Lese-Ansicht
Le faux calcul de la Turquie en Syrie
Recep Tayyip Erdogan, à la recherche d’une stature régionale, a précipité la chute du régime Al-Assad, pensant se rapprocher des cercles de décision stratégique américains et sionistes avant l’investiture du président américain Donald Trump. Au risque de voir naître, à ses frontières méridionales, un mini-Etat indépendant kurde sur le territoire syrien, qui plus est, avec un soutien israélien et américain.
Elyes Kasri *
Irak, Syrie, Palestine, Liban, Soudan, Libye et autres pays arabes semblent destinés à faire l’objet d’une nouvelle vague de reconfiguration à la faveur d’une combinaison des accords de Sykes-Picot et de Yalta.
Ces pays sont désormais traités comme des acteurs périphériques et de second ordre d’une nouvelle architecture de paix et de sécurité en Europe qui, en dépit de ses revers économiques, reste le principal théâtre des affrontements pour l’hégémonie mondiale.
Le vieil oncle Sam dont on avait annoncé avec exaltation la décadence et la perte d’influence sur la scène mondiale au profit d’un nouvel ordre mondial qui tarde à se concrétiser sur le terrain, semble avoir encore de beaux jours devant lui. Les exaltés, apprentis sorciers en géostratégie et autres satrapes en sont pour un réveil brutal.
Une erreur stratégique
Pour Alexandre Douguine, philosophe et inspirateur du président russe Poutine, la Syrie a été un piège et une erreur stratégique pour la Turquie.
A la recherche d’une stature régionale, Recep Tayyip Erdogan a ainsi précipité la chute du régime Al-Assad, pensant se rapprocher des cercles de décision stratégique américains et sionistes avant l’investiture du président américain Donald Trump.
Toutefois, le courroux des autorités russes et iraniennes, occupées actuellement par des considérations sécuritaires plus immédiates, et qui ne tardera pas à se manifester, sera moindre que le défi que poseront une plus grande autonomie et probablement une entité indépendante kurde sur le territoire syrien à proximité des zones kurdes en Turquie.
Après s’être efforcée pendant des décennies de déstabiliser la Syrie par tous les moyens y compris par des hordes armées islamistes, la Turquie devra faire face à la menace existentielle d’un Etat kurde sur ses frontières et qui, en tant que membre possible de l’Onu, grâce au soutien fort prévisible israélien et occidental, pourrait saisir la commission onusienne de décolonisation du sort des territoires et populations kurdes sous occupation turque et mettre la Turquie face au risque de devenir un Etat colonisateur et paria confronté au danger d’effritement.
L’histoire s’accélère
L’histoire s’accélère en Europe et dans sa périphérie, la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena) et la Turquie, sera confrontée au choix entre la surenchère par milices interposées notamment islamistes dans la région Mena y compris en Libye avec la politique de la fuite en avant et de la terre brûlée ou la soumission au diktat israélo-otanien en s’alignant franchement contre la Russie notamment en cédant le passage du détroit du Bosphore et des Dardanelles vers la Mer Noire à des bâtiments de guerre otaniens en vue de leur positionnement à Odessa, importante cité-port ukrainienne, ou plus grave, au large de la péninsule de Crimée, pour en faire une ligne rouge pour l’armée russe, quitte à invoquer, en cas d’attaque, l’article 5 de la charte atlantique de défense collective.
Les erreurs d’Erdogan risquent fort de réveiller les vieilles rivalités russo-ottomanes à une époque ou la Russie est la première puissance nucléaire et a fait montre d’une résilience remarquable en Ukraine face à une coalition multiforme occidentale qui est désormais sur la défensive avec uniquement l’énergie du désespoir.
Le spectre de la troisième guerre mondiale n’est pas en train de s’éloigner. Au contraire !!!
* Ancien diplomate.
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«La Syrie n’est pas la Tunisie», disait Bachar Al-Assad en 2011, et pourtant…
Quelques semaines après le 14 janvier 2011, interrogé par un journaliste français qui lui demandait s’il ne craignait pas pour son régime, Bachar Al-Assad s’était contenté d’ironiser : «La Syrie n’est pas la Tunisie». Pourtant, et malgré les apparences, à cette époque-là, le régime syrien portait, déjà, en lui les germes de sa déperdition.
Salah El-Gharbi
Aujourd’hui, même si tout le monde semble pris au dépourvu, depuis plus d’un an le régime paraissait essoufflé. Maintenu sous perfusion, le régime, autiste et arrogant, allait connaître une agonie fort lente avant de rendre, subitement, l’âme dans de piteuses conditions.
L’étonnant, dans cet évènement, c’est la réaction surprenante de nos élites qui, ulcérées par «cette perte», n’ont pas hésité à exprimer leur réprobation. Comme Bachar, ces «démocrates et laïcs» semblaient avoir du mal à admettre que le temps où la terreur et la force brutale ne suffisaient plus pour assoir une légitimité pérenne et que seul l’Etat de droit était capable de garantir la stabilité et la prospérité pour la population. Et comme pour calmer leur déception, ces élites allaient, aussitôt, nous ressortir les mêmes litanies, vilipendant les Occidentaux d’une manière générale, et à leur tête le grand Satan américain et Israël, son complice.
La théorie du complot, encore et toujours
Le départ, inattendu pour certains, d’Al-Assad n’était pas la conséquence inéluctable d’une réalité politique et historique complexe, mais l’œuvre sournoise et satanique, un complot fomenté contre «notre nation». Chez nous, les réponses précèdent les questions. C’est plus rassurant, pour nous, de croire, que nous sommes victimes, objets de forces hostiles qui complotent contre nous pour nous nuire.
Néanmoins, comme cet argument est un peu court, étant donné que la situation est trop complexe, impliquant des forces «sympathiques», à nos yeux, comme la Russie, l’Iran et la Turquie, censées êtres assez proches de «nous», on va insister sur la menace islamiste qui venait de surgir pour déloger un régime Baathiste supposé «laïc» et semer le désordre.
Il est vrai que la situation actuelle en Syrie est loin d’être rassurante, que les islamistes sont imprévisibles et que le pays pourrait basculer dans l’anarchie le chaos. Mais de telles craintes suffisaient-elles pour nous faire oublier ce pays fracturé, ces millions de Syriens précarisés, déplacés ou forcés à quitter leur pays?
Certes, les actuelles forces qui détiennent la Syrie sont loin d’être des enfants de chœur. Mais leur présence ne résulte-t-elle pas de l’impuissance du pouvoir baâthiste-alaouite à trouver des solutions politiques à la crise d’un régime vieillissant et à la dérive?
Nationalisme arabe et islamisme, deux faces d’une même monnaie
On a longtemps cru que le baâthisme rime avec laïcisme. Ce qui n’est qu’un raccourci. Certes, surtout par opportunisme, les Baathistes avaient fait preuve de tolérance en matière de religion, vis-à-vis des différentes communautés, l’islam avait une place prépondérante. Dès le début, chez les doctrinaires de la pensée Baâthiste, seul le rapprochement entre la pensée «nationaliste arabe» et l’islam permet de créer une «force capable d’affronter l’Occident». Cette idée est développée par Michel Aflaq, un des théoriciens du mouvement. Selon lui, «tant que le lien étroit entre la nation arabe et l’islam existe et tant que nous voyons dans l’‘‘arabité’’un corps dont l’islam est l’âme, il n’est pas question d’avoir peur que leur zèle nationaliste porte atteinte à leur foi…» (Conférence donnée à l’Université de Damas en avril 1943)
Aujourd’hui, face à ce bouleversement séismique, on est dans l’incapacité de préjuger ni de l’échec ni du succès de l’opération politique qui est en train d’être engagée. Rien ne nous autorise à être ni pessimiste ni optimistes pour l’avenir du pays. Ce qui est certain, c’est que la tentation «islamiste» dans sa version rigoriste pourrait avoir des conséquences inquiétantes pour cette région la plus instable du monde.
Néanmoins, cette crainte ne doit pas nous empêcher d’espérer que le bon sens et sens de l’intérêt général puissent triompher du dogmatisme et de la velléité hégémonique d’une tendance aux dépens des autres.
* Ecrivain et analyste politique.
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La nouvelle Syrie, ou l’illusion de la liberté à l’épreuve de l’expansionnisme israélien
Le paradoxe arabe est que des organisations armées comme le Hezbollah, et dans une moindre mesure le Hamas, malgré la disproportion des forces, tiennent la dragée haute à toute la puissance de l’armée israélienne pendant plusieurs mois de guerre, alors que des armées régulières suréquipées s’effondrent en quelques jours devant des bandes hétéroclites armées de fusils et de mitrailleuses, et se déplaçant dans des pickups. (Photo : Plus de 100 frappes israéliennes sur des sites militaires en Syrie lundi 9 décembre 2024).
Dr Mounir Hanablia *
L’armée israélienne s’enfonce en territoire syrien sans coup férir, dans une profondeur d’une trentaine de kilomètres, sans que les guérilleros de Daech qui ont pris le pouvoir à Damas ne s’en préoccupent, ni d’ailleurs leur parrain, le président turc Erdogan, habituellement prolixe en prétendant défendre la cause palestinienne. Et les installations militaires de l’armée régulière syrienne sont méthodiquement bombardées par l’aviation de Netanyahu, dans l’indifférence la plus totale.
Un mouvement soi-disant luttant pour la liberté du peuple ne se serait pas fait faute de mobiliser immédiatement la population pour défendre le territoire de la patrie attaquée par un ennemi génocidaire et expansionniste. Au lieu de quoi, le nouveau régime semble plus préoccupé de faire le tour des prisons et d’interviewer leurs anciens occupants. Pendant ce temps, le pays demeure partagé en une zone turque d’où les Daech ont surgi, une zone kurde sous protection américaine, et désormais une zone israélienne.
Netanyahu, en dénonçant l’accord de 1974 conclu avec la Syrie, a rétabli de facto l’état de belligérance, de guerre, entre les deux pays, et nul ne blâmerait donc sur le plan du droit la Syrie de riposter. Le plateau du Golan, occupé depuis 1967, a été annexé par Israël, il est à se demander si le territoire actuel envahi au nom de l’alibi sécuritaire sera ou non un jour restitué.
Au vu de la tournure prise par la destruction de Gaza et le génocide qui y a cours, ainsi que la répression de la population de Cisjordanie et la colonisation de ses terres, Israël démontre pourtant qu’il considère les accords conclus avec les Arabes comme caducs et qu’il n’hésite pas à envahir les territoires d’où il a accepté de se retirer, une réalité à laquelle l’Egypte en particulier, dont la péninsule du Sinaï est sous hypothèque israélienne, devrait réfléchir.
Les pays arabes continuent de ne pas exister
Une perception géostratégique raisonnable devrait dans ces conditions pousser les pays voisins à user de la voie diplomatique pour exiger le retrait israélien, quitte à prendre des mesures même symboliques, comme diminuer la production de pétrole, envoyer des soldats et du matériel en Syrie et au Liban, tout en remettant en question les accords de paix conclus, et en en subordonnant le rétablissement à l’évolution de la situation vers la paix. La vérité oblige à dire que les pays arabes continuent de ne pas exister face à la menace militaire qui plane sur leurs têtes.
Certes tout ceci est censé répondre à une menace iranienne dont le Hezbollah, les Houthis et des mouvements irakiens seraient le fer de lance. Mais ces mouvements n’ont envahi aucun autre pays et l’arsenal balistique iranien a une portée défensive. Il reste certes la question du nucléaire, qui n’a toujours pas été réglée. Mais quelle que soit la manière avec laquelle il le sera, les pays arabes se trouveront subordonnés aux accords que d’autres auront conclus sans leur participation. Autrement dit, ils seront de moins en moins maîtres de leurs décisions et plus enclins à accepter les diktats des acteurs, israélien, américain, turc, iranien, les seuls à agir dans la région dans les limites de leurs intérêts.
Le paradoxe arabe est que des organisations armées comme le Hezbollah, et dans une moindre mesure le Hamas, malgré la disproportion des forces, tiennent la dragée haute à toute la puissance de l’armée israélienne pendant plusieurs mois de guerre, alors que des armées régulières suréquipées s’effondrent en quelques jours devant des bandes hétéroclites armées de fusils et de mitrailleuses, et se déplaçant dans des pickups.
Le père, le fils et la sainte alliance israélo-américano-turque
Bachar Al-Assad est finalement tombé. Faut-il s’en réjouir? Al-Assad père avait massacré ses opposants armés qualifiés de «Frères Musulmans» à Hama en 1982 et détruit une bonne partie de la ville; des opposants dont on découvrira le véritable visage en 2011. Mais il avait reçu un blanc seing américain pour sauver les chrétiens en 1976 et occuper le Liban; une occupation qui ne l’empêchera pas de s’opposer victorieusement à Bhamdoun et Kfar Dara en refoulant l’armée israélienne de la route Beyrouth-Damas lors de son invasion du pays du cèdre en 1982. Mais Al-Assad père quoique militaire était une bête politique et savait sentir le vent tourner. Ayant refusé la paix (comme toujours tronquée) offerte par Israël qui le privait d’une partie de son territoire, lors des discussions de Madrid, il s’était rangé sous l’égide américaine contre Saddam Hussein, son vieil ennemi, lors de la guerre du Golfe en 1991, comme il s’était rangé contre lui avec l’Iran en 1981.
Al-Assad fils n’était pas taillé dans la même étoffe. Il avait certes contribué au retrait du Liban de l’armée israélienne en 2000 en assurant avec l’Iran le ravitaillement et la logistique du Hezbollah, mais l’invasion américaine de l’Irak en 2003 l’avait placé dans la ligne de mire du Pentagone. Obligé de retirer son armée du Liban suite aux pressions internationales après l’assassinat du Premier ministre libanais Rafik El-Hariri, et ayant soutenu le Hezbollah lors de sa résistance victorieuse à l’invasion israélienne en 2006, il était devenu la cible des milieux sionistes internationaux.
En 2011 survient le printemps arabe. La Syrie est envahie par des guérilleros islamistes en provenance du monde arabe, dont à ce qu’on dit des milliers de Tunisiens envoyés par Ennahdha après un stage sur la montagne Chaambi, et transitant par la Turquie. Son armée est accusée d’utiliser des gaz toxiques contre sa population par les médias occidentaux et la cote du président syrien tombe au plus bas. La naissance de Daech, soutenu par la Turquie, laisse échapper une bonne partie du pays au contrôle du régime de Damas. On croit à la chute imminente de Bachar, mais il est sauvé par l’intervention de l’armée russe de Poutine, officiellement venue lutter contre le terrorisme. L’armée syrienne aidée par l’Iran et le Hezbollah reprend l’initiative et Daech est finalement refoulé au nord vers l’enclave occupée par la Turquie. Toute la région du nord-est est sous contrôle des Kurdes soutenus par les Etats-Unis au grand dam d’Erdogan.
Le 7 octobre 2023 marque le début de l’opération militaire de liquidation du Hamas de la bande de Gaza par Israël avec l’assentiment américain. Le Hezbollah choisit de soutenir le mouvement palestinien et de bombarder le territoire israélien en arguant très justement de l’intention du gouvernement sioniste de le liquider à son tour après en avoir fini avec Gaza. En octobre 2024, lorsque l’armée israélienne attaque le Liban, la Syrie joue comme toujours un rôle crucial dans le ravitaillement de la résistance libanaise. Mais les enjeux ont changé.
Désormais l’Iran est visé, dont les alliés ont assuré le blocus maritime de la mer Rouge et bombardé le territoire israélien sur plusieurs fronts. L’armée israélienne incapable de briser la résistance libanaise militairement, malgré des bombardements massifs, est cantonnée sur la frontière. La fermeture de la route du ravitaillement iranien par la Syrie devient alors un enjeu crucial que seule la chute du régime de Bachar et l’implosion de la Syrie peuvent obtenir.
Les guérilleros de Daech, réfugiés on l’a vu en territoire sous contrôle turc, sont mobilisés et attaquent en direction d’Alep et Hama, puis de Homs. L’armée syrienne, dont les officiers supérieurs ont certainement été corrompus par les dollars américains, s’effondre comme un château de cartes. Poutine, sans doute assuré d’obtenir la victoire et d’enclaver l’Ukraine hors de la mer Noire avec l’accession de Trump au pouvoir, n’intervient pas. Damas est prise en une dizaine de jours, et Bachar s’enfuit.
Le tortionnaire patriote et le libérateur, marionnette
Qui gouvernera la Syrie? La question demeure posée. Les forces de Daech qui se font nommer Hay’at Tahrir Al-Sham (Comité de libération du Cham) et qui ont assuré l’offensive décisive et pris Damas ne semblent pas disposer des forces nécessaires pour le contrôle du pays. Celui-ci semble ainsi voué pour quelques années aux mêmes affrontements qui avaient prévalu en Irak, en Libye, et en Afghanistan.
En fin de compte, c’est le tortionnaire Bachar qui s’est révélé être le patriote, et son adversaire victorieux, Mohammed El-Joulani, en laissant envahir le territoire de son pays sans réagir, est apparu comme une simple marionnette.
Cette libération par les ennemis de la liberté est un piège. Elle confère aux puissances étrangères un motif permanent d’intervention dans le pays.
Il est à espérer que le peuple syrien se réveille rapidement de ses illusions sur la liberté, les mêmes qui furent celles des Tunisiens, alors que son pays est taillé en pièces et placé sous tutelle.
Alors même que des voix présentent le sort de Bachar Al-Assad comme exemplaire pour tous les dictateurs du monde arabe, il demeure nécessaire de rappeler à titre d’exemple qu’un pays comme le Qatar, un pilier de la sphère occidentale, n’a jamais été un parangon de démocratie ni de liberté. Le vieux schéma manichéiste de la démocratie vertueuse et de la dictature tyrannique ne devrait pas empêcher un effort de réflexion sérieux tenant compte des réalités; est-ce défendre la liberté que de faire plaisir à Erdogan, dont l’armée campe à quelques kilomètres de la frontière de notre pays [en territoire libyen, Ndlr] ?
Dans l’affaire syrienne Daech est désormais adoubé par les médias d’Occident et la chaîne Al-Jazeera comme un messager de liberté. Un mensonge à force d’être répété devient souvent une vérité.
* Médecin de libre pratique.
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Chute du régime Bachar Al-Assad : Réaction de la Tunisie (MAE)
Le ministère des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger a publié un communiqué ce lundi 9 décembre 2024, afin de commenter les événements en Syrie et la chute du régime du président Bachar Al-Assad.
La Tunisie a souligné l’importance d’assurer la sécurité du peuple syrien et de préserver l’État syrien en tant qu’État unifié, tout en rejetant fermement toute ingérence étrangère dans ses affaires, lit-on dans le communiqué du ministère, qui a également réaffirmé l’importance de la souveraineté du peuple syrien, « seul habilité à décider de son avenir, à l’abri de toute intervention extérieure ».
La Tunisie, « convaincue que la Syrie surmontera cette conjoncture délicate pour bâtir un meilleur avenir », a par ailleurs appelé toutes les parties syriennes à s’unir et à privilégier l’intérêt suprême de leur pays, afin de préserver sa sécurité, son indépendance, son intégrité et sa stabilité : « pour une transition politique pacifique, garante de la continuité de l’État et répondant aux aspirations du peuple syrien ».
Y. N.
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Ennahdha plaide pour un avenir démocratique en Syrie
Le Bureau exécutif du Mouvement Ennahdha a publié un communiqué dans lequel il appelle à un soutien envers le peuple syrien dans sa quête pour la liberté, la justice et la dignité. Ce message intervient suite à la chute du régime de Bachar al-Assad, dimanche 8 décembre 2024. Le parti islamiste tunisien insiste également sur la nécessité de construire un avenir basé sur des principes démocratiques solides.
Le Mouvement Ennahdha félicite le peuple syrien pour sa « victoire historique » après des « années de résistance face à un régime répressif ». Depuis le début de la révolution syrienne en 2011, le peuple syrien a défendu son droit à la liberté, la justice et la dignité humaine.
Le mouvement souligne que « la liberté et la justice sont le seul chemin vers un avenir digne pour la Syrie ».
Appel à l’unité nationale
Le communiqué insiste sur l’importance de « l’unité nationale » en Syrie, appelant les différentes composantes de la société syrienne à s’unir pour éviter le risque de division et pour préserver l’intégrité du pays. Ennahdha souligne également que la Syrie doit se doter d’un « système démocratique » garantissant l’égalité, la liberté et les droits humains pour tous ses citoyens. Ce système, selon le mouvement, doit permettre de « dissiper les séquelles de plus de cinquante ans de répression et d’abus de pouvoir ».
Ennahdha appelle à la solidarité des nations arabes
Dans un contexte international marqué par des interventions extérieures et des tensions géopolitiques, Ennahdha invite aussi les nations arabes à soutenir activement le peuple syrien dans ses efforts pour retrouver la stabilité et la souveraineté nationale. Le mouvement appelle à « un soutien sans condition » pour que la Syrie puisse se reconstruire et prospérer en dehors des ingérences étrangères. Le communiqué met en garde contre les projets extérieurs qui risqueraient de compromettre l’indépendance et l’unité de la Syrie.
Un avenir commun fondé sur le respect et la justice
Ennahdha conclut son communiqué en réaffirmant sa conviction que la Syrie, « ancrée dans son identité arabe et islamique et illuminée par son histoire civilisationnelle », possède tous les atouts nécessaires pour surmonter ses défis. Le mouvement appelle à « l’unité et la réconciliation » pour permettre au peuple syrien de construire un futur partagé et démocratique, où les principes de justice, d’égalité et de liberté sont au cœur du projet politique.
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Abandonné par les dieux, Bachar al-Assad en exil à Moscou
Pourquoi la citadelle de Damas est-elle tombée en 10 jours? Pourquoi le président syrien Bachar al-Assad a-t-il été lâché par ses alliés? Que d’interrogations et que de brouillard qui enveloppent un événement majeur au Moyen-Orient et même au-delà?
Que de questions lancinantes qui demeurent, au moment de l’écriture de cet article, sans réponses? D’abord sur le mystère de la chute de Damas qui est tombée comme un château de cartes en à peine 10 jours suite à l’avancée fulgurante de groupes rebelles. Ensuite, sur le sort de l’homme, Bachar al-Assad, qui aura régné durant 24 ans par la seule logique de la terreur et du sang.
Car, pour comprendre cette débâcle, il semble évident que le régime de Bachar al-Assad a été lâché par ses alliés traditionnels, en l’occurrence la Russie, l’Iran et le Hezbollah libanais. Pour quelles raisons objectives?
A chacun ses propres soucis
Ainsi, la Russie embourbée dans sa guerre contre l’Ukraine ne peut plus s’encombrer d’un régime à l’agonie. Les mollahs- soucieux de sauver leurs têtes, surtout après l’installation prochaine de leur pire cauchemar, Donald Trump, à la Maison Blanche- cherchent à calmer le jeu et à se faire oublier. Quant à la milice chiite libanaise, elle a trop reçu de coups de la part de l’armée israélienne pour pouvoir porter secours à un régime chancelant, en fin de règne. D’ailleurs, une source proche du Hezbollah pro-iranien, allié du pouvoir syrien, a rapporté que les combattants du mouvement s’étaient retirés de leurs positions près de Damas et dans une zone à la frontière avec le Liban voisin.
Ainsi, toutes les conditions étaient réunies pour que les troupes rebelles noyautées par les anciens djihadistes d’al Qaïda s’emparent de la capitale syrienne ce samedi 7 décembre. Et ce, sans que les troupes gouvernementales, dernier rempart de la famille al-Assad, ne bougent le petit doigt.
L’analyse géopolitique de Trump
D’ailleurs, une fois n’est pas coutume, Donald Trump, le futur 47ème président des Etats-Unis s’est fendu d’une analyse d’une rare lucidité sur la situation géopolitique qui a conduit à cet événement majeur au Proche-Orient.
Ainsi, s’exprimant hier dimanche 8 décembre dans un message publié sur sa plateforme Truth Social, l’ex et futur président américain a déclaré qu’ « Assad est parti. Il a fui son pays. Son protecteur, la Russie, dirigée par Vladimir Poutine, n’était plus intéressée à le protéger ».
Soulignant l’absence de motivation russe en Syrie, le milliardaire républicain ajouta qu’ « il n’y avait aucune raison pour que la Russie soit là-bas dès le départ. Ils ont perdu tout intérêt pour la Syrie à cause de l’Ukraine, où près de 600 000 soldats russes sont blessés ou morts, dans une guerre qui n’aurait jamais dû commencer et qui pourrait durer éternellement ».
Evoquant l’affaiblissement des principales puissances régionales, Trump rappelait que « la Russie et l’Iran sont actuellement dans un état de faiblesse, l’une à cause de l’Ukraine et d’une mauvaise économie, l’autre à cause d’Israël et de son succès dans les combats ».
Bluffant par la pertinence de l’analyse, l’homme a-t-il pris de l’épaisseur en quatre ans d’absence de la Maison Blanche?
Quelle destination pour al-Assad?
D’autre part, quid du président Bachar al-Assad que personne n’a vu ou entendu en public depuis dimanche dernier, en compagnie du ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi?
Et s’il avait pris la fuite, comme jadis le chah d’Iran, ce serait vers quelle destination? En Russie, soutien indéfectible qui aura engagé son aviation dans la guerre en Syrie pour le remettre en selle? En Iran, autre allié qui a dépêché conseillers militaires et factions armées pour combattre au côté du pouvoir syrien? Ou encore aux Émirats arabes unis, un des premiers pays du Golfe à avoir rétabli des relations diplomatiques avec Damas en 2018, après les avoir rompues dans la foulée du conflit déclenché en 2011?
D’autre part, des rumeurs folles ont circulé dans la nuit du samedi à dimanche dernier suite aux « révélations » distillées par l’agence de presse Reuters, selon lesquelles, l’héritier de la dynastie fondée par son père Hafez al-Assad, président clanique de la Syrie depuis 2000, a été tué dans un accident d’avion.
En effet, l’avion de Syrian Air que le président syrien a pris pour fuir le pays, a disparu de la carte selon le site Flighradar cité par Reuters. L’avion se serait d’abord dirigé vers la région côtière de la Syrie, fief de la minorité alaouite du clan Assad, avant de faire brusquement demi-tour et voler dans la direction opposée pendant quelques minutes; avant de disparaître totalement des écrans-radars.
Un exil doré
Fin de suspense. Nous venons d’apprendre à l’aube de ce lundi 9 décembre que Bachar al-Assad et sa famille se trouvent désormais à Moscou. « La Russie, sur la base de considérations humanitaires, leur a accordé l’asile », ont annoncé dimanche soir les agences de presse russe, citant une source au Kremlin.
Contrairement à un certain Saddam Hussein qui, lui, sous le joug de l’occupation américaine et alors que sa tête était mise à prix pour 25 millions de dollars, n’avait point cherché à fuir son pays, préférant être enterré dans cette vieille terre de Mésopotamie, berceau de grandes civilisations.
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Ne nous réjouissons pas trop vite de la chute d’Al-Assad
Aujourd’hui, alors que des célébrations populaires accompagnent les bouleversements en Syrie, avec la fuite de Bachar Al-Assad et la prise de la capitale Damas par les rebelles armés de Haya’at Tahrir Al-Sham, il est impératif de nous interroger : à qui profitent ces révolutions et ces désordres?
Khémaïs Gharbi *
Depuis plus de deux décennies, le monde arabe est le théâtre de bouleversements majeurs qui ont souvent été célébrés avec enthousiasme par les puissances occidentales et forcément par les populations locales galvanisées par l’espoir de changements et de démocratie.
La chute de Zine El-Abidine Ben Ali en Tunisie en 2011 a marqué le début d’une vague de révolutions, suivie par celle de Mouammar Kadhafi en Libye la même année, et de Hosni Moubarak en Égypte. Ces événements, bien que prometteurs pour certains, ont également ouvert la porte à des souffrances incommensurables et à une instabilité profonde.
À cela s’ajoute l’invasion de l’Irak menée par les États Unis d’Amérique et leurs alliés, la chute de Saddam Hussein en 2003, dont l’exécution, un jour de fête musulmane, a marqué un affront inoubliable pour l’histoire et la dignité de la région.
Aujourd’hui, alors que des célébrations similaires accompagnent les bouleversements en Syrie, avec la fuite de Bachar Al-Assad et la prise de la capitale Damas par les rebelles armés de Haya’at Tahrir Al-Sham, il est impératif de nous interroger : à qui profitent ces révolutions et ces désordres? Ces événements, souvent initiés ou encouragés depuis l’étranger avec l’appui de certaines oppositions locales, ont plongé des millions de personnes dans le chaos. Derrière ces apparentes victoires populaires se cache une réalité sombre : une vague de destructions et de souffrances qui ne sert que les intérêts d’acteurs géopolitiques étrangers.
Les commanditaires et les victimes
Il ne suffit pas de constater les ruines. Il faut identifier les bénéficiaires pour comprendre qui tire les ficelles de ces bouleversements. Ceux qui applaudissent la chute des régimes arabes ne le font pas pour servir les aspirations des peuples à la liberté ou à la justice. Ils agissent au nom de leurs propres agendas : redessiner des frontières, affaiblir des nations, et imposer de nouvelles formes de domination.
Les révolutions qui ont balayé le monde arabe, de la Tunisie à la Syrie, ont permis aux anciennes puissances coloniales de tenter de réaffirmer leur contrôle sur des régions qui avaient pourtant arraché leur indépendance après la Seconde Guerre mondiale, grâce au droit des peuples à l’autodétermination prôné par Woodrow Wilson puis par Franklin Roosevelt.
Aujourd’hui, cette dynamique semble inversée. Les puissances qui avaient perdu leur emprise sur les pays arabes au milieu du XXᵉ siècle tentent un retour en force, cette fois avec l’appui des États-Unis. Ce projet, que certains appellent un «nouveau Sykes-Picot», repose sur une recomposition des influences et des frontières au détriment des populations locales.
N’applaudissons pas nos malheurs !
Dans ce contexte, il est légitime de se demander pourquoi, nous, Arabes, nous nous retrouvons souvent dans le camp de ceux qui se réjouissent de la chute de nos propres dirigeants, même lorsqu’ils résistent à ces projets d’ingérence. Applaudir la chute de Bachar Al-Assad ou de n’importe quel autre dirigeant sous prétexte de changement ne fait que nous aligner sur les intérêts de nos ennemis communs. Il y a une profonde incohérence à partager les gradins avec des supporters qui œuvrent contre notre souveraineté.
Nous devons refuser de devenir les complices de notre propre affaiblissement. Il ne s’agit pas ici de défendre des régimes ou des individus, mais de défendre le principe fondamental de l’indépendance et la dignité nationales. Si nous continuons à applaudir les bouleversements orchestrés à notre encontre, nous ne ferons que prolonger notre propre souffrance.
Un appel à la conscience patriotique
L’heure est venue pour les vrais patriotes de prendre conscience de la gravité de la situation. Nous glissons sur un toboggan qui nous mène droit vers l’effondrement total. Il faut stopper cette hémorragie. Cela commence par cesser de nous diviser et de nous critiquer systématiquement les uns les autres, car cette fragmentation ne fait que servir ceux qui veulent nous ramener à l’âge de pierre, comme l’avait cyniquement prédit George W. Bush en 2001.
Il est temps de réfléchir à l’avenir et de résister à ces vagues de destruction qui se succèdent sous prétexte de «printemps» ou de «libération». Les véritables ennemis ne sont pas ceux que nous désignons à la hâte parmi nous, mais ceux qui manipulent les fils en coulisse pour servir leurs propres intérêts. Si nous ne changeons pas de cap, la roue continuera de tourner, et les prochaines victimes seront inévitablement parmi nous.
Ne soyons pas les artisans de notre propre perte
L’histoire récente nous a appris que les bouleversements ne sont jamais anodins. Il est temps de tirer les leçons de ces expériences pour éviter de tomber encore et encore dans le même piège.
Soyons lucides. Ne célébrons pas trop vite la chute d’un dirigeant sans comprendre les implications profondes de cet événement. Seules la vigilance et l’unité peuvent nous permettre de sortir de ce cycle destructeur et de construire un avenir qui serve réellement les intérêts de nos peuples.
* Ecrivain et traducteur.
L’article Ne nous réjouissons pas trop vite de la chute d’Al-Assad est apparu en premier sur Kapitalis.
Sans ses alliés, Bachar Al-Assad était devenu un tigre de papier
Après près de 54 ans au pouvoir, le rideau est tombé dans la matinée du dimanche 8 décembre 2024 sur la dynastie de la famille Al-Assad. Seulement dix jours auront suffit pour faire tomber Bachar, le fils cadet de Hafez, au pouvoir depuis juillet 2000. Ses alliés le Hezbollah et les Gardiens de la révolution iraniens, qui l’ont maintenu jusque-là au pouvoir, ne pouvaient plus le soutenir suite aux bombardements intensifs de leurs positions en Syrie cet automne, alors il s’est retrouvé seul. Sa propre armée faible, épuisée, mal équipée, démoralisée et rongée par la corruption n’a même pas opposé la moindre résistance face aux rebelles. Contrairement à l’image de dur à cuire qu’il a toujours cultivé, Bachar Al-Assad s’est révélé être un tigre de papier et son armée une coquille vide.
Imed Bahri
The Telegraph a publié une enquête préparée par Liz Cockman et Daniel Hardaker dans laquelle ils revenaient sur l’effondrement soudain et rapide de l’armée du régime syrien ayant permis aux rebelles de mettre la main sur Damas et le reste des autres villes.
Alors que le chef du régime Bachar Al-Assad s’enfuyait dimanche matin de Damas vers une destination inconnue, l’opposition armée a affirmé avoir pénétré les défenses de la capitale sans aucun déploiement de forces de l’armée syrienne. Alors que les rebelles avançaient, des unités de l’armée syrienne ont quitté samedi soir leurs positions à la périphérie de la capitale. L’armée a prétendu qu’elle renforçait les défenses autour de la capitale mais qui semblait effondrées.
Les causes de l’effondrement de l’armée syrienne
Le ministre de l’Intérieur Mohamed Rahmoun avait déclaré auparavant: «La ceinture de sécurité autour de Damas est solide et personne ne peut y pénétrer», mais dimanche matin, les combattants ont prouvé que ses propos étaient faux comme ils l’ont fait pour la première fois en 2018.
Le régime s’est retiré rapidement d’Alep, Hama et Homs depuis le début de l’offensive des rebelles il y a moins de dix jours.
Pendant la guerre civile, qui a débuté en 2011, Al-Assad a réussi à stopper l’avancée de l’opposition avec le soutien du Hezbollah puis à nouveau en 2015 avec le soutien de la Russie. Cependant, l’Iran, sponsor du Hezbollah libanais, a détourné l’attention de la Syrie vers d’autres conflits et il en va de même avec la Russie, qui est engagée dans la guerre en Ukraine. L’armée syrienne n’a donc eu aucun soutien face à l’avancée rapide des rebelles menés par Hay’at Tahrir Al-Sham.
Le journal britannique a cité des analystes affirmant que la raison de l’effondrement de l’armée syrienne provenait des bas salaires, du moral en berne des troupes et de leur manque d’expérience qui ont entravé son efficacité. Au cours de la semaine dernière à la suite de la chute d’Alep, Al-Assad a annoncé une augmentation des salaires des militaires de 50% mais cela n’a rien changé. C’était trop tard.
Hamish de Bretton, un colonel britannique à la retraite qui travaille comme consultant sur les affaires d’armes chimiques pour une organisation non gouvernementale opérant en Irak et en Syrie, a déclaré: «L’armée syrienne n’a jamais été bonne. Elle a gouverné avec la peur et le terrorisme et elle a été soutenue la par Russie qui lui a fourni en 2015 une force militaire, des conseils et les officiers ont été choisis parmi le clan d’Al-Assad».
Greg Waters du Middle East Institute a déclaré que les chefs militaires concentraient leur attention sur la contrebande et l’extorsion plutôt que sur la création de positions défensives et le commandement de leurs forces.
L’armée a évité des affrontements majeurs depuis la signature de l’accord de désescalade, au début de l’épidémie de Corona en 2020.
Jihad Yazji, rédacteur en chef du Syria Report a déclaré: «L’effondrement de l’armée est le reflet d’un effondrement général des institutions de l’État syrien et il existe un sentiment profond au sein des zones du régime que non seulement les choses ne s’améliorent pas mais il n’y a aucune chance qu’elles s’améliorent.»
Stephen Cook, expert du Moyen-Orient au Conseil américain des relations étrangères, a déclaré au Telegraph que la majeure partie de l’armée syrienne était composée de conscrits qui ne voulaient pas être dans l’armée. Il a ajouté: «Seules les unités d’élite comme la Garde républicaine peuvent être utilisées pour combattre. C’est pourquoi Al-Assad a demandé l’aide du Hezbollah».
Cook a décrit l’armée de Bachar Al-Assad comme une armée de «style soviétique» souffrant d’énormes problèmes d’approvisionnement et de logistique.
La Syrie est également devenue un important producteur et fournisseur de drogue ces dernières années transformant ainsi les institutions étatiques telles que l’armée en nœuds du réseau du crime organisé.
«Le fait que les forces de sécurité se soient effondrées a été une surprise mais franchement, ce n’était pas une grande surprise», estime Natasha Hall, directrice du programme Moyen-Orient au Centre d’études stratégiques et internationales et d’ajouter: «Ils n’avaient pas le moral nécessaire pour résister à une telle situation et nous oublions qu’ils ont perdu beaucoup de gens au cours de cette année et nous oublions que la communauté alaouite [à laquelle appartient Al-Assad] vit dans pauvreté pendant plusieurs décennies. Non pas parce qu’ils ont obtenu beaucoup de ce régime mais parce que le régime d’Al-Assad a utilisé un discours sectaire et les a amenés à croire que cela représentait une menace existentielle pour eux.»
Des rebelles mieux équipés et plus disciplinés
Le journal a rapporté que la bonne préparation des rebelles armées et l’utilisation habile de la propagande ont contribué à mettre l’armée dans un état de choc car Hay’at Tahrir Al-Sham disposait de forces spéciales, d’officiers et des unités de commandos de nuit.
«Les rebelles qui combattent aujourd’hui constituent une force très différente de celle que le régime combattait auparavant. Ils sont mieux équipés et disciplinés. Je suppose que la Turquie a joué un rôle important dans cette affaire. Ils ont beaucoup à gagner», a déclaré Waters du Middle East Institute.
Résultat : un grand nombre de transfuges de l’armée ont déposé les armes et se sont rendus aux rebelles formant une longue file à Idlib après s’être vu offrir une amnistie.
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Chute de la maison Al-Assad en Syrie : les dessous des cartes
Hier, dimanche 8 décembre 2024, c’est la Syrie de la dynastie Al-Assad qui est tombée et sa chute va impacter toutes les données géostratégiques des pays de la région Mena et au-delà, en fragilisant la position russe auprès de ses alliés. C’est la poursuite du «Printemps arabe» tel que voulu par l’axe américano-sioniste, soutenu par le «frère musulman» turc, nostalgique de l’empire ottoman.
Sémia Zouari *
L’armée syrienne et la garde républicaine ont refusé de soutenir Bachar Al-Assad, un despote qui a bombardé son propre peuple avec l’aide des puissances étrangères russe et iranienne, pour conserver son pouvoir, d’où le pourrissement interne et la facilité de sa chute.
A-t-il été miné par les services de renseignements occidentaux et sionistes, par la corruption de ses officiers de hauts rangs, systématiquement visés par les limogeages intempestifs? Certainement… et l’on sait l’efficacité de la stratégie américaine des valises de dollars pour acheter les «consciences» fatiguées, lorsqu’elles subsistent encore….
«Talibanisation» de la société syrienne
Un scénario qui rappelle le lâchage de Ben Ali en 2011 avec la bénédiction des États-Unis, sous les applaudissements d’Al-Jazeera et via les flux financiers du Qatar pour faciliter les défections militaires et les «passations» de pouvoir au profit des islamistes.
Dès aujourd’hui le pillage, la régression et la destruction commencent, comme partout où les Frères musulmans sévissent, au nom de leur pseudo démocratie car, en dépit des déclarations rassurantes de leur chef Al-Joulani et du leader islamiste Mouadh Al-Khatib, les dérives sectaires seront inévitables et ils ne vont pas tarder à persécuter et marginaliser les minorités ethno-confessionnelles de la mosaïque syrienne, qui résistait sous la poigne de fer de la dynastie Al-Assad, et commencer par «talibaniser» la société aux dépens des femmes, comme de bien entendu….
Demain, l’on assistera au morcellement de la Syrie, au nom des divisions communautaires et au profit de la Turquie qui continuera de piller les industries d’Alep en engrangeant un énorme tribut de guerre tout en re-déversant les millions de réfugiés syriens accueillis à contrecœur depuis plus de 10 ans sur son territoire, contre compensations sonnantes et trébuchantes de l’Union européenne (UE).
Kurdistan, Iran, Irak
Quant à la cause kurde dans la région, elle reste un point d’interrogations car si Erdoğan a eu l’ambition de la liquider, au grand soulagement de l’Iran, elle a de fortes chances de se retourner contre lui qui persécute plus de 12 millions de Kurdes de Turquie depuis des décennies. Et si cette cause reprenait ses droits? Comme en Irak? Avec l’autonomisation des territoires kurdes syriens? Leur rattachement au Kurdistan irakien dans l’espoir de restitution des territoires kurdes en Iran où la révolte sera activement fomentée par l’axe américano-sioniste?
Une autre stratégie perfide pour fragiliser l’Iran de l’intérieur, au-delà de la perte de ses alliés régionaux du Hamas, du Hezbollah et de la minorité alaouite chiite tombée du pouvoir.
L’Iran subit actuellement une grande menace, d’autant plus que ses défenses antiaériennes, ses sites de fabrication de missiles et d’armement nucléaire ont été plus lourdement impactés par les bombardements israéliens qu’il ne le reconnaît….
Le ciblage de l’Iran par les États-Unis vise également à tarir les sources d’approvisionnement en hydrocarbures de la Chine et de l’Inde et à freiner leur ascension économique et politique qui hypothèque la domination militaire, financière et économique des États-Unis et du monde occidental.
Le Qatar et le financement du jihadisme
N’oublions pas que le Qatar avec son arme médiatique Al-Jazeera est partie prenante au conflit, qu’il a largement financé depuis 2011, via le recrutement actif de dizaines de milliers de jihadistes (près de 120 000), des Tunisiens et d’autres nationalités, qui ont ensanglanté la Syrie où ils sont arrivés via un véritable pont aérien co-organisé par les islamistes d’Ennahdha et Erdoğan.
Tous ces jihadistes, volontiers terroristes, ont été libérés des prisons syriennes et sont prêts à s’engager dans toutes les guerres par procuration et les attentats terroristes que leurs donneurs d’ordre auront décidés pour remodeler le Grand Moyen Orient tel que l’axe américano-sioniste l’a conceptualisé au service de ses intérêts de domination suprémaciste néo-impérialiste.
Le Qatar n’est pas désintéressé dans le financement de la chute de la Syrie dans l’escarcelle «frériste» car il compte bien engranger les bénéfices résultant de l’autorisation du passage de son gazoduc stratégique via le territoire syrien, dès lors ouvert à ses ambitions néo-impérialistes de connivence avec l’incontournable allié ottoman qui avait permis de sauver le régime de Tamim en 2018, en contrant les manœuvres de coup d’Etat fomenté contre lui par la «grande sœur» saoudienne.
Israël, Liban, Jordanie, Palestine et Egypte
Contrairement à ce que prétendent les médias occidentaux, le grand gagnant de la chute du régime Al-Assad reste Israël qui profitera de la débâcle syrienne pour rafler d’autres territoires au-delà du Golan tout en coupant le flux de l’aide iranienne à la résistance palestinienne et libanaise d’obédience islamiste.
Tous les autres pays de la région vont subir une fragilisation dévastatrice inéluctable….
Le Liban est livré au risque d’une autre guerre civile sous-tendue par la volonté du camp occidental de hisser à la présidence un maronite, hostile aux chiites (majoritaires démographiquement) et prêt à des concessions autant politiques que territoriales au profit d’Israël via un «accord de paix» qui ne serait qu’une capitulation déshonorante, source de sanglants conflits interconfessionnels….
La Jordanie ne tirera pas son épingle du jeu malgré toute la collaboration du régime hachémite, qui n’a cessé de subir des tentatives internes de destitution, révélatrices de sa vulnérabilité et de l’inconstance de son «soutien populaire». Son importante population palestinienne autochtone plie sous le poids d’une dictature militaire assumée, largement soutenue par le camp occidental, mais fragile et en déficit de légitimité du fait de sa création en tant qu’Etat-tampon, par les accords franco-britanniques de Sykes Picot, aux dépens de la Palestine et de l’Irak.
Le plan d’Israël est de déverser en Jordanie les Palestiniens de Cisjordanie occupée au motif qu’ils ont également été privés de leurs territoires suite à la création de la Jordanie….
Quant à l’Égypte de Sissi, elle est loin de jouir de la stabilité politique et sociale et de la prospérité que chante la propagande officielle et l’on a vu que son armée est susceptible d’opérer des «changements» musclés voire des coups d’Etat, lorsque sa survie et ses privilèges sont menacés, au niveau interne.
N’oublions pas le «contrat du siècle» cher à Donald Trump et à son gendre Jared Kuchner, sioniste convaincu, qui prévoit la cession d’une partie du Sinaï pour y jeter les Palestiniens de Gaza, tout en les maintenant sous la féroce domination israélienne. Une exigence d’autant plus insistante que le projet de ré-annexion de Gaza et d’ouverture d’un canal concurrent de celui de Suez fait partie du plan de domination d’Israël sur toute la région.
Arabie saoudite et Yémen
L’Arabie Saoudite n’échappera pas aux tentatives de déstabilisation et au chantage intempestif de Trump pour la reconnaissance d’Israël et la normalisation politique et économique aux dépens de la cause des Palestiniens. Une humiliation qui renforcera l’impopularité de MBS auprès des Saoudiens dont 40% de la population est d’origine yéménite (la région de Hadhramout principalement dont était issu Ben Laden et qui domine l’important secteur BTP du royaume).
Le Yémen restera une zone d’instabilité impossible à occuper ou pacifier et alimentera les risques d’attentats sur toutes les infrastructures pétrolières et gazières aussi bien fixes que maritimes de toute la région.
Ainsi, si les jihadistes libérés de Syrie se repositionnent en Libye, ils pourraient changer la donne du gouvernement islamiste de Tripoli et reconquérir la Cyrénaïque conquise par Khalifa Haftar et tombée sous la coupe de l’Egypte avec l’aide russe….
Et la Tunisie dans tout cela ?
Le retour des jihadistes tunisiens qui étaient emprisonnés en Syrie pour crimes de guerre se fera inéluctablement, en douce, via les frontières tuniso-libyennes, terrestres ou maritimes. C’est un risque sécuritaire à ne pas négliger pour notre pays avec les tentations de violation de ses territoires du Sud, à l’instar de l’attaque de Ben Guerdane, avec le soutien des islamistes qui réclament la libération de leur Gourou.
C’est pourquoi la Tunisie doit préserver sa coopération avec les États-Unis et l’Otan afin de pouvoir actionner, en cas de besoin, les mécanismes de soutien, de défense, de lutte contre le terrorisme, prévus dans l’accord de partenariat en tant que pays allié, non membre de l’Otan conclu en 2015, et assurer la concrétisation opérationnelle efficace du projet de surveillance électronique de ses frontières avec la Libye, engagé en coopération avec les États Unis, le Royaume Uni, l’Allemagne et l’Otan.
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Bachar al-Assad : démission et fuite confirmées, selon les Russes
Bachar al-Assad a officiellement démissionné et quitté la Syrie, selon le ministère russe des Affaires étrangères, cité par le média Russia Today.
Cette annonce intervient après une offensive rapide des rebelles islamistes, qui ont déclaré la chute de son régime après 24 ans au pouvoir. La Russie appelle à un transfert pacifique du pouvoir et à un dialogue politique, tout en maintenant ses bases militaires dans le pays en alerte.
Les factions extrémistes connues sous le nom de Daech, soutenues par des islamistes radicaux, ont célébré la « libération » de Damas, tandis que des foules de Syriens expriment leur joie dans les rues.
Le départ d’Assad soulève des questions sur l’avenir de la Syrie, déjà marquée par une guerre civile dévastatrice depuis 2011. La situation reste incertaine, avec des préoccupations concernant la stabilité régionale et les implications pour les puissances extérieures impliquées dans le conflit.
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Elyes Kasri: La fin inévitable du régime syrien
La situation en Syrie après la chute du régime de Bachar al-Assad met en lumière plusieurs points clés qui façonneront l’avenir du pays. Comme l’a souligné Elyes Kasri, analyste politique via sa page Fb.
Il estime que « la chute rapide du régime de Bachar al-Assad, qui a surpris certains observateurs, constitue une fin naturelle et inévitable pour les systèmes répressifs qui imposent leur tyrannie à leur peuple par la force et en s’appuyant sur des puissances étrangères. »
Il précise à cet effet: “ Peu importe la poigne exercée sur la société, aucun dirigeant ne peut perdurer sans le soutien de son peuple et sans un engagement constant envers l’unité nationale et le bien commun.”
Et de conclure: “L’enseignement à tirer de la fin de la dynastie Al Assad, tout comme de celle de leurs prédécesseurs en Palestine et au Liban, est que ces régimes se sont appuyés sur les intérêts de la Russie et de l’Iran.”
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Syrie : François Hollande réagit à la chute de Bachar Al Assad
Dans un communiqué, François Hollande salue la fin de la guerre civile syrienne et la chute du régime de Bachar Al-Assad après 13 ans de conflit sanglant.
Ce tournant marque l’échec de ses soutiens, notamment la Russie et l’Iran, qui voient leur influence affaiblie dans la région. L’ancien président français insiste sur la nécessité d’une transition démocratique pour garantir la paix civile et appelle la France à jouer un rôle actif dans ce processus, tout en évoquant une opportunité de stabilisation pour le Liban.
Hollande regrette toutefois que cette issue n’ait pas été possible plus tôt, rappelant les graves conséquences de l’inaction internationale en 2013. La Syrie, désormais libérée de ce régime, a l’opportunité de choisir librement son avenir, affirme François Hollande.
Officiel : la Russie annonce la démission de Bachar al-Assad et son départ de la Syrie
Le ministère russe des Affaires étrangères a annoncé, ce dimanche, la démission de Bachar al-Assad de la présidence syrienne et son départ du pays, sans préciser sa destination. Selon la porte-parole du ministère, Maria Zakharova, cette décision intervient après des négociations entre Assad et plusieurs acteurs impliqués dans le conflit armé en Syrie. Le président […]
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Où se trouvent Bachar al-Assad et sa famille ?
Une intense spéculation entoure le départ d’un avion privé syrien ayant quitté Damas et atterri à Abou Dhabi. Selon certains médias turcs et des sources émiraties, des rumeurs circulent sur la possible arrivée de Bachar al-Assad et de sa famille aux Émirats arabes unis, tandis que d’autres rapports, notamment de CNN citant une source syrienne, […]
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Bachar fuit la Syrie, les rebelles prennent le pouvoir
Les rebelles syriens de Hayat Tahrir Al-Cham (HTC) ont annoncé dimanche 8 décembre 2024 la chute du régime du président Bachar Al-Assad, mettant fin à plus de cinq décennies de règne de la famille Al-Assad sur le pays.
À la télévision publique, les rebelles ont annoncé la chute du «tyran» Bachar Al-Assad. Ils ont dit avoir libéré tous les prisonniers «injustement détenus» et appelé à sauvegarder les biens de l’État syrien «libre».
Les rebelles avaient annoncé plus tôt sur Telegram «la fuite» de Bachar Al-Assad et proclamé «la ville de Damas libre». «La Syrie est à nous, elle n’est pas à la famille Al-Assad», scandaient des rebelles armés qui circulaient dans des rues de Damas, tirant en l’air. Les soldats de l’armée syrienne se débarrassaient à la hâte de leur uniforme, en sortant du siège de l’état-major sur la place des Omeyyades, a rapporté l’AFP.
Le président déchu, qui a perdu le soutien de la Russie et de l’Iran, ses principaux protecteurs; s’est envolé depuis l’aéroport international de Damas, abandonné par l’armée et les forces de sécurité face à l’offensive fulgurante des rebelles entrés dans la capitale. Commentaire désabusé d’un analyste arabe : «Les grandes puissances sont comme les banquiers : ils t’offrent un parapluie quand il fait beau».
Cet effondrement presque instantané du régime ouvre une ère d’incertitude en Syrie, morcelée par la guerre civile qui a fait près d’un demi-million de morts depuis 2011 et livrée à des groupes soutenus par différentes puissances étrangères.
Ceux qui sont en train de prendre en main le destin du pays sont des extrémistes religieux dont les accointances et les alliances restent mystérieuses. Ils seraient soutenus par la Turquie, peut-être aussi en sous-main par les Etats-Unis et des Etats de la région souhaitant la fin du régime chiite pro-iranien. Mais, au-delà du visage avenant qu’ils cherchent à donner à la population, en évitant les scènes de violence ou de vengeance et en rassurant les minorités religieuses du pays, les rebelles restent des extrémistes religieux qui ne tarderont pas à vouloir imposer leur projet de société obscurantiste.
Autre commentaire désabusé inspiré par la prise de Damas par des extrémistes religieux : «Certes le sanguinaire est parti, mais les enfants d’Al-Qaïda ont pris Damas, après Kaboul. Peut-on s’en féliciter».
I. B. (avec agences).
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Quel avenir après la chute du régime syrien ?
La situation actuelle en Syrie, avec la chute du régime de Bachar al-Assad, soulève des questions cruciales sur les conséquences de ce changement de pouvoir. Alors que l’opposition, dirigée par des factions extrémistes comme Daech, émerge dans un contexte de chaos, il est légitime de se demander à qui profite ce désordre.
Les événements récents indiquent que le transfert de pouvoir en Syrie ne s’inscrit pas dans une logique politique ou stratégique claire. Comment le régime syrien a-t-il pu abandonner des villes et des lignes de défense sans combat ? Cela soulève des interrogations sur des accords secrets (éventuels) passés entre les acteurs impliqués lors des négociations à Doha.
Ce qui se passe en Syrie semble être le résultat d’un changement de pouvoir orchestré par plusieurs parties, dont les détails restent inconnus du grand public.
Le docteur Rafaa Tabib, géopolitologue et professeur-conférencier à l’École supérieure de guerre, propose une analyse approfondie via sa page officielle FB sur le futur forcément incertain.
Il souligne que la montée d’une nouvelle forme de chaos politique semble inévitable, même si cela prendra du temps.
Il rappelle également « le rôle des manipulations étrangères », notant que « le président turc Recep Tayyip Erdoğan a détourné les succès des résistants à Gaza et au Liban pour ses propres intérêts ».
En outre, il évoque l’urgence stratégique : ceux qui ne prennent pas de mesures pour protéger leurs intérêts stratégiques risquent d’être confrontés à l’influence croissante des terroristes et de leurs soutiens.
Quant aux répercussions régionales, il souligne que des pays arabes influents comme l’Égypte et l’Arabie saoudite semblent avoir été écartés des équations stratégiques, ce qui pourrait les transformer en terrains de fragmentation.
De plus, « le camp de la résistance a négligé la vulnérabilité de la Syrie face aux actions destructrices de la Turquie, ce qui aura des conséquences à long terme », poursuit-il.
Enfin, il met en lumière les conséquences pour la Palestine : « le plus grand risque lié à ce transfert de pouvoir est que Gaza et la Palestine perdent leur place dans l’agenda mondial, permettant ainsi à l’entité sioniste d’affaiblir le soutien international à la cause palestinienne ».
Il conclut : “Ce changement en Syrie ne représente qu’un nouveau chapitre d’un conflit qui a commencé avec une grande tempête et qui ne s’arrêtera pas, même si certains pensent que les accords à Doha pourraient apporter une solution. Il est important de noter que les répercussions du tremblement de terre syrien ne se limiteront pas à ses frontières ; elles toucheront également le Maghreb et au-delà. La vigilance est donc essentielle“.
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Syrie : Comment Hay’at Tahrir Al-Sham a-t-il pu renaître de ses cendres?
Les rapports de force ont changé, c’est le moins que l’on puisse dire. Outre le contexte très défavorable pour Bachar Al-Assad avec l’affaiblissement de ses alliés, le Hezbollah et les Gardiens de la révolution iraniens en Syrie et la Russie embourbée en Ukraine, ce qui profite à ses adversaires, les rebelles menés par Hay’at Tahrir Al-Sham (HTS), un autre élément-clé entre en jeu à savoir la métamorphose de ce dernier. De groupe djihadiste agonisant dans une poche d’Idleb à formation militaire structurée très agressive et armée jusqu’aux dents, HTS revient de loin. Que s’est-il passé?
Imed Bahri
Le journal britannique Financial Times (FT) est revenu sur la métamorphose de HTS en Syrie qui, cinq ans en arrière, était une force djihadiste assiégée luttant pour sa survie mais qui désormais, depuis son bastion dans le gouvernorat d’Idlib, possède une académie militaire, un commandement central et des unités se déployant rapidement, unités spécialisées comprenant l’infanterie, l’artillerie, les opérations spéciales, les chars, les drones, les tireurs d’élite et même la fabrication d’armes locales.
Après avoir subi des années durant les attaques du régime du président Bachar Al-Assad, le groupe les capacités du groupe sont devenues évidentes grâce à son raid audacieux dans le nord de la Syrie et la prise d’Alep, la deuxième ville du pays.
«Au cours des quatre ou cinq dernières années, le groupe s’est transformé en une armée fondamentalement structurée», explique l’expert Aaron Zelin du groupe de réflexion Washington Foundation.
Le journal britannique rapporte que l’obtention d’armes de base n’a pas été relativement difficile pour HTS car la Turquie et les pays arabes avec le soutien des États-Unis ont inondé la Syrie d’armes depuis 2011 pour soutenir les rebelles dans la guerre civile contre le régime soutenu par l’Iran.
Un mini-État émergeant
Cependant, c’est la fabrication locale notamment de drones et de missiles qui a permis à HRS de constituer une nouvelle menace pour un régime dépourvu de capacités anti-drones. Le groupe a d’ailleurs publié ces derniers jours des images d’un drone kamikaze attaquant une réunion de dirigeants dans un bâtiment de l’armée syrienne et un autre attaquant la base de l’armée de l’air dans la ville de Hama au centre du pays.
Le journal indique que les forces rebelles au sein de leur «mini-État émergeant» de 3 ou 4 millions d’habitants fabriquent des drones dans des petits ateliers dans les maisons reconverties, des garages ou des entrepôts reconvertis en s’appuyant sur des imprimantes 3D, selon les experts.
Le chercheur Broderick McDonald du King’s College de Londres, qui a suivi cette semaine l’utilisation des drones par les rebelles, a déclaré que le groupe avait déjà déployé de petits drones capables de larguer des grenades sur des véhicules blindés. Dans leur attaque actuelle, ils ont utilisé des drones lance-missiles artisanaux et des modèles plus grands pouvant voyager plus loin et transporter une charge utile plus importante.
Aaron Zelin, un expert du Washington Research Center, a déclaré que les rebelles utilisaient ces drones pour surveiller et cibler le régime avant d’envoyer des combattants au combat et a noté qu’ils avaient largué des tracts sur les zones civiles pour encourager les défections.
Selon FT, HTS a également investi dans la production de missiles à longue portée et d’obus de mortier et lors de leur offensive, et il s’est révélé que les rebelles ont un nouveau système de missiles guidés dont on sait peu de choses mais Charles Lister de l’Institut du Moyen-Orient l’a décrit comme un énorme missile doté de munitions et son nom serait César.
D’énormes quantités d’équipements
Le groupe a complété ses armes avec ce qu’il a repris à d’autres groupes armés ou aux forces du régime lors des batailles.
McDonald explique: «Ils ont saisi d’énormes quantités d’équipement non seulement des chars et des véhicules blindés de transport de troupes, mais aussi des systèmes anti-aériens. Ils ont acquis le système Pantsir de fabrication russe et plusieurs missiles anti-aériens en plus de plusieurs avions d’attaque légers». «Si ces combattants peuvent utiliser des systèmes de défense aérienne, cela atténuera l’un des défis majeurs auxquels HTS et d’autres groupes rebelles ont été confrontés à savoir le manque de défense contre les frappes aériennes russes», ajoute McDonald.
Les experts insistent sur le fait que la Turquie, principal soutien d’autres factions d’opposition sous l’égide de l’Armée nationale syrienne, ne fournit pas directement d’armes et de munitions à HTS parce qu’elle l’a classée comme organisation terroriste. Toutefois, une partie du stock de munitions actuel de HTS provient d’autres groupes combattants qu’Ankara soutient dans le nord-ouest de la Syrie.
Autre élément important, ces dernières années, les chercheurs ont observé un commerce florissant entre les forces du régime et HTS en ce qui concerne les armes et les munitions.
HTS a profité de la période de relative stabilité pour repenser sa stratégie et sa doctrine militaires. L’experte Darine Khalifa du Centre de recherche de l’International Crisis Group affirme que ce groupe rebelle imitait dans une certaine mesure la structure syrienne mais s’est rendu compte que cette approche dépendait de ressources et de grands nombre de recrues qu’il ne possède pas. Il s’est donc inspiré des doctrines militaires occidentales, indique l’expert Jérôme Drevon du Centre de recherche de Crisis Group.
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Bachar Al-Assad peut-il tenir sans l’Iran et le Hezbollah?
Alors que la majeure partie d’Alep, deuxième ville syrienne, avec ses bâtiments administratifs, son aéroport et sa prison a été prise par les rebelles syriens menés par le groupe islamiste Hay’at Tahrir al-Sham, le régime syrien semble subir un contexte complètement défavorable. Ses alliés sur le terrain sont mal en point. Le Hezbollah sort épuisé d’une guerre contre Israël et ses positions en Syrie ainsi que celles des Gardiens de la révolution iraniens ont été pilonnées par l’aviation israélienne et des dépôts d’armes du régime ont été également bombardés. Quant à la Russie, qui lui assurait un soutien aérien, elle a d’autres chats à fouetter en Ukraine. Les vents contraires soufflent de plus en plus fort sur le régime du Baas syrien et l’inoxydable Bachar Al-Assad.
Imed Bahri
Le journal israélien Jerusalem Post estime que le régime syrien est sur le point de perdre sa ville d’Alep, dans le nord du pays, au profit des groupes rebelles syriens dirigés par Hay’at Tahrir al-Sham en raison de sa faiblesse et de la faiblesse du soutien de l’Iran et du Hezbollah dont les positions en Syrie ont fait l’objet de multiples frappes israéliennes ces derniers mois.
Le journal explique dans une analyse de Seth J. Frantzman que la région du Moyen-Orient se trouve à un carrefour important puisque Hay’at Tahrir al-Sham peut désormais porter le coup le plus dur au régime du président syrien Bachar Al-Assad en 2017. Des années après, on pensait, il y a encore quelques jours, que ses partisans à Moscou et à Téhéran étaient capables de le protéger.
Les alliés traditionnels ont la tête ailleurs
En regardant en arrière plusieurs années pour comprendre l’importance de ce moment, l’analyste rappelle que le commandant de la Force Al-Quds des Gardiens de la révolution iraniens, Qassem Soleimani a joué un rôle clé dans l’intervention de la Russie en Syrie et a personnellement dirigé la bataille d’Alep en décembre 2015 après s’être rendu à Moscou pour convaincre la Russie d’intervenir militairement dans la guerre contre les rebelles et le régime syrien.
La Russie et l’Iran étaient présents en Syrie ainsi que le Hezbollah libanais qui a déplacé ses forces vers la Syrie en 2012 via Qusayr depuis le nord du Liban. Après 2016, le régime syrien a continué à s’emparer de davantage de zones aux rebelles qui ont fini par se diviser: certains se sont mués en mandataires de la Turquie et d’autres se sont installés à Idlib pour vivre sous le règne de Hay’at Tahrir al-Sham.
Ce groupe était liée à Al-Qaïda il y a des années avant de changer de nom à plusieurs reprises. Il a déclaré avoir pris des mesures pour se rapprocher de l’Occident et tenter de communiquer avec les États-Unis, mais il reste toujours la faction la plus extrémiste parmi les rebelles syriens, tout en disposant de forces importantes sur le terrain. Ce qu’il a démontré après s’être emparé de dizaines de villages et d’avoir vaincu les forces du régime syrien, et marché sur Alep.
En 2015 et 2016, le régime syrien bénéficiait de l’aide précieuse de milliers de membres du Hezbollah et du soutien de l’Iran via sa force Al-Quds présente en Syrie ainsi que des avions de guerre russes. Aujourd’hui, il semble impuissant en partie à cause de l’attention portée par Moscou à l’Ukraine où la guerre fait rage et où la Russie elle-même a besoin de davantage d’effectifs mais surtout à cause des coups portés par Israël au Hezbollah qui ne peut plus envoyer de forces via Qusayr et même s’il le pouvait la route est devenue impraticable car détruite par l’aviation israélienne.
Le régime syrien pensait que l’histoire évoluait en sa faveur alors qu’il normalisait ses relations avec l’Égypte et plusieurs grands États du Golfe mais aujourd’hui les rapports de force sur le terrain semble être en sa défaveur, estime Seth J. Frantzman, ajoutant que la crise à Alep pourrait contraindre ce régime à démanteler les défenses ailleurs dans le pays. Ce qui aiderait l’Etat Islamique ou inciterait les milices irakiennes à pénétrer dans certaines zones de la Syrie.
Ces milices pourraient finir par menacer le Golan ainsi que les forces américaines en Syrie comme elles l’ont fait par le passé. C’est important et cela intervient alors que le nouveau président américain Donald Trump se prépare à prendre ses fonctions. Ce dernier avait cherché à retirer les forces américaines de Syrie en 2018 et 2019. Cela signifie que de nombreux fronts sont en jeu actuellement dans la région.
Les rapports de force ont changé, les vents contraires soufflent de plus en plus fort et l’unique survivant des printemps arabes, l’inoxydable Bachar Al-Assad va-t-il pouvoir s’en sortir seul alors que ses alliés qui lui permis de tenir jusque-là sont plus affaiblis que jamais? Le doute est permis mais seul l’avenir proche pourra indiquer si le règne de la dynastie Al-Assad qui dure depuis 53 ans va se poursuivre ou bien s’il vit son crépuscule.
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