L’Ukraine aurait utilisé, mardi 19 novembre 2024, des missiles américains ATACMS pour frapper le territoire russe. Profitant d’une nouvelle autorisation accordée par l’administration sortante du président Joe Biden à l’occasion du 1000ème jour de la guerre.
La Russie a indiqué que ses forces avaient abattu cinq des six missiles tirés contre une base militaire dans la région de Briansk. Les débris de l’un d’eux ont touché la base, déclenchant un incendie qui a été rapidement éteint et n’a fait ni victime ni dégât.
L’Ukraine a déclaré avoir frappé un dépôt d’armes russe à environ 110 km de son territoire, provoquant des explosions secondaires. L’armée ukrainienne n’a pas précisé publiquement quelles armes elle avait utilisées. Mais une source gouvernementale ukrainienne et un responsable américain ont confirmé qu’elle avait utilisé le système ATACMS.
Un responsable américain, s’exprimant sous couvert d’anonymat, a déclaré que la Russie avait pu intercepter deux des huit missiles tirés par l’Ukraine et que la frappe avait eu lieu sur un point d’approvisionnement en munitions.
Craintes d’une attaque russe massive à Kiev, l’ambassade américaine fermée
Suite à cette attaque, les unités de défense aérienne ukrainiennes opèrent pour repousser une frappe aérienne russe à Kiev, a annoncé tôt ce mercredi 20 novembre le commandement militaire de la capitale ukrainienne.
Les journalistes de l’agence de presse Reuters ont entendu des explosions qu’ils estiment être dues à des interceptions.
L’ambassade américaine à Kiev a également reçu mercredi des informations sur une éventuelle frappe aérienne majeure et restera fermée. C’est ce qu’a déclaré le bureau des affaires consulaires du département d’État américain, dans un article sur X.
Après 1000 jours de guerre en Ukraine, la Russie subit des pertes colossales, selon un article publié par Le Point. Bien qu’elle contrôle 10,82 % du territoire ukrainien, une superficie légèrement supérieure à celle de la Lituanie, le coût humain et matériel est astronomique. Plus de 700 000 soldats russes ont été tués, blessés, capturés […]
Le gouvernement russe a annoncé, samedi 16 novembre 2024, une limitation temporaire des exportations d’uranium enrichi vers les Etats-Unis. Cette mesure fait suite à l’interdiction par Washington d’acheter du combustible nucléaire russe.
Selon un document publié en ligne samedi par le gouvernement russe, la mesure concerne également les exportations dans le cadre d’accords de commerce extérieur avec des personnes enregistrées sur le territoire américain. Une exception a été faite pour les livraisons dans le cadre de licences uniques délivrées par le Service fédéral de contrôle technique et d’exportation. La décision a été prise sur instruction du président russe, indique encore le document.
En septembre, Vladimir Poutine a proposé de limiter les exportations de certaines matières premières d’importance stratégique, dont l’uranium, vers le marché mondial. Et ce, en réponse aux tentatives occidentales de bloquer l’accès de la Russie à certains produits fabriqués à l’étranger. Poutine a ensuite déclaré, lors d’une réunion du gouvernement, que malgré les restrictions occidentales, la Russie continuerait de fournir certains types de biens au marché mondial « en grandes quantités ». Et que dans certains cas, les acheteurs accumulaient volontiers des produits russes.
De son côté, en mai, le président américain Joe Biden a signé un projet de loi interdisant les importations d’uranium enrichi russe. Malgré les avertissements selon lesquels cette mesure pourrait se retourner contre l’économie américaine. La loi a néanmoins permis la poursuite des expéditions dans le cadre d’un système de dérogations.
A cet égard, le ministère américain de l’Énergie a été autorisé à accorder des dérogations jusqu’en 2028, dans les cas où il n’existe pas d’alternative à l’uranium faiblement enrichi russe ou si les expéditions sont dans l’intérêt national. L’interdiction prévoit également un financement fédéral de 2,7 milliards de dollars pour construire de nouvelles capacités d’enrichissement aux États-Unis, afin de stimuler son industrie nucléaire civile.
En somme, la Russie a fourni près d’un quart de l’uranium enrichi qui a alimenté les réacteurs nucléaires commerciaux américains en 2022. Ce qui en fait le premier fournisseur étranger de combustible des États-Unis cette année-là, selon l’Administration américaine d’information sur l’énergie.
Quant aux Etats-Unis, ils disposent certes de leurs propres réserves d’uranium, mais elles ne suffisent pas à satisfaire la demande. La Russie abrite quant à elle le plus grand complexe d’enrichissement d’uranium au monde, qui représente près de la moitié de la capacité mondiale. Le combustible est essentiel à la production d’énergie nucléaire civile et aux armes nucléaires militaires.
La part de la Russie sur le marché de l’uranium enrichi est estimée à environ 40 %, avec une valeur d’exportation de 2,7 milliards de dollars.
Enfin, notons que les prix de l’uranium ont bondi samedi 16 courant suite à l’annonce des restrictions russes à l’exportation. Les offres pour une livraison en novembre 2025 augmentant de 4 dollars à 84 dollars la livre, selon le cabinet d’études de marché UxC.
Le chancelier allemand Olaf Scholz a eu, vendredi 15 novembre 2024, son premier appel téléphonique avec Poutine depuis près de deux ans. En ce moment, les pays occidentaux se préparent à l’arrivée de l’administration Trump, qui a fait de la fin de la guerre en Ukraine une priorité.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré, vendredi, que « l’appel de Scholz me semble être une boîte de Pandore » car rétablir les liens avec les dirigeants occidentaux est exactement ce que « Poutine souhaite depuis longtemps » pour mettre fin à l’isolement de la Russie.
Cet appel intervient à un moment critique pour la situation en Ukraine. L’armée russe a intensifié son offensive et progressé plus rapidement que jamais depuis 2022.
La victoire de Trump à l’élection présidentielle américaine du 5 novembre a également soulevé des questions sur l’aide future des États-Unis à l’Ukraine.
Trump a promis avant la présidentielle qu’il négocierait un « accord juste et rapide » pour mettre fin à la guerre.
Zelensky a exprimé des doutes quant à l’issue possible de toute négociation avec Poutine, soulignant que les négociations dans lesquelles Poutine est impliqué depuis longtemps « n’ont rien produit ».
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a félicité Scholz pour « avoir fait preuve de volonté politique et avoir été à l’écoute de la position russe » et a qualifié les discussions de « détaillées et ouvertes », tout en reconnaissant qu' »il n’y avait pas d’opinion commune ».
Peskov a déclaré que Poutine avait réitéré les conditions préalables proposées précédemment pour les négociations, notamment l’abandon par l’Ukraine du contrôle de quatre provinces orientales partiellement occupées, la levée complète des sanctions occidentales contre Moscou et l’engagement de Kiev à ne pas chercher à rejoindre l’OTAN ou à développer des armes nucléaires.
En outre, la Russie continue de promouvoir ce qu’on appelle la « démilitarisation » et la « dénazification », deux objectifs vagues qui avaient été proposés au début de la guerre.
Le porte-parole de Scholz, Herbstreit, a déclaré que le chancelier allemand « a condamné la guerre d’agression menée par la Russie en Ukraine et a appelé Poutine à mettre fin à la guerre et à retirer ses troupes ».
Il a ajouté que Scholz a souligné la « ferme détermination de l’Allemagne à soutenir l’Ukraine dans sa lutte contre l’agression russe », et que ce soutien durerait « pendant le temps nécessaire ».
Les responsables ont déclaré que Scholz et Poutine « étaient d’accord pour rester en contact ».
Depuis longtemps, de nombreux pays font fi des résolutions des Nations Unies, et plus particulièrement du Conseil de sécurité. Dans ce monde où, semble-t-il, seule la force des armes compte, les Nations unies devraient-elles avoir une armée pour faire respecter le droit international et la paix ?
Samia Ladgham *
En effet, le maintien de la paix et de la sécurité internationales est l’objectif premier des Nations Unies. Ainsi, à cette fin, l’organisation peut prendre des mesures collectives militaires et non militaires en vue de prévenir les conflits, d’écarter les menaces à la paix et, enfin, de réprimer tout acte d’agression ou autre rupture de la paix. Elle peut également régler les différends entre États par des moyens pacifiques.
C’est le Conseil de sécurité qui, principalement, a la responsabilité du maintien de la paix et de la sécurité internationales que lui confèrent les États membres de l’organisation, et ce dernier agit en leur nom. Ces membres conviennent d’accepter et d’appliquer les décisions du Conseil de sécurité, conformément à la Charte des Nations unies dans son article 25.
Il faut savoir que ledit article a donné lieu à interprétation et à débat, notamment autour de la question de savoir si toutes les décisions prises par le Conseil de sécurité étaient obligatoires, ou seulement celles ayant été prises dans le cadre du recours aux mesures coercitives envisagées au Chapitre VII de la Charte.
L’argument selon lequel le caractère obligatoire des décisions du Conseil de sécurité ne s’applique qu’au Chapitre VII a été défendu par Israël, par exemple, qui maintient que les résolutions la concernant ont toutes été adoptées dans le cadre du Chapitre VI (ce qui est vrai) et que, par conséquent, elles ne sont pas contraignantes et peuvent seulement être mises en œuvre par la négociation, la conciliation ou l’arbitrage entre les parties au différend.
Les Etats interprètent les résolutions au plus près de leurs intérêts
Israël semble tenir un discours différent quand il s’agit d’autres États. Elle justifie ainsi son invasion du Liban en 2006 en partie à cause de la non-application par ce pays de la résolution 1559 adoptée par le Conseil de sécurité le 2 septembre 2004 dans laquelle la dissolution et le désarmement de toutes les factions libanaises et non libanaises est demandée.
Selon l’ambassadeur d’Israël au Conseil de sécurité, la manière d’éviter la crise entre Israël et le Liban était claire : il s’agissait de remplir les obligations imposées sans condition dans les résolutions 1559 (2004) et 1680 (2006) adoptées toutes les deux sous le chapitre VI de la Charte. La voie à suivre exigeait le désarmement et la dissolution du Hezbollah et des autres milices, ainsi que l’exercice par le Liban de son contrôle et de son autorité sur l’ensemble du territoire national, comme le fait tout État souverain. Mais la volonté d’imposer cette solution a fait défaut et les peuples israélien et libanais ont payé cher cette inaction. Comme on n’avait pas veillé à ce que les obligations énoncées dans ces résolutions soient remplies, Israël n’a eu d’autre choix que de faire ce que le Liban n’avait pas su faire, affirment ses dirigeants.
Par ailleurs, il convient de rappeler l’avis consultatif rendu par la Cour Internationale de Justice (CIJ), l’organe principal judiciaire des Nations unies, le 21 juin 1971 en réponse à une demande faite auprès de la CIJ par le Conseil de sécurité sur les conséquences juridiques de la présence continue de l’Afrique du Sud en Namibie. À cette occasion, la CIJ, notant qu’il avait été soutenu que l’article 25 ne s’appliquait qu’aux mesures coercitives prises en vertu du chapitre VII de la Charte, a affirmé que rien dans la Charte ne venait appuyer cette idée. Pour la Cour, compte tenu du fait que cet article n’est pas placé sous le chapitre VII et qu’il existe déjà deux articles 48 et 49 sous ce chapitre qui, lus ensemble, affirment l’obligation des Etats membres d’appliquer les décisions du Conseil, alors il est clair que l’article 25 a une portée plus large. Autrement dit, toutes les décisions du Conseil de sécurité ont un caractère obligatoire.
Des contingents nationaux sous commandement international
Durant les discussions ayant conduit, en 1920, à l’établissement de la Société des Nations, précurseur de l’organisation des Nations unies, et à nouveau dans les années 1930 et début 1940, des propositions relatives à la mise en place d’une armée internationale permanente ou police internationale furent émises par la France mais rejetées à la Conférence de Dumbarton Oaks en faveur de contingents militaires nationaux en réserve qui seraient placés sous commandement international, le Conseil de sécurité décidant de leur emploi. Les détails d’une telle disposition donnèrent lieu à des opinions diverses.
Les Russes, par exemple, proposèrent d’inclure une obligation pour les États membres de mettre des bases militaires à disposition, mais l’idée fut rejetée. Le pouvoir donné au Conseil de sécurité de décider de l’emploi de ces contingents fit craindre aux Américains que leurs troupes puissent être utilisées sans leur approbation spécifique. Afin de réduire ce risque, il fut proposé sous l’article 43 de la Charte que les accords qui devaient réglementer la subordination des contingents nationaux à un commandement international devraient être ratifiés par les États contributeurs et négociés entre eux. Toutefois leur emploi serait soumis à l’approbation du Conseil de sécurité.
Le Canada, quant à lui, était préoccupé par le fait que le Conseil de sécurité puisse dicter l’envoi de troupes canadiennes pour résoudre des crises, peu importe le lieu et le moment. Cette préoccupation conduisit à l’inclusion de l’article 44 de la Charte qui réglemente la participation dans les décisions du Conseil relatives à l’emploi de la force armée, des États qui ont mis à la disposition du Conseil des contingents nationaux.
Pour les rédacteurs de la Charte, l’article 43 était l’une des pierres angulaires de ce nouveau système centralisé de sécurité collective. L’idée maîtresse sur laquelle repose la notion de sécurité collective, telle que l’envisage la Charte est la suivante : lorsque les moyens pacifiques échouent, les mesures visées au Chapitre VII doivent être utilisées, si le Conseil de sécurité le décide, pour maintenir ou rétablir la paix et la sécurité internationales en cas de «menace contre la paix, de rupture de la paix, d’acte d’agression».
La Charte prévoit des mesures non militaires dans son article 41, appelées communément des sanctions. Si ces dernières sont jugées inadéquates ou qu’elles sont révélées telles par le Conseil de sécurité, celui-ci peut, selon les termes de l’article 42, décider du recours à la force. Pour ce faire, les États membres doivent s’engager à fournir au Conseil de sécurité les forces armées conformément à des arrangements spéciaux entre les États concernés et l’organisation prévues à l’article 43.
En 1946, le Conseil de sécurité a demandé au Comité d’état-major prévu à l’article 47 de la Charte de soumettre un rapport sur la mise en œuvre de l’article 43 d’un point de vue militaire. Le rapport présenté contenait 41 articles, mais seuls 25 avaient été approuvés par tous les membres du comité. Le contentieux portait notamment sur la composition et le nombre des troupes que les membres permanents du Conseil de sécurité devaient mettre à disposition, et sur le lieu où ces troupes devaient être stationnées. La question du commandement de ces troupes fut également discutée, la Charte se contentant d’énoncer que le Comité d’état-major était responsable, sous l’autorité du Conseil de sécurité, de la direction stratégique de toutes forces armées mises à la disposition du Conseil, et que les questions relatives au commandement de ces forces seraient réglées ultérieurement. Par conséquent, les accords prévus à l’article 43 devant être conclus entre le Conseil de sécurité et les États membres ne l’ont jamais été. Résultat : les États membres ne sont pas obligés de mettre des troupes à la disposition du Conseil dans une situation donnée.
Des opérations de maintien de la paix
Cela ne veut pas dire pour autant que des opérations militaires sont totalement impossibles, mais, selon le professeur Frowein et le docteur Krisch, celles-ci ne pourraient être conduites qu’avec des troupes ad hoc mises volontairement à la disposition du Conseil. L’impossibilité pour le Conseil ou le Secrétaire général de faire jouer les dispositions du Chapitre VII (surtout dans leur dimension coercitive) a conduit, selon Jacques Lefrette, ambassadeur de France, à la création de forces de maintien de la paix, construction originale située en marge de la Charte. Lefrette a ajouté que ces forces de maintien de la paix ont quelque peu sauvé les Nations Unies d’un bilan totalement négatif en matière de maintien de la paix.
Il faut savoir que les opérations de maintien de la paix ont été traditionnellement distinctes des mesures coercitives autorisées par le Conseil de sécurité sous le chapitre VII parce qu’elles ont toujours été déployées avec le consentement des parties au conflit. Toutefois, la distinction entre le maintien de la paix et l’imposition de la paix a de plus en plus été brouillée par de nouveaux types d’opération de maintien de la paix (opérations dites de maintien de la paix de seconde génération ou maintien de la paix mixtes) qui contiennent des éléments d’imposition de la paix, notamment pour la protection des civils.
Dans son rapport intitulé «Agenda pour la paix», présenté le 17 juin 1992 à la demande du Conseil de sécurité afin de rendre ce dernier plus réactif aux menaces contre la paix et la sécurité, le Secrétaire général de l’Onu a tenté de relancer les négociations en vue de rendre l’article 43 opérationnel, estimant qu’étant donné la situation politique qui prévalait pour la première fois depuis que la Charte avait été adoptée (fin de la guerre froide et dislocation de l’URSS), les obstacles qui s’étaient toujours opposés à la conclusion de ces accords spéciaux ne devaient plus exister. Il a souligné à cet effet que le fait que des forces armées soient immédiatement disponibles pourrait, en soi, servir de moyen de dissuasion, car un agresseur potentiel saurait que le Conseil a un moyen d’action à sa disposition. Reconnaissant la possibilité que les forces prévues à 1’Article 43 ne soient jamais suffisamment nombreuses ou suffisamment bien équipées pour faire face à la menace d’une armée importante équipée d’armements modernes, il a mis l’accent sur le fait qu’elles seraient utiles en cas de menace militaire de moindre ampleur, d’agression caractérisée, en cours ou imminente. Il a par ailleurs recommandé que dans le cas où des cessez-le-feu aient été conclus mais non respectés, le Conseil envisage de faire appel, dans des circonstances clairement définies, à des unités d’imposition de la paix dont le mandat serait défini à l’avance, fournies par des Etats Membres, et tenues en réserve.
Dans son «Supplément à l’Agenda pour la paix» soumis trois ans plus tard, le Secrétaire général revient à la charge. L’un des mérites de la Charte des Nations Unies, souligne-t-il, est d’autoriser l’Organisation à prendre des mesures coercitives contre les responsables de menaces à la paix, de rupture de la paix ou d’actes d’agression. Toutefois, ni le Conseil de sécurité ni le Secrétaire général n’ont pour l’instant la capacité de déployer, diriger, commander et contrôler les opérations menées à cet effet, sauf peut-être à une échelle très limitée. Il estime souhaitable à long terme que l’Onu se dote d’une telle capacité, mais il remet cela à plus tard, estimant que l’Organisation manque désespérément de ressources à cet égard, et a du mal à faire face aux responsabilités moins ardues qui lui sont confiées.
Il y a lieu de noter que dans le Nouvel Agenda pour la paix présenté le 20 juillet 2023 sous forme d’une note d’orientation, le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, ne mentionne plus l’article 43. Comme s’il avait jeté l’éponge.
Dans l’impossibilité d’activer l’article 43, le Conseil de sécurité a choisi dans certaines situations d’autoriser les États membres à prendre des mesures en son nom. Ainsi, en 1950, il a autorisé un groupe d’États Membres disposés à le faire à entreprendre une action coercitive dans la péninsule coréenne. Nouvelle autorisation en 1990, à la suite de l’agression contre le Koweït. Au cours des 30 dernières années, il a autorisé des groupes d’États à entreprendre, si besoin était, une action de ce genre pour permettre à des opérations de secours humanitaires de se dérouler en Somalie et au Rwanda, ainsi que pour faciliter le rétablissement de la démocratie en Haïti. En Bosnie-Herzégovine, le Conseil de sécurité a autorisé des États Membres (à titre national ou dans le cadre d’arrangements régionaux) à user de la force pour assurer le respect de l’interdiction des vols militaires qu’il avait imposée dans l’espace aérien de ce pays pour appuyer les forces des Nations Unies en ex-Yougoslavie dans l’accomplissement de leur mission, y compris pour défendre le personnel en danger, et décourager les attaques contre les zones de sécurité. Les États Membres concernés ont décidé de confier ces tâches à l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (Otan).
Dans son Supplément à l’Agenda pour la paix, le Secrétaire général note que l’expérience de ces dernières années montre à la fois les avantages, mais aussi les difficultés qui peuvent se poser lorsque le Conseil de sécurité confie des tâches coercitives à des groupes d’États Membres. Du côté positif, précise-t-il, cette démarche donne à l’Organisation la capacité de coercition dont elle ne disposerait pas autrement. Cela est de loin préférable à une situation où des États Membres emploieraient la force sans en référer à l’Onu.
De l’autre côté, le prestige et la crédibilité de l’Organisation peuvent en souffrir. Il y a aussi le risque que les États concernés se réclament de la légitimité et de l’approbation internationales pour des actes de force que le Conseil de sécurité n’aurait pas envisagés.
En conclusion, les difficultés rencontrées par l’Onu dans son approche du recours à la force dépassent le débat sur l’inefficacité de sa structure ou sur l’inadéquation de sa culture en ce qui a trait aux exigences du maintien de la paix moderne. Elles ont aussi pour fondement l’essence intergouvernementale de l’Organisation, c’est-à-dire sa dépendance vis-à-vis des États pour toute activité impliquant le recours à la force. L’Onu ne possède pas de force armée propre, et cette «défaillance» constitue l’une des limites de sa qualité d’organisation à dimension supranationale.
Impuissance de l’ organisation face à la puissance de certains membres
Une autre limitation est l’incapacité du Conseil de sécurité d’agir quand un de ses membres permanents oppose un droit de veto. La situation en Ukraine en est un exemple flagrant. Un projet de résolution pour condamner l’attaque militaire russe en Ukraine et demandant le retrait immédiat des troupes russes a été rejeté le 25 février 2022, au lendemain de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, cette dernière ayant posé son droit de veto. Le Conseil de sécurité, pour la première fois depuis 40 ans, avouant son impuissance, s’en est remis à l’Assemblée générale qui a également une responsabilité en matière de maintien de la paix et de sécurité internationales, mais dont les décisions ne sont pas contraignantes. Depuis, la seule action prise par le Conseil de sécurité se résume à une déclaration faite par son Président : le 6 mai 2022, le Conseil a exprimé sa profonde inquiétude concernant la situation en Ukraine, rappelant que les États membres, en vertu de la Charte des Nations unies, ont souscrit à l’obligation de régler leurs différends internationaux par des moyens pacifiques.
Dans sa forme actuelle, le conflit israélo-palestinien est également un autre exemple des limites de l’action du Conseil en matière de sécurité collective, à qui l’on reproche souvent sa politique de deux poids deux mesures dans le traitement des conflits. Si le Conseil de sécurité a pu adopter quatre résolutions sur la question entre 2023 et 2024 portants sur un cessez-le- feu sans se heurter à un veto américain, aucune de ses résolutions n’a été votée dans le cadre du Chapitre VII de la Charte car ce chapitre précis ouvre la porte à l’adoption de sanctions et au recours à la force. Malgré le caractère régional et explosif du conflit, le Conseil de sécurité n’a pas cru bon de caractériser la situation comme étant une menace pour la paix et la sécurité internationale.
L’on peut regretter que, pour faire face à des situations d’urgence, le Secrétaire général des Nations Unies ne puisse disposer de contingents pré-affectés, comme la Charte l’avait prévu. Cependant, une question plus cruciale demeure : la nécessaire réforme du Conseil de sécurité et, plus précisément, du droit de veto (en discussion au sein de l’organisation depuis des décennies) dont l’usage intempestif entraîne la paralysie du Conseil dans des situations d’une gravité extrême.
* Ancienne fonctionnaire des Nations-Unies à la retraite.
La présidence de Donald Trump, marquée par son style de gouvernance non conventionnel et son approche centrée sur les intérêts américains, aurait des répercussions significatives sur les relations internationales et sur les pays du Maghreb, dont la Tunisie.
Dans un contexte global marqué par les rivalités géopolitiques, les tensions commerciales et une polarisation accrue, les choix de politique étrangère de Trump pourraient introduire des incertitudes. Tout en offrant des opportunités de repositionnement stratégique pour les pays maghrébins.
ZOOM 4 – Quatrième incertitude : positionnement face à la Chine et à la Russie… dilemmes pour les pays du Maghreb
Les tensions croissantes entre les États-Unis et des puissances comme la Chine et la Russie ont un impact non négligeable sur les pays du Maghreb, qui se retrouvent à jongler entre leurs liens traditionnels avec l’Occident et leur intérêt grandissant pour les partenariats avec ces nouveaux acteurs. Cette situation expose les pays maghrébins à des choix stratégiques complexes, les amenant à réfléchir à leur positionnement et aux compromis qu’ils devront faire pour préserver leur souveraineté et sécuriser leurs intérêts économiques et politiques.
Les pays du Maghreb, notamment le Maroc, l’Algérie et la Tunisie, ont des relations de longue date avec l’Europe et les États-Unis.
Ces liens incluent des accords commerciaux privilégiés, des investissements directs, et des programmes d’aide au développement. La coopération avec les États-Unis se manifeste également sur le plan sécuritaire, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et du contrôle des flux migratoires.
Ces relations traditionnelles apportent une stabilité économique et politique aux pays maghrébins, mais créent aussi une dépendance vis-à-vis des partenaires occidentaux, qui influencent souvent leurs politiques nationales et régionales.
Effets de l’intérêt croissant pour la Chine et la Russie : opportunités et contraintes
Ces dernières années, les pays du Maghreb ont élargi leurs partenariats économiques et politiques avec la Chine et la Russie, attirés par des alternatives aux conditions strictes souvent imposées par les partenaires occidentaux.
La Chine, par exemple, propose des investissements massifs dans les infrastructures, notamment dans le cadre de l’initiative des Nouvelles Routes de la Soie. Plusieurs projets chinois, tels que la construction de ports, d’autoroutes et de centrales énergétiques, répondent aux besoins criants en infrastructures dans la région, particulièrement en Algérie et au Maroc.
La Russie, de son côté, a renforcé sa présence en Afrique du Nord dans des domaines comme la sécurité et l’énergie. Son partenariat avec l’Algérie dans le domaine des hydrocarbures et ses accords militaires témoignent d’une volonté d’influence accrue dans la région.
Pour les pays du Maghreb, ces partenariats représentent des opportunités d’accéder à de nouvelles ressources, de diversifier leurs exportations et de bénéficier de nouvelles technologies, sans les conditions politiques souvent associées aux investissements occidentaux.
Effets des pressions américaines et des équilibres délicats
Sous la présidence de Trump, les États-Unis ont adopté une position plus ferme face à la Chine et la Russie, exhortant leurs partenaires internationaux à limiter leurs interactions avec ces puissances. Ce climat de confrontation pourrait avoir des conséquences pour les pays maghrébins, qui pourraient se retrouver sous pression pour limiter leurs partenariats avec la Chine et la Russie afin de ne pas compromettre leurs relations avec l’Occident.
Par exemple, une coopération trop visible avec la Chine dans des secteurs stratégiques comme les télécommunications pourrait être perçue comme une menace pour la sécurité par les États-Unis et leurs alliés. Ce qui risquerait de compliquer les relations diplomatiques.
Toutefois, céder à ces pressions pourrait être perçu comme une atteinte à leur souveraineté nationale par les gouvernements du Maghreb, qui souhaitent avant tout préserver leur indépendance dans leurs choix de partenariats.
Par ailleurs, limiter les interactions avec la Chine et la Russie pourrait priver les pays du Maghreb d’opportunités de financement et d’infrastructures cruciales pour leur développement économique.
Effets entre la neutralité et la diversification des partenariats
Dans ce contexte complexe, une option pour les pays du Maghreb pourrait consister à adopter une posture de neutralité vis-à-vis des rivalités entre les grandes puissances, afin de bénéficier à la fois des relations avec l’Occident et des partenariats avec la Chine et la Russie.
Cette position pourrait cependant être difficile à maintenir si les pressions américaines s’intensifient. Une neutralité trop marquée pourrait même être perçue comme un manque de loyauté par leurs partenaires traditionnels.
Une alternative pourrait être de renforcer leurs relations avec des puissances régionales émergentes comme la Turquie et le Qatar, qui, tout en étant moins hégémoniques, ont montré une volonté de soutenir des projets économiques et sécuritaires au Maghreb.
La Turquie, par exemple, s’implique de plus en plus dans le secteur de la construction et de la défense. Tandis que le Qatar investit dans les infrastructures et le tourisme.
Cette diversification permettrait aux pays du Maghreb d’éviter une trop grande dépendance envers une seule puissance et de maintenir une certaine flexibilité dans leurs alliances internationales.
Effets des risques de dépendance stratégique et de l’instabilité géopolitique
S’engager plus étroitement avec des puissances comme la Chine ou la Russie pourrait cependant engendrer de nouveaux risques de dépendance stratégique pour les pays du Maghreb.
En effet, ces partenaires alternatifs pourraient demander, en échange de leur soutien, des concessions économiques ou politiques qui limiteront la marge de manœuvre des États maghrébins.
Par ailleurs, un rapprochement excessif avec la Chine ou la Russie pourrait isoler le Maghreb de ses alliés traditionnels occidentaux. Ce qui pourrait nuire à ses intérêts dans des domaines comme l’aide au développement et les accords commerciaux privilégiés.
Enfin, la région maghrébine elle-même pourrait devenir un terrain de compétition géopolitique entre les grandes puissances, comme en témoignent les tensions autour de la Libye, où plusieurs acteurs externes cherchent à influencer l’avenir politique du pays.
Un contexte d’intérêts divergents pourrait alors compliquer la coopération régionale, fragiliser la stabilité politique et potentiellement polariser les pays du Maghreb en fonction de leurs alliances.
En définitive, les pays du Maghreb se trouvent dans une situation stratégique délicate, tiraillés entre la préservation de leurs liens avec l’Occident et les opportunités offertes par la Chine et la Russie.
Dans ce contexte de tensions internationales croissantes, ils devront faire preuve de diplomatie et de pragmatisme pour adopter un positionnement qui préserve leurs intérêts nationaux, tout en évitant des dépendances excessives.
La diversification de leurs alliances, notamment en renforçant les relations avec des partenaires régionaux comme la Turquie et le Qatar, pourrait être une solution pour maintenir un équilibre. Mais cette stratégie demande une grande habileté diplomatique et une vigilance constante face aux évolutions géopolitiques.
Moscou et Téhéran ont officiellement finalisé le jumelage de leurs systèmes de paiement nationaux, ce qui permettra aux voyageurs des deux pays d’utiliser leurs cartes de débit nationales pour des achats en Iran ou en Russie, rapportent les médias iraniens.
S’exprimant lors d’une cérémonie officielle à Téhéran, lundi 11 novembre 2024, le gouverneur de la Banque centrale d’Iran (CBI), Mohammad-Reza Farzin, a décrit la connexion des systèmes de paiement russe Mir et iranien Shetab comme une étape majeure vers la coopération économique et la dédollarisation, ainsi que la facilitation des relations économiques et touristiques entre les deux pays.
« Le projet… a commencé dans le but de créer une intégration dans les réseaux de paiement et de faciliter les transactions financières entre les citoyens des deux pays », a déclaré le chef de la CBI, cité par Tehran Times, notant également que le processus comprendra trois phases.
Selon Farzin, la première étape prévoit l’utilisation possible par les citoyens iraniens de leurs cartes bancaires dans les distributeurs automatiques russes. « De cette façon, les touristes iraniens peuvent désormais facilement recevoir des billets en roubles dans les distributeurs automatiques russes en utilisant le solde en riyals de leurs cartes Shetab », a-t-il expliqué.
Dans un deuxième temps, les citoyens russes pourront retirer de l’argent en Iran en utilisant leurs cartes bancaires nationales. Dans un troisième temps, les cartes iraniennes Shetab seront acceptées sur les terminaux des points de vente installés dans les magasins russes.
Farzin avait déclaré plus tôt aux journalistes que l’accord visant à connecter les systèmes de paiement nationaux des deux pays avait été finalisé lors d’une réunion avec son homologue russe, Elvira Nabiullina en marge du Congrès financier de la Banque de Russie à Saint-Pétersbourg en juillet.
En 2022, lorsque Moscou a été frappé par de nouvelles sanctions en raison de l’escalade du conflit ukrainien et que de nombreuses banques russes ont été exclues de SWIFT, Visa et MasterCard, le gouvernement a commencé à promouvoir le système national comme une alternative fiable.
Les cartes Mir sont acceptées dans de nombreux pays, dont l’Abkhazie, l’Ossétie du Sud et la Biélorussie, et dans certaines limites en Arménie, au Kazakhstan, au Kirghizistan, au Tadjikistan, à Cuba, au Venezuela et au Vietnam.
Les sanctions américaines ont forcé certaines banques en Arménie, au Kirghizistan et au Kazakhstan à suspendre les transactions et à cesser d’accepter les cartes Mir. Entre-temps, 15 autres pays auraient manifesté leur intérêt à accepter les cartes Mir sur leur territoire.
Le Centre de promotion des exportations (Cepex), par le biais de son bureau à Moscou, pilote actuellement la première participation tunisienne à l’événement Bee-Together, l’événement de référence en Russie pour les rencontres B2B dans le secteur du textile et de l’habillement.
Ce rendez-vous d’envergure, organisé par l’Association russe de la mode et de l’industrie (Rafi) du 12 au 14 novembre 2024 à Moscou, réunit 270 entreprises de 15 pays, dont la Turquie, la Chine, la Russie, la Biélorussie et l’Ouzbékistan. Seule représentante africaine, la Tunisie marque ainsi sa présence dans un contexte d’échanges commerciaux diversifiés.
Plus de 3 000 visiteurs sont attendus, et environ 2 000 rendez-vous d’affaires ont été planifiés pour rapprocher acheteurs et exposants.
La délégation tunisienne comprend quatre entreprises spécialisées dans le prêt-à-porter, la lingerie, le balnéaire et les matières premières textiles.
Ces entreprises bénéficient d’un total de 50 rendez-vous stratégiques avec les grandes marques, chaînes de distribution, importateurs et industriels russes et étrangers.
Le chargé d’affaires de l’ambassade de Tunisie à Moscou s’est rendu auprès des exposants tunisiens, soulignant l’importance de multiplier ces initiatives pour exploiter le potentiel du marché russe et des régions avoisinantes.
Le déficit commercial s’est allégé pour s’établir à un niveau 15 716 millions de dinars (MDT) au cours de l’année 2024. Et ce, contre -15 853,1 MDT, durant les dix premiers mois de l’année 2023, essentiellement avec la Chine, la Russie et l’Algérie. Le taux de couverture a gagné 0,6 point par rapport à la même période de l’année 2023 pour s’établir à 76,7%. C’est ce qu’il ressort de la note sur le Commerce extérieur aux prix courants pour octobre 2024 publié dans la soirée de lundi 11 novembre par l’Institut national de la statistique (INS).
Ce déficit commercial provient principalement du déficit enregistré avec certains pays, tels que : la Chine (-7 353,4 MDT); la Russie (-4 700,6 MDT); l’Algérie (-3 534,5 MDT); la Turquie (-2 286,9 MDT); l’Inde (-1 182,8 MDT); et l’Ukraine (-1 157 MDT).
En revanche, le solde de la balance commerciale des biens a enregistré un excédent avec d’autres pays, principalement : la France (4 335,6 MDT); l’Italie (1 467,5 MDT); l’Allemagne (1 932,5 MD); la Libye (1 790,2 MDT); et le Maroc (176,3 MDT).
A noter par ailleurs que le déficit de la balance commerciale hors énergie s’est réduit à 6 319,3 MDT. Tandis que le déficit de la balance énergétique s’établit à 9 396,7 MDT; contre 8 524,9 MDT durant les dix premiers mois de l’année 2023.
Augmentation des exportations de 2,1 %
Les résultats des échanges commerciaux de la Tunisie avec l’extérieur aux prix courants, durant les dix premiers mois de l’année 2024, montrent que les exportations ont augmenté de 2,1 %; contre 6,9% durant la même période en 2023. Elles ont atteint 51 623,4 MDT; contre 50 550 MDT durant les dix premiers mois de l’année 2023.
L’augmentation observée durant les dix premiers mois de l’année 2024 concerne essentiellement les exportations du secteur des industries agro-alimentaires qui ont augmenté de 25,4 %, celles du secteur de l’énergie de 23,8 %; ainsi que celles du secteur des industries mécaniques et électriques de 1,4 %.
En revanche, les exportations du secteur des mines, phosphates et dérivés ont baissé de 24,8 % et celles des textiles/habillement et cuirs de 5,4 %.
Par zone, les exportations tunisiennes vers l’Union européenne, qui se sont élevées à 69,4 % du total des exportations, sont quasi stables (+0,2 %). Cette évolution est expliquée, d’une part par la hausse des exportations vers plusieurs partenaires européens, tels que l’Italie (+4,2 %), l’Espagne (+9,8 %) et l’Allemagne (+0,5 %); et, d’autre part, par la baisse observée avec la France (-2,2 %) et les Pays-Bas (-28,6 %).
Vers les pays arabes, les exportations ont augmenté avec l’Algérie (+43,9 %); mais elles ont baissé avec la Libye (-12,4 %), le Maroc (-14,1 %) et l’Égypte (-6,9 %).
Hausse des importations de 1,4 %
Quant aux importations, elles ont enregistré une hausse de 1,4 %; contre -3,3 % durant la même période en 2023. En valeur, les importations ont atteint 67 339,4 MDT; contre 66 403,2 MDT, durant les dix premiers mois de l’année 2023.
La hausse des importations provient, d’une part de l’augmentation enregistrée au niveau des importations des produits énergétiques (+13,4 %), des biens d’équipement (+4,6 %) et des biens de consommation (+5,2 %); et, d’autre part, de la baisse observée au niveau des importations des matières premières et demi-produits (-4,3 %) et du groupe des produits alimentaires (-12,5 %).
Pour ce qui est des importations avec l’Union européenne (43,4 % du total des importations), elles ont enregistré une hausse de 1,8 % pour s’établir à 29 209,5 MDT. Les importations ont augmenté avec l’Allemagne (+11,1 %), l’Espagne (+7,2 %) et la France (+0,6 %). En revanche elles ont baissé avec l’Italie (-2,8 %), les Pays-Bas (-9,9 %) et la Belgique (-13,9 %).
Hors Union européenne, les importations ont augmenté avec la Chine (+4,7 %), l’Inde (+2,5 %) et la Suisse (+17,3 %); mais ont baissé avec la Russie (-21 %) et la Turquie (-9,5 %).
Anton Kobyakov a indiqué que la Fédération de Russie œuvre pour la création de zones de libre échange (ZLE) avec 4 pays arabes qui sont la Tunisie, l’Egypte, l’Algérie et le Maroc, rapporte nos confrères de Diwan sans citer de source.
Le conseiller de Vladimir Poutine, qui aurait fait cette déclaration samedi 9 novembre 2024, en marge de la réunion ministérielle organisée dans le cadre de la Conférence Russie-Afrique, à Sotchi (9-10 novembre), a ajouté que les négociations des accords relatifs à ces zones ont déjà commencé, en soulignant l’intérêt de son pays pour le renforcement de la coopération avec les pays africains dans les domaines du commerce et de l’investissement.
Il convient de préciser que le communiqué du ministère des Affaires étrangères, des Tunisiens à l’étranger et de la Migration, qui a rendu compte de la rencontre samedi à Sotchi entre le chef de la diplomatie tunisienne Mohamed Ali Nafti et son homologue russe Serguei Lavrov n’a pas fait état de négociation entre Tunis et Moscou à propos de cette ZLE.
La rencontre entre les chefs de la diplomatie tunisienne Mohamed Ali Nafti et son homologue russe Serguei Lavrov, samedi 9 novembre 2024, a permis d’examiner divers aspects de la coopération entre la Tunisie et la Russie et d’envisager les moyens de la développer dans les domaines commercial, économique, scientifique, médical, pharmacologique et universitaire, sachant que plus de 1900 étudiants tunisiens poursuivent leurs études dans des universités russes.
Imed Bahri
Ces thèmes seront abordés lors de la prochaine session de la Commission mixte tuniso-russe à Moscou, a indiqué un communiqué du ministère tunisien des Affaires étrangères, des Tunisiens à l’étranger et de la Migration, ajoutant que les deux responsables ont échangé leurs points de vue sur un certain nombre de questions régionales et internationales d’intérêt commun.
La rencontre a eu lieu à l’occasion de la première réunion ministérielle de la Conférence Russie-Afrique, samedi et dimanche à Sotchi, à laquelle participe le ministre Nafti.
Cette conférence ministérielle, qui a réuni des hauts responsables d’une cinquantaine de pays africains, est l’occasion pour Vladimir Poutine de démontrer l’échec de la politique d’isolement et de sanctions engagée contre son pays par les Etats occidentaux après l’assaut russe en Ukraine en février 2022. Le Kremlin entend apporter une nouvelle illustration du «monde multipolaire» qu’il veut promouvoir dans son face-à-face avec les Occidentaux.
Lavrov a d’ailleurs salué la participation de la Tunisie à cette réunion ministérielle visant à développer les investissements bilatéraux entre la Fédération de Russie et les pays africains.
Nafti a déclaré, de son côté, que ce genre de réunion contribue au développement du continent africain et à sa stabilité, en complément aux autres cadres de coopération au sein de l’espace africain.
Allié historique des Etats-Unis et de l’Union européenne, la Tunisie a obtenu en 2015 le statut d’allié majeur non membre de l’Otan. Elle participe aux conclaves organisés par cette organisation et abrite souvent des exercices militaires que celle-ci organise aux niveaux africain et méditerranéens. Elle reste donc solidement amarrée au bloc occidental, comme l’a voulu, dès les années 1960, le fondateur de l’Etat tunisien moderne, Habib Bourguiba, qui savait ce que son pays doit au soutien des Etats-Unis pour accéder à l’indépendance et mettre en œuvre ses premiers plans de développement.
Sur un autre plan, la Tunisie importe de Russie surtout du pétrole et des céréales et sa balance commerciale avec ce pays est historiquement et structurellement déficitaire.
Outre la diversification de ses relations et de ses alliances internationales pour éviter le harassant tête-à-tête avec un Occident unilatéraliste, hautain et condescendant, l’intérêt pour Tunis dans ses relations avec Moscou serait donc d’abord d’essayer de rééquilibrer les échanges bilatéraux et d’examiner les moyens de développer les exportations tunisiennes vers la Russie et l’augmentation des flux de touristes russes vers notre pays.
Qui l’aurait cru ? Quatre ans après avoir connu la débâcle face à Joe Biden, Donald Trump est sorti vainqueur du duel qui l’a opposé, le 5 novembre 2024, à Kamala Harris, colistière de ce dernier à la précédente élection. En gagnant haut la main, il a fait encore mieux ce qu’avait prédit les sondages qu’il n’a pas fini de détromper.
Dr Abderrahmane Cherfouh
Soutenu par des milliardaires comme Elon Musk et Peter Thiel, qui avaient engagé des sommes colossales dans cette campagne électorale, et au-delà de sa victoire qui relève du miracle, Trump sera immortalisé comme le premier «criminel» à être réélu président des États-Unis.
On sait que depuis l’ère Busch fils, la fonction présidentielle américaine a perdu de sa superbe. Traîné plusieurs fois devant la justice américaine, Trump est toujours arrivé, malgré des faits avérés, à s’en échapper et en sortir indemne.
Multipliant les scandales depuis son avènement sur la scène publique, Trump n’est pas seulement un politique c’est d’abord un homme d’affaires touche à tout : immobilier, cinéma, communication… fonctions qui lui ont permis d’être propulsé sur les devants de la scène américaine et devenir une vedette incontestable du show-business à l’américaine.
Quand tout est permis
Il faut dire que le processus électoral américain et la démocratie américaine d’une façon générale laissent à désirer et se caractérisent souvent par des arrangements opportuns avec l’éthique et la morale. Pour engranger des voix et essayer de gagner une élection, les politiciens d’aujourd’hui n’hésitent pas à vendre leur âme au diable. N’importe quel diable. Il n’y a plus vraiment de règle à respecter, ni de principe à suivre loyalement.
À ce titre, le spectacle que nous ont offert Trump et Harris restera gravé à jamais dans la mémoire des Américains et de l’humanité tout entière comme l’une des campagnes électorales les plus ordurières, marquées par des dérapages verbaux et des échanges d’insultes, au déshonneur des deux auteurs.
Depuis l’avènement des réseaux sociaux et de la prééminence du rôle de l’image, il n’y a de la place que pour les menteurs, les fourbes, les opportunistes ,les égocentristes, les escrocs, les cas pathologiques et les suprémacistes à l’image de Trump qui a réussi à en faire son terrain de jeu pour engranger argent, soutiens politiques et voix des électeurs, même parmi ses supposés adversaires.
Par ailleurs, la banalisation des idées xénophobes est un phénomène qui tend à se généraliser dans un pays qui se veut la référence et le modèle à suivre en matière de démocratie. Trump a en effet été réélu pour ses idées populistes, racistes et nauséabondes et il est vu de plus en plus comme un héros du franc-parler et un ennemi du système, lui qui est le fruit même de l’establishment dans ce qu’il a de plus détestable.
Un homme qui inquiète
En tout état de cause, ce qui se passe actuellement aux États-Unis dépasse la raison et défie la logique. La réélection de Trump en dépit de tout bon sens et sa fulgurante percée sur la scène américaine et mondiale vont constituer un tournant dans les équilibres géostratégiques mondiaux, suscitant l’inquiétude dans plusieurs capitales, tant l’homme paraît imprévisible, versatile et ne reculant devant aucun excès.
L’inquiétude vient de la légitimation électorale des discours racistes qui foisonnent partout dans le monde et des perspectives d’aggravation de la situation en Proche-Orient, où se poursuit le génocide du peuple palestinien, et en Europe, avec la guerre entre la Russie et l’Ukraine, pour ne citer que ces deux zones de tension. Elle vient aussi, et surtout, du caractère instable du nouveau président de la première puissance mondiale, qui a une grande responsabilité dans la gestion des affaires du monde. Espérons qu’après avoir fermé la parenthèse de la campagne électorale, il retrouvera une posture plus adaptée à sa fonction. Mais là aussi, on ose à peine l’espérer…