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Israël face au néant arabe

Si aujourd’hui les Arabes abandonnent Gaza et le Liban à leur triste sort, face à la barbarie de l’Etat d’Israël, il y a fort à parier que nul ne lèvera demain le petit doigt pour leur venir en aide lorsque leur tour viendra d’être attaqués. C’est une éventualité qu’ils feraient bien de méditer. 

Dr Mounir Hanablia *

Les événements au Moyen-Orient se précipitent et se ressemblent. Après avoir détruit Gaza, Israël menace d’envahir le Sud Liban après l’avoir occupé durant 18 ans puis évacué pendant 24 ans en tentant de le réoccuper il y a 18 ans sans succès. Connaissant les Israéliens, il était prévisible que dès qu’ils se sentiraient assez forts ils n’hésiteraient pas à tenter d’effacer leurs échecs. Et même dès le début de la guerre à Gaza, l’ampleur des moyens militaires mis en œuvre et de l’aide financière débloquée par les Etats Unis d’Amérique laissaient prévoir que le Liban serait un objectif probable dans le programme belliqueux établi par l’État hébreu.

Le Hezbollah avait d’ailleurs bien compris tout cela, et dès le début n’avait pas hésité à demander l’arrêt de l’agression israélienne à Gaza, et à harceler le front nord de l’agresseur en le prenant à revers, obligeant sa population frontalière à évacuer ses habitations et imposant un no man’s land d’une dizaine de kilomètres de profondeur. Il a été appuyé pour cela par les Houthis du Yémen et les Ansar d’Irak dont les missiles ont occasionné quelque gêne aux bateaux en route pour le port d’Eilat.

Après Gaza, c’est au tour du sud-Liban

Cependant les attaques aériennes israéliennes associées aux renseignements fournis par les Américains, avaient quand même démontré une capacité de nuisance supérieure en assassinant des généraux iraniens dans leur consulat à Damas ainsi que le Palestinien Ismael Haniyeh, leader du Hamas lors de sa visite officielle à Téhéran, tout comme des membres du haut commandement  de l’organisation chiite libanaise.

L’affaire de l’explosion des milliers de portables piégés semble n’avoir en fait que visé à remobiliser l’opinion israélienne autour du thème de la guerre en démontrant qu’après le fiasco sécuritaire de Gaza son armée avait repris l’initiative des opérations.

On peut considérer que l’assassinat du commandement de la brigade Al-Radhouane réuni dans les sous-sols d’un immeuble du sud de Beyrouth poursuit les mêmes objectifs, rétablir la confiance de la population israélienne dans son gouvernement  tout en sapant celle des Libanais dans le Hezbollah. A mon avis c’était cela le but recherché par l’opération, l’arsenal du Hezbollah étant déjà déployé depuis des années avec ses objectifs militaires et ses modalités de combat certainement déjà définis en fonction des différents scénarios d’invasions possibles. Il est d’autant plus licite de le penser, que l’élimination du commandement d’Al-Radhouane est survenue immédiatement après l’un des plus intenses bombardements conduits par le Hezbollah contre le territoire israélien en réponse aux explosions des portables et traduisant dans les faits le discours de fermeté tenu par son chef Hassan Nasrallah un jour auparavant.

Est-ce que Israël envahira finalement le Liban dans le but de repousser le Hezbollah une quarantaine de kilomètres jusqu’à la rivière Litani afin de garantir la sécurité de sa population ainsi qu’il le prétend? C’est en tous cas le scénario imposé par Netanyahu dont il semble que l’armée ait longtemps résisté avant de l’accepter.

Tous les observateurs s’accordent en effet pour dire que l’armée israélienne n’ayant rien réalisé de ses objectifs en envahissant Gaza, et étant de surcroît usée par une année de combats, sa capacité à remplir la mission qui lui serait impartie au Liban paraît douteuse même s’il apparaît qu’elle est beaucoup mieux renseignée sur ses adversaires qu’elle ne l’était en 2006 lorsque ses chars déployés avaient été détruits comme dans un champ de tir aux canards. Mais connaître le dispositif de son adversaire est une chose, l’attaquer pour tenter de le déloger et le détruire en est une autre. Et pour peu qu’elle réalise finalement sa percée jusqu’à la rivière Litani, on ne voit pas ce qui empêcherait des missiles postés sur la rive opposée de frapper ses soldats et même la frontière nord de son pays.

On peut supposer que dans ce cas l’alliance sacrée se nouerait au nom de la défense de la patrie et que la Résistance libanaise retrouverait le statut qui avait été le sien et qu’elle semble avoir perdu puisqu’elle est accusée par ses rivaux de n’être rien de plus qu’un pion dans le jeu iranien.

A part cela, abstraction faite des missiles lourds capables d’occasionner des dégâts sérieux dans la profondeur du territoire israélien, force est de constater que les champs gaziers israéliens de Kimish et Leviathan constituent des cibles de choix pour d’éventuelles représailles, ce qui à l’heure où l’Europe privée de Gaz par la guerre en Ukraine a les plus grandes difficultés à assurer ses approvisionnements, peut induire des conséquences dramatiques sur l’ensemble de l’économie mondiale.

Absence totale de réaction des Arabes

On peut donc s’attendre en cas d’opération militaire à ce qu’elle survienne avant l’hiver, l’autre opportunité étant les élections présidentielles américaines et le désintérêt total de Biden à résoudre les problèmes de la région après avoir assuré la supériorité militaire de ses amis sionistes.

Le drame est que dans la soi- disant démocratie israélienne, Netanyahu appuyé par sa bande de colons voyous soit prêt à toutes les aventures  pour conserver le pouvoir et échapper aux poursuites judiciaires qui l’attendent.

Dans tous les cas des figures, c’est l’absence totale de réactions des pays arabes qui doit être mentionnée. Israël a plus que démontré qu’il était à tout moment capable de remettre en question quelque traité de paix que ce soit pour n’importe quelle raison et que sa parole ne valait pas plus que l’encre et le papier avec lequel il était rédigé. Si aujourd’hui ils abandonnent Gaza et le Liban à leur triste sort, il y a fort à parier que nul ne lèvera demain le petit doigt pour leur venir en aide lorsque leur tour viendra d’être attaqués . C’est une éventualité qu’ils feraient bien de méditer. 

* Médecin de libre pratique.  

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Ouverture des candidatures pour le prix de l’Alecso de la créativité et de l’innovation des jeunes chercheurs dans le monde arabe

Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a annoncé l’ouverture des candidatures pour le prix de l’Organisation arabe pour l’éducation, la culture et les sciences (Alecso) de la créativité et de l’innovation pour les jeunes chercheurs dans le monde arabe dans le domaine de l’économie verte (session de l’université de Sharjah).

Ce prix a pour objectif de soutenir la recherche scientifique et technologique, de diffuser la culture de la recherche scientifique et d’encourager l’innovation et la créativité chez la jeunesse dans le monde arabe, a indiqué le ministère de l’Enseignement supérieur dans un communiqué publié vendredi.

Les candidats souhaitant participer à cette session doivent déposer leurs dossiers avant le 25 octobre 2024 sur le site web: httpss://ctiaward.alecso.org qui comprend de plus amples informations sur le prix et les conditions de participation.

Selon le ministère, un comité scientifique sera chargé de sélectionner les projets sur la base des critères établis, à savoir les aptitudes scientifiques et d’innovation technologique du chercheur ou du groupe de recherche, les répercussions, industrielles, économiques et environnementales des projets et leur capacité à réaliser les objectifs du développement durable.

Par ailleurs, la cérémonie de remise des prix sera organisée du 20 au 22 novembre 2024 à l’université de Sharjah, à l’occasion du 2e forum de l’Alecso pour le jumelage des universités arabes.

Selon l’Alecso, l’économie verte joue un rôle important dans la sauvegarde de la biodiversité et des écosystèmes, la réduction des émissions de carbone et de la pollution.

Avec TAP

 

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Kabyles de France: de l’impasse à la voie de garage   

Toulouse. Printemps 2024. Inauguration de la rue de la Kahina. Dans la continuité de la création du square Idir lors de l’hiver 2023 dans le vingtième arrondissement de Paris, l’existence d’une conscience franco-kabyle s’est affirmée jusqu’à l’officialisation. Tandis qu’en France les deux dernières séries d’élections (européennes et législatives) ont mis en avant des personnalités politico-médiatiques aux origines maghrébines le plus souvent d’origine algérienne (la secrétaire d’État Sabrina Agresti-Roubache, la députée européenne Malika Sorel…), une prédominance kabyle apparaît nettement si on en affine la prise en compte (Karim Zéribi, Amine El Bahi, Sophia Chikirou… jusqu’à Jordan Bardella du RN!). En ce premier quart de siècle, comment pourrait-on caractériser la coexistence franco-kabyle à travers une déclinaison allochtone plus régionalisante, c’est-à-dire la communauté kabyle installée en France?

Jean-Guillaume Lozato *

Pour répondre à ce qui correspond à un délicat enjeu de réflexion, la première des missions à accomplir serait de rappeler très sommairement ce que l’on définit par «Kabyles». Pour immédiatement après analyser le relationnel avec la France. Afin de pouvoir rendre compte de la position des Kabyles en France.

Pour rappel, les Kabyles s’apparentent au socle des peuples berbères présents en Afrique du nord. Ceci bien avant l’arrivée des Arabes. Vérité historique qui les place en position d’éclaireurs du Grand Maghreb. Sur un spectre de berbérité s’étendant du Maroc jusqu’à l’Ouest de l’Égypte (oasis de Siwa). Une bande territoriale d’une largeur d’environ 2270 kilomètres.

A l’origine, cet enracinement ethno-géographique était basé sur une ère culturelle regroupant les cinq Etats actuels de la partie septentrionale du cotinent africain. De nos jours, est perceptible l’éclatement de la berbérité, avec l’édification d’isolats épars. Parmi eux, les Berbères d’Algérie. Qui ne sont ni ceux des étendues désertiques égyptiennes, ni ceux des territoires bédouins de Libye. Qui n’ont pratiquement plus aucun lien avec ceux de Tunisie, encore plus minoritaires et très largement arabisés. Qui n’ont que quelques liens génétiques sans fraternisation réelle avec ceux du Maroc.

Impérativement, tenons à l’esprit que la Kabylie se compose d’une petite et d’une grande «Kabylie». Un découpage administratif se polarisant sur les deux plus grandes villes que sont Béjaïa et Tizi-Ouzou. Deux localités singulières quand on pense que Béjaïa a inspiré le mot «bougie» dans la langue de Molière, et que Tizi-Ouzou trône comme la gardienne du massif montagneux du Djurdjura. Ce toponyme d’un relief que les Romains surnommaient «la montagne de fer» était l’entrée en matière idéale sur la scène française.

La division des indigènes

En effet, du temps de la colonisation, ainsi que l’a souligné le journaliste mais aussi chercheur Yassine Telamli (in ‘‘La genèse de la Kabylie. Aux origines de l’affirmation berbère en Algérie’’): «La formation, dès le début de l’occupation, de préjugés favorables aux Berbères, principalement les Kabyles, ne pouvait, de toute évidence, que servir le projet de division des indigènes».

Les Européens en général avaient peut-être produit un jugement hâtif, motivé par la conquête et la course à la rentabilité, plaçant les Arabes comme des rivaux prioritaires, jusqu’à reléguer les Kabyles au second plan étant donné la difficulté d’accessibilité à leurs zones de peuplement montagneuses, tortueuses et rendue dangereuses par un potentiel climat insurrectionnel.

Le territoire français est resté très longtemps paysan dans son âme, de la période médiévale avec le servage et des localités au plan redessiné en fonction des commodités (pressoir, moulin…) placées plus souvent au sud ou à l’ouest. Sans compter que tout un pays a été gouverné par la royauté jusque dans son expression absolutiste.

Avec un retrait vers les terres dû à la crainte des attaques sur les côtes, et au fait de se consacrer pleinement à un immense espace agricole et forestier. La ruralité des plaines mais aussi des montagnes a donc imprégné longtemps une mentalité française dans sa conception des choses, y compris au sein de sa population urbaine. Comme chez les Kabyles. Voilà pourquoi s’est développé l’a priori moins négatif qu’envers les Arabes.

Ajoutons à cela l’observation chez les Kabyles de certains phénotypes différents des Arabes (une présence plus visible de dolichocéphalie, des teintes de peau plus claires), ou carrément communes aux Indo-Européens (yeux clairs ou cheveux clairs, parfois la combinaison des deux, dans certains cas rares des traits du visage n’ayant rien ou pratiquement rien de méditerranéen). La porte d’entrée rêvée, mieux qu’un visa si on se réfère aux propos de Deborah née en France : «Je peux passer partout et je n’ai jamais rencontré de racisme», explique-t-elle (in : ‘‘Le Syndrome du Nord Magnétique’’), en raison de ses yeux bleus. Un raisonnement qui fait écho à celui exposé par Elizabeth Nelson dans ‘‘Métropolitiques’’ (article intitulé «Les Algériens en région parisienne : entre espaces d’inclusion et d’exclusion»): «Pour eux, vivre dans le centre de Paris pourrait donc être plus facile. En tout cas, certains des enquêtés s’identifiant comme berbères ont mentionné leur capacité à ‘‘s’intégrer’’ grâce à leur peau claire, leurs yeux clairs et leurs cheveux blonds. Par exemple, Soumia une fille d’immigrés berbères de 20 ans, a déclaré : ‘‘Je leur ressemble, donc c’est plus facile pour moi [de m’intégrer]’’.»

La diaspora kabyle en France fait entendre sa différence.

L’expression répétée de toutes ces différences par rapport au reste des Algériens, des émeutes se sont produites «presque» naturellement après l’Indépendance au travers du Printemps Berbère. Avec des sursauts ressentis jusqu’en France. Le dernier en date a été la manifestation organisée par le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) place de la Nation, à Paris.

La communauté berbère la plus conséquente d’Algérie s’est effectivement fait remarquer à plusieurs reprises.

Favorablement, vis-à-vis des autorités autochtones ancestrales. C’est-à-dire dans des perspectives strictement locales, tout au plus régionales. Avec un basculement d’ordre plus national de par l’image de la résistance des combattants kabyles face aux oppresseurs ottomans, arabes ou européens. Le territoire a toujours été défendu, de l’époque de la reine Kahina jusqu’à l’insurrection des Mokrani aux temps de la colonisation française.

Défavorablement, peu après le joug colonial. La faute à quelques incompréhensions entre la population de cette portion de l’est algérien et le pouvoir central conditionné par un Houari Boumediene ayant scandé «Nous sommes Arabes, Arabes, Arabes !». Le gouvernement eut par la suite à affronter les émeutes de 1988 s’ouvrant sur la fameuse décennie noire où extrémistes islamistes et militaires se rejetèrent la responsabilité de bien des séries d’exactions. Une des conséquences en a été le déplacement de la tribune d’expression des revendications kabyles vers l’espace francophone géographiquement (Canada, Belgique et surtout France), culturellement, médiatiquement.

Un sentiment d’exil

Indéniablement, la Kabylie fait partie du patrimoine historique indépendantiste national. Mais le régionalisme semble avoir emprunté un horizon plus enclin au sécessionnisme. Avec l’expatriation, un sentiment d’exil s’est accru au fil des décennies, dont la genèse a été la fin du XIXe siècle. Aux quatre coins de l’Hexagone, une implantation solide a perduré. Nous sommes donc en présence d’un mouvement migratoire de longue date d’un groupe ethnique que l’on peut très logiquement qualifier de fortement enraciné. Ce flux ininterrompu a été le bâtisseur actif de l’itinéraire devenu traditionnel entre la France et l’Algérie. Puis l’anticipateur d’une scission arabo-berbère à l’algérienne. Jusqu’au creusement d’une brèche élargissant le fossé d’avec la population arabophone. Au point de creuser le tombeau des relations entre Algériens Kabyles et non Kabyles?

Il semblerait que les choses empruntent cette voie. Au Canada, les Kabyles qui résident au Québec disposent d’un certain droit à la visibilité audiovisuelle. Alors concernant leurs coreligionnaires de France, la représentativité est encore plus poussée grâce à la francophonie servant des organes médiatiques comme Berbère TV ou Beur FM.

Les Kabyles de France bénéficient d’une image travaillée par la diaspora, à savoir toute une stratégie de différenciation accentuée. Le Kabyle en France, c’est l’Algérien installé tellement tôt qu’il fait partie du décor depuis les premières décennies du XXe siècle (entre 1914 et 1918, on en dénombrait déjà 80 000). Le Kabyle en France, c’est celui dont la présence et la force de travail sont associées à la réglementation dite «Licence IV» pour encadrer un débit de boissons. A la différence de l’épicier renvoyant à l’expression «aller faire des courses chez l’Arabe du coin». Tout une symbolique. Une position qui a eu pour effet de diviser pour mieux régner au profit du colonisateur de l’époque. Une séparation qui a suggéré un séparatisme, entre autres à partir de l’alcool, substance déjà instrumentalisée par le passé aux dépens des Eskimos ou des Indiens d’Amérique. Une notion faisant penser aux analyses de Nessim Znaien dans ‘‘Les raisins de la domination’’ où l’auteur tunisien s’était penché sur la question de l’histoire sociale de l’alcool dans sa patrie. Pour les Kabyles, pourrait-on parler de raisins de l’assimilation?

Entre soubresauts et soulèvements, ce n’est pas la première fois que l’Algérie Berbère se voit animée par une secousse tellurique partant de la contestation pour arriver à la contestation.

Les Kabyles de France affichent leur particularisme culturel.

Concentrons-nous sur notre époque «post-moderne». En Algérie, bien que l’assassinat du chanteur engagé Matoub Lounes eût plongé le pays dans l’émoi en juin 1998, la solidarité interrégionale semble reléguée dans l’armoire à souvenirs. En France, le sentiment communautaire algérien paraît ne se manifester qu’en cas de match de foot international.

Il est évident que cette problématique, mettant en cause l’Algérie nationale et transnationale par le biais de la régionalisation, tombe très mal en ce moment. S’ajoutant à d’autres préoccupations pour son gouvernement déjà confronté à un taux de chômage des jeunes très élevé, à la corruption, à la gestion sécuritaire de son immensité territoriale (2 381 741 km² ), à la gestion d’une économie défaillante dont la perte de vitesse de 1986 n’a jamais été réellement compensée. En plus de ses retards structurels, la vie économique voit son activité contrariée par la croissance des inégalités et le possible réveil du «Hirak» ou de quelque autre forme de contestation populaire.

Accentuation des contrastes interethniques

La réponse à cette problématique peut tout à fait se matérialiser par l’affirmative. La récente requête menée par le chanteur Fehrat Mehenni, au nom du MAK, a été enregistrée officiellement par l’Onu. Avec comme date butoir 2025 pour officialiser l’Indépendance de la Kabylie. Un glissement d’un régionalisme à grande échelle vers l’international.

Très active au Canada ainsi qu’en Belgique, la diaspora l’est encore davantage en France (notamment au travers d’associations comme Kabyles de France et AFKIF, AKFSO, AJKF…). Le militantisme pro-Kabylie y est tellement représenté qu’il pourrait fausser un débat et biaiser les intérêts réels aussi bien nationaux, régionaux, que municipaux en Algérie.

Les préoccupations d’un Algérien Berbère installé en France peuvent nettement différer de celles d’un autre qui réside dans son pays d’origine. Ou même là commencent à se différencier les Kabyles des villes et ceux des campagnes, les Kabyles de Kabylie de ceux établis dans les quartiers algérois de Bab El-Oued, Tilimly ou Tikseraïne.

Par conséquent, pendant cette durée d’un an à compter du printemps 2024, les activistes indépendantistes attendent avec impatience l’issue d’une demande déposée dans une dimension internationale. Avec une possible accentuation des contrastes interethniques vus d’Algérie. Mais surtout vu de France dans un premier temps, sur un territoire où l’instrumentalisation du vote maghrébin est une réalité récurrente.

Chez les expatriés, les sentiments balancent de l’espoir vers l’illusion d’un individu à un autre. «De quoi vont vivre les gens de ma région là-bas? De la vente d’huile d’olive ?», ironise Khaled, Kabyle installé sur Paris. «Avec notre indépendance, c’est un moyen de faire enfin comprendre aux gens du monde entier que nous sommes différents des Arabes», espère un cafetier très sympathique mais conservant l’anonymat. Son fournisseur, algérien moitié arabe moitié kabyle, y va plus prudemment en prophétisant presque : «Le destin réunira les deux groupes à nouveau s’il y a conflit au sujet de l’autodétermination».

Le danger vient justement de la dichotomie. En persistant à se différencier des Arabes sur tous les points, y compris sur le plan de la pratique religieuse, voire carrément de l’obédience (les conversions au christianisme surtout protestant ou l’adhésion à l’athéisme, les répercussions sont multiples, croisées : dans le passé, si l’on prend en note le compte-rendu émis par le Commandant Lesourd, lors de son discours dans le cadre du CHEAM, le 17 décembre 1956, qui y a démontré que «la langue française a, à ce point, pénétré l’esprit kabyle, que certains en arrivent à écrire le nom de leurs morts en caractères français sur les pierres tombales».

Dans le présent : une scission est apparue cette deuxième décennie de notre siècle entre les Arabophones et les Berbérophones de France. D’abord à travers le fait religieux. Il n’y a qu’à remarquer que les associations communautaires (culturelles ou caritatives) arabophones sont bien plus souvent liées à des mosquées. Alors qu’en revanche leurs homologues berbérophones sont quasi systématiquement laïques.

Après cette vision collective des choses, passons à un niveau d’observation plus familial. Apparaissent alors les hésitations, les maladresses et les problèmes d’intégration. Voire d’affirmation ou d’acceptation de soi-même.

Prenons l’exemple de Taos, mère de famille kabyle de la banlieue parisienne, qui décrit ainsi (dans ‘‘Le Syndrome du Nord magnétique’’) ses interrogations et déceptions : «J’ai été mal conseillée au départ. Par des copines de la même région que moi, très peu cultivées, dont deux analphabètes qui m’ont encouragée à oublier et à penser totalement comme les Français(e)s. Le problème, c’est que ni elle ni moi on savait exactement ce que ça voulait dire penser ou vivre à la française.[…] J’ai cru bien faire aussi en cuisinant du porc. J’ai cru bien faire en éloignant mes enfants et mon mari des Algériens, qu’ils soient arabes ou kabyles. Résultat: mes enfants m’ont déçue et se moquent de moi […] J’ai fabriqué des personnes très égoïstes et matérialistes avant tout. Et maintenant je paye tout ça avec mon mari qui m’accuse tous les jours de l’avoir coupé de sa famille et de ses copains».

De prochaines grandes crispations

Cette oppression causée par une course vers l’effacement en guise d’assimilation prend des allures de précipitation vers la reconnaissance. Un concours macabre aux contours imprécis, dictés plus par la subjectivité conformiste que par l’intellect. Avec des aberrations que relève Katia, avenante commerçante spécialisée dans la vente de pâtisseries algériennes, en disant : «Chez nous, on commence à voir des enfants s’appeler Dylan, il y a vraiment des bizarreries. Où ça va nous mener tout ça?»

Dans un futur proche : l’approche de l’échéance quant aux réclamations formulées par le MAK agit comme un compte à rebours de prochaines grandes crispations dans la société algérienne. En Afrique du Nord, l’hostilité qui n’était plus que circonstanciée pourrait reprendre de l’ampleur. En Europe, on serait à même d’imaginer un scénario où les membres des communautés maghrébines s’affronteraient, y compris avec des luttes intestines entre Kabyles engagés et Kabyles modérés, Kabyles conservateurs et Kabyles modernes ou pas croyants. L’altercation d’il y a quelques mois, mettant au prises Malika Matoub (sœur du défunt chanteur) avec des gens de sa wilaya suite à son intention de rencontrer l’actuel président algérien en exercice, ne présage rien de bon.

Avec les résultats électoraux conjoints des européennes et des législatives en France, les citoyens étrangers et français d’origine étrangère sont en train de s’interroger. La polarisation extrême gauche/extrême droite aura-t-elle vocation à un ordre nouveau ou à un désordre nouveau? L’introduction d’une telle problématique allochtone s’y insèrerait dans quel sens dans les mois à venir ?

En dehors du facteur ethnique, le fait religieux tend de façon accélérée à modeler les esprits. Jusqu’aux attitudes. Y compris à travers l’incompréhension comme on a pu le constater avec les polémiques nées à la suite de la cérémonie d’ouverture des JO de Paris. Or, les ressortissants originaires de Tizi-Ouzou, Béjaïa, Aokas, Asfoun, Azazga ou encore Tigzirt ne sont pas décrits comme les croyants les plus fervents par les autres Nord-africains.

La communauté kabyle, ancestralement liée à l’Algérie, est extrêmement présente en France. Particulièrement en Région Parisienne et sur Marseille. Un étirement géographique qui a en fait tendance à instaurer un itinéraire balisé d’une façon disharmonieuse. Ainsi, une forme de séparatisme apparaît davantage en Île-de-France que dans la deuxième ville du pays où les algériens locuteurs arabophones et berbérophones se «mélangent» plus facilement. Si problème il y aura, cela partira vraisemblablement de l’espace francilien. Avant de se propager jusqu’à l’Algérie. Conséquemment, la Kabylie se trouverait en situation de contorsionniste sur le plan diplomatique, se voyant reprocher l’apparition de complications par les opinions publiques et composantes politiciennes d’Algérie et de France.

En cas d’obtention ou non de l’indépendance, qui correspond à une requête prématurée au vu de l’impréparation de bien des observateurs. Sans oublier que la Kabylie, c’est l’Algérie sans les hydrocarbures. Il eût été plus judicieux de se projeter, pour une telle prospective autonomiste, au moins une trentaine d’année plus tard. Le temps de célébrer le centenaire de l’Algérie indépendante. Le temps de ne pas miser uniquement sur l’oléiculture et l’exploitation des cultures maraîchères. Le temps d’assimiler les paradigmes de l’économie éco-responsable qui pourrait cadrer avec la configuration géographique kabyle. Le temps de réadapter un système de pensée jusque-là reposant essentiellement sur des comités villageois. Le temps de reconsidérer le positionnement par rapport à  la France et par rapport à l’International (le soutien d’Israël étant mal perçu…). Le temps de réaliser que l’Algérie ne pourra pas se passer de la Kabylie et vice versa?

«Une erreur scientifique peut tuer des personnes, mais une erreur culturelle peut tuer des générations», notait à juste titre Mouloud Mammeri, écrivain algérien natif de Tizi-Ouzou.

* Universitaire et écrivain franco-italien.

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Ligue des Etats arabes : Le ministre des Affaires étrangères participe aux travaux de la 162e session du Conseil

 

Les ministres arabes des Affaires étrangères réunis au Caire devront discuter  des relations des pays arabes avec les groupements et blocs régionaux et internationaux.

Le ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, Mohamed Ali Nafti, participe, aujourd’hui, au Caire, aux travaux de la 162e session ordinaire du Conseil de la Ligue des Etats arabes au niveau ministériel. Les ministres arabes des Affaires étrangères examineront, au cours de ces assises, les derniers développements de la situation dans les territoires palestiniens et les principales questions régionales et internationales, indique le ministère. Les ministres arabes des Affaires étrangères réunis devront discuter, également, des relations des pays arabes avec les groupements et blocs régionaux et internationaux, selon la même source.

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Les Arabes et leurs «causes» à la recherche du temps perdu

Les Arabes et les musulmans n’ont jamais su défendre leurs causes les plus légitimes, et à leur tête la cause palestinienne, offrant à l’Etat colonial, expansionniste et génocidaire d’Israël l’occasion de se renforcer grâce à nos erreurs et à nos errements. Le temps n’est-il pas venu de nous interroger sur les causes de cet échec et les moyens d’en sortir ? L’ «Autre», occidental, israélien, néo-colonialiste… n’est pas un enfant de chœur et est sans doute pour beaucoup dans nos déboires, mais notre responsabilité y est tout aussi grande.

Latif Belhedi

Certes, la cause palestinienne demeure, incontestablement, l’une des plus justes au monde et le drame des Palestiniens, privés de leurs droits d’un État libre et indépendant, reste une des aberrations de l’Histoire contemporaine. Soutenir les attentes légitimes de ces populations, comme on soutiendrait toute cause noble à travers la planète, reste, par conséquent, un devoir d’homme libre et solidaire, épris de justice et soucieux d’équité.

Mais notre solidarité, aussi profonde et aussi sincère soit-elle, devrait-elle nous faire perdre notre lucidité et nous engager sur des voies incertaines? Aujourd’hui, alors que la «cause» apparaît essoufflée et dénaturée, la voix inaudible et l’image ternie, le temps n’est-il pas venu de prendre un peu de recul, d’ignorer les voix délirantes, celles des passions funestes et de faire entendre, enfin, la voix de la raison?

Hélas ! Depuis le début des hostilités entre les deux communautés juive et arabe, au lieu de faire triompher la «cause», on n’a fait qu’exacerber les méfiances réciproques, multiplier les malentendus et amplifier les ressentiments. Par conséquent, continuer à fanfaronner et à gesticuler serait indigne à l’égard d’une cause éminemment noble.

Au contraire, le temps est venu de rompre le silence et de briser les tabous, de bousculer les idées reçues et de faire taire les mensonges. Désormais, nommer les choses, se poser certaines questions franches et sincères sur les raisons de ces échecs et de ces égarements serait un véritable acte militant, urgent et nécessaire.

Face à un monde arabe où le débat contradictoire est proscrit, où toute pensée libre est honnie, où le pluralisme des idées reste une hérésie et où les populations, asservies par des pouvoirs autoritaires, manipulées et infantilisés par des médias cupides, mais aussi, loin des interminables palabres, des discours enflammés et incantatoires et des colères pétries de dépit, cet ouvrage de Salah El-Gharbi a pour ambition d’initier un débat sincère, exigeant et profond sur notre supposée «identité» et sur notre destinée dans un monde, de plus en plus, instable et complexe. Car, ce serait en libérant la parole et en s’affranchissant du poids de l’émotion stérile qui paralyse nos forces et qui compromet notre devenir collectif, qu’il nous serait possible de nous réconcilier avec nous-mêmes et avec «l’Autre», qui partage avec nous notre humanité, et d’écouter la voix de la raison, la seule parade capable de nous sauver du piège de l’ethnique et du dogmatisme religieux et de nous amener à admettre effectivement que nous sommes des hommes avant d’être des «Arabes» et des «musulmans».

 ‘‘Les Arabes et la cause au temps de la perdition’’, essai de Salah El-Gharbi, en arabe, Tunis, 2024.

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Réflexions littéraires sur l’influence de Paris sur les écrivains arabes

Le livre ‘‘Paris en lettres arabes’’ offre une analyse littéraire approfondie de la relation entre les écrivains arabes et la capitale française, en examinant comment cette relation se reflète dans leurs textes littéraires.

Djamal Guettala

Le livre de Coline Houssais explore en détail la manière dont les écrivains arabes ont représenté Paris, une ville qui reste un centre culturel et intellectuel mondial, et comment cette représentation a influencé leurs œuvres et leurs pensées.

L’auteure analyse l’interaction des écrivains arabes avec le paysage culturel français, en mettant en lumière les relations qui se sont développées entre eux et les intellectuels et artistes français. Elle aborde les formes de collaboration qui ont émergé, telles que les projets littéraires communs ou les influences mutuelles sur les styles et les thèmes, tout en tenant compte des tensions dues aux différences culturelles ou politiques et en montrant comment les écrivains arabes ont navigué dans les défis posés par les institutions françaises.

Refuge pour les exilés

Concernant les représentations de Paris dans la littérature arabe, le livre met en avant les images contrastées de la ville. D’une part, Paris est présentée comme un refuge pour les créateurs et les exilés, un lieu où ils trouvent la liberté d’exprimer leurs idées et d’expérimenter de nouvelles formes. D’autre part, la ville est aussi perçue comme une source de désillusion lorsque les rêves des écrivains se heurtent à la réalité complexe de la grande ville. Ce contraste souligne la complexité de l’expérience des écrivains arabes à Paris, souvent inspirante mais remplie de défis.

‘‘Paris en lettres arabes’’ montre également que Paris n’a pas été simplement un décor pour les événements dans les œuvres des écrivains arabes, mais un point central autour duquel leur production littéraire s’organisait. Le livre explique comment les écrivains arabes qui ont vécu ou visité Paris ont trouvé dans la ville un lieu de rencontre entre leurs cultures orientales et leurs expériences occidentales. Cette expérience biface a enrichi leurs œuvres, mêlant les influences culturelles françaises à leur héritage littéraire oriental.

Symbole culturel

En résumé, « Paris en lettres arabes » offre une perspective unique sur la manière dont les écrivains arabes perçoivent et représentent Paris dans leurs textes. Le livre combine analyse culturelle et littéraire pour dévoiler les multiples rôles que Paris a joués dans la formation et l’élaboration de la littérature arabe contemporaine, présentant la ville non seulement comme un lieu géographique mais comme un symbole culturel de la rencontre entre civilisations et idées.

Coline Houssais est journaliste, traductrice et chercheuse indépendante spécialiste des musiques du monde arabe ainsi que de l’histoire culturelle de la présence arabe et berbère en France. Elle a publié ‘‘Musiques du monde arabe’’, une anthologie en 100 artistes (Le Mot et le Reste, 2020). 

 ‘‘Paris en lettres arabes’’, Coline Houssais, éd. Actes Sud, 256 pages, 2024.

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