Lese-Ansicht

Es gibt neue verfügbare Artikel. Klicken Sie, um die Seite zu aktualisieren.

‘‘Rajhi était-il fautif?’’: une machination politique sous le gouvernement provisoire de la révolution

Ce livre publié en arabe en 2011 traite d’un des épisodes les plus mystérieux de l’après révolution tunisienne du 14 janvier de cette année-là, la publication par deux journalistes de l’interview du 5 mai 2011 d’un juge, Farhat Rajhi, qui fut un éphémère ministre de l’Intérieur du gouvernement du Premier ministre intérimaire de l’époque Béji Caïd Essebsi (BCE).

Dr Mounir Hanablia

A titre de mémoire, ce ministre avait été celui qui avait entrepris les démarches judiciaires nécessaires pour la dissolution du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), ancien parti au pouvoir sous Ben Ali, et avait été démis de ses fonctions le jour même de la parution du jugement rendant cette dissolution effective. Il avait été alors placé à la tête de l’Instance des droits de l’Homme.

Cette confession de Farhat Rajhi avait fait scandale parce qu’elle évoquait l’existence d’un gouvernement de l’ombre détenant la réalité du pouvoir et dirigé par l’homme d’affaires Kamel Eltaief, incarcéré depuis février 2023 et poursuivi dans une affaire de complot contre la sûreté de l’Etat, ainsi qu’un groupe originaire du Sahel comprenant le chef d’état major de l’armée Rachid  Ammar. Ce  dernier aurait fait, selon l’interview, le déplacement à Alger pour organiser un coup d’État. Aussitôt après, des groupes de jeunes, probablement sous la coupe du parti Ennahdha, descendaient dans les rues du pays pour protester, tentaient même de prendre d’assaut les ministères de la Kasbah, et se heurtaient à la  police qui les dispersait à coups de matraques. La police, disparue depuis le début de la Révolution, marquait ainsi son grand retour.

Le juge par qui le scandale arrive

M. Eltaief s’est empressé de démentir ces allégations et de porter plainte pour diffamation. Ce n’est que trois jours plus tard que le Premier ministre a réagi à ces déclarations les qualifiant de pures divagations irresponsables. Quant au ministère de la Défense, il les a qualifiées de spéculations inacceptables portant atteinte à l’honneur de l’armée et nécessitant un recours judiciaire, l’immunité du juge ne s’appliquant que dans l’exercice de ses fonctions. Cela a entraîné une réponse de l’Association des Juges pour qui la profession de Farhat Rajhi ne devait pas constituer l’occasion de traîner l’ensemble de la corporation dans la boue puisqu’après tout, il ne s’agissait dans ce cas que de liberté d’expression.

Quant à la Rue, pour qui Farhat Rajhi depuis la dissolution du RCD était devenu un héros, au point d’être cité comme un candidat crédible à la présidence de la république, elle ne pouvait s’empêcher de comparer la vivacité de la réaction des autorités contre l’auteur de ces déclarations à la lenteur des procédures entamées contre les responsables de l’ancien régime, et à la timidité des démarches entreprises pour la restitution des fonds et des biens détenus à l’étranger par les personnes poursuivies.

Certains partis politiques allaient même plus loin en citant la défaillance sécuritaire qui prévalait à travers tout le pays, et même la participation d’associations et d’ONG étrangères suspectes aux travaux de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution (Hiror), fait démenti par son président, le juriste Yadh Ben Achour.

L’interview réalisée plus tard avec le Premier ministre BCE laissait l’opinion publique sur sa faim; elle n’expliquait ni les raisons du retrait des forces sécuritaires du pays, ni le mystère des «snipers» ayant tiré sur les manifestants, dont la réalité était purement et simplement niée, ni les déclarations de M. Rajhi, mises sur le compte d’un accès maniaque d’un homme qui n’était pas dans son état normal. Il s’agissait donc, plus que toute autre chose, de dénigrer le juge.

Dans ce contexte, les excuses exprimées par ce dernier, en particulier envers l’armée et son chef Rachid Ammar, prenaient tout leur relief. Leur substance était qu’il avait parlé en toute spontanéité et qu’il ne pensait pas que ses propos, par ailleurs déformés et utilisés en dehors de leur contexte, et même seraient publiés, qui plus est sous forme de montage, aisément fabriqué grâce aux procédés informatiques disponibles. Il marquait par ailleurs son regret d’avoir offensé Rachid Ammar qui lui avait sauvé la vie lorsqu’un groupe de policiers mécontents avaient surgi dans son bureau de ministre de l’Intérieur et avaient tenté de l’agresser pour finalement lui dérober sa montre, son portable, et son imperméable.

Propos compromettants difficile à prouver

On peut donc toujours essayer de comprendre comment un juge expérimenté comme Farhat Rajhi, un ancien procureur général de la cour d’appel de Bizerte, a pu être amené à proférer des propos aussi compromettants qu’il ne pouvait pas prouver. Sans doute était-il grisé par la présence de deux jeunes journalistes qui semblaient lui marquer autant de déférence, sinon d’admiration. Était-il bien dans son état normal, puisque plusieurs de ses détracteurs ont marqué leur doute sur cette éventualité? Était-il frustré d’avoir été évincé du ministère de l’Intérieur aussi rapidement qu’il y fut catapulté, ainsi que d’autres l’ont prétendu? Ou bien a-t-il simplement usé de métaphores?

Seuls les journalistes auraient pu le dire mais ces derniers n’ont pas semblé particulièrement bienveillants en s’empressant de publier les propos du juge tard dans la nuit suivant leur recueil, afin d’échapper à la vigilance d’éventuels surveillants ou de lanceurs d’alerte, une habitude prise paraît-il du temps de Ben Ali afin que l’information reste le plus longtemps possible sur les réseaux sociaux et soit partagée par le plus grand nombre. L’un des journalistes s’est même révélé menaçant puisqu’à l’accusation d’avoir agi ainsi à la recherche de la notoriété sans en mesurer les conséquences sur le public, il avait répondu que si tel avait été le cas, il aurait publié des choses bien plus compromettantes. Et on est obligé de le croire puisque M. Rajhi complètement discrédité a été obligé de faire amende honorable, et que cette histoire a mis un bémol à ses éventuelles ambitions politiques en marquant sa disparition totale de la scène publique.

Qui donc y avait eu intérêt? Naturellement tous ceux que la présence d’un juge, jouissant d’une réelle popularité, dérangeait, dans l’éventualité d’élections présidentielles, à commencer évidemment par BCE lui-même, dont les ambitions présidentielles se concrétiseront quelques années plus tard. Ou bien ceux qui voulaient peser sur la situation politique dans le pays, alors que les élections de la Constituante d’abord prévues pour le mois de juillet étaient en passe d’être reportées en suscitant des réactions parfois vives et ne seraient finalement tenues qu’au mois d’octobre suivant. Ou encore tous ceux pour qui l’exacerbation des rivalités régionales ou des conflits claniques était pain bénit et affaiblissait la contestation de l’autorité.

On ne saura malheureusement rien de l’employeur de ces deux journalistes, une piste qui aurait pu être intéressante si elle avait été creusée pour déterminer l’origine de l’affaire.

Les machinations politiques post-révolution

Naturellement, rien dans les propos du juge ne s’avèrera exact ainsi que l’avenir le démontrera. L’armée, appelée à sécuriser le déroulement du scrutin, ne participera à aucun coup d’État; elle demeurera loyale au pouvoir politique quel qu’il soit, du moins jusqu’à présent. Et M. Eltaief ne sera pas alors condamné pour complot contre la sûreté de l’État.

En fin de compte, ce ne sont pas les Sahéliens mais les Sudistes (Ghannouchi, Larayedh, Marzouki) qui prédomineront à l’ère d’Ennahdha, sur le devant de la scène.

Néanmoins, cette affaire marquait le début des machinations politiques et des manipulations de l’opinion publique qui culmineraient avant les élections de la Constituante avec le dessin animé ‘‘Persépolis’’ projeté par la chaîne Nessma de Nabil Karoui, et le film projeté au cinéma Afrik’art ‘‘Ni Dieu, ni Maître’’ de Nadia El-Fani, à 50 mètres du ministère de l’Intérieur. Elle démontrait clairement que les forces politiques à l’œuvre au début de la Révolution n’étaient pas plus vertueuses, loin s’en faut, que celles qui les avaient précédées à l’ère du 7-Novembre.

* Médecin de libre pratique.

‘‘Rajhi était-il fautif?’’ de Tahar Ben Youssef, en arabe, Tunis, 2011.

L’article ‘‘Rajhi était-il fautif?’’: une machination politique sous le gouvernement provisoire de la révolution est apparu en premier sur Kapitalis.

Comment l’Iran influence-t-il l’élection présidentielle américaine?

Alors que la campagne électorale de l’élection présidentielle américaine bat son plein et que nous sommes à moins de deux mois d’un scrutin sur lequel les yeux du monde entier sont rivés, les autorités américaines ont décelé une vaste campagne d’influence iranienne. Ce qui est saisissant c’est que les Iraniens ne veulent favoriser aucun candidat, contrairement aux Russes qui en 2016 avaient tout fait pour porter au pouvoir Donald Trump et barrer la route à Hillary Clinton. L’objectif iranien est d’affaiblir et de saborder le modèle dit de démocratie américaine. Le moins que l’on puisse dire c’est que la république islamique a le bras long et s’affirme comme un grand protagoniste de la cyber-influence à l’échelle internationale. 

Imed Bahri

Le New York Times a publié une enquête préparée par Steven Lee Myers, Tiffany Hsu et Farnaz Fasihi dans laquelle les auteurs affirment que l’Iran est devenu la plus grande menace en matière de désinformation liée à la course à la présidentielle américaine. Ils ont déclaré que l’Iran avait intensifié ses efforts pour discréditer la démocratie américaine.

Dans cette campagne d’influence et de sabordage, l’Iran s’est appuyé sur des opérations de piratage et de faux sites Internet. Un site appelé Savannah Time se décrit comme «votre source fiable d’informations conservatrices et d’informations sur la ville animée de Savannah». Un autre site appelé Newthinker veut devenir «votre destination préférée pour des informations progressistes et perspicaces». Le site Westland Sun se présente comme s’adressant aux musulmans de la banlieue de Détroit. Un travail méthodique qui cible divers types d’électorats aussi bien républicain que démocrate, conservateur ou progressiste mais aussi les communautés. 

Le NYT ajoute que l’Iran organise depuis longtemps des campagnes secrètes de désinformation contre ses ennemis notamment Israël, l’Arabie saoudite et les États-Unis d’Amérique mais que ses campagnes ont jusqu’à présent continué à se dérouler dans l’ombre de campagnes similaires aux russes et chinoises. Cependant les récentes campagnes de désinformation sont devenues plus audacieuses et plus diversifiées selon des responsables américains et des experts en Iran.

Semer les désaccords au sein de l’Amérique

Le journal américain estime que les efforts iraniens visent à contrecarrer les tentatives de retour au pouvoir de l’ancien président Trump mais qu’ils ciblent l’administration Biden et la campagne de Kamala Harris d’une manière qui indique des efforts plus larges visant à semer les désaccords au sein de l’Amérique et à détruire la confiance dans la démocratie aux yeux des Américains et du monde en général.

La directrice du renseignement national Avril Haines a averti il ​​y a quelque temps que «l’Iran est devenu de plus en plus agressif dans ses efforts d’influence visant à semer la discorde et à saper la confiance dans nos institutions démocratiques» et que «les Américains devraient être conscients lorsqu’ils traitent avec des comptes et des utilisateurs qu’ils ne connaissent pas personnellement.»

Le mois dernier, son bureau s’est joint au FBI et à l’Agence de cyber-sécurité et de sécurité des infrastructures pour publier une déclaration notant que «l’Iran considère les élections de cette année particulièrement importantes en termes d’impact qu’elles pourraient avoir sur ses intérêts de sécurité nationale ce qui accroît la tendance de Téhéran à essayer de façonner le résultat.» 

La mission iranienne auprès des Nations Unies a refusé de commenter les tentatives de désinformation et les faux sites Web. Dans une déclaration précédente, le 19 août, concernant la campagne Trump et les tentatives d’infiltration de celle-ci, la mission a déclaré que les accusations étaient «sans fondement et dénuées de sens» et que «l’Iran n’a ni l’intention ni le motif d’intervenir dans le processus de l’élection présidentielle aux États-Unis.» Pour les Iraniens, donc, c’est circulez, il n’y a rien à voir. 

Le journal affirme cependant que le réseau d’agents électroniques et de pirates informatiques comprend des fronts commerciaux contrôlés par les Gardiens de la révolution iraniens selon un responsable iranien et un autre Iranien travaillant dans le domaine des médias, tous deux familiers des campagnes de désinformation.

Les Gardiens de la révolution jouissent d’une autorité forte et bien établie dans tous les domaines de la vie iranienne, économique, politique et cybernétique. Le gouvernement et les Gardiens de la révolution s’appuient sur un réseau d’individus qui utilisent les réseaux sociaux pour promouvoir les positions iraniennes parfois en utilisant des pseudonymes. Les deux responsables ci-haut cités, dont l’un est membre des Gardiens de la révolution, affirment solliciter des projets auprès d’entreprises technologiques et de startups dont certaines ne comprennent pas leur objectif.

Alimenter les mouvements de contestation aux Etats-Unis

Les deux responsables ont déclaré que le gouvernement iranien avait consacré des ressources importantes aux opérations de désinformation notamment depuis 2022 lorsque les femmes ont mené un soulèvement qui s’est étendue à tout le pays. Ils ont déclaré que les responsables gouvernementaux mènent des opérations exploratoires continues dans les universités à la recherche d’étudiants en technologie pour les employer après avoir obtenu leur diplôme en leur faisant miroiter des salaires élevés, un soutien à la recherche et des bureaux.

Le journal cite Amir Rashidi, directeur du Groupe Mian, une organisation de défense des droits humains qui se concentre sur le Moyen-Orient et milite en faveur des droits et de la sécurité numériques: «La stratégie d’information et de propagande de l’Iran est similaire à la façon dont les Gardiens de la révolution dirigent des groupes mandataires au Moyen-Orient. Ils procèdent à une infiltration agressive et progressive. Et ils jouent à un jeu basé sur la patience.»

Des agents iraniens ont réussi à pirater les comptes de Roger Stone, un proche conseiller de Trump, et ils ont également tenté de pirater les comptes de Biden et Harris sans résultats connus. Le mois dernier, Meta a annoncé avoir découvert des efforts similaires sur la plateforme de messagerie WhatsApp.

Le journal américain affirme que les efforts de l’Iran et sa concentration sur les États-Unis se sont accrus avec l’invasion de Gaza par Israël, l’allié de l’Amérique, suite à l’opération Déluge d’Al-Aqsa le 7 octobre 2023. Les services de renseignement américains ont accusé les agents iraniens d’alimenter les protestations contre la guerre israélienne à Gaza et de fournir un soutien financier aux manifestants et de les aider en ayant recours à des personnes se faisant passer pour des étudiants. L’Iran a nié tout lien avec les manifestations dans les universités américaines bien que le chef spirituel de la République islamique les ait félicitées dans une lettre ouverte.

Le NYT considère que depuis l’avènement de la Révolution islamique de 1979, l’Iran s’est appuyé sur la propagande et la désinformation médiatique à tel point que celle-ci est devenue partie intégrante de l’identité du régime. À mesure que la technologie progressait, les méthodes et les ambitions de l’Iran ont évolué, Khamenei décrivant en 2011 le cyberespace comme la façade iranienne du jihad de l’information. Cette année-là, il a ordonné la création d’un Conseil Cyber Suprême. Et a demandé au gouvernement et à l’armée de travailler avec lui pour servir les intérêts et les objectifs de l’idéologie islamique.

Avant 2020, l’Iran ne montrait pas beaucoup d’intérêt à influencer directement les élections américaines, selon un rapport publié au début de cette année par le Digital Forensics Laboratory de l’Atlantic Council, mais la situation a changé lorsque Trump s’est retiré de l’accord nucléaire signé en 2015 et a décidé de réimposer des sanctions puis avec l’assassinat du général Qassem Soleimani, commandant de la Force Al-Quds, corps d’élite des Gardiens de la révolution, à l’aéroport de Bagdad en 2020. Les opérations d’influence liées à l’Iran se sont depuis accélérées.

Dans un rapport publié l’année dernière, Microsoft a noté 7 campagnes iraniennes ciblant les Etats-Unis en 2021 qui sont passées à 24 campagnes après un an. Dans un rapport publié le mois dernier, Clint Watts, directeur du Centre d’analyse des menaces de Microsoft, a averti que l’Iran se préparait à davantage d’activités extrémistes aux États-Unis. Elles peuvent inclure des activités incitant à la violence contre des personnalités ou des groupes politiques et semant le doute sur le résultat des élections. Au moins cinq sites trompeurs sont apparus en ligne alimentant les électeurs américains en contenu constant visant à saper le soutien à Israël et la confiance dans la démocratie américaine, selon Microsoft et Open EA. L’utilisation de l’intelligence artificielle dans ces efforts a été révélée.

Les efforts de tromperie de l’Iran ont ciblé Trump qui dans un article sur le site Newthinker a été décrit comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, consommant de l’opium et affilié à son mouvement Maga (Make America Great Again).

La campagne iranienne a également ciblé les démocrates. Dans un article publié par le site Internet Savannah Time, qui n’a aucun lien avec la ville de Géorgie, il a averti que Harris «flirtait dangereusement avec le contrôle des prix à la manière communiste».

Les deux responsables iraniens ont déclaré que Téhéran n’était pas intéressé par le vainqueur final en novembre et estimaient que l’hostilité de Washington envers l’Iran transcendait les deux parties. L’objectif principal de la campagne de désinformation médiatique est donc de semer la discorde, d’approfondir la polarisation et de placer l’Iran sur l’échelle du pouvoir aux côtés de la Chine et de la Russie.

L’article Comment l’Iran influence-t-il l’élection présidentielle américaine? est apparu en premier sur Kapitalis.

❌