Randonnée : Les îles Cani, un trésor naturel dans le golfe de Tunis
Jadis point d’arrêt des routes commerciales, avec une position stratégique au cœur de Méditerranée, les îles Cani sont aujourd’hui un patrimoine naturel et historique de la Tunisie.
Appelées «Isuli di pipi cani» en sicilien, îles aux requins ou «Jouzour el-klèbe» en arabe, communément appelées «Dzirett el-klèbe», sont de petites îles calcaires de taille inégale situées à environ 12 kilomètres au nord du cap Gammarth, non loin de la capitale Tunis.
Elles comprennent deux îles principales, Grande Cani et Petite Cani, et quelques formations rocheuses plus petites qui émergent des eaux cristallines.
Malgré leur proximité avec le continent, ces îles sont restées relativement intactes. Cela leur a permis de devenir un refuge pour de nombreuses espèces marines et terrestres, dont certaines sont rares ou menacées.
Les eaux environnantes sont peuplées d’une variété de poissons, de coraux et d’autres espèces marines, attirant des biologistes marins et des passionnés de plongée sous-marine du monde entier.
Leur nom italien est lié aux requins, «pipi cani», en sicilien. Les îles Cani ne sont pas seulement un sanctuaire naturel, mais elles portent également une histoire ancienne qui remonte à l’époque des Phéniciens et des Romains. Utique, la plus ancienne cité phénicienne en Afrique, fondée en 1101 av. J.-C., se trouve à quelques kilomètres de là, sur le continent.
Ces peuples utilisaient l’archipel comme point de référence et d’escale pour leurs routes commerciales, profitant de la position stratégique des îles. Des objets historiques, notamment des amphores et des fragments de poterie, ont été découverts à proximité, ce qui suggère que les îles étaient fréquentées par des marchands et des marins.
Au fil des siècles, l’archipel a également pris une certaine importance stratégique, étant donné qu’il domine l’entrée du golfe de Tunis. Cela en a fait un point d’intérêt pour les flottes navales de différentes époques, y compris les pirates méditerranéens qui trouvaient souvent refuge dans ces eaux. Une curieuse histoire entoure les Cani.
La grande île est surmontée d’un beau phare construit entre 1856 et 1860 lorsque le gouvernement britannique demanda au Bey de Tunis l’autorisation d’en construire un. Sadok Bey a autorisé et financé la construction d’un phare de 18 mètres de haut, faisant venir de Sicile (qui ne faisait pas encore partie de l’Italie unifiée en 1861), deux gardiens chargés d’éclairer quotidiennement ce phare : Giuseppe Alacchi de Panetlleria et Rosa Taranto d’Ustica. Les deux Siciliens ont amené avec eux du continent un ami tunisien, un certain H’mida qui était chargé de les transporter avec son bateau jusqu’au continent pour se ravitailler. Pendant longtemps, ils furent les seuls habitants de l’île.
Le 29 janvier 1897, l’un des navires anglais faisant le commerce en Méditerranée, le Danish Prince, coule près des côtes de l’île de Cani. Giuseppe et H’mida partiront en bateau par une froide nuit d’hiver pour sauver une partie de l’équipage, qu’ils ont ramenés sur l’île. Pendant quelques jours, ils partagèrent le peu de nourriture dont ils disposaient avec les naufragés. Grâce à ce sauvetage, Sa Majesté la reine Victoria d’Angleterre a décidé d’honorer Giuseppe Alacchi pour avoir rendu service à la couronne anglaise et sauvé un grand nombre de vies humaines.
Peu de temps après, et grâce à la décoration reçue, Giuseppe et son épouse Rosa quitteront l’île de Cani pour s’installer sur le continent et éclairer chaque soir le phare de Sidi Bou Saïd, ville située à quelques kilomètres de Tunis. Le couple s’est ensuite installé à La Goulette, ou la Goletta, où vivait une importante communauté de Siciliens, se souvient l’universitaire et expert de la présence italienne en Tunisie, Alfonso Campisi.
Traduit de l’italien.
Source : Ansamed.
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