre en selle? En Iran, autre allié qui a dépêché conseillers militaires et factions armées pour combattre au côté du pouvoir syrien? Ou encore aux Émirats arabes unis, un des premiers pays du Golfe à avoir rétabli des relations diplomatiques avec Damas en 2018, après les avoir rompues dans la foulée du conflit déclenché en 2011?

D’autre part, des rumeurs folles ont circulé dans la nuit du samedi à dimanche dernier suite  aux « révélations » distillées par l’agence de presse Reuters, selon lesquelles, l’héritier de la dynastie fondée par son père Hafez al-Assad, président clanique de la Syrie depuis 2000, a été tué dans un accident d’avion.

En effet, l’avion de Syrian Air que le président syrien a pris pour fuir le pays, a disparu de la carte selon le site Flighradar cité par Reuters. L’avion se serait d’abord dirigé vers la région côtière de la Syrie, fief de la minorité alaouite du clan Assad, avant de faire brusquement demi-tour et voler dans la direction opposée pendant quelques minutes; avant de disparaître totalement des écrans-radars.

Un exil doré

Fin de suspense. Nous venons d’apprendre à l’aube de ce lundi 9 décembre que Bachar al-Assad et sa famille se trouvent désormais à Moscou. « La Russie, sur la base de considérations humanitaires, leur a accordé l’asile », ont  annoncé dimanche soir les agences de presse russe, citant une source au Kremlin.

Contrairement à un certain Saddam Hussein qui, lui, sous le joug de l’occupation américaine et alors que sa tête était mise à prix pour 25 millions de dollars, n’avait point cherché à fuir son pays, préférant être enterré dans cette vieille terre de Mésopotamie, berceau de grandes civilisations.

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François Bayrou pressenti à Matignon ?

Le nom du futur Premier ministre français sera communiqué dans les prochains jours. L’heure de François Bayrou a-t-elle enfin sonné ? La réponse ne saurait tarder.

Son nom est sur toutes les lèvres. Dans l’attente de l’arrivée d’un nouveau gouvernement, la présidence de la République ayant indiqué que le chef de l’État « prenait acte » de la démission de Michel Barnier – renversé par une motion de censure de l’Assemblée nationale, mercredi 4 décembre et chargé désormais d’expédier le traitement des affaires courantes -, François Bayrou est pressenti pour lui succéder.

Homme de compromis

Pourquoi son nom est souvent murmuré dans le microcosme parisien ? Le centriste, souvent consulté par Emmanuel Macron pour choisir le Premier ministre mais jamais nommé, est désormais favori pour Matignon.

Signe révélateur ? Il a été reçu, jeudi 5 décembre, à l’Elysée pour un déjeuner en tête à tête avec le président de la République. Certes, Emmanuel Macron s’est entretenu avec d’autres personnalités, dont Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, mais François Bayrou est le seul à être en lice pour devenir Premier ministre.

Durant la rencontre, le locataire du palais de l’Elysée lui a-t-il proposé le poste ou lui a simplement demandé son avis sur un autre prétendant ? Il semble évident que dans un contexte d’une crise politique sans précédent, avec une Assemblée tripartite, et en l’absence de majorité suffisante, François Bayrou pourrait être l’une des meilleures options pour la nomination d’un Premier ministre. Un choix par défaut en quelque sorte.

Et ce, d’autant plus que François Bayrou traîne une longue carrière politique derrière lui. Homme de compromis, ce bon centriste paraît de fait en mesure d’ouvrir le dialogue avec la plupart des familles politiques.

À noter que depuis des mois, le patron du MoDem plaide pour la formation d’un « gouvernement désintéressé, pluraliste et cohérent » constitué de « personnalités de caractère » sans préciser les bords politiques qui pourraient ou non y prendre part.

S’il était choisi par le chef de l’État, sa mission consisterait à construire laborieusement une majorité de coalition ou du moins éviter un pacte de censure contre son propre gouvernement. Raison pour laquelle l’ex-Premier ministre, Michel Barnier, fut renversé après l’adoption d’une motion de censure de la gauche soutenue par le Rassemblement national de Marine Le Pen.

Un soutien de taille

En effet, le président du MoDem, un ami de longue date du chef de l’État,  vient de recevoir la bénédiction inattendue d’un adversaire politique de taille, en l’occurrence l’ancien Premier ministre socialiste de François Hollande, Bernard Cazeneuve. Lequel a assuré, jeudi 6 décembre, au micro de LCI que Bayrou « ferait un bon Premier ministre. Il a toutes les qualités pour ça ». A-t-il tourné le dos à son propre camp en s’abstenant  de soutenir la candidature de la socialiste Lucie Castets pour le poste de Premier ministre ?

Toujours est-il que dans un geste appuyé au président centriste du MoDem, Bernard Cazeneuve a déclaré, toujours sur LCI, que « le centre ne peut pas être la réponse seule, mais le choix du centre peut rassembler des gens différents ; on peut surmonter les divisions, spécialement quand la situation du pays est très inquiétante et très grave ».

Et d’ajouter : « Ce qui s’impose, ce sont des rassemblements de personnalités qui gardent leurs idées, mais décident de travailler ensemble. C’est la vocation du centre de rassembler ». Le clin d’œil ne souffre aucune ambigüité !

Vers un pacte politique ?

C’est que ces deux personnalités politiques se connaissent bien. L’été dernier, alors que le nom de Bernard Cazeneuve circulait déjà pour Matignon à l’issue des législatives, il avait reçu le soutien de l’ancien candidat à la présidentielle. Le socialiste s’était même rendu aux universités de rentrée du MoDem.

Cherchent-ils à sceller un pacte politique ? Toujours est-il que Bernard Cazeneuve, qui a quitté le PS et fondé son propre mouvement, La Convention, a rencontré François Bayrou, jeudi 5 décembre. Pour être nommé Place Beauvau en contrepartie de son ralliement ?

Sur le plan politique, il est de notoriété publique que les deux hommes n’ont pas La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon comme tasse de thé. Cazeneuve n’a-t-il pas fustigé, rien que vendredi dans La Presse de la Manche : « Les positions de cette organisation politique, sur des sujets qui m’apparaissent fondamentaux (laïcité, lutte contre l’antisémitisme…) sont très loin de ce que sont mes convictions. Il arrive qu’on explique que si l’on dénonce les outrances de LFI, ses travers, c’est qu’on n’est pas à gauche… ».

Le ralliement du socialiste au patron du Mouvement Démocrate, dont nul n’ignore l’envie irrépressible de s’installer à Matignon, fera-t-il pencher la balance en sa faveur dans l’esprit d’un Emmanuel Macron encore traumatisé par l’échec terrible de sa dissolution hasardeuse ?

L’avenir proche nous le dira.

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