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Les potins du cardiologue : sauter du lit plutôt que sur le portable

Après les massacres perpétrés par Israël cette semaine au Liban… à l’aide de portables piégés pouvant être actionnés à distance, les GSM et les ordinateurs deviennent désormais des objets dangereux dont il convient aux États de s’assurer le contrôle par les moyens appropriés afin de protéger leurs populations et garantir la préservation de leur sécurité. (Illustration : les chiites libanais n’en finissent pas d’enterrer leurs morts tués par des portables piégés).

Dr Mounir Hanablia *

Dans la société qui est la nôtre, celle de notre pays, le téléphone portable est devenu une manifestation de richesse et de promotion sociale. Ceux qui tiennent à acquérir les appareils les plus récents et les plus sophistiqués dotés des algorithmes les plus performants ne se comptent plus, quel que soit le prix de l’appareil.

Que l’on n’aille pas prétendre que je me montre critique vis-à-vis de l’esprit de consommation qui habite nos compatriotes ou que j’émette un jugement moral en critiquant des dépenses d’importation qui seraient peut-être plus utiles dans d’autres secteurs alors que les réserves de devises ne sont pas au mieux, loin s’en faut.

Après tout, chacun est libre de dépenser son argent de la manière la plus utile dans les limites de ses possibilités. Non, il ne s’agit nullement de cela. Il ne s’agit pas non plus des effets délétères sur la santé de notre instrument de papotage préféré (avortements, tumeurs, vertiges et céphalées), ni celle des antennes de réceptions téléphoniques dont les syndic des immeubles toujours en manque d’argent du fait de la propension des habitants à ignorer les coûts d’entretiens des espaces collectifs, retirent une manne financière inespérée.

Il ne s’agit même pas de l’habitude prise par certaines mères de familles d’obtenir le calme dans leurs foyers en transformant leurs enfants en personnages virtuellement absents dignes de Matrix. Il est devenu vieux jeu de donner des leçons de morale ou des conseils médicaux lorsqu’ils ne sont pas sollicités, là où le consommateur est roi. Et après tout et jusqu’à preuve du contraire, nous vivons dans un pays dont le président a été élu au suffrage universel et dont les libertés publiques sont garanties par la Constitution.

Des appareils high tech piégés

Ne dérangeons donc pas le consommateur dans sa plate béatitude et sa recherche de la distinction en lui rappelant que cet outil censé lui donner plus de liberté marquait ses moindres déplacements et enregistrait la plus triviale de ses réflexions; pour l’éternité.

Pablo Escobar et Rouslan Khasboulatov n’avaient pas eu le temps de l’apprendre à leurs dépens. Et on savait déjà que la NSA interceptait les communications d’Angela Merkel, la chancelière allemande. 

Simplement, il est apparu au cours de cette semaine que le téléphone portable pouvait induire la mort instantanée de 5000 personnes par l’émission d’un signal, que dis-je, d’une impulsion électromagnétique, autant que les victimes du 11-Septembre, les avions détournés en moins. Si Oussama Ben Laden l’avait su, il ne se serait certainement pas donné autant de mal. Il suffit de les fabriquer sous le logo d’une marque, d’y adjoindre quelques grammes d’explosifs ainsi que les médias l’ont précisé, et le tour est joué.

Entre le Japon, la Hongrie, la Bulgarie, les enquêtes en cours n’ont pu déterminer l’origine de ces appareils, et gageons qu’elles ne le feront pas de sitôt, même si nul ne l’ignore. Mais passe encore que des milliers d’appareils high tech soient piégés malgré toutes les lois internationales le considérant comme un crime de guerre, toutes les condamnations de l’Onu, et franchissent les frontières à la barbe de toutes les polices et les douanes du monde en dépit de toutes les législations antiterroristes existantes pour être vendues le plus légalement du monde, à ceux dont la compétence dans le domaine n’est plus à démontrer et qui pour l’avoir découvert tardivement en ont fait les frais de cette manière sanglante et cruelle.

Une nouvelle arme de destruction de masse

Si tel a bien été le cas, que dire des pays dont les peuples caressent encore l’espoir que dans le monde dans lequel nous évoluons le pacifisme puisse nous épargner nombre de malheurs.

Il y a désormais là une nouvelle arme de destruction de masse autre que les stupéfiants, capable de tuer, d’éborgner, d’estropier, d’aveugler, bref de mettre hors de combat en un seul clic l’ensemble de la population d’un pays et de la plonger dans la panique en épargnant leurs biens, et surtout en épargnant les coûts et les pertes d’une guerre menée avec les moyens conventionnels ou non.

Mussolini, dont une villa qu’il n’a jamais occupée et située du côté de Soliman porte le nom, peut-être parce qu’il envisageait de s’y installer, tout comme l’avait fait plus tard son compatriote Craxi, mais pas exactement pour les mêmes raisons, Mussolini donc comptait en 1939 installer deux millions d’Italiens en Tunisie, parce qu’il pensait posséder des droits historiques sur notre pays, en fait sur toute la Méditerranée, et remontant à l’Empire Romain.

Faire sauter afin de faire place nette

On peut donc penser que compte tenu de ces droits, comparables à ceux dont se prévalent les Ashkénazes venus de Russie, de Pologne et d’Ukraine sur la Palestine, ses disciples actuels n’auraient aucun scrupule à nous faire sauter tous afin de faire place nette à la réalisation de ce grand projet.

Certes, on arguera que, notre pays étant doté des compétences nécessaires, un service de contrôle dûment établi par les autorités de tutelle ne se ferait pas fait faute de s’assurer de l’innocuité des produits , même si ouvrir et inspecter le contenu de quelques millions d’appareils high tech afin de s’assurer qu’ils ne sont pas piégés d’une manière ou d’une autre ne va pas forcément de soi. Pourquoi dramatiser? Il suffirait de quelques balances ultra sensibles. Connaissant le poids normal de l’appareil, l’accroissement de quelques grammes de tout autre en entraînerait l’élimination d’emblée. Naturellement !

Seulement, les choses peuvent s’avérer plus difficiles. Au début de  la guerre d’Algérie, alors que l’Aurès s’était embrasé, l’armée française décidait de frapper à la tête ce que François Mitterrand, alors ministre de l’Intérieur, qualifiait de rébellion. C’est toujours ainsi que les parfaits colonialistes comme Netanyahu et Galland agissent, en frappant à la tête, lorsque la perspective d’une victoire militaire facile s’avère trop éloignée. L’armée française, donc, largua par parachute au-dessus des montagnes de l’Aurès un poste TSF qu’elle prétendit ensuite avoir perdu et qui fut récupéré par les résistants algériens.

Ce poste était piégé; sa carcasse était constituée d’explosifs, mais il demeurait inoffensif tant qu’il fonctionnait avec des piles. Mais dès qu’on le branchait sur secteur, il explosait. L’idée était que là où le courant électrique existerait, des personnalités importantes de la résistance se trouveraient forcément.

On ignore ce qu’il advint exactement de ce poste. Ce qu’on sait, c’est que Mustapha Ben Boulaid, le chef de la résistance dans  l’Aurès, est mort dans son quartier général des suites d’une explosion de cause inconnue. Ceci pour dire que l’explosif peut être constitué par la paroi même de l’objet et qu’il demeure probablement illusoire de vouloir rechercher les 20 grammes supplémentaires d’explosifs enfouis à l’intérieur du boîtier.

Confier ses secrets à ses ennemis

Le plus sage serait de réaliser que toute nation digne de ce nom ou qui prétend l’être ne peut continuer à confier impunément ses secrets et ses faits et gestes à ses ennemis en escomptant qu’ils ne puissent pas en tirer profit, ou en oubliant qu’ils le font.

Les GSM et les ordinateurs sont des objets dangereux dont il convient aux États de s’assurer le contrôle par les moyens appropriés afin de protéger leurs populations et garantir la préservation de leur sécurité. L’Internet est un autre problème, qu’il convient également de traiter, ainsi que d’autres pays l’ont déjà fait. Quoi qu’il arrive, en matière de portable sauteur, il est temps que la politique de l’autruche cesse.  

* Médecin de libre pratique.

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