La tragédie que vivent les Palestiniens ne cesse de creuser le fossé entre la passivité ou l’impuissance des gouvernants arabes et la solidarité des peuples arabes. Pour tenter de sauver les apparences, les dirigeants du Golfe qui viennent de se réunir à Riyad ont proposé une feuille de route appelant à un cessez-le-feu immédiat à Gaza et au Liban. Tout en réaffirmant la solution à deux Etats au conflit israélo-palestinien.
Pour le leader régional, l’Arabie saoudite, la position officielle est sans ambigüité : la création d’un Etat palestinien (sur la base des frontières de 1967), avec Jérusalem-Est pour capitale, est une condition préalable à toute stabilisation (régionale) et normalisation (avec Israël). Un discours qui illustre le jeu complexe auquel joue le prince héritier Mohammed Ben Salman.
Des liens stratégiques avec les Etats-Unis
Historiquement, l’Arabie saoudite est le premier allié des Etats-Unis dans la région. Dès les années 30, les Etats-Unis s’emploient à contrôler l’extraction, mais également l’acheminement des ressources pétrolières. En février 1945, le président Franklin Roosevelt conclut avec le roi d’Arabie saoudite, Ibn Saoud, le « Pacte du Quincy » (accord historique qui tire son nom du navire de guerre américain sur lequel il a été conclu), prévoyant la garantie de l’approvisionnement des Etats-Unis en pétrole saoudien à des prix préférentiels, en échange de la protection du royaume saoudien contre une éventuelle agression (notamment de la part de l’Irak, de l’Iran et de l’Egypte).
Preuve de la force de l’alliance stratégique scellée entre Américains et Saoudiens, celle-ci a traversé les guerres israélo-arabes, la Guerre froide, les « guerres du Golfe » (1991 et 2003) et même les attentats du 11 septembre 2001 (impliquant des citoyens saoudiens) ou la guerre actuelle à Gaza.
Cette donne est-elle vouée à perdurer? Le prince héritier Mohammed ben Salmane (« MBS ») profite du désengagement américain du Moyen-Orient pour tenter d’imposer un nouvel ordre régional dans un monde multipolaire.
Un rapprochement stratégique avec la Russie, la Chine et… l’Iran
Sans remettre en cause son alliance militaire avec les États-Unis, l’Arabie saoudite est de plus en plus liée à la Russie (partenariat stratégique sur l’OPEP+) et à la Chine (son premier importateur de pétrole et principal partenaire commercial). Pékin a joué un rôle décisif (d’intermédiaire) dans le rapprochement entre deux grandes puissances régionales et adversaires stratégiques : l’Arabie saoudite et l’Iran (médiation qui a abouti au rétablissement de leurs relations diplomatiques en mars 2023). L’événement acte l’ascension de la Chine (les négociations secrètes se sont conclues sous son égide) en tant qu’acteur stratégique dans la région du Moyen-Orient (Pékin est devenu un partenaire des monarchies de la péninsule arabique), sur fond de désengagement américain.
Récemment, l’Arabie saoudite a affiché son soutien à l’Iran dans sa confrontation avec Israël et tente même d’apparaître comme le garant de la cause palestinienne, fonction inhérente à toute puissance qui souhaite s’imposer comme leader du monde arabo-musulman.
Partant, non seulement la pétromonarchie se tourne vers la Chine et se rapproche de l’Iran, mais elle s’éloigne de la perspective de normalisation avec Israël, pourtant ouverte par la signature des « accords Abrahams », du nom des deux traités de paix conclus en 2020 (sous l’égide du président Trump) entre Israël et les Emirats arabes unis, d’une part; et entre Israël et Bahreïn, d’autre part. Le royaume saoudien pourrait être tenté de renforcer un sous-système régional pétrolier et musulman. Et ce, en s’appuyant notamment sur l’instrument à la fois sécuritaire et économique que représente le Conseil de coopération du Golfe (CCG).
A travers son jeu complexe, il s’agit pour l’Arabie saoudite d’ériger un Moyen-Orient stabilisé et développé, qui transcenderait les traditionnels clivages religieux et géopolitiques. Le tout sans volonté de remise en cause des régimes de la région.
Reste que l’émancipation de l’Arabie saoudite par rapport aux Etats-Unis renforce d’autant plus l’enjeu de la relation stratégique entre la puissance américaine et son premier allié dans la région : Israël.
Moscou et Téhéran ont officiellement finalisé le jumelage de leurs systèmes de paiement nationaux, ce qui permettra aux voyageurs des deux pays d’utiliser leurs cartes de débit nationales pour des achats en Iran ou en Russie, rapportent les médias iraniens.
S’exprimant lors d’une cérémonie officielle à Téhéran, lundi 11 novembre 2024, le gouverneur de la Banque centrale d’Iran (CBI), Mohammad-Reza Farzin, a décrit la connexion des systèmes de paiement russe Mir et iranien Shetab comme une étape majeure vers la coopération économique et la dédollarisation, ainsi que la facilitation des relations économiques et touristiques entre les deux pays.
« Le projet… a commencé dans le but de créer une intégration dans les réseaux de paiement et de faciliter les transactions financières entre les citoyens des deux pays », a déclaré le chef de la CBI, cité par Tehran Times, notant également que le processus comprendra trois phases.
Selon Farzin, la première étape prévoit l’utilisation possible par les citoyens iraniens de leurs cartes bancaires dans les distributeurs automatiques russes. « De cette façon, les touristes iraniens peuvent désormais facilement recevoir des billets en roubles dans les distributeurs automatiques russes en utilisant le solde en riyals de leurs cartes Shetab », a-t-il expliqué.
Dans un deuxième temps, les citoyens russes pourront retirer de l’argent en Iran en utilisant leurs cartes bancaires nationales. Dans un troisième temps, les cartes iraniennes Shetab seront acceptées sur les terminaux des points de vente installés dans les magasins russes.
Farzin avait déclaré plus tôt aux journalistes que l’accord visant à connecter les systèmes de paiement nationaux des deux pays avait été finalisé lors d’une réunion avec son homologue russe, Elvira Nabiullina en marge du Congrès financier de la Banque de Russie à Saint-Pétersbourg en juillet.
En 2022, lorsque Moscou a été frappé par de nouvelles sanctions en raison de l’escalade du conflit ukrainien et que de nombreuses banques russes ont été exclues de SWIFT, Visa et MasterCard, le gouvernement a commencé à promouvoir le système national comme une alternative fiable.
Les cartes Mir sont acceptées dans de nombreux pays, dont l’Abkhazie, l’Ossétie du Sud et la Biélorussie, et dans certaines limites en Arménie, au Kazakhstan, au Kirghizistan, au Tadjikistan, à Cuba, au Venezuela et au Vietnam.
Les sanctions américaines ont forcé certaines banques en Arménie, au Kirghizistan et au Kazakhstan à suspendre les transactions et à cesser d’accepter les cartes Mir. Entre-temps, 15 autres pays auraient manifesté leur intérêt à accepter les cartes Mir sur leur territoire.
C’est la séquence géopolitique la plus attendue du nouveau mandat de Donald Trump et la question qui taraude partout dans le monde: Que va-t-il se passer avec la République islamique d’Iran après le retour au pouvoir du président républicain, qui avait ordonné, début janvier 2020, l’assassinat de Qassem Soleimani, le chef des Forces Al-Quds, unité d’élite des Gardiens de la révolution, et architecte de l’influence iranienne au Moyen-Orient ? Il a aussi accusé l’Iran de vouloir l’assassiner après les deux tentatives ratées durant la campagne électorale qui vient de s’achever. En même temps, l’ennemi irréductible de l’Iran, Benjamin Netanyahu, a l’oreille de son ami américain. Qu’en sera-t-il donc pour l’Iran?
Imed Bahri
Le Wall Street Journal a publié une étude préparée par Warren Strobel, Benoit Faucon et Lara Seligman dans laquelle ils affirment que le président récemment élu prévoit d’augmenter considérablement les sanctions contre l’Iran et d’étouffer ses ventes de pétrole dans le cadre d’une stratégie agressive visant à saper le soutien de Téhéran à ses groupes mandataires considérés violents au Moyen-Orient et à son programme nucléaire, selon des personnes proches.
Le journal américain a indiqué que Trump avait adopté une ligne dure à l’égard de l’Iran au cours de son premier mandat en faisant avorter un accord entre six pays avec Téhéran -connu sous le nom de Plan d’action global commun- qui visait à limiter le développement du programme nucléaire de l’Ira. Il a également imposé ce qui a été décrit comme une stratégie de pression maximale dans l’espoir que l’Iran abandonnera ses ambitions d’obtenir l’arme nucléaire, cessera de financer et de former ce que les États-Unis considèrent comme des groupes terroristes et améliorera son bilan en matière de droits de l’homme.
Mais lorsqu’il prendra ses fonctions, le 20 janvier, l’approche de Trump à l’égard de l’Iran sera probablement influencée par le fait que des agents de la République islamique ont tenté de l’assassiner, lui et ses anciens conseillers à la sécurité nationale, après qu’ils aient quitté leurs fonctions, ont déclaré d’anciens responsables de l’administration Trump. L’Iran chercherait à se venger d’une frappe de drone américaine en 2020 qui a tué Qasem Soleimani, le chef des opérations paramilitaires secrètes iraniennes.
L’Iran dans une position de faiblesse
Mick Mulroy, un haut responsable du Pentagone au Moyen-Orient lors du premier mandat de Trump, a déclaré que «les gens ont tendance à prendre ces choses personnellement. S’il veut adopter une ligne dure à l’égard d’un pays en particulier ou d’un adversaire majeur spécifique, c’est bien l’Iran».
Des personnes proches des projets de Trump et en contact avec ses principaux conseillers ont déclaré que la nouvelle équipe agirait rapidement pour tenter d’étouffer les revenus pétroliers iraniens notamment en s’en prenant aux ports étrangers et aux négociants qui traitent du pétrole iranien. Cela recréerait la stratégie adoptée par le président élu lors de son premier mandat avec des résultats mitigés.
Un ancien responsable de la Maison-Blanche a déclaré: «Je pense que vous verrez les sanctions revenir, vous le verrez tenter d’isoler davantage l’Iran, diplomatiquement et financièrement. Je pense que l’on a l’impression que l’Iran est définitivement dans une position de faiblesse à l’heure actuelle et qu’il [Trump] a maintenant l’occasion d’exploiter cette faiblesse.»
Les responsables familiers avec le plan de Trump n’ont pas fourni des détails sur la manière spécifique d’augmenter la pression sur l’Iran.
Le WSJ a aussi indiqué qu’au cours des derniers mois, Israël a tué des dirigeants de groupes mandataires pro-iraniens à Gaza et au Liban et causé des dommages importants à la structure de direction de groupes tels que le Hezbollah et le Hamas. Il a également lancé des frappes contre l’Iran, en réponse à la salve de missiles iraniens ayant frappé Israël, qui a infligé de graves dommages aux capacités de Téhéran à produire des missiles et des défenses aériennes.
L’Iran s’est engagé à répondre à l’attaque israélienne du 26 octobre mais il n’est pas clair si la victoire électorale de Trump cette semaine modifiera les calculs de Téhéran ou son timing.
Trump cherchera à affaiblir davantage l’Iran
Brian Hook, qui a supervisé la politique iranienne au Département d’État pendant le premier mandat de Trump et est maintenant le responsable du département en charge de la transition vers l’administration Trump, a déclaré jeudi que le président élu n’avait aucun intérêt à chercher à renverser les dirigeants iraniens.
Toutefois, dans une interview accordée à CNN, Hook a noté que Trump s’était engagé à isoler l’Iran diplomatiquement et à l’affaiblir économiquement afin qu’il ne puisse pas financer toutes les violences commises par le Hamas, le Hezbollah, les Houthis au Yémen et d’autres groupes mandataires en Irak et en Syrie.
On s’attend généralement à ce que Hook obtienne un poste de haut niveau dans la sécurité nationale au cours du deuxième mandat de Trump. Au cours de son premier mandat, il a préconisé une campagne de pression maximale sur l’Iran. Les défenseurs de cette politique affirment que cela a réduit les fonds disponibles pour les services de sécurité de Téhéran. Mais il n’a pas réussi à arrêter les opérations iraniennes par l’intermédiaire de ses mandataires ni ses travaux nucléaires.
Les exportations de pétrole iranien ont augmenté l’année dernière dans le cadre de négociations discrètes pour libérer les Américains détenus par le régime ce qui a incité les Républicains à accuser l’administration Biden de ne pas appliquer pleinement les sanctions pétrolières actuelles ce que la Maison Blanche a démenti.
L’arme du pétrole pourrait bien être utilisée
Trump a réimposé une interdiction complète sur les exportations de pétrole brut iranien en 2019 et ses exportations sont tombées à 250 000 barils par jour début 2020 ce qui est bien en-dessous de leur niveau d’il y a deux ans mais après l’entrée en fonction de Biden, il a atteint son plus haut niveau depuis six ans en septembre de cette année.
Une fois de retour à la Maison Blanche, Trump pourrait être confronté au même dilemme que celui auquel Biden a été confronté : limiter les ventes de pétrole de l’Iran et d’autres adversaires comme le Venezuela mais risquer ainsi une hausse des prix du pétrole et déclencher une inflation.
Robert McNally, un ancien responsable américain de l’énergie, a déclaré que l’administration Trump pourrait imposer un embargo américain sur les ports chinois recevant du pétrole iranien ainsi que des sanctions visant les responsables irakiens qui financent des milices soutenues par l’Iran. Il a indiqué que estimations d’une application stricte de l’embargo pétrolier suffirait à réduire d’au moins 500 000 barils par jour principalement des achats de pétrole chinois.
«Ce sera une pression maximale version 2.0», a déclaré McNally qui dirige désormais le cabinet de conseil Rapidian Energy Group basé à Washington.
Helima Croft, stratège en chef des matières premières de la société canadienne RBC Capital Market, a déclaré que les principaux conseillers de Trump avaient exprimé leur ferme soutien à une frappe israélienne sur les installations nucléaires et énergétiques iraniennes. Une autre personne en contact avec l’équipe de Trump a déclaré que le nouveau président pourrait être moins enclin à s’opposer à une telle démarche d’Israël.
Biden a demandé et obtenu l’assurance d’Israël avant son attaque contre l’Iran le 26 octobre qu’il ne frapperait pas des sites nucléaires ou des infrastructures énergétiques car les États-Unis craignaient que cela entraînerait une hausse des prix du pétrole et une escalade régionale plus large.
Le président iranien Masoud Pezeshkian a déclaré mercredi soir que le résultat des élections américaines n’avait pas d’importance pour son pays.
L’agence de presse de la République islamique d’Iran a cité Pezeshkian disant: «Pour nous, peu importe qui a gagné les élections américaines car notre pays et notre système dépendent de notre force interne.»
Un accord diplomatique États-Unis-Iran n’est pas exclu
Toutefois, les responsables iraniens sont divisés sur la question de savoir si la République islamique peut résister à une pression économique supplémentaire.
«La situation pourrait devenir catastrophique pour l’industrie pétrolière iranienne», a déclaré un responsable pétrolier iranien ajoutant que la Chine achète déjà du brut iranien à prix réduit tandis que l’Iran souffre d’une pénurie de gaz naturel -utilisé pour le chauffage et l’industrie- en raison des années de sous-investissement.
Pour sa part, un diplomate iranien a déclaré que Téhéran compenserait les restrictions américaines en approfondissant ses partenariats commerciaux par le biais de l’Organisation de coopération de Shanghai, axée sur l’Asie et d’autres alliances. Il a ajouté qu’elle pourrait également répondre aux pressions en intensifiant son programme nucléaire ou en menaçant les installations pétrolières du Moyen-Orient.
Malgré l’hostilité mutuelle, certains qui ont travaillé avec Trump n’excluent pas de parvenir éventuellement à un accord diplomatique entre les États-Unis et l’Iran au cours de son deuxième mandat. Toutefois, Mike Mulroy a précisé, et c’est une précision de taille, que «Trump aime conclure des accords mais seulement si c’est son accord».
Dans une lecture analytique du résultat de l’élection présidentielle américaine du 5 novembre 2024 préparée par Julian Borger, le journal britannique The Guardian affirme que la victoire du candidat républicain Donald Trump est synonyme de victoire pour le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Le président élu américain voulait que la fin de la guerre à Gaza n’ait lieu qu’après son élection et son entrée en fonction en janvier 2025, alors que sa position sur le programme nucléaire iranien n’est pas claire. Aussi son retour à la Maison Blanche a-t-il des implications importantes pour le Moyen-Orient et est considéré avant tout comme une victoire pour Netanyahu qui n’a pas caché sa préférence pour le Républicain.
Imed Bahri
Dans un souci de ne pas s’aliéner le vote juif américain, l’administration de Joe Biden a reporté ses pressions sur Netanyahu jusqu’après les élections et ce malgré la frustration croissante à son égard sur plusieurs sujets comme l’empêchement de l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza, sa campagne contre les Nations Unies, son obstruction à un accord de cessez-le-feu et la libération des prisonniers et le soutien de son gouvernement aux colons de Cisjordanie.
Les progressistes du Parti démocrate ont pour leur part appelé Biden à utiliser ses cartes d’influence contre Israël au cours des 13 derniers mois. La colère suscitée par l’utilisation de bombes américaines pour détruire Gaza a provoqué une réaction dans l’État du Michigan qui abrite la plus grande population arabo-américaine des États-Unis, un facteur qui a contribué à la défaite de Kamala Harris.
Même si les États-Unis voulaient libérer leur influence au Moyen-Orient, cela ne serait pas efficace. Le mois dernier, le secrétaire à la Défense Lloyd Austin et le secrétaire d’État Anthony Blinken ont écrit une lettre au gouvernement israélien fournissant des détails sur l’obstruction du gouvernement israélien aux efforts d’envoi de matériel humanitaire. La lettre fixait 30 jours à Israël pour revoir sa politique faute de quoi il serait confronté à une révision américaine de ses exportations d’armes vers ce pays. Ce choix a été fait après les élections afin que la chance des démocrates n’en soit pas affectée.
Les extrémistes israéliens sur un nuage
À la lumière des résultats des élections américaines, les menaces de l’administration Biden auront peu d’impact sur le gouvernement Netanyahu. Ce dernier attendra l’investiture de Trump le 20 janvier. Il est certain que la prochaine administration ne défendra pas l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (Unrwa) puisque l’administration Trump a interrompu son financement en 2018 et que cette décision n’a été annulée que trois ans plus tard sous l’administration Biden.
Les Nations Unies et tous les efforts de secours seront également confrontés à des problèmes de financement dans la région.
Le retour de Trump supprime, par ailleurs, un obstacle majeur à l’annexion potentielle par Israël de certaines parties de Gaza et de la Cisjordanie. Le prochain président a montré qu’il ne se soucie pas du droit international ni des résolutions du Conseil de sécurité de l’Onu lorsqu’il s’agit d’Israël. N’oublions pas que son administration a reconnu la souveraineté d’Israël sur le plateau du Golan alors que le droit international considère qu’il s’agit d’un territoire syrien occupé.
On ne sait pas clairement qui dirigera la politique au Moyen-Orient dans la nouvelle administration Trump mais dans le groupe entourant le président élu se trouvent d’éminents partisans de la colonisation comme son gendre Jared Kushner qui a parlé du véritable potentiel immobilier de construction d’appartements sur la mer de Gaza. Il y a l’ancien ambassadeur en Israël David Friedman qui a postulé pour un nouveau poste dans la prochaine administration sous la forme d’un livre dans lequel il parlait du droit divin d’Israël à s’emparer de la Cisjordanie qu’il appelle la Judée Samarie. Souhait partagé par la première donatrice de Donald Trump, la milliardaire américano-israélienne Miriam Adelson.
Le journal britannique a indiqué que le soutien et l’élan acquis par l’aile extrémiste du gouvernement israélien appelant au rattachement de la Cisjordanie constituent l’une des répercussions les plus évidentes sur le Moyen-Orient. Borger estime que le retour de Trump renforcera la position de Netanyahu dans son pays et augmentera probablement ses efforts visant à transformer Israël en un État illibéral. Netanyahu n’écoutera aucune voix à Washington lui demandant de modérer sa campagne visant à priver le système judiciaire de son indépendance.
Cependant, le retour à la Maison Blanche d’un allié de confiance de Netanyahu ne signifie pas qu’il aura les mains totalement libres. Contrairement à Biden, Trump ne craint pas que le Premier ministre israélien lui nuise politiquement dans son pays. Même si les nouvelles relations entre les États-Unis et Israël seront biaisées et que l’influence du nouveau président sera bien plus grande que celle de ses prédécesseurs.
Trump avait déjà clairement indiqué dans une lettre à Netanyahu au plus fort de la guerre à Gaza qu’il souhaitait que celle-ci se termine au moment où il prendrait ses fonctions le 20 janvier 2025. Évidemment, il accepterait une issue qui pencherait largement en faveur d’Israël y compris le contrôle militaire de la bande de Gaza.
Le président sortant a également confirmé qu’il souhaitait un accord de cessez-le-feu au Liban si l’administration boiteuse de Biden ne parvient pas à un accord.
Seule incertitude, Netanyahu n’est pas sûr du soutien de Trump à sa priorité liée au dossier nucléaire iranien et à sa destruction. Tout conflit avec l’Iran peut impliquer les États-Unis et l’on sait que l’aversion pour les guerres étrangères est un élément essentiel de la politique étrangère du président élu. D’un autre côté, Netanyahu pourrait ne pas être en mesure de convaincre Trump de soutenir une attaque contre un pays qui, selon lui, prévoyait de l’assassiner.
L’Arabie saoudite se frotte les mains
Borger a souligné que l’Arabie saoudite est le deuxième vainqueur de la victoire de Trump car elle a investi massivement dans la famille Trump. Elle a désormais un allié fort à la Maison Blanche qui fera probablement pression en faveur d’un accord de normalisation saoudo-israélien qui serait ajouté aux Accords d’Abraham avec les autres États du Golfe.
Les responsables de l’administration Biden ont investi beaucoup de temps et d’énergie pour tenter de parvenir à un accord saoudo-israélien et soupçonnaient depuis le début que le prince héritier Mohammed Ben Salmane attendait Trump comme président pour le faire. Mais même pour le prince héritier, il ne sera pas facile de conclure un accord avec Netanyahu à un moment où Gaza est en train d’être détruite et où plus de 43 000 Palestiniens sont tués. Selon The Guardian, cette hésitation sera probablement temporaire et les forces croissantes de rapprochement entre certains États du Golfe, les États-Unis et Israël pourraient s’avérer plus fortes au cours des quatre prochaines années que les inquiétudes concernant le sort des Palestiniens.