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«Ils me l’ont amené comme s’il s’agissait d’une valise !» : le corps de Fedi rapatrié après 10 ans d’absence

Le célèbre journal espagnol El Pais a publié, le 4 novembre 2024, un reportage sur le rapatriement à Tunis du corps de Fedi Ben Sassi, décédé dans une prison italienne. Il n’avait que 20 ans. «Ils me l’ont amené comme s’il s’agissait d’une valise !», dira sa grand-mère qui n’a pas vu son petit-fils pendant 10 ans. Nous présentons ci-dessous une traduction de ce reportage poignant.  

Matteo Garavoglia (texte) & Severine Sajous (photos)

La famille de ce jeune Tunisien doute de la version officielle, selon laquelle il serait décédé dans une prison italienne des suites d’un prétendu suicide en prison.

Fedi Ben Sassi, 20 ans, fait partie des 76 personnes qui se sont suicidées dans les prisons italiennes en 2024, selon le ministère italien de la Justice. Huit des défunts étaient d’origine tunisienne.

Yosra Ben Sassi, la mère de ce jeune homme, dit que son fils est parti en Europe à l’âge de 10 ans. Il l’a fait en montant à bord d’un poids lourd transportant du pétrole et en effectuant la traversée à bord de l’un des nombreux bateaux qui relient Palerme à la Tunisie. Aujourd’hui, dans son quartier, il ne reste de ce garçon qu’une fresque murale réalisée par un jeune du quartier après l’annonce de son décès.

Il aimait se rendre au port de La Goulette

Enfant, Ben Sassi aimait se rendre au port de La Goulette avec ses amis et s’imaginait sauter sur l’un des bateaux à destination de l’Italie. «Ensuite, nous avons vécu près de la mer, dans un ‘hamam’ (bain turc) abandonné parce que nous navions pas dargent pour acheter une maison», raconte sa mère.

La famille affirme avoir appris la mort de Ben Sassi grâce aux réseaux sociaux. Majdi Karbai, ancien député tunisien et représentant de la communauté tunisienne en Italie, assure : «Personne en Tunisie na pris la peine dinformer la famille, jai pris connaissance de lincident car je suis en contact avec plusieurs associations qui travaillent dans les prisons et les centres de rapatriement. Ce nest pas la première fois que cela arrive et, en général, je reçois de nombreux rapports sur des Tunisiens en situation difficile.»

Le vol Rome-Tunis arrive à l’heure. Il est une heure et demie de l’après-midi ce mercredi 31 juillet et l’air est étouffant, mais pour la famille Ben Sassi, il est essentiel d’attendre au soleil l’arrivée de leur proche, qui revient en Tunisie après 10 ans d’absence. Pendant que les passagers passent les contrôles aux frontières, les deux sœurs de Ben Sassi, sa tante, sa grand-mère et une dizaine de membres de sa famille l’attendent à quelques centaines de mètres, dans le terminal cargo, une zone isolée du reste de l’aéroport. Pendant près d’une heure, le silence règne.

Il a dû grandir trop vite

Un camion décharge une charrette contenant un cercueil et les proches de Ben Sassi, dont ses jeunes sœurs, s’approchent de la porte, essayant de deviner s’il s’agit de leur proche. Ben Sassi a grandi sans son père, dont la trace s’est perdue quelques années après sa naissance, et était l’aîné de quatre enfants. Dans son enfance, l’argent et les opportunités d’emploi étaient rares dans un pays qui souffrait d’une crise économique et sociale depuis des décennies. «Il a dû grandir trop vite», raconte sa grand-mère, Henda Mateli.

Lorsque Tasnime Ben Sassi, 16 ans, parle de son frère, ses yeux brillent et ses larmes disparaissent : «Il allait toujours chez les voisins pour chercher à manger. Dabord, il commandait des sandwichs pour lui-même, puis il les parvenait à les convaincre de lui donner autre chose pour nous.» Elle se rendait également au port de La Goulette. «Parfois, j’aidais mes amis à franchir des barrières, mais je n’ai jamais eu le courage de le faire moi-même. Aujourd’hui, je regrette de ne pas avoir essayé», se souvient-elle.

Seif Ben Sassi, frère de Fedi, est également en Italie depuis quelques années.

«Ils me lont apporté comme sil s’agissait dune valise», dit Mateli désespérée en voyant le corps de son petit-fils, décédé dans la prison de Sollicciano, à Florence, le 4 juillet. Les cris de douleur ont duré plusieurs minutes, avant que le corps ne soit transporté à l’hôpital pour autopsie et enquête. «Fedi est mort de pauvreté», résume la grand-mère.

Parti à la recherche d’un avenir meilleur

Ben Sassi est allé en prison pour des délits commis alors qu’il était mineur, en plus d’un vol commis alors qu’il avait un peu plus de 18 ans. Là, il réussit à obtenir un diplôme de cuisinier, dont il était fier. Il aurait dû être libéré en mai 2025, mais son corps a été retrouvé après avoir tenté en vain d’appeler sa mère. Il est difficile pour les proches de croire à la thèse du suicide : ils affirment que Ben Sassi avait d’autres blessures sur le corps.

Avant que le corps de Fedi ne soit ramené  dans la maison familiale pour les funérailles et l’inhumation, le corps est resté à la disposition des autorités tunisiennes pour une autopsie pendant trois jours. En attendant les résultats des tests pour voir s’ils seront différents de ceux effectués en Italie, un long cortège a dit au revoir à Ben Sassi, depuis son domicile à Bhar Lazreg jusqu’au cimetière du quartier du Kram, à deux pas du port de La Goulette, où, il y a 10 ans, le garçon est parti à la recherche d’un avenir meilleur.

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Un Tunisien brûle son frère cadet à Milan

Une dispute entre deux frères tunisiens en Italie s’est terminée par l’hospitalisation de l’un d’eux dans un état critique, rapporte l’ancien député (Attayar) Majdi Karbai, ce lundi 4 novembre 2024, dans l’émission ‘‘Sbah Ennes’’ sur Mosaïque FM.

Suite à une dispute dans la maison familiale, l’aîné, âgé de 50 ans, à jeté une bouteille d’alcool en direction de son frère cadet, âgé de 46 ans, puis a allumé le feu dans son corps, lui causant de graves brulures qui ont nécessité son transfert à l’hôpital de Milan, où son état est jugé de stable.  

Karbaï a souligné la montée de la violence familiale parmi les Tunisiens en Italie, et ajouté : «Nous devons tirer la sonnette d’alarme, car le phénomène, qui suscite des craintes au sein de la communauté tunisienne, exige une intervention urgente de la part des autorités concernées.»

Cette montée de la violence est illustrée par la multiplication des meurtres parmi les Tunisiens résidant en Italie dont les médias locaux ne cessent de rendre compte. Ce qui nuit à l’image de notre pays et justifie, au regard des mouvements d’extrême droite, les mesures de rétorsion prises et les politiques répressives à l’encontre des immigrés.

I. B.

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