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Habib Kazdaghli et l’identité plurielle de la Tunisie

L’histoire de la Tunisie est une mosaïque riche et complexe, façonnée par une multitude d’influences au fil des siècles. Plusieurs communautés se sont succédé ou ont cohabité sur son sol, faisant d’elle, comme le souligne l’historien Habib Kazdaghli, dans son ouvrage ‘‘Les juifs, nos frères en la patrie’’ (éditions Santillana, Tunis, 23 Novembre 2024, préface Lucette Valensi), consacré à la communauté juive de Tunisie, un pays pluriel.

Khémais Gharbi

Depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, notre beau ciel ensoleillé le jour et étoilé la nuit, a vu défiler sur son sol Berbères, Phéniciens, Carthaginois, Romains, Byzantins, Arabes, Juifs, Andalous, Turcs, Maltais, Siciliens, Français ainsi qu’Africains subsahariens, et bien d’autres encore. Toutes ces communautés ont fait de ce pays du nord de l’Afrique un véritable creuset de rencontres entre l’Orient et l’Occident.

L’ouvrage de Habib Kazdaghli, consacré à l’une de ces communautés, s’inscrit dans une démarche à la fois historique et mémorielle, visant à faire revivre une part essentielle du patrimoine national.

Réhabiliter les mémoires souvent négligées

Ce travail de recherche rigoureux met en lumière la richesse culturelle, sociale et économique d’une communauté qui a contribué, au fil des siècles, à façonner l’identité tunisienne plurielle. Par ses sources précises et son approche analytique, il réhabilite des mémoires souvent négligées, tout en les inscrivant dans une perspective universelle.

Cependant, il est intéressant de lire ce livre avec l’intention de comprendre et de célébrer la diversité humaine, et non de comparer ou opposer les apports d’une communauté particulière à d’autres.

La Tunisie, à travers son histoire, a été le théâtre d’un brassage unique de civilisations, de religions et de cultures. Chaque composante de cette mosaïque a joué un rôle dans l’édification de notre identité collective. À travers cet ouvrage, c’est avant tout un message d’unité dans la pluralité qui émerge, nous rappelant qu’aucune communauté ne peut être isolée du récit national ou mondial sans en altérer la richesse.

En tant que lecteurs, il est de notre responsabilité de reconnaître et d’honorer ces contributions sans tomber dans la tentation des distinctions artificielles. Comme le rappelait mon ami, feu Léon Ingber, éminent professeur de droit à l’Université Libre de Bruxelles, les graines du racisme prospèrent dès que l’on tente de distinguer une communauté ou une race par rapport à une autre. Il me mettait en garde sur le fait que, même dans des contextes légers ou humoristiques, attribuer des caractéristiques ou des prénoms identifiant une origine, une nationalité ou une religion pouvait nourrir ces graines de division. S’élever au-dessus des divisions

Un pont entre le passé et l’avenir

Ce précieux conseil trouve toute sa pertinence ici : le travail de M. Kazdaghli, bien qu’il se concentre sur une communauté particulière, est une œuvre qui transcende les différences pour mieux servir l’idée d’une humanité commune.

Je tiens à saluer M. Kazdaghli, l’historien et l’ami, pour son engagement intellectuel et son travail de grande envergure, qui constitue un pont entre le passé et l’avenir. Son dernier ouvrage dépasse l’exploration de l’histoire des juifs en Tunisie : il nous invite à réfléchir à la manière dont nous construisons nos identités à travers l’interaction et l’interdépendance. En le lisant, nous sommes invités à dépasser les limites des communautés pour embrasser une vision inclusive de l’humanité, où chaque histoire individuelle enrichit l’histoire commune.

Ce livre est une contribution précieuse, non seulement pour l’historiographie tunisienne, mais aussi pour la pensée universelle sur la coexistence et le respect mutuel. Il nous rappelle que, dans un monde où les différences sont souvent instrumentalisées, il est possible de s’élever au-dessus des divisions pour célébrer ce qui nous unit : notre humanité partagée.

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