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La victoire de Donald Trump est celle de Benjamin Netanyahu

Dans une lecture analytique du résultat de l’élection présidentielle américaine du 5 novembre 2024 préparée par Julian Borger, le journal britannique The Guardian affirme que la victoire du candidat républicain Donald Trump est synonyme de victoire pour le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Le président élu américain voulait que la fin de la guerre à Gaza n’ait lieu qu’après son élection et son entrée en fonction en janvier 2025, alors que sa position sur le programme nucléaire iranien n’est pas claire. Aussi son retour à la Maison Blanche a-t-il des implications importantes pour le Moyen-Orient et est considéré avant tout comme une victoire pour Netanyahu qui n’a pas caché sa préférence pour le Républicain.

Imed Bahri

Dans un souci de ne pas s’aliéner le vote juif américain, l’administration de Joe Biden a reporté ses pressions sur Netanyahu jusqu’après les élections et ce malgré la frustration croissante à son égard sur plusieurs sujets comme l’empêchement de l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza, sa campagne contre les Nations Unies, son obstruction à un accord de cessez-le-feu et la libération des prisonniers et le soutien de son gouvernement aux colons de Cisjordanie.

Les progressistes du Parti démocrate ont pour leur part appelé Biden à utiliser ses cartes d’influence contre Israël au cours des 13 derniers mois. La colère suscitée par l’utilisation de bombes américaines pour détruire Gaza a provoqué une réaction dans l’État du Michigan qui abrite la plus grande population arabo-américaine des États-Unis, un facteur qui a contribué à la défaite de Kamala Harris.

Même si les États-Unis voulaient libérer leur influence au Moyen-Orient, cela ne serait pas efficace. Le mois dernier, le secrétaire à la Défense Lloyd Austin et le secrétaire d’État Anthony Blinken ont écrit une lettre au gouvernement israélien fournissant des détails sur l’obstruction du gouvernement israélien aux efforts d’envoi de matériel humanitaire. La lettre fixait 30 jours à Israël pour revoir sa politique faute de quoi il serait confronté à une révision américaine de ses exportations d’armes vers ce pays. Ce choix a été fait après les élections afin que la chance des démocrates n’en soit pas affectée.

Les extrémistes israéliens sur un nuage

À la lumière des résultats des élections américaines, les menaces de l’administration Biden auront peu d’impact sur le gouvernement Netanyahu. Ce dernier attendra l’investiture de Trump le 20 janvier. Il est certain que la prochaine administration ne défendra pas l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (Unrwa) puisque l’administration Trump a interrompu son financement en 2018 et que cette décision n’a été annulée que trois ans plus tard sous l’administration Biden.

Les Nations Unies et tous les efforts de secours seront également confrontés à des problèmes de financement dans la région.

Le retour de Trump supprime, par ailleurs, un obstacle majeur à l’annexion potentielle par Israël de certaines parties de Gaza et de la Cisjordanie. Le prochain président a montré qu’il ne se soucie pas du droit international ni des résolutions du Conseil de sécurité de l’Onu lorsqu’il s’agit d’Israël. N’oublions pas que son administration a reconnu la souveraineté d’Israël sur le plateau du Golan alors que le droit international considère qu’il s’agit d’un territoire syrien occupé.

On ne sait pas clairement qui dirigera la politique au Moyen-Orient dans la nouvelle administration Trump mais dans le groupe entourant le président élu se trouvent d’éminents partisans de la colonisation comme son gendre Jared Kushner qui a parlé du véritable potentiel immobilier de construction d’appartements sur la mer de Gaza. Il y a l’ancien ambassadeur en Israël David Friedman qui a postulé pour un nouveau poste dans la prochaine administration sous la forme d’un livre dans lequel il parlait du droit divin d’Israël à s’emparer de la Cisjordanie qu’il appelle la Judée Samarie. Souhait partagé par la première donatrice de Donald Trump, la milliardaire américano-israélienne Miriam Adelson. 

Le journal britannique a indiqué que le soutien et l’élan acquis par l’aile extrémiste du gouvernement israélien appelant au rattachement de la Cisjordanie constituent l’une des répercussions les plus évidentes sur le Moyen-Orient. Borger estime que le retour de Trump renforcera la position de Netanyahu dans son pays et augmentera probablement ses efforts visant à transformer Israël en un État illibéral. Netanyahu n’écoutera aucune voix à Washington lui demandant de modérer sa campagne visant à priver le système judiciaire de son indépendance.

Cependant, le retour à la Maison Blanche d’un allié de confiance de Netanyahu ne signifie pas qu’il aura les mains totalement libres. Contrairement à Biden, Trump ne craint pas que le Premier ministre israélien lui nuise politiquement dans son pays. Même si les nouvelles relations entre les États-Unis et Israël seront biaisées et que l’influence du nouveau président sera bien plus grande que celle de ses prédécesseurs.

Trump avait déjà clairement indiqué dans une lettre à Netanyahu au plus fort de la guerre à Gaza qu’il souhaitait que celle-ci se termine au moment où il prendrait ses fonctions le 20 janvier 2025. Évidemment, il accepterait une issue qui pencherait largement en faveur d’Israël y compris le contrôle militaire de la bande de Gaza. 

Le président sortant a également confirmé qu’il souhaitait un accord de cessez-le-feu au Liban si l’administration boiteuse de Biden ne parvient pas à un accord.

Seule incertitude, Netanyahu n’est pas sûr du soutien de Trump à sa priorité liée au dossier nucléaire iranien et à sa destruction. Tout conflit avec l’Iran peut impliquer les États-Unis et l’on sait que l’aversion pour les guerres étrangères est un élément essentiel de la politique étrangère du président élu. D’un autre côté, Netanyahu pourrait ne pas être en mesure de convaincre Trump de soutenir une attaque contre un pays qui, selon lui, prévoyait de l’assassiner.

L’Arabie saoudite se frotte les mains

Borger a souligné que l’Arabie saoudite est le deuxième vainqueur de la victoire de Trump car elle a investi massivement dans la famille Trump. Elle a désormais un allié fort à la Maison Blanche qui fera probablement pression en faveur d’un accord de normalisation saoudo-israélien qui serait ajouté aux Accords d’Abraham avec les autres États du Golfe.

Les responsables de l’administration Biden ont investi beaucoup de temps et d’énergie pour tenter de parvenir à un accord saoudo-israélien et soupçonnaient depuis le début que le prince héritier Mohammed Ben Salmane attendait Trump comme président pour le faire. Mais même pour le prince héritier, il ne sera pas facile de conclure un accord avec Netanyahu à un moment où Gaza est en train d’être détruite et où plus de 43 000 Palestiniens sont tués. Selon The Guardian, cette hésitation sera probablement temporaire et les forces croissantes de rapprochement entre certains États du Golfe, les États-Unis et Israël pourraient s’avérer plus fortes au cours des quatre prochaines années que les inquiétudes concernant le sort des Palestiniens.

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Donald Trump : le spectacle ne fait que commencer !  

Qui l’aurait cru ? Quatre ans après avoir connu la débâcle face à Joe Biden, Donald Trump est sorti vainqueur du duel qui l’a opposé, le 5 novembre 2024, à Kamala Harris, colistière de ce dernier à la précédente élection. En gagnant haut la main, il a fait encore mieux ce qu’avait prédit les sondages qu’il n’a pas fini de détromper.

Dr Abderrahmane Cherfouh

Soutenu par des milliardaires comme Elon Musk et Peter Thiel, qui avaient engagé des sommes colossales dans cette campagne électorale, et au-delà de sa victoire qui relève du miracle, Trump sera immortalisé comme le premier «criminel» à être réélu président des États-Unis.

On sait que depuis l’ère Busch fils, la fonction présidentielle américaine a perdu de sa superbe. Traîné plusieurs fois devant la justice américaine, Trump est toujours arrivé, malgré des faits avérés, à s’en échapper et en sortir indemne.

Multipliant les scandales depuis son avènement sur la scène publique, Trump n’est pas seulement un politique c’est d’abord un homme d’affaires touche à tout : immobilier, cinéma, communication… fonctions qui lui ont permis d’être propulsé sur les devants de la scène américaine et devenir une vedette incontestable du show-business à l’américaine.

Quand tout est permis

Il faut dire que le processus électoral américain et la démocratie américaine d’une façon générale laissent à désirer et se caractérisent souvent par des arrangements opportuns avec l’éthique et la morale. Pour engranger des voix et essayer de gagner une élection, les politiciens d’aujourd’hui n’hésitent pas à vendre leur âme au diable. N’importe quel diable. Il n’y a plus vraiment de règle à respecter, ni de principe à suivre loyalement.

À ce titre, le spectacle que nous ont offert Trump et Harris restera gravé à jamais dans la mémoire des Américains et de l’humanité tout entière comme l’une des campagnes électorales les plus ordurières, marquées par des dérapages verbaux et des échanges d’insultes, au déshonneur des deux auteurs.

Depuis l’avènement des réseaux sociaux et de la prééminence du rôle de l’image, il n’y a de la place que pour les menteurs, les fourbes, les opportunistes ,les égocentristes, les escrocs, les cas pathologiques et les suprémacistes à l’image de Trump qui a réussi à en faire son terrain de jeu pour engranger argent, soutiens politiques et voix des électeurs, même parmi ses supposés adversaires.

Par ailleurs, la banalisation des idées xénophobes est un phénomène qui tend à se généraliser dans un pays qui se veut la référence et le modèle à suivre en matière de démocratie. Trump a en effet été réélu pour ses idées populistes, racistes et nauséabondes et il est vu de plus en plus comme un héros du franc-parler et un ennemi du système, lui qui est le fruit même de l’establishment dans ce qu’il a de plus détestable.

Un homme qui inquiète

En tout état de cause, ce qui se passe actuellement aux États-Unis dépasse la raison et défie la logique. La réélection de Trump en dépit de tout bon sens et sa fulgurante percée sur la scène américaine et mondiale vont constituer un tournant dans les équilibres géostratégiques mondiaux, suscitant l’inquiétude dans plusieurs capitales, tant l’homme paraît imprévisible, versatile et ne reculant devant aucun excès.

L’inquiétude vient de la légitimation électorale des discours racistes qui foisonnent partout dans le monde et des perspectives d’aggravation de la situation en Proche-Orient, où se poursuit le génocide du peuple palestinien, et en Europe, avec la guerre entre la Russie et l’Ukraine, pour ne citer que ces deux zones de tension. Elle vient aussi, et surtout, du caractère instable du nouveau président de la première puissance mondiale, qui a une grande responsabilité dans la gestion des affaires du monde. Espérons qu’après avoir fermé la parenthèse de la campagne électorale, il retrouvera une posture plus adaptée à sa fonction. Mais là aussi, on ose à peine l’espérer…

 * Médecin algérien basé au Canada.  

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Elections américaines : Trump a le vent en poupe

Dernière ligne droite avant le sprint final pour les deux candidats à la Maison blanche, Donald Trump et Kamala Harris. Dans les sondages, c’est toujours le coude-à-coude, mais à mesure que la date fatidique du 5 novembre 2024 approche, Trump semble avoir le vent en poupe.

Dr Abderrahmane Cherfouh *

La question qui mérite d’être posée est la suivante : Trump va-t-il réussir son pari fou de se faire élire président des États-Unis pour la deuxième fois et revenir à la Maison  blanche qu’il avait quittée par la petite porte le soir du 3 novembre 2020, après l’annonce de sa défaite électorale face à Joe Biden ?

Ce jour-là, les électeurs américains avaient renvoyé Trump à ses chimères. Fou de rage pour avoir été battu d’un cheveu, ce dernier avait accusé l’administration Biden d’avoir truqué les élections et incité ses partisans à se lancer, le 6 janvier 2021, à l’assaut du Capitole, siège du Congrès.

Ce jour-là, le monde, incrédule, découvrait avec stupéfaction que Trump était un mauvais perdant et capable de tout, et surtout du pire. Pris dans les mailles de la justice qui l’accuse d’avoir «commis des délits» pour rester au pouvoir, il a été inculpé de 91 chefs d’accusation, mais il a continué à plaider non-coupable et à nier avoir commis des actes répréhensibles.

Malgré tous ses tracas judiciaires, Trump ne s’est pas avoué vaincu, et aussi paradoxal que cela puisse paraître, il a continué à foncer, tambour battant, vers la Maison blanche qu’il compte reconquérir pour dominer le monde de nouveau.

Avec une force incroyable et sans renier la suffisance et l’arrogance qu’on lui connaît, il se bat aujourd’hui avec rage comme une bête blessée. Il a toujours soif de gouverner, d’afficher sa puissance et de dominer ses adversaires.

L’autre hypothèse, à savoir un échec dans la course à la présidence, portera un coup dur à son égo démesuré, puisqu’il sera obligé de s’éclipser et reprendre le chemin des tribunaux. Mais son empreinte restera, ainsi que ses phrases assassines, lui qui, entre autres excès de langage, a qualifié les pays africains et Haïti de «pays de merde».

Toujours est-il que Trump est encore là, ne fut-ce que pour quelques jours, au cœur de l’actualité américaine et mondiale. Venu à la politique par soif de pouvoir, égocentrisme et opportunisme, il a fini par grimper tous les paliers et occuper le sommet de la hiérarchie en tant que président de la première puissance mondiale. Il est le pur produit des médias qu’il a toujours su utiliser, manipuler et insulter. La presse a souvent fait son chou gras des scandales qu’il ne cessait de provoquer. Des tonnes de littérature lui ont été consacrées, plus ou moins favorables, plus ou moins critiques, mais qui n’ont cessé de le mettre sur un piédestal, quelles que soient leurs orientations politiques. Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, on le sert toujours. Il en est souvent ainsi de tous les leaders populistes.

Trump va probablement sortir victorieux de son duel avec Harris qui a démontré, au fil des jours, son incapacité à se hisser au niveau du poste qu’elle brigue à la tête de la première puissance mondiale.

S’il est élu, que fera-t-il ? Il mettra fin à la guerre en Ukraine, comme il l’a souvent laissé entendre. Au Proche Orient, il aura sûrement à cœur de voler au secours d’Israël. Défenseur acharné de la supériorité de la race blanche qu’il considère d’essence supérieure par rapport aux autres races humaines auxquels il voue une haine obsessionnelle, il n’a que mépris pour les pauvres et les immigrés. Harris, qui l’a traité de fasciste, ne s’est sans doute pas trompée sur son compte. Car il coche toutes les cases du fanfaron fasciste dans ce qu’il a de plus abject.  

Ami inconditionnel de l’État génocidaire d’Israël, Trump est fortement influencé par l’un des plus fervents défenseurs du sionisme, son gendre Jared Kushner, devenu son principal conseiller et l’architecte en chef des accords d’Abraham établissant des relations diplomatiques entre Israël, et plusieurs pays arabes : Émirats arabes unis, Bahreïn, Maroc et Soudan, en attendant le tour de l’Arabie Saoudite et d’autres qui sont déjà sur les rangs.

Aux Arabes, qui ont trahi la cause palestinienne, Trump ne fera aucune concession. Il sait qu’ils sont prêts à se prosterner à ses pieds, tant que son administration ne leur demandera pas de respecter les droits de l’homme et les libertés individuelles.  

* Médecin algérien basé au Canada.

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Le malaise israélo-américain sur le nucléaire iranien persiste

Les responsables américains et israéliens affirment avoir obtenu de grands succès après la dernière frappe israélienne contre l’Iran, sauf que derrière la satisfaction des gains tactiques se cache une préoccupation à plus long terme, car beaucoup craignent que les dirigeants iraniens concluent qu’il ne reste plus qu’un seul moyen de défense, c’est prendre l’initiative d’acquérir des armes nucléaires. (Illustration: Téhéran).

Imed Bahri

Le New York Times a rapporté que lorsque les avions de combat israéliens ont lancé une attaque contre l’Iran, ils se sont dirigés vers deux cibles principales: les défenses aériennes qui protègent Téhéran et les mélangeurs géants de carburant qui fabriquent le carburant pour la flotte de missiles iranienne.

L’élément de surprise pour les Iraniens a été un nombre de frappes qui a conduit à la destruction des défenses aériennes protégeant plusieurs raffineries pétrolières et pétrochimiques vitales ainsi qu’environ 12 mélangeurs de carburant sans lesquels l’Iran ne pourrait pas produire davantage de missiles balistiques qu’elle a lancés sur Israël le 1er octobre dernier et cela pourrait prendre plus d’un an pour les remplacer par des fournisseurs chinois et autres.

Encore une fois ces frappes ont prouvé que le renseignement israélien dispose d’informations précises sur le lieu des sites sensibles en Iran.

Cependant, le sentiment des Iraniens qu’il ne leur reste plus qu’à se doter de l’arme nucléaire est ce que les stratèges américains combattent désespérément depuis un quart de siècle usant du sabotage, des cyber-attaques et de la diplomatie pour empêcher Téhéran de franchir le seuil et de devenir une puissance entièrement dotée de l’arme nucléaire.

Le président américain Joe Biden, qui a publiquement mis en garde Israël il y a trois semaines contre les frappes sur les sites nucléaires et énergétiques iraniens de peur que le conflit ne dégénère en guerre régionale, a semblé pour la première fois satisfait du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a déclaré: «Il semble qu’ils n’aient frappé que des cibles militaires».

Le guide suprême iranien Ali Khameneï rencontrait de hauts dirigeants du Corps des Gardiens de la révolution islamique pour déterminer ses prochaines mesures. Il a adopté un ton mesuré dans ses premières déclarations sur les attaques affirmant qu’elles ne devraient être ni exagérées ni minimisées. Il y avait peu de preuves qu’une décision avait été prise concernant les attaques.

La table est mise  pour une désescalade

Dana Stroul, ancienne responsable de la politique au Moyen-Orient au Département américain de la Défense (Pentagone) et aujourd’hui chercheur principal à l’Institut de Washington pour la politique au Proche-Orient, a déclaré que si l’Iran choisit l’escalade, ses sites militaires et nucléaires seront plus menacées expliquant que «la table est mise  pour une désescalade si l’Iran choisit de le faire, sinon la prochaine réponse israélienne sera encore plus destructrice.»  

Le NYT souligne que l’Iran a une autre option. Ses dirigeants pourraient lever publiquement ou secrètement l’interdiction apparente imposée par le Guide suprême sur la construction d’armes nucléaires d’autant plus qu’il n’a jamais été aussi proche du seuil nucléaire qu’il ne l’est aujourd’hui et possède des stocks plus importants d’uranium proche de la qualité de la bombe.

L’Iran possède désormais selon les rapports de l’Agence internationale de l’énergie atomique suffisamment d’uranium moyennement enrichi pour produire trois ou quatre armes grâce au boom de la production qui a commencé peu après le retrait de l’ancien président américain Donald Trump de l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien en 2018.

Cependant, le journal américain estime qu’il faudra peut-être beaucoup plus de temps, peut-être plus de 18 mois, pour transformer ce combustible en ogive nucléaire en supposant que l’Iran ne reçoive pas l’aide d’une puissance nucléaire établie comme la Russie, son plus gros client pour les drones, ou la Corée du Nord avec laquelle elle a travaillé un gros plan sur la technologie des missiles balistiques.

Les responsables américains affirment que jusqu’à présent, ils ne voient aucune preuve d’une décision politique de la part des Iraniens de se lancer dans une course à l’arme nucléaire mais que les pays construisent des armes nucléaires lorsqu’ils se sentent faibles, comme l’a dit un haut responsable américain, et c’est exactement le sentiment national qui prévaut dans la république islamique aujourd’hui.

Dans les jours qui ont suivi la frappe iranienne du 1er octobre qui a suivi la mort du secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah suite à une frappe aérienne au Liban, Biden a mis en garde Israël avec force soulignant la nécessité de maintenir les sites pétroliers et nucléaires hors de la liste des représailles.

Une attaque d’ouverture

Finalement, les Israéliens n’ont pas survolé la Jordanie mais ont plutôt traversé principalement la Syrie et dans une moindre mesure l’espace aérien irakien d’où ils ont tiré leurs missiles sur l’Iran selon un communiqué publié par les forces armées iraniennes. Les responsables américains n’ont pas précisé quel genre d’arrangements avait été conclu avec le gouvernement irakien et ont renvoyé toutes les questions aux Israéliens.

Le lendemain de l’attaque, les membres de la coalition d’extrême-droite de Benjamin Netanyahu ont regretté que les frappes ne soient pas allées plus loin et le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, qui a exhorté Netanyahu à bombarder directement les sites de production nucléaire iranien, a déclaré: «L’attaque de samedi devrait être considérée comme une frappe d’ouverture.»

Yair Lapid, le chef de l’opposition parlementaire, s’est joint à Ben Gvir dans ses critiques. Il a affirmé que Netanyahu avait commis une erreur en répondant aux avertissements de Biden et a déclaré que la décision de ne pas viser des cibles stratégiques et économiques en Iran est une erreur.

En conclusion, la frappe israélienne qui a épargné les sites nucléaires et pétroliers a évité une grande escalade et une guerre d’ampleur dont les conséquences seraient mondiales mais n’a pas mis fin au malaise israélo-américain concernant le nucléaire iranien. Rien ne peut garantir aujourd’hui que la République islamique s’abstiendra de se doter de l’arme nucléaire.

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