Il a fallu trois ans de négociations pour que les États membres de l’OMS parviennent à trouver un consensus autour d’un projet d’accord mondial pour prévenir et affronter les prochaines pandémies. Le texte a été salué comme « un tournant multilatéral, malgré des tensions sur le transfert de technologies aux pays du Sud ».
Les 194 pays membres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont finalement approuvé, mercredi 15 avril 2025, un accord historique visant à mieux se préparer et lutter contre les futures pandémies.
« Les États membres de l’OMS ont fait un grand pas en avant dans les efforts visant à rendre le monde plus sûr face aux pandémies, en élaborant un projet d’accord qui sera examiné lors de la prochaine Assemblée mondiale de la santé en mai », lit-on dans un communiqué de l’organisme onusien.
Ce qui n’a pas manqué de réjouir le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, qui, après l’approbation du texte, a déclaré : « Les nations du monde ont écrit l’histoire aujourd’hui à Genève ». Et d’ajouter : « En parvenant à un consensus sur l’Accord sur la pandémie, non seulement elles ont mis en place un accord générationnel pour rendre le monde plus sûr, mais elles ont également démontré que le multilatéralisme est bien vivant, et que dans notre monde divisé, les nations peuvent encore travailler ensemble pour trouver un terrain d’entente et une réponse partagée aux menaces communes ».
Au passage, le chef de l’OMS dira qu’il ne faut pas perdre de vue l’essentiel : « Le coût de l’inaction est bien plus élevé » parce que « le virus est le pire ennemi, il pourrait être pire qu’une guerre ».
L’article 11, objet de frictions
Il faut souligner que les discussions des délégués – en conférence hybride – ont buté essentiellement sur l’article 11 qui concerne le transfert de technologies pour la production de produits de santé liés aux pandémies, en particulier au profit des pays en développement. Le sujet avait été au cœur des nombreux griefs des pays les plus démunis lors de la pandémie de Covid-19, quand ils voyaient les pays riches s’approprier les doses de vaccin et autres tests, comme le rappelle Ouest France.
En effet, la plupart des « pays, où l’industrie pharmaceutique pèse lourd dans l’économie, sont opposés à l’idée d’“obligation de transfert“ et insistent sur son caractère volontaire. Un consensus a finalement émergé autour du principe de transfert de technologies convenu d’un commun accord ».
Autre avancée de l’accord, celui-ci prévoit la création d’un « système d’accès aux agents pathogènes et de partage des avantages » (en anglais PABS – pour pathogen access and benefit-sharing), à savoir les produits de santé découlant de leur utilisation, comme des vaccins ou des tests par exemple. Il vise aussi à élargir l’accès à ces produits en établissant un réseau mondial de chaîne d’approvisionnement et de logistique.
Voilà qui devrait intéresser la Tunisie qui compte une industrie pharmaceutique assez développée.
De son côté, la coprésidente de l’organe de négociation et ambassadrice de France pour la santé mondiale, Anne-Claire Amprou, a salué «… un accord historique pour la sécurité sanitaire, l’équité et la solidarité internationale ».
Les États-Unis aux abonnés absents
Comme tout le monde le sait, le nouveau président des États-Unis (depuis le 20 janvier dernier), Donald Trump, a déjà signé un décret de sortie des États-Unis de l’OMS. Donc, la dernière partie « des négociations s’est déroulée dans un contexte de crise du multilatéralisme et du système de santé mondial, provoqué par les coupes drastiques dans l’aide internationale américaine décidée par le président Donald Trump, alors que les États-Unis étaient de très loin le principal donateur humanitaire ».
L’article Pandémies : accord historique à l’OMS, sans les États-Unis est apparu en premier sur Leconomiste Maghrebin.