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Cours particuliers, un cancer qui frappe l’école

Une circulaire rendue publique du ministère de l’Education interdit formellement toute pratique de cours particuliers aux élèves en dehors des établissements publics. Les contrevenants, professeurs et instituteurs, risquent la prison.

Aussitôt dit, aussitôt fait, la chasse aux cours particuliers clandestins a déjà sanctionné sept personnes dans la seconde grande ville du pays. Et ce n’est que le début d’une longue traque qui risque cette fois-ci de durer assez longtemps et dont la cible seront des personnes du corps enseignant. Le maître d’école qu’un grand poète arabe a comparé à un prophète est désormais définitivement désacralisé.

La radiation du corps des enseignants est déjà une forme d’excommunication et les contrevenants seront pointés du doigt, comme de vulgaires criminels. De là à parler d’une chasse aux sorcières, il n’y a qu’un pas. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il y a un soulagement du côté des parents. La décision du ministère est abondamment saluée sur les réseaux sociaux.

Mais un calme apparent touche le milieu éducatif, souvent turbulent quand il s’agit d’intérêts pécuniers en jeux. Il est clair que le fameux syndicat qui a provoqué au moins deux années blanches et risqué de décrédibiliser nos diplômes notamment le bac, semble avoir perdu son rôle d’agitateur. Il est vrai qu’il n’est pas le seul; mais c’est le seul qui avait « protégé » ses adhérents qui se donnaient à ce qu’on peut appeler des cours en contrebande. Puisque délivrés en dehors de toute règlementation, de toute déontologie et surtout à des prix couteux.

Un véritable fléau de société 

Le ministère de l’Education a donc raison de sévir, de punir et de châtier.  Car les cours particuliers, et qui généralement n’ont rien de particulier, sont un véritable fléau de société, qui atteint, les pauvres, les riches, la classe petite bourgeoise. Et surtout les enfants des chômeurs et des porteurs d’handicaps. Un vrai cancer qui se métastase à une vitesse folle, car il y a quelques années, il n’était qu’un épiphénomène. Voilà que ce qui est supposé être particulier, devient général.

L’enrichissement illégal pour ne pas dire corruption chez le corps enseignant, dans les grandes villes, les petites bourgades et même à la campagne. Les élèves passent désormais plus de temps, dans les garages, qui souvent manquent des éléments élémentaires de sécurité et de confort, dans les salons des instituteurs ou des profs, que dans les salles de classe. Cela monte jusqu’à 70 dinars l’heure pour les maths et cela descend jusqu’à 30 d pour l’éducation physique (pour les bacheliers). Certains spécialistes de ces cours peuvent gagner entre 20 à 30 millions par mois, hormis leurs salaires. Ils coutent ainsi trop chers non seulement à l’Etat mais aussi à la société et à l’économie. Quel est le métier dont le salaire horaire est aussi élevé? Aucun!

Lire encore — L’enseignement : réussir le bac ou périr

Les familles tunisiennes, celles qui ont des enfants qui préparent le baccalauréat, sont saignées à blanc par ceux qui prétendent garantir la réussite de leurs progénitures au diplôme qui est censé leur ouvrir les portes de l’avenir en accédant à l’université. Or, quand on voit les centaines de milliers avec des maîtrises et des doctorats, qui passent des années au chômage, l’on se demande pourquoi tant d’engouement pour ce certificat, car il n’est qu’un certificat de fin d’études secondaires.

C’est le prestige du bac et donc de la famille qui est en jeux. Comme si c’est la preuve que l’enfant n’est pas un cancre et qu’il fait partie, désormais, de ce qui est supposé être l’élite. Le bac en Tunisie a un prix et une valeur pécuniaire, qu’aucun autre diplôme au monde n’a, hormis ceux des grandes écoles américaines. Sauf qu’en Tunisie, il ne mène pas plus très loin. Tout le monde sait cette vérité, mais on paye pour le symbole.

Les premiers qui l’on compris, sont ceux qui l’ont transformé en commerce très juteux. Ils font payer à l’élève, et très cher, ce qu’ils sont censés lui enseigner dans les classes, contre les salaires qu’ils touchent du ministère. Pour les classes avant le baccalauréat, le deal est suspect. On n’a jamais osé faire une étude sur les notes des élèves qui suivent des cours particuliers et ceux qui ne le font pas. Nous parions que les résultats seraient surprenants. Ce ne sont plus les cancres, si l’on les jugeait d’après les notes, ceux qui sont obligés de suivre les cours particuliers pour rattraper leur retard. Mais bien ceux qui n’ont pas les moyens financiers ou tout simplement se sentent capables de réussir sans ce coup de pouce.

Le monde à l’envers, car de notre temps c’était presque une honte de suivre des cours particuliers, preuve qu’on était des cancres qui n’avaient pas le niveau de savoir nécessaire. Les valeurs sont inversées, car la loi du marché est passée aussi par là. Réussir ou périr, symboliquement cela va de soi, car nous ne sommes pas des Japonais, adeptes du harakiri, et dont, à une certaine époque, les recalés du baccalauréat se suicidaient carrément. Nous on préfère payer, tricher ou tout simplement faire du bachotage.

Lire aussi — Les Tunisiens croient aux vertus du savoir et de l’enseignement

C’est d’un autre côté le signe que les Tunisiens croient aux vertus du savoir et de l’enseignement. C’est sans aucun doute l’effet Bourguiba et des pères fondateurs de la Nation. Un des rares Etats au monde qui consacrait 30 % de son budget à l’enseignement. Non seulement parce que l’ascenseur social fonctionnait par l’école, mais aussi parce qu’on croyait que la modernité dans tous ses aspects passait par l’éducation et donc tout le mode de vie à l’occidental dont tout le monde rêvait était tributaire de notre réussite scolaire. Un proverbe tunisien définit l’analphabète comme un bœuf dans une prairie de Dieu « bagrallah fi zar3 allah » donc comme une bête. L’analphabète lui-même se définit ainsi, quand on lui demande s’il sait lire. C’est dire combien cette approche est intériorisée.

L’obligation d’envoyer ses enfants à l’école, même les filles, puisque l’enseignement est devenu obligatoire et gratuit jusqu’à quinze ans, était la véritable révolution; non seulement sociale, mais aussi politique. Si cette loi a été promulguée après l’indépendance, c’est parce que une grande partie de la population, rechignait a envoyer sa progéniture s’éduquer, préférant la faire travailler aux champs, dans les boutiques d’artisans ou dans les maisons.

L’Etat avait alors lourdement sévi, d’autant plus qu’il avait construit des écoles même dans les villages. Et que les fournitures scolaires, les livres et même les repas de midi étaient gratuits. Ainsi, beaucoup de récalcitrants se retrouvèrent en prison pour refus d’appliquer la loi.

C’est à partir des années soixante-dix, lorsque les premiers diplômés post-indépendance ont commencé à occuper des emplois dans les services publics, que l’engouement pour l’école est devenu général. L’ascenseur social était là et il n’y avait qu’à l’emprunter.

Maintenant, la famille tunisienne donne une priorité absolue à l’éducation de ses enfants et consent des sacrifices énormes pour les envoyer dans les grandes écoles et les grandes universités. Ce qui est très significatif pour comprendre l’évolution et l’avenir du pays.

Enseignement : les forces archaïques à l’œuvre   

Les forces archaïques ne sont pas toujours celles qu’on croit. Il y a quelques années des ministres de l’Education ont bien tenté de mettre un terme à ce fléau. Sauf que le syndicat des enseignants, dirigé à cette époque par des démagogues patentés a provoqué des grèves sauvages. Allant jusqu’à refuser de livrer les notes aux élèves, prenant en otages et les élèves et les parents. La vraie raison n’a jamais été évoquée par ces pseudo-syndicalistes, qui mettaient en avant des revendications irréalistes. Car il s’agissait d’empêcher l’Etat d’appliquer la loi sur les cours particuliers. Le comble c’est que ce bureau du syndicat était soutenu par une grande majorité des enseignants qui pratiquait en toute illégalité les cours particuliers à domicile, source certaines d’enrichissement. Une attitude des plus réactionnaires sous couvert de « révolution » et de radicalisme syndical.

Dans les écoles et lycées, les enseignants qui s’opposaient à cette pratique étaient mis systématiquement en quarantaine par leurs collègues et pointés du doigt. Alors que les directeurs d’établissements refusaient d’appliquer la loi, de peur de provoquer le courroux des syndicalistes et de ceux qui profitaient de l’aubaine. C’était durant la fameuse « transition démocratique » qui dans tous les domaines et secteurs, a provoqué la décadence et la dilapidation des acquis. Ce sont les familles et leurs enfants qui ont payé le prix fort de cet archaïsme qui se cache derrière des discours pseudo-révolutionnaires.

Il est certain, que l’application stricte de la loi qui peut aller jusqu’à la radiation à vie et peut-être même des peines pénales va provoquer des remous, voire même des réactions disproportionnées. Mais si l’Etat se rétractait, c’en serait fini de notre école républicaine et surtout de la gratuité de l’enseignement. C’est une bataille qui vaut la peine d’être menée.

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Le rapport de la Banque mondiale sur l’économie tunisienne résumé en 9 points

Sur le journal économique de référence en Tunisie “Ecoweek”, l’économiste Hechmi Alaya résume le diagnostic établi par la Banque mondiale sur la Tunisie intitulé “Équité et efficacité du système fiscal Tunisien”, en 9 points :

  1. Défis économiques : « L’économie tunisienne fait face à des défis en raison de la sécheresse persistante, d’une demande limitée et de conditions de financement restreintes. »
  2. Croissance révisée : La croissance de 2024 a été amputée de moitié, passant de 2,4% dans les prévisions d’avril 2024 à 1,2% dans celles de novembre.
  3. Contexte de ralentissement : « Le ralentissement actuel de l’économie s’inscrit dans un contexte de baisse à long terme de la croissance, notamment après 2010. » La croissance économique de la Tunisie est sur une tendance baissière depuis les années 1970 et cette tendance va se poursuivre durant les années 2020.
  4. Déficit du compte courant : « Des prix mondiaux plus favorables ont contribué à réduire le déficit du compte courant, allégeant ainsi une partie de la pression sur le financement extérieur. » Le déficit des transactions courantes devrait atterrir à -1,8 % du PIB en 2026 après -6,0 % en 2020-2021 et -8,7 % en 2022.
  5. Ressources domestiques : « La dépendance croissante de la Tunisie aux ressources domestiques pour combler le déficit de financement extérieur pourrait présenter des risques à moyen terme pour la stabilité de la monnaie et des prix. » Malgré cela, la BM prévoit la poursuite de la désinflation en 2025-2026.
  6. Financement domestique : « Le rôle croissant du financement domestique de la dette publique soulève des questions concernant l’effet d’éviction sur le secteur privé. » Compte tenu de l’aggravation des besoins de financement de l’État attendus, cet effet d’éviction devrait s’aggraver en 2025-2026.
  7. Inflation : « L’inflation ralentit progressivement, bien que demeurant au-dessus de la moyenne pré-Covid-19, en particulier pour les produits alimentaires, incitant le gouvernement à relever le salaire minimum garanti. »
  8. Budget de l’État : « Le budget de l’État reste sous pression alors que la croissance modérée affecte les recettes fiscales. » Les recettes fiscales et les dépenses publiques atteindront un plus haut en 2024 (resp. 28,6 % et 34,8 % du PIB) qu’elles ne dépasseront pas en 2025-2026.
  9. Perspectives économiques : « En supposant que les conditions de sécheresse s’atténuent, nous prévoyons une reprise modérée de la croissance en 2024-25, mais les perspectives économiques restent incertaines. » Sans doute en raison de la dette qui reste élevée : 79,6 % du PIB en moyenne 2025-2026 contre 80,2 % du PIB en 2024.

Conclusion : « Bien que la Tunisie ait réussi à collecter un niveau relativement élevé de recettes fiscales, le système fiscal pourrait être plus équitable et plus efficace. » Tout cela pour aboutir à la conclusion qu’il faut introduire une taxe carbone pour équilibrer fiscalité des revenus et fiscalité du capital.

Source : Ecoweek numéro 41

Banque mondiale – Tunisie : Grands temps pour rééquilibrer la fiscalité des revenus du travail et du capital

Taxes impôts
Taxes et impôts

Un rapport peu reluisant que celui de la Banque mondiale sur l’Équité et l’efficacité du système fiscal Tunisien. Le tableau brossé par les experts internes et externes de la Banque Mondiale adossé sur des données livrées par différents organismes et institutions plaide en faveur d’une fiscalité équitable.

On y parle d’un “déclin de la croissance économique associé à une baisse marquée des taux d’investissement et d’épargne, en particulier après 2010, d’une baisse des investissements qui limite la capacité d’un pays à importer des technologies modernes et à les diffuser à un niveau national”.

Les prix mondiaux favorables ont, selon la Banque mondiale, œuvré à réduire le déficit commercial du pays de 3,4%, en revanche le déficit énergétique s’est creusé davantage représentant 62,9% du déficit, en raison, entre autres, d’une baisse continue de la production intérieure.

Rendons grâce aux artisans de l’article 13 qui ont décidé “que Les ressources naturelles appartiennent au peuple tunisien et que les accords d’investissement relatifs à ces ressources sont soumis à la commission spéciale de l’Assemblée des représentants du peuple”. Du coup, le peuple qui n’a ni les moyens de prospecter ou encore ceux d’extraire le pétrole du sous sol, ne peut pas en profiter ! (Sic)

Continuons donc à importer gaz, pétrole et même électricité aux prix forts ! Qu’à cela ne tienne, la Tunisie continuera à payer le prix de l’ignorance économique de prétendus politiciens conduisant, depuis 2011, la vie publique comme des marins naviguant sans boussole !

“Le tableau brossé par les experts internes et externes de la Banque Mondiale adossé sur des données livrées par différents organismes et institutions plaide en faveur d’une fiscalité équitable.”

Le plus grave dans la situation actuelle de la Tunisie est que, toujours selon l’analyse de la B.M, le ralentissement de l’économie s’étend sur le long terme d’autant plus “que La Tunisie continue de dépendre du financement souverain pour couvrir ses besoins de financement extérieur, alors que d’autres sources de financement sont soit inaccessibles (financement privé international) soit ne couvrant qu’une faible part des besoins de financement extérieur, comme c’est le cas des investissements directs étrangers (IDE), des flux de portefeuille et du compte de capital”.

Le fait, pour l’État, de ne compter que sur les ressources nationales pour satisfaire ses besoins en financements, passés de 29,7% en 2019 à 51,5% en 2024, avec pour principal pourvoyeur la BCT “présente des risques pour la monnaie et la stabilité des prix… Au cours des 24 derniers mois jusqu’en mai 2024, l’exposition du secteur bancaire au budget de l’État a augmenté à un taux annuel de 30 %, tandis que le crédit à l’économie a diminué à un taux annuel de 3,8 %.”.

“Rééquilibrer la fiscalité entre les revenus du travail et du capital, tout en utilisant plus efficacement les impôts indirects, pourrait améliorer l’efficacité et l’équité du système fiscal tunisien.”

Sur un tout autre volet, relève la Banque Mondiale, la Tunisie collecte proportionnellement plus de recettes fiscales que la plupart de ses pairs. “Les recettes fiscales ont augmenté plus vite que l’économie au cours des deux dernières décennies grâce à la croissance des impôts sur les personnes physiques alors que l’impôt sur les sociétés a diminué en proportion des recettes totales et du PIB, en raison de la réduction du taux d’imposition légal”.

Trop d’impôts sur les personnes physiques !

En revanche, l’impôt sur les sociétés a diminué en proportion des recettes totales et du PIB, en raison de la réduction du taux d’imposition légal. Cependant, la Banque mondiale estime que cette baisse n’a pas nécessairement stimulé l’investissement et l’emploi.

Parallèlement, des incitations fiscales plus ciblées, comme celles réduisant le coût de la main-d’œuvre pour les jeunes entreprises innovantes, semblent plus efficaces. Les impôts indirects restent une source importante de revenus, mais ils pourraient être rendus plus transparents, équitables et ciblés pour limiter les externalités négatives.

La politique fiscale tunisienne a progressivement déplacé la charge de l’impôt direct du capital vers les revenus du travail. La charge fiscale sur les revenus du travail est alourdie par le rôle prépondérant des cotisations de sécurité sociale dans le système fiscal tunisien.

“Le plus grave dans la situation actuelle de la Tunisie est que, toujours selon l’analyse de la B.M, le ralentissement de l’économie s’étend sur le long terme.”

Bien que l’impôt sur le revenu des personnes physiques soit progressif, la charge fiscale sur les salaires est relativement élevée, même pour les revenus modestes (formels), en raison de la structure des cotisations de sécurité sociale et des déductions tout en rappelant que ce sont les chefs d’entreprises qui assurent toutes les charges qu’il s’agisse des impôts ou des cotisations sociales.  Cela augmente le coût du travail pour les employeurs, limitant ainsi leur incitation à recruter de la main-d’œuvre (formellement du moins) et réduisant la progressivité du système fiscal.

L’impôt sur le revenu du capital bénéficie de plusieurs avantages et exonérations sur diverses sources, ce qui réduit sa contribution aux recettes fiscales. En conséquence, le taux d’imposition effectif du travail en Tunisie est beaucoup plus élevé que celui du capital, un écart qui est le plus élevé parmi les pays en développement selon de nouvelles données. Ce taux d’imposition effectif plus élevé du travail par rapport au capital est susceptible d’alimenter les inégalités de revenus.

“La charge fiscale sur les revenus du travail est alourdie par le rôle prépondérant des cotisations de sécurité sociale dans le système fiscal tunisien.”

Rééquilibrer la fiscalité entre les revenus du travail et du capital, tout en utilisant plus efficacement les impôts indirects, pourrait améliorer l’efficacité et l’équité du système fiscal tunisien. La Tunisie pourrait également élargir la taxation des émissions de carbone pour éviter de perdre des recettes lorsque ses partenaires commerciaux mettront en œuvre des taxes d’ajustement carbone, et pour internaliser efficacement les externalités négatives de la production.

Pour la banque mondiale, il y a des mesures qui pourraient être envisagées pour améliorer les recettes fiscales tels :

  • le renforcement des impôts fonciers : cela permettrait de mieux capter la valeur des propriétés et de financer les services publics locaux.
  • l’introduction d’une taxe carbone : une telle taxe pourrait encourager les pratiques écologiques et générer des revenus pour des projets durables.
  • la révision des exonérations et des taux réduits : en particulier pour l’impôt sur le revenu du capital et l’impôt sur les sociétés, afin de rendre le système plus équitable ;
  • la réduction de l’imposition des revenus du travail pour les faibles revenus : cela augmenterait le pouvoir d’achat des ménages à faible revenu ;
  • l’augmentation de la progressivité de l’impôt sur le revenu : cela garantirait que les personnes à revenu élevé contribuent proportionnellement plus ;
  • l’utilisation efficace de la fiscalité indirecte : par exemple, en augmentant les taxes sur les produits nuisibles à la santé et à l’environnement, et en supprimant les taux réduits de TVA pour les biens de luxe ;

En parallèle, il est crucial de renforcer l’administration fiscale pour élargir l’assiette fiscale et réduire l’informalité. L’utilisation des mégadonnées et l’amélioration des capacités informatiques peuvent jouer un rôle clé dans cette démarche. Un dialogue transparent et inclusif avec les citoyens, les travailleurs et le secteur privé serait également important pour assurer l’adhésion aux réformes et leur succès à long terme.

Ces mesures, si elles sont bien mises en œuvre, pourraient grandement contribuer à un système fiscal plus juste et plus efficace en Tunisie estiment les analystes de la Banque Mondiale.

A.B.A

Source : Banque mondiale : Bulletin de conjoncture économique équité et efficacité du système fiscal Tunisien

ZOOM : La Banque centrale de Tunisie envisage-t-elle une baisse de ses taux pour un soutien nécessaire pour relancer l’économie ?

Le Produit intérieur brut (PIB) en volume, corrigé des variations saisonnières, a progressé de 1,8 % en glissement annuel, au troisième trimestre 2024, marquant une nette amélioration par rapport au 1,0 % enregistré au deuxième trimestre. 

En glissement trimestriel, le PIB a augmenté de 0,8 % par rapport au trimestre précédent, contre 0,2 % au deuxième trimestre 2024. 

Sur les neuf premiers mois de 2024, la croissance cumulée de l’économie tunisienne s’élève à 1,0 %. 

Croissance économique au troisième trimestre 2024 (INS).

 

Commentaires 

Les chiffres du troisième trimestre 2024 publiés par l’INS révèlent une dynamique de reprise modérée mais encourageante pour l’économie tunisienne. Avec une croissance en glissement annuel de 1,8 %, le rythme s’accélère nettement par rapport au deuxième trimestre (1,0 %).

Cette amélioration reflète une possible reprise de certaines activités économiques, soutenue par des facteurs conjoncturels favorables ou une meilleure résilience face aux défis structurels.

En glissement trimestriel, la progression de 0,8 % confirme un raffermissement de l’activité économique, indiquant une reprise plus soutenue après un premier semestre hésitant. Ce regain pourrait être attribuable à une amélioration des secteurs productifs, bien qu’il soit prématuré de parler d’une dynamique de croissance robuste et durable.

Cependant, le cumul sur les neuf premiers mois, limité à 1,0 %, souligne les contraintes structurelles pesant encore sur l’économie tunisienne, notamment l’inflation, les déséquilibres extérieurs et les défis liés aux réformes. Cette croissance demeure insuffisante pour répondre aux exigences d’une relance véritable, notamment en termes d’emploi et de pouvoir d’achat.

 

Les perspectives 

Pour maintenir et renforcer ce rythme, il est déterminant d’intensifier les réformes structurelles et de stimuler les investissements, tout en assurant une meilleure répartition des fruits de la croissance pour améliorer le climat social. Une attention particulière doit également être portée à la conjoncture internationale, dont l’impact sur les exportations et le financement reste déterminant.

Pour autant, compte tenu de ce contexte sur un arrière fond d’une baisse notable des offres d’emploi, la Banque centrale de Tunisie (BCT) pourrait être amenée à abaisser ses taux directeurs. Dans un contexte où la demande intérieure s’affaiblit et où les entreprises peinent à maintenir leur compétitivité, une telle mesure pourrait offrir une bouffée d’oxygène à l’économie tunisienne, facilitant l’accès au crédit et stimulant ainsi la consommation et l’investissement.

La Tunisie fait face à un environnement économique difficile marqué par une faible croissance et un marché de l’emploi morose. Plusieurs secteurs clés, tels que le tourisme, l’industrie manufacturière et les services, montrent des signes d’essoufflement, tandis que le taux de chômage reste élevé (16% de la population active). La baisse des offres d’emploi traduit non seulement un recul de la dynamique de création de postes mais aussi une perte de confiance des entreprises en l’avenir économique.

La demande intérieure reste atone, exacerbée par la baisse du pouvoir d’achat des ménages due à une inflation persistante, récemment mesurée à 6,7%. Cette inflation, combinée à un manque de financement accessible pour les entreprises, limite les perspectives de reprise rapide, ce qui plaide en faveur d’une intervention de la BCT.

 

Les bienfaits anticipés d’une baisse des taux

  • En premier lieu, un soutien à la consommation et une amélioration du pouvoir d’achat

Une baisse des taux directeurs par la BCT rendrait le crédit plus accessible pour les ménages et les entreprises. En facilitant les emprunts à un coût réduit, cette mesure pourrait stimuler la demande intérieure en augmentant les dépenses de consommation.

Une hausse de la consommation aurait un effet multiplicateur sur l’économie, relançant les ventes et l’activité de nombreux secteurs, et soutenant ainsi indirectement la création d’emplois.

  • En deuxième lieu, une stimulation des investissements privés

Le coût élevé du crédit a freiné l’investissement dans plusieurs industries tunisiennes, notamment les petites et moyennes entreprises (PME) qui forment l’épine dorsale de l’économie locale. En baissant les taux, la BCT offrirait aux entreprises un accès à des financements moins onéreux, stimulant ainsi les projets d’expansion et d’innovation, essentiels pour renforcer la compétitivité et favoriser la création d’emplois.

  • En troisième lieu, une amélioration de la compétitivité des exportations.

Avec un dinar tunisien sous pression et des marges de manœuvre budgétaires limitées, la réduction des taux pourrait aussi contribuer indirectement à renforcer la compétitivité des exportations tunisiennes en facilitant les investissements dans les secteurs orientés vers l’exportation.

Une économie tunisienne plus compétitive à l’international pourrait ainsi mieux tirer parti des débouchés extérieurs et réduire le déficit de la balance commerciale.

  • En quatrième lieu, une réduction des pressions sur l’inflation et une stabilisation du taux de change

Bien que les taux d’intérêt bas puissent généralement susciter des craintes d’inflation, dans le cas actuel de la Tunisie, l’impact pourrait être maîtrisé, notamment si la baisse des taux aide à stabiliser le dinar en soutenant la croissance et en attirant davantage d’investissements.

Une croissance mieux soutenue par des taux d’intérêt bas pourrait alors stabiliser la monnaie et limiter l’inflation importée.

 

Les défis et risques d’une baisse des taux

Toutefois, la BCT pourrait avancer avec prudence. La réduction des taux directeurs comporte des risques, notamment en ce qui concerne la stabilité financière. Une politique de taux trop bas pourrait entraîner une hausse de l’endettement des ménages et des entreprises, rendant l’économie plus vulnérable aux chocs externes.

Par ailleurs, une baisse trop rapide des taux pourrait accentuer la fuite des capitaux si les investisseurs internationaux perçoivent la Tunisie comme moins attractive en raison de rendements moins intéressants.

L’impact d’une telle mesure dépendra aussi de l’efficacité des réformes structurelles nécessaires pour renforcer la résilience économique et améliorer le climat d’affaires. Sans un soutien accru à la réforme fiscale, au marché du travail et aux infrastructures, l’effet de la baisse des taux pourrait s’avérer limité à court terme.

 

En définitive, une opportunité pour relancer l’économie tunisienne

Dans le contexte actuel de faible croissance et de marché de l’emploi affaibli, une baisse des taux directeurs par la BCT apparaît comme une mesure pertinente pour soutenir l’économie tunisienne. En réduisant le coût du crédit, la BCT pourrait stimuler la consommation et l’investissement, créant ainsi des conditions plus favorables pour la reprise économique.

Cependant, cette stratégie monétaire devra s’accompagner de réformes structurelles pour garantir des effets durables, renforcer la compétitivité, et encourager la création d’emplois.

Une baisse des taux pourrait ainsi être une première étape pour redonner confiance aux acteurs économiques et insuffler une nouvelle dynamique à une économie en quête de relance. La BCT doit toutefois rester vigilante quant aux risques de cette approche, en s’assurant que les conditions financières favorisent une reprise solide et durable.

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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Réaménagement de la place Barcelone : Pourquoi un tel retard pour ce projet emblématique ?

Gare stationAu commencement cette interrogation : jusqu’à quand le Président Kaïes Saïed devra-t-il continuer à dépoussiérer les dossiers de projets publics en stand bye, depuis des années, alors qu’en même temps, des fonctionnaires  chargés en principe de la mise en œuvre de ces projets s’amusent à se le donner en spectacle comme des badauds. Le phénomène commence à être non seulement visible mais surtout pénible à supporter.

Le projet de réhabilitation de la place Barcelone à Tunis, en stand bye depuis 2008, en est une parfaite illustration.

En se rendant, le 25 octobre 2024, à ce lieu de mémoire pour des milliers de tunisois et de visiteurs de la capitale, Kaïes Saïed a pris connaissance du délabrement de cette place et a donné des instructions pour accélérer son réaménagement qui a trop traîné en dépit de la disponibilité des fonds nécessaires pour son exécution.

La volonté politique est désormais claire. Il s’agit à travers ce projet de redonner au centre de la capitale toute sa splendeur et toute la beauté de ses sites et autres espaces qui faisaient le bonheur et la fierté de ses habitants.

Selon nos informations, officiellement, la principale raison à l’origine du retard accusé par ce projet a trait à une sous estimation financière du projet.

Le projet aurait été sous estimé

Annoncé en grande pompe en 2008, par le directeur central des grands projets de la Société des transports de Tunis (Transtu) de l’époque, ce projet a été estimé au départ à 27,3 MDT. Il prévoit la création d’une station de bus souterraine et la consécration de la globalité de la place au métro.

“En dépit de la disponibilité des fonds le projet n’a pas bougé d’un iota.”

A force de le reporter depuis, ce coût a été révisé à la hausse. En sa qualité de maître d’ouvrage délégué du projet, en 2016, la Transtu a décidé de le réévaluer pour un coût global de 300 MDT.  Sur ce montant, 229 MDT seront fournis sous forme d’un prêt de l’Agence française de développement (AFD), outre d’autres apports financiers dont un don de 650.000 euros et une subvention de 6,2 millions d’euros du Mécanisme d’investissement de voisinage géré par la Commission européenne.

En dépit de la disponibilité des fonds le projet n’a pas bougé d’un iota. Il a fallu la visite du chef de l’Etat pour qu’il soit relancé.

Le projet contribuera à l’amélioration de la mobilité à Tunis

En fait ce projet  n’est pas isolé. C’est une composante d’un mégaprojet visant à améliorer la mobilité dans la capitale. Soucieuse d’améliorer la qualité de l’offre du transport en commun dans le centre-ville de Tunis, la TRANSTU se propose de réaménager le plan de la circulation ferroviaire dans la zone de la Boucle centrale, comprise entre les stations Le Passage, Bab el Khadra et Barcelone.

Ce réaménagement ferroviaire sera accompagné d’un réaménagement des stations avec un point d’orgue la création d’une station pôle d’échange “la station Barcelone“ qui intègrera une station de bus souterraine.

Néanmoins, la réalisation de ce projet complexe, qui pourrait durer environ 42 mois environ, intégrant plusieurs corps de métier (génie civil, VRD, voie, système), demeure tributaire d’une bonne coordination entre les différents intervenants et parties prenantes et surtout d’une bonne gouvernance du projet.

Nous insistons sur la bonne gouvernance du projet en ce sens où les fonds affectés au départ au projet auraient fait l’objet de détournements malveillants.

“Ce réaménagement ferroviaire sera accompagné d’un réaménagement des stations avec un point d’orgue la création d’une station pôle d’échange “la station Barcelone“ qui intègrera une station de bus souterraine.”

C’est du moins si on croit une plainte déposée le 26 novembre 2021 par l’observatoire Raqabah – ONG spécialisée dans la lutte contre la corruption -, auprès du Tribunal de première instance de Tunis. Ladite plainte porte sur des présomptions de corruption et de détournement de fonds publics contre de responsables au ministère du Transport et de la société des Transports de Tunis (TRANSTU).

Selon l’ONG, il s’agit d’«abus, de dépassements et d’infractions liés au projet d’aménagement de la Boucle centrale du métro léger de Tunis et du pôle d’échange multimodal de la Place Barcelone…».

D’après l’ONG, des fonds de 15,451 MDT auraient été dépensés jusqu’en 2012 au titre de ce projet, sans aucune justification. Le projet n’ayant pas connu d’études ou de travaux réalisés sous quelque titre que ce soit jusqu’en 2020.

Plus simplement encore,  l’ONG a montré que les sommes dépensées au titre de ce projet n’ont pas été affectées à ce à quoi elles ont été destinées.

Nous avons jugé utile de rappeler cette affaire pour dissuader de nouveaux abus et dépassements. A bon entendeur.

Abou SARRA

DOSSIER SPECIAL (VI) – Trump et le Maghreb : Entre défis et opportunités dans un monde reconfiguré

La présidence de Donald Trump, marquée par son style de gouvernance non conventionnel et son approche centrée sur les intérêts américains, aurait des répercussions significatives sur les relations internationales et sur les pays du Maghreb, dont la Tunisie.

Dans un contexte global marqué par les rivalités géopolitiques, les tensions commerciales, et une polarisation accrue, les choix de politique étrangère de Trump pourraient introduire des incertitudes, tout en offrant des opportunités de repositionnement stratégique pour les pays maghrébins.

 

 

ZOOM 6 – Les perspectives pour le Maghreb : opportunités et risques

 

La réélection de Donald Trump représente pour les pays du Maghreb un défi important, nécessitant une adaptation rapide et stratégique.

Les implications de la politique étrangère de Trump, centrée sur les intérêts nationaux des États-Unis, la réduction de l’engagement international et un protectionnisme accru, pourraient redéfinir le rôle des pays maghrébins sur la scène internationale.

Cependant, cette situation apporte aussi des opportunités uniques pour réorienter leurs priorités économiques et diplomatiques.

 

  • Premier défi, la diversification des partenariats économiques : saisir les opportunités globales

Face à une Amérique moins présente et plus axée sur ses propres intérêts, les pays du Maghreb seront incités à élargir leur éventail de partenaires économiques.

La Chine, la Russie, et même l’Inde, qui cherchent toutes à accroître leur influence en Afrique, pourraient devenir des partenaires majeurs pour le Maghreb. Ces pays apportent des investissements importants dans les infrastructures, l’énergie, et les technologies, secteurs critiques pour le développement régional.

La diversification pourrait également inclure une coopération renforcée avec les pays du Golfe, comme les Émirats arabes unis et le Qatar, qui sont déjà présents au Maghreb par le biais de projets immobiliers et énergétiques.

Ces partenariats pourraient atténuer la dépendance vis-à-vis des flux d’investissements traditionnels et ouvrir de nouveaux marchés pour les exportations maghrébines. Cependant, il est crucial que ces accords soient équilibrés pour éviter une dépendance excessive et garantir des bénéfices mutuels.

 

  • Deuxième défi, le renforcement des alliances régionales : vers une autonomie stratégique

Un désengagement américain dans la région pourrait aussi encourager les pays du Maghreb à intensifier leur coopération régionale pour renforcer leur autonomie stratégique.

Bien que la coopération régionale ait historiquement été limitée par des rivalités, notamment entre le Maroc et l’Algérie, la nécessité de compenser l’absence de soutien extérieur pourrait pousser ces pays à explorer des voies de collaboration plus pragmatiques, particulièrement dans les domaines de la sécurité, de l’économie et de la gestion des ressources naturelles.

Par exemple, une intégration accrue des économies maghrébines permettrait de dynamiser les échanges intra-régionaux, qui restent aujourd’hui faibles, et de créer des synergies dans des secteurs clés comme l’agriculture et l’énergie renouvelable.

Une coopération plus étroite sur les questions de sécurité, notamment la lutte contre le terrorisme et la gestion des flux migratoires, pourrait également renforcer la stabilité régionale. Bien qu’il soit difficile de surmonter les désaccords historiques, cette nouvelle dynamique pourrait encourager un dialogue plus constructif entre les dirigeants maghrébins.

 

  • Troisième défi, l’attraction des investissements hors occident : nouvelles opportunités.

L’une des grandes priorités pour les pays du Maghreb sera d’attirer des investissements en dehors des canaux traditionnels occidentaux.

L’Union européenne, partenaire historique de la région, pourrait se montrer hésitante à intensifier son soutien, en raison des préoccupations concernant les réformes structurelles et les conditions de gouvernance dans les pays maghrébins.

Ainsi, en se tournant vers des pays émergents comme la Turquie, la Chine, et même le Japon, les économies maghrébines peuvent explorer de nouvelles sources d’investissements directs étrangers (IDE) et de transferts de technologie.

Cependant, une telle stratégie comporte des risques. Les conditions d’investissement des nouvelles puissances peuvent être moins transparentes et parfois plus exigeantes en termes d’accès aux ressources naturelles ou de soutien diplomatique.

Par ailleurs, ces partenariats peuvent susciter des tensions avec les alliés traditionnels des pays maghrébins, notamment en Europe, qui voient l’expansion de la Chine et de la Russie en Afrique avec méfiance.

Les gouvernements maghrébins devront donc équilibrer soigneusement leurs relations avec les partenaires émergents et occidentaux pour maximiser les avantages économiques sans compromettre leurs intérêts stratégiques.

 

  • Quatrième défi: développer une diplomatie agile – naviguer dans un contexte global complexe

Les incertitudes de la politique étrangère américaine sous Trump obligeraient les pays du Maghreb à adopter une diplomatie plus agile et proactive.

Une diplomatie agile signifie être capable de manœuvrer entre différents partenaires, de s’adapter rapidement aux changements géopolitiques, et de tirer parti des opportunités sans s’enfermer dans des alliances exclusives.

Cela inclurait le maintien de bonnes relations avec l’Europe tout en renforçant les liens avec des puissances non occidentales, et le développement d’une coopération plus étroite avec des acteurs régionaux comme la Turquie ou le Qatar.

Par exemple, le Maroc pourrait jouer de son partenariat stratégique avec les États-Unis pour maintenir certains privilèges commerciaux, tout en renforçant sa coopération avec des puissances comme la Chine pour les investissements en infrastructures.

La Tunisie, quant à elle, pourrait utiliser son statut de “partenaire privilégié” de l’Union européenne pour renforcer ses exportations vers l’Europe, tout en développant des projets énergétiques financés par des investisseurs asiatiques.

Ce type de diplomatie permettrait aux pays du Maghreb de maximiser les bénéfices de chaque relation bilatérale sans sacrifier leur autonomie.

 

  • Cinquième défi: redéfinir le rôle du Maghreb sur la scène internationale

Finalement, la réélection de Trump pourrait offrir aux pays du Maghreb une occasion unique de réévaluer et de redéfinir leur positionnement international.

Les défis liés au retrait partiel de l’Amérique de la région nécessitent des solutions novatrices pour répondre aux aspirations économiques et sécuritaires des sociétés maghrébines. En adoptant une approche proactive et en privilégiant une diversification stratégique de leurs relations, les pays du Maghreb pourraient non seulement limiter les impacts négatifs d’une politique protectionniste américaine, mais aussi capitaliser sur les nouvelles dynamiques internationales pour renforcer leur souveraineté et accroître leur influence régionale.

Toutefois, cette ouverture vers de nouveaux partenariats implique des risques. Les pays maghrébins devront veiller à ne pas devenir des points de tension géopolitique entre les grandes puissances, notamment si la compétition entre l’Occident et des acteurs comme la Chine ou la Russie s’intensifie.

La stabilité économique et politique des pays maghrébins pourrait être mise à l’épreuve si cette concurrence entraîne des conditions d’alliance strictes ou des pressions pour prendre parti dans des conflits internationaux.

 

IN FINE

En somme, les perspectives pour le Maghreb dans un contexte de réélection de Trump oscillent entre des opportunités stratégiques et des défis complexes.

La capacité des pays maghrébins à saisir ces opportunités dépendra de leur aptitude à diversifier leurs partenariats, à renforcer leurs alliances régionales, et à adopter une diplomatie pragmatique et flexible.

En tirant parti de cette situation, les pays du Maghreb pourraient renforcer leur autonomie stratégique, réduire leur dépendance vis-à-vis des puissances occidentales, et s’affirmer en tant qu’acteurs indépendants et influents sur la scène internationale.

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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DOSSIER SPECIAL (V) – Trump et le Maghreb : Entre défis et opportunités dans un monde reconfiguré

La présidence de Donald Trump, marquée par son style de gouvernance non conventionnel et son approche centrée sur les intérêts américains, aurait des répercussions significatives sur les relations internationales et sur les pays du Maghreb, dont la Tunisie.

Dans un contexte global marqué par les rivalités géopolitiques, les tensions commerciales, et une polarisation accrue, les choix de politique étrangère de Trump pourraient introduire des incertitudes, tout en offrant des opportunités de repositionnement stratégique pour les pays maghrébins.

 

ZOOM 5 – Cinquième incertitude : impacts sur les relations intermaghrébines et la coopération régionale

Une présidence Trump, marquée par un retrait partiel de l’engagement américain en Afrique du Nord, pourrait avoir des répercussions significatives sur les relations intermaghrébines et sur la coopération régionale, suscitant à la fois des opportunités et des défis pour les pays du Maghreb.

 

  • Première répercussion : un vide stratégique et une incitation à l’autonomie régionale

Le désengagement progressif des États-Unis dans la région pourrait être perçu comme une opportunité pour les pays du Maghreb de prendre en main leur propre destin stratégique, en renforçant les mécanismes de coopération régionale pour pallier l’absence d’un soutien extérieur.

Avec des défis communs comme la lutte contre le terrorisme, la gestion des flux migratoires, et les enjeux de développement économique, les pays maghrébins ont tout intérêt à coordonner leurs efforts pour renforcer leur sécurité et leur résilience économique.

Ce contexte pourrait encourager des initiatives autonomes de coopération, telles que l’augmentation des échanges commerciaux intra-maghrébins, le partage d’infrastructures énergétiques, ou encore la coordination en matière de gestion des ressources en eau.

Cependant, la capacité des pays maghrébins à s’unir face à l’absence de soutien américain dépend de leur volonté de surmonter les rivalités politiques et économiques qui freinent traditionnellement les efforts de coopération régionale.

Si les États-Unis continuent de réduire leur engagement au Maghreb, il est possible que les acteurs régionaux soient contraints de trouver des solutions autonomes et d’adopter une approche pragmatique face aux enjeux communs.

 

  • Deuxième répercussion : les rivalités historiques et l’obstacle à la coopération

Malgré les potentiels avantages d’une coopération accrue, les relations entre les pays du Maghreb, et en particulier entre le Maroc et l’Algérie, restent entravées par des divergences géopolitiques profondes.

Le différend sur le Sahara Occidental est au cœur de cette rivalité, divisant depuis des décennies le Maroc et l’Algérie – qui soutient le Front Polisario en faveur de l’indépendance de ce territoire. Ce conflit persistant a entravé des initiatives clés de coopération, telles que l’Union du Maghreb arabe (UMA), qui reste aujourd’hui inactive en raison de ces tensions.

Dans un contexte où le soutien des États-Unis aux initiatives de médiation s’amenuise, il pourrait devenir encore plus difficile pour les pays du Maghreb de trouver un terrain d’entente pour résoudre leurs différends.

Un retrait américain peut également réduire les pressions extérieures sur les gouvernements locaux, les incitant moins à faire des concessions pour débloquer les processus de coopération régionale.

Sans un acteur extérieur de poids pour encourager ou imposer des compromis, il est peu probable que les tensions historiques soient surmontées facilement, limitant ainsi les perspectives de collaboration régionale.

 

  • Troisième répercussion : les enjeux économiques et l’opportunité pour l’intégration commerciale

Le retrait américain pourrait également donner un nouvel élan à l’intégration économique régionale en poussant les pays du Maghreb à chercher des alternatives pour compenser la perte d’investissements américains.

Avec la chute des investissements étrangers directs (IED) et des aides américaines potentielles, il deviendrait d’autant plus urgent pour ces pays de renforcer le commerce intra-maghrébin, qui demeure à un niveau extrêmement bas par rapport à d’autres régions africaines.

Le développement de corridors commerciaux, la suppression des barrières tarifaires, et l’harmonisation des politiques douanières pourraient non seulement dynamiser les économies locales, mais aussi améliorer la résilience économique du Maghreb face aux chocs externes.

Toutefois, ces initiatives nécessitent une volonté politique forte et des efforts soutenus pour harmoniser les infrastructures, les standards de production et les régulations douanières entre les pays.

Sans l’incitation ou le soutien d’une puissance extérieure, ces efforts de rapprochement économique risquent d’être compromis par les rivalités internes et les priorités politiques nationales divergentes.

 

  • Quatrième répercussion: la sécurité régionale … une coopération nécessaire mais difficile

La lutte contre le terrorisme et la gestion des flux migratoires sont des enjeux de sécurité majeurs pour les pays du Maghreb, qui partagent des frontières poreuses et des menaces sécuritaires communes.

La diminution de l’assistance américaine, en matière de renseignement et de financement des initiatives de sécurité, pourrait contraindre les pays maghrébins à renforcer leur coopération sécuritaire.

Cela inclurait le partage d’informations de renseignement, la coordination des patrouilles frontalières, et des opérations conjointes contre les groupes terroristes.

Cependant, cette coopération sécuritaire reste entravée par un manque de confiance mutuelle, en particulier entre le Maroc et l’Algérie, ainsi que par une différence dans les approches stratégiques vis-à-vis de certains acteurs régionaux.

Par exemple, l’Algérie, avec sa doctrine de non-ingérence militaire, adopte une politique de sécurité largement basée sur la défense intérieure, tandis que le Maroc a manifesté une volonté accrue de participer à des initiatives sécuritaires régionales et internationales. Cette divergence rend difficile la mise en œuvre de stratégies sécuritaires régionales coordonnées.

Sans un soutien américain pour arbitrer ou encourager des partenariats sécuritaires, les pays du Maghreb risquent de manquer les synergies nécessaires pour répondre efficacement aux défis de sécurité régionaux.

De plus, le désengagement américain pourrait encourager d’autres puissances, comme la Russie ou la Chine, à jouer un rôle accru dans les affaires sécuritaires du Maghreb, introduisant ainsi de nouvelles dynamiques géopolitiques qui pourraient compliquer davantage la situation sécuritaire.

 

  • Cinquième répercussion: le rôle de puissances alternatives … vers de nouvelles alliances ?

Face à l’absence d’un engagement américain, les pays du Maghreb pourraient être tentés de se tourner vers d’autres partenaires, notamment la Chine et la Russie, qui cherchent à renforcer leur présence en Afrique.

En plus de leurs partenariats économiques croissants, ces deux puissances offrent également des options de coopération en matière de défense et de sécurité.

La Russie, par exemple, propose des équipements militaires et des programmes de formation, tandis que la Chine est de plus en plus active dans le financement des infrastructures et dans des programmes de cybersécurité.

Toutefois, cette diversification des alliances comporte des risques pour les pays maghrébins, qui devront gérer habilement leur positionnement géopolitique pour éviter une dépendance excessive vis-à-vis de ces puissances.

Par ailleurs, cette ouverture vers des puissances non occidentales pourrait engendrer des tensions avec les partenaires européens, qui jouent un rôle fondamental dans l’économie et la sécurité du Maghreb, et qui partagent des préoccupations concernant l’influence croissante de la Chine et de la Russie en Afrique.

 

En définitive, le retrait partiel des États-Unis sous une présidence Trump pourrait créer un contexte favorable à une autonomie accrue et à un renforcement de la coopération régionale au Maghreb.

Cependant, les rivalités internes, notamment entre le Maroc et l’Algérie, demeurent un frein majeur à cette coopération.

Le défi pour les pays du Maghreb sera de saisir cette opportunité pour renforcer leur intégration régionale sans perdre leur souveraineté ni créer une dépendance excessive envers d’autres puissances.

Pour réussir, les États maghrébins devront adopter une approche pragmatique qui combine des initiatives de coopération économique et sécuritaire avec une diversification stratégique de leurs partenariats, tout en restant vigilants face aux risques de dépendance ou de conflit d’intérêts entre leurs nouveaux alliés et leurs partenaires traditionnels.

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

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DOSSIER SPECIAL (IV) – Trump et le Maghreb : Entre défis et opportunités dans un monde reconfiguré

La présidence de Donald Trump, marquée par son style de gouvernance non conventionnel et son approche centrée sur les intérêts américains, aurait des répercussions significatives sur les relations internationales et sur les pays du Maghreb, dont la Tunisie.

Dans un contexte global marqué par les rivalités géopolitiques, les tensions commerciales et une polarisation accrue, les choix de politique étrangère de Trump pourraient introduire des incertitudes. Tout en offrant des opportunités de repositionnement stratégique pour les pays maghrébins.

 

ZOOM  4 – Quatrième incertitude : positionnement face à la Chine et à la Russie… dilemmes pour les pays du Maghreb

Les tensions croissantes entre les États-Unis et des puissances comme la Chine et la Russie ont un impact non négligeable sur les pays du Maghreb, qui se retrouvent à jongler entre leurs liens traditionnels avec l’Occident et leur intérêt grandissant pour les partenariats avec ces nouveaux acteurs. Cette situation expose les pays maghrébins à des choix stratégiques complexes, les amenant à réfléchir à leur positionnement et aux compromis qu’ils devront faire pour préserver leur souveraineté et sécuriser leurs intérêts économiques et politiques.

Les pays du Maghreb, notamment le Maroc, l’Algérie et la Tunisie, ont des relations de longue date avec l’Europe et les États-Unis.

Ces liens incluent des accords commerciaux privilégiés, des investissements directs, et des programmes d’aide au développement. La coopération avec les États-Unis se manifeste également sur le plan sécuritaire, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et du contrôle des flux migratoires.

Ces relations traditionnelles apportent une stabilité économique et politique aux pays maghrébins, mais créent aussi une dépendance vis-à-vis des partenaires occidentaux, qui influencent souvent leurs politiques nationales et régionales.

 

  • Effets de l’intérêt croissant pour la Chine et la Russie : opportunités et contraintes

Ces dernières années, les pays du Maghreb ont élargi leurs partenariats économiques et politiques avec la Chine et la Russie, attirés par des alternatives aux conditions strictes souvent imposées par les partenaires occidentaux.

La Chine, par exemple, propose des investissements massifs dans les infrastructures, notamment dans le cadre de l’initiative des Nouvelles Routes de la Soie. Plusieurs projets chinois, tels que la construction de ports, d’autoroutes et de centrales énergétiques, répondent aux besoins criants en infrastructures dans la région, particulièrement en Algérie et au Maroc.

La Russie, de son côté, a renforcé sa présence en Afrique du Nord dans des domaines comme la sécurité et l’énergie. Son partenariat avec l’Algérie dans le domaine des hydrocarbures et ses accords militaires témoignent d’une volonté d’influence accrue dans la région.

Pour les pays du Maghreb, ces partenariats représentent des opportunités d’accéder à de nouvelles ressources, de diversifier leurs exportations et de bénéficier de nouvelles technologies, sans les conditions politiques souvent associées aux investissements occidentaux.

 

  • Effets des pressions américaines et des équilibres délicats

Sous la présidence de Trump, les États-Unis ont adopté une position plus ferme face à la Chine et la Russie, exhortant leurs partenaires internationaux à limiter leurs interactions avec ces puissances. Ce climat de confrontation pourrait avoir des conséquences pour les pays maghrébins, qui pourraient se retrouver sous pression pour limiter leurs partenariats avec la Chine et la Russie afin de ne pas compromettre leurs relations avec l’Occident.

Par exemple, une coopération trop visible avec la Chine dans des secteurs stratégiques comme les télécommunications pourrait être perçue comme une menace pour la sécurité par les États-Unis et leurs alliés. Ce qui risquerait de compliquer les relations diplomatiques.

Toutefois, céder à ces pressions pourrait être perçu comme une atteinte à leur souveraineté nationale par les gouvernements du Maghreb, qui souhaitent avant tout préserver leur indépendance dans leurs choix de partenariats.

Par ailleurs, limiter les interactions avec la Chine et la Russie pourrait priver les pays du Maghreb d’opportunités de financement et d’infrastructures cruciales pour leur développement économique.

 

  • Effets entre la neutralité et la diversification des partenariats

Dans ce contexte complexe, une option pour les pays du Maghreb pourrait consister à adopter une posture de neutralité vis-à-vis des rivalités entre les grandes puissances, afin de bénéficier à la fois des relations avec l’Occident et des partenariats avec la Chine et la Russie.

Cette position pourrait cependant être difficile à maintenir si les pressions américaines s’intensifient. Une neutralité trop marquée pourrait même être perçue comme un manque de loyauté par leurs partenaires traditionnels.

Une alternative pourrait être de renforcer leurs relations avec des puissances régionales émergentes comme la Turquie et le Qatar, qui, tout en étant moins hégémoniques, ont montré une volonté de soutenir des projets économiques et sécuritaires au Maghreb.

La Turquie, par exemple, s’implique de plus en plus dans le secteur de la construction et de la défense. Tandis que le Qatar investit dans les infrastructures et le tourisme.

Cette diversification permettrait aux pays du Maghreb d’éviter une trop grande dépendance envers une seule puissance et de maintenir une certaine flexibilité dans leurs alliances internationales.

 

  • Effets des risques de dépendance stratégique et de l’instabilité géopolitique

S’engager plus étroitement avec des puissances comme la Chine ou la Russie pourrait cependant engendrer de nouveaux risques de dépendance stratégique pour les pays du Maghreb.

En effet, ces partenaires alternatifs pourraient demander, en échange de leur soutien, des concessions économiques ou politiques qui limiteront la marge de manœuvre des États maghrébins.

Par ailleurs, un rapprochement excessif avec la Chine ou la Russie pourrait isoler le Maghreb de ses alliés traditionnels occidentaux. Ce qui pourrait nuire à ses intérêts dans des domaines comme l’aide au développement et les accords commerciaux privilégiés.

Enfin, la région maghrébine elle-même pourrait devenir un terrain de compétition géopolitique entre les grandes puissances, comme en témoignent les tensions autour de la Libye, où plusieurs acteurs externes cherchent à influencer l’avenir politique du pays.

Un contexte d’intérêts divergents pourrait alors compliquer la coopération régionale, fragiliser la stabilité politique et potentiellement polariser les pays du Maghreb en fonction de leurs alliances.

 

En définitive, les pays du Maghreb se trouvent dans une situation stratégique délicate, tiraillés entre la préservation de leurs liens avec l’Occident et les opportunités offertes par la Chine et la Russie.

Dans ce contexte de tensions internationales croissantes, ils devront faire preuve de diplomatie et de pragmatisme pour adopter un positionnement qui préserve leurs intérêts nationaux, tout en évitant des dépendances excessives.

La diversification de leurs alliances, notamment en renforçant les relations avec des partenaires régionaux comme la Turquie et le Qatar, pourrait être une solution pour maintenir un équilibre. Mais cette stratégie demande une grande habileté diplomatique et une vigilance constante face aux évolutions géopolitiques.

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

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La présidence de Donald Trump, marquée par son style de gouvernance non conventionnel et son approche centrée sur les intérêts américains, aurait des répercussions significatives sur les relations internationales et sur les pays du Maghreb, dont la Tunisie.

Dans un contexte global marqué par les rivalités géopolitiques, les tensions commerciales et une polarisation accrue, les choix de politique étrangère de Trump pourraient introduire des incertitudes. Tout en offrant des opportunités de repositionnement stratégique pour les pays maghrébins.

 

ZOOM 3 – Troisième incertitude : immigration et sécurité… des politiques plus restrictives

Les politiques migratoires et sécuritaires adoptées sous la présidence de Donald Trump ont marqué une volonté claire de restriction, avec un renforcement de la surveillance des frontières et un resserrement des conditions d’accès aux États-Unis pour certaines catégories de migrants.

Dans ce contexte, les pays du Maghreb se trouvent à la croisée des enjeux migratoires et sécuritaires. Avec des impacts potentiels tant pour leurs diasporas aux États-Unis que pour leur coopération en matière de sécurité.

 

  • Effets des restrictions sur l’immigration et l’impact sur les diasporas maghrébines

La présidence de Trump a introduit une série de mesures visant à limiter l’immigration aux États-Unis, avec une forte attention portée aux migrations en provenance de pays considérés comme des sources de risques potentiels pour la sécurité nationale.

Les diasporas maghrébines, constituées en majorité de communautés marocaines, algériennes et tunisiennes, pourraient faire face à des restrictions accrues pour les demandes de visas de travail, de regroupement familial ou même de visas étudiants. Ces restrictions risquent de réduire les opportunités de mobilité pour les Maghrébins. Ce qui pourrait affaiblir les liens économiques et culturels entre les diasporas et leurs pays d’origine.

Pour de nombreux Maghrébins, les États-Unis représentent une destination pour des opportunités académiques et professionnelles. Et ce, notamment dans des secteurs comme la technologie, l’ingénierie et les sciences. Cependant, des mesures restrictives pourraient freiner la participation des étudiants et des jeunes professionnels aux programmes d’échanges académiques ou de stages, réduisant ainsi le transfert de connaissances et d’expertise vers les pays du Maghreb.

La fermeture de certaines portes pourrait également limiter l’apport de fonds par les diasporas maghrébines vers leurs familles restées au pays. Ce qui aurait un effet indirect sur l’économie locale.

 

  • Effets de la priorité accordée à la sécurité et à la lutte contre le terrorisme

La politique de sécurité de l’administration Trump a fait de la lutte contre le terrorisme une priorité stratégique, renforçant les pressions sur les pays partenaires, y compris ceux d’Afrique du Nord, pour intensifier leur coopération sécuritaire. Cette priorité pourrait se traduire par des demandes accrues de la part des États-Unis pour que les pays du Maghreb renforcent leurs dispositifs de sécurité intérieure. Et ce, notamment en matière de contrôle aux frontières, de partage de renseignements et de surveillance des flux migratoires.

Toutefois, malgré l’intensification de la coopération en matière de sécurité, les pays du Maghreb pourraient ne pas recevoir en retour un soutien financier ou technologique significatif. En d’autres termes, ils seraient encouragés à augmenter leurs efforts dans la lutte contre le terrorisme, sans pour autant obtenir les moyens nécessaires pour renforcer leur infrastructure sécuritaire. Ce manque de soutien pourrait aggraver la pression économique et logistique sur les gouvernements du Maghreb. Surtout si ces mesures de sécurité exigent des investissements considérables.

 

  • Effets des conséquences pour les relations bilatérales et la stabilité régionale**

L’absence de soutien financier ou technologique substantiel dans le cadre de la coopération sécuritaire pourrait mettre à mal les relations bilatérales entre les États-Unis et les pays du Maghreb. Ces derniers pourraient percevoir la coopération sécuritaire comme un engagement unilatéral, dans lequel ils assument les coûts opérationnels sans bénéficier des avantages de ressources ou de formation.

À long terme, ce déséquilibre pourrait affaiblir la stabilité régionale. Car les États du Maghreb seraient contraints de détourner des ressources de projets de développement vers des programmes sécuritaires. Et ce, au détriment des investissements dans les infrastructures, la santé ou l’éducation.

Par ailleurs, une pression sécuritaire accrue pourrait exacerber la surveillance des populations locales et engendrer des tensions internes, en particulier si des politiques de contrôle et de répression sont mal perçues par les citoyens.

Dans un contexte social souvent fragile, ces mesures pourraient générer des sentiments de frustration et d’injustice, affectant la confiance envers les gouvernements locaux.

 

  • Effets des répercussions sociales et perte de capital humain

Les politiques restrictives de Trump en matière d’immigration affectent également le capital humain du Maghreb.

De nombreux talents maghrébins, qui pourraient contribuer à des secteurs clés aux États-Unis ou y acquérir des compétences avancées avant de retourner dans leurs pays d’origine, pourraient voir leurs parcours compromis.

La limitation des échanges académiques et professionnels réduit les perspectives pour les jeunes générations et affaiblit la compétitivité des pays maghrébins, en freinant l’accès aux connaissances technologiques de pointe et aux réseaux internationaux.

Dans un monde globalisé, ces restrictions se traduisent par une forme d’isolement intellectuel, qui pourrait compromettre la capacité des pays maghrébins à rester compétitifs sur le marché international.

En privant les jeunes talents d’opportunités de développement à l’étranger, les États-Unis risquent de couper un lien essentiel entre les diasporas et leurs pays d’origine. Avec des conséquences de long terme pour le développement humain de la région.

 

En définitive, les politiques migratoires et sécuritaires restrictives de l’administration Trump posent des défis majeurs pour le Maghreb.

En limitant les opportunités de mobilité pour les diasporas et en exigeant une coopération sécuritaire sans soutien financier accru, ces mesures risquent d’affaiblir les relations bilatérales, de réduire le capital humain et d’accroître les pressions internes dans les pays du Maghreb.

Dans ce contexte, les gouvernements maghrébins devront naviguer avec prudence pour équilibrer leur engagement sécuritaire avec la protection de leurs intérêts économiques et sociaux. Tout en cherchant des partenariats alternatifs pour pallier les restrictions imposées.

 

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