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Attaque contre des moyens de communication : Explosions simultanées d’un millier de bipeurs au Liban, des questions et peu de réponses

 

Près d’un millier de bipeurs ou encore appareils de radiomessagerie ont explosé de manière simultanée mardi et mercredi derniers, faisant des dizaines de morts et des milliers de blessés, selon un bilan provisoire. Il s’agit d’anciens appareils qui datent des années 90, utilisés par le Hezbollah pour communiquer. Comment cette attaque massive a pu se produire et quelles sont les techniques employées ?  Décryptage.

Le monde a retenu son souffle, mardi et mercredi derniers, à la suite de deux vagues d’explosions de bipeurs et talkies-walkies qui ont secoué le Liban et, à un degré moindre, la Syrie. Dans tous les continents, et en deux jours de suspense insoutenable, la communauté internationale est encore sous le choc face à cette vague d’attentats d’un genre nouveau et d’une ampleur sans précédent dans l’histoire de l’espionnage. « Il s’agit, hélas, d’une première mondiale », reconnaît Fatma Mohsen, experte tunisienne en Cybersécurité et enseignante à l’Iset com, premier institut de Tunisie en formation de spécialistes en la matière. «Au-delà, dit-elle, des motivations de ces explosions et des moyens employés pour les commettre, une chose est, à mon avis, certaine et à retenir, à savoir l’émergence d’une forme d’hystérie dévastatrice de certains pays qui n’hésitent pas à utiliser l’intelligence artificielle à des fins criminelles et totalement inhumaines, soit tout à fait en porte-à-faux aux objectifs vertueux que prônait l’IA depuis sa création ».

Techniquement, trois types de cyberattaques

Oui, mais comment cette opération israélienne a-t-elle été menée avec autant de succès, malheureusement ? Quel en a été le modus operandi ? Selon notre interlocutrice, «il n’y a pas 36 mille solutions, car, techniquement, il y a trois types de cyberattaques. Primo, le Buffer overflow (littéralement» dépassement de tampon en pile). L’approche basée sur la pile se produit lorsqu’un attaquant envoie des données contenant un code malveillant à une application, qui stocke les données dans un tampon de pile. Secundo, il y a ce qu’on appelle la «Logic bomb», un virus spécial qui pirate l’appareil en vue de son explosion. Tertio, l’envoi en un temps record d’un très grand nombre de données sur l’appareil dont la mémoire sera totalement débordée, ce qui entraîne automatiquement son explosion ».

Question : comment le Hezbollah qui, on le sait, est doté d’équipements de détection et de défense ultrasophistiqués n’a pas pu éviter le piège ? « D’abord, répond Fatma Mohsen, il faut savoir ce qui est de notoriété publique, que l’entité sioniste possède, de l’avis unanime des experts occidentaux, le service d’espionnage le plus performant et le plus perfectionné au monde. Et dans ce cas précis, il n’est pas exclu que le Mossad ait planifié ces explosions depuis l’étranger, plus exactement à Taïwan et en Hongrie, pays cités comme étapes principales dans la commande et la fabrication des 5 mille appareils de communication sollicités par le mouvement chiite libanais. De plus, ajoute notre experte, c’est dans le triangle «Taïwan-Hongrie-Liban» que les taupes israéliennes auraient préparé leurs plans, des mois durant, avant de passer à l’attaque, jour J, heure H ».

Il ne faut pas écarter l’hypothèse d’une complicité étrangère

Malgré cette analyse édifiante, les zones d’ombre persistent. «Pour le moment, et peut-être pour longtemps encore, nul ne sait», soutient un ancien haut cadre tunisien du ministère de l’Intérieur, Hassen Sellimi. Ce dernier, qui a  notamment fait ses premières armes à la direction générale des services spéciaux (structure sensible dont relève, notamment le département des Renseignements), rappelle qu’«Israël a bâti, depuis 2005, une montagne de bases de données sur les  comptes bancaires des Libanais, ainsi que sur leurs portables, d’où l’assassinat, au cours de la dernière décennie, de dizaines de combattants et responsables du Hezbollah. D’où également la décision, hélas, tardive, prise le 14 février dernier par Hassen Nasrallah d’interdire l’utilisation des portables par ses hommes ». Et notre interlocuteur d’ajouter : « Je pense que Netanyahu a opté pour ces cyberattaques de masse, d’abord en réponse à la tentative de piratage qui a ciblé, samedi dernier, des édifices publics en Israël et mise en échec in extremis. Ensuite, pour calmer le ras-le-bol d’une population de plus en plus exposée aux menaces quotidiennes du mouvement libanais (plus de 8200 missiles lancés sur cette entité, dont 1300 au cours du seul mois d’août dernier, Ndlr).

Alors que le bilan des morts et blessés, non encore définitivement arrêté, ne cesse de monter à la suite de ces deux vagues d’explosions qui ont secoué le Liban et la Syrie, il faut noter que, selon une source du ministère des Affaires étrangères, aucun blessé parmi les ressortissants tunisiens vivant dans ces deux pays n’est à déplorer. 

M. Sellimi estime, par ailleurs, qu’«il ne faut pas écarter l’hypothèse d’une complicité étrangère dans ces deux vagues d’explosions d’appareils de communication qui pourraient constituer le prélude à une nouvelle invasion du Liban, au nom de la sécurisation du nord d’Israël.» 

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Médecine esthétique : Le tourisme médical, quelle place pour la Tunisie sur le marché international ?

 

Avec plus de 200 établissements, entre cliniques et centres, outre la compétence universellement reconnue de ses chirurgiens esthétiques, la Tunisie continue d’attirer aussi bien la clientèle locale que les touristes étrangers. Toutefois, gare aux lacunes qui subsistent et mettent à mal une notoriété acquise légitimement.

La chirurgie esthétique se porte comme un charme en Tunisie. Le constat est là, évident. Les chiffres en témoignent : près de 50% des recettes touristiques globales engrangées en 2023 sont générées par le tourisme médical, rapportent les statistiques publiées par le ministère du Tourisme et de l’Artisanat. Dans le monde, cette filière, selon l’OMS, a cumulé en 2023 des recettes estimées à 100 milliards de dollars, avec une croissance annuelle de 25% et des prévisions tablant sur 180 milliards de dollars de revenus en 2026. La chirurgie esthétique tunisienne n’est pas en reste.

Relayée par plus de 200 établissements spécialisés ( entre cliniques et centres), par la compétence des médecins dont une partie a été formée en Europe et aux États-Unis, et par l’amélioration incessante des protocoles innovants, grâce à l’accréditation internationale, outre, bien sûr, la flatteuse réputation du tourisme tunisien.

La chirurgie esthétique tunisienne est banchée

L’autre raison de la croissance rapide de ce secteur réside dans l’expansion des agences médicales en ligne, l’application de tarifs attractifs et l’utilisation de matériel moderne et de haute technologie. «Non, on n’a plus besoin, pour le faire, d’aller au Liban, en Égypte ou au Brésil, pays incontournables en la matière», nous déclare, tout sourire, Houaida Fourati, femme d’affaires qui ne tarit pas d’éloges sur ce qu’elle considère comme un acquis inestimable pour la Tunisie. «Ce qui est formidable, renchérit-elle, c’est que la chirurgie esthétique tunisienne est devenue banchée, «in», en introduisant les dernières inventions occidentales, telles que la reconstruction mammaire immédiate après un cancer du sein, la liposuccion du ventre et du dos. Et l’un des derniers cris en la matière, le lifting colombien qui consiste à tonifier et raffermir la peau du visage grâce à une technologie avancée qui stimule la production de collagène, redéfinit les contours et propose un lifting naturel en quelques séances».

En revanche, Hamida Rejeb, propriétaire d’une startup de la place, ne semble pas tout à fait emballée. «C’est vrai, dit-elle, que nous ne manquons de rien, ou presque, dans ce domaine, sauf que les tarifs sont, à mon avis, excessivement chers. Et s’il se trouve qu’ils sont, quelque part abordables. De plus, le risque de l’échec de l’opération est à redouter. Alors, on ne perdrait rien à réduire les coûts».

Pour sa part, le docteur Hichem Gharbi, chirurgien esthétique, s’étonne que «certains nous fassent ce procès, alors qu’ils dépensent le double, voire le triple, en se faisant opérer à l’étranger. Il est vraiment désolant de constater qu’on oublie, ou on fait semblant d’oublier que nous avons, nous aussi, des coûts à amortir et de lourdes charges face à la hausse vertigineuse des prix des équipements que nous importons d’Europe».

Les touristes médicaux dépensent 4 fois plus !

La déception de notre interlocuteur est d’autant plus grande qu’il souligne:  «Nos tarifs sont assurément moins onéreux que dans le reste des pays arabes et africains où l’on compte, par-dessus le marché, de plus en plus d’opérations chirurgicales ratées. Alors, faites vos comptes».

Ces propos sont, en tout cas, confirmés par la croissance du nombre de patients étrangers qui viennent se faire opérer en Tunisie. «Nous recevons, assure Dr Gharbi, de plus en plus de touristes français, algériens, libyens et même des pays du Golfe. Et s’ils viennent ici, ce n’est certainement pas pour nos beaux yeux, mais simplement par conviction. En effet, outre l’avantage très recherché de joindre l’utile à l’agréable, notamment en été, ils sont généralement satisfaits de nos prestations au cours de la prise en charge. Ils nous sollicitent particulièrement pour les opérations de chirurgie esthétique et les implants dentaires, dont les coûts sont beaucoup plus élevés chez eux, d’où leur retour, accompagnés de parents ou d’amis. Et puis, certains ne savent peut-être pas que les touristes médicaux dépensent 4 fois plus que les touristes classiques, ce qui fait de la chirurgie esthétique le fer de lance du tourisme médical en Tunisie».

Au mois de mai dernier, notre pays a abrité le 10e congrès de la chirurgie esthétique destiné à la présentation, par des experts tunisiens et étrangers, des nouvelles avancées en médecine régénératrice et des dernières techniques de lifting. La Tunisie a également participé à Paris au célèbre Salon international du tourisme médical TTM, dans le cadre de la politique de consolidation des liens de partenariat avec les pays frères et amis et avec les organismes internationaux prônée par l’Etat.

Si ça tourne mal, comment obtenir réparation ?

Côté cour, il y en a deux éléments qui perturbent actuellement la progression de la chirurgie esthétique en Tunisie. D’abord, les tirs amis : la concurrence déloyale des cliniques tunisiennes basées à l’étranger, notamment en Libye, qui incitent la population locale à venir s’y faire opérer chez elle, et à moindres frais. Ce qui génère un manque à gagner pour les cliniques locales. Et dire que ces établissements opérant loin de nos frontières n’hésitent pas, via la Toile, à faire circuler des offres d’emploi à l’adresse des cadres médicaux et paramédicaux.

Ensuite, il y a ce que les professionnels appellent «la gestion calamiteuse du volet client». En ce sens que les plaintes des patients ne sont pas rares. Pour Dr Hichem Gharbi, «il faut reconnaître que dans certaines cliniques, on maîtrise peu les codes et la déontologie sur le plan médical, de telle sorte que lorsqu’un patient se fait opérer et que si ça tourne mal, il ne pourra pas obtenir réparation, ou intenter un procès. Et cela devra changer».

Hasna Belkahla, architecte d’intérieur, n’en revient pas encore. «Je commence franchement à mettre en cause la compétence des chirurgiens esthétiques, s’insurge-t-elle, quand je me souviens du malheur de ma fille qui n’a pas reçu les soins nécessaires après son opération ratée au nez, ce qui a aggravé son état de santé et lui a causé des crises de nerfs et un stress élevé et épuisant. Un an après, vous vous imaginez, ils ne nous ont pas encore dédommagées».

Inconsolable, cette dame qui, pourtant, se dit habituée des Spa et centres de beauté et de chirurgie plastique, parle de «banditisme», dans la mesure où, déplore-t-elle, «des cliniques et des centres et par le biais de sites sponsorisés sur les réseaux sociaux et alimentés par des instragrammeuses et les publicités mensongères, un appât pour abuser de la crédulité des gens tentés par la chirurgie esthétique et pas suffisamment informés.

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Prisonniers tunisiens à l’étranger : Face à leur calvaire, les détenus tunisiens défrayent la chronique

 

Aujourd’hui, s’ouvre à Reggio Emilia (ville du nord de l’Italie), le procès tant attendu d’un détenu tunisien qui a été victime, il y a quelques mois, de violences physiques graves perpétrées par ses geôliers et gardiens de la prison où il était incarcéré pour purger une peine de quatre ans pour trafic de drogue. Sur fond de règlements de compte sanglants et parfois meurtriers, ou encore objets de maltraitance, les détenus tunisiens ne sont pas seuls. État des lieux.

Rappel des faits. Cette affaire, loin d’être un fait divers banal, a été fortement médiatisée, pour avoir choqué l’opinion publique italienne depuis la publication, sur la Toile, d’une vidéo qui fera le tour de la Péninsule. Sur cette vidéo qui a fuité des caméras de surveillance de la prison, on voit un prisonnier tunisien à même le sol, les bras ligotés et la tête entièrement enveloppée d’un drap, en train de subir la plus inhumaine des brutalités (coups de pied et de poing sur tout le corps).

D’une rare sauvagerie, la scène s’est achevée après cinq longues minutes, lorsque les agresseurs ont commencé à craindre le pire et pour leur «victime» et pour eux-mêmes. Et c’est par on ne sait quel miracle que le prisonnier tunisien sera sauvé in extremis par les médecins de la prison. L’enquête policière ordonnée aussitôt par commission rogatoire a alors entraîné l’arrestation d’une quinzaine de présumés accusés parmi le personnel pénitentiaire. Sitôt alertées, les autorités tunisiennes, en l’occurrence le ministère des Affaires étrangères, l’ambassade de Tunisie à Rome et le consulat à Gênes, sont promptement intervenues pour défendre la cause de la victime. D’ici le 10 octobre, date fixée par le juge d’instruction du parquet de Gênes pour rendre le verdict, il n’est pas exclu de penser qu’il risque y avoir des remakes de ce drame à titre de représailles. Il est vrai que la population carcérale tunisienne en Italie demeure en perpétuelle expansion, rapportent des médias de la botte italienne qui évoquent une saturation totale des établissements pénitentiaires, ce qui a poussé le gouvernement Meloni à se rabattre sur l’Albanie en vue de conclure un accord en vertu duquel l’Italie s’engage à financer la construction, dans ce pays, de centres de détention de migrants étrangers, dont des Tunisiens, dans l’attente du traitement de leurs demandes d’asile. 

Le meurtre du 18 juillet 2024 

En réalité, le drame n’est pas le premier et ne sera malheureusement pas le dernier, étant donné que le terrain est propice à la propagation de plusieurs types d’abus, face, d’une part, à l’encombrement des prisons et centres de détention italiens, et, d’autre part, à la détérioration des conditions de séjour.

Délocalisation des prisons

Selon des ONG italiennes, près de 96% des détenus tunisiens sont des migrants arrêtés pour moult méfaits : violation des frontières maritimes, violences, vols avec effraction, viols, harcèlement sexuel et trafics divers (drogue, bijoux, prostitution…) Le ministère italien de la Justice a, pour sa part, annoncé récemment que la Tunisie, avec mille prisonniers, occupe la 4e place (sur 150 nations) loin derrière le Maroc, la Roumanie et l’Albanie. 

Mehrez Khedhri, alias «Dig Dig», en sait quelque chose. Brigand de carrière, cet ex-dealer de Mellassine qui avait régné quinze ans durant sur la pègre tunisienne du trafic de stupéfiants sévissant entre les villes italiennes Bologne et Côme, avant d’être arrêté et expulsé, assure que «par expérience, les trafiquants de drogue là-bas sont dans leur presque totalité des «harragas», migrants clandestins illettrés et indomptables. Concurrence déloyale oblige, certains n’hésitent pas à dénoncer leurs «collègues» aux carabiniers, d’où de fréquents règlements de compte violents et batailles rangées qui s’achèvent derrière les barreaux».

Ainsi,  le 18 juillet dernier à la prison de Salerno (sud de la péninsule), un détenu tunisien, dénommé Khelil Trabelsi, est sauvagement tué à l’arme blanche par l’un de ses compagnons de cellule, un jeune marocain. Mobile du meurtre : un règlement de compte entre eux qui remonte à un conflit d’intérêts qui les opposait dans le marché des stupéfiants à Palerme.

Ils ne sont pas seuls malgré tout !

Pour Mehrez, «la plupart de nos prisonniers n’ont pas les moyens pour faire appel à un avocat, ce qui contraint le tribunal à le leur fournir avec souvent le concours de notre ambassade. Mais encore, deux sur trois détenus libérés, au lieu de rentrer au bercail, préfèrent rester sur place, poursuivre l’aventure en Italie en tentant de repartir à zéro, dans l’espoir de rebondir un jour, sans jamais songer aux conséquences fâcheuses d’une éventuelle récidive».

Consciente de cette triste réalité face à la farouche détermination des autorités italiennes d’en finir avec la migration illégale que certains partis et mouvements ultra anti-migrants assimilent à un «poison», la Tunisie n’épargne aucun effort pour défendre les droits des ressortissants détenus dans les prisons et centres d’arrestation italiens. En effet, elle a signé, ces deux dernières années, plusieurs accords bilatéraux avec plusieurs pays, l’Italie en tête. Ces accords incluent aussi bien l’institution du régime des contrats spécifiques et légaux au profit des jeunes basés dans ce pays que des mesures pouvant garantir les droits des migrants en quête d’embauche. En parallèle, le ministère des Affaires étrangères, par le biais de l’ambassade à Rome et des consulats, fait en sorte d’intervenir efficacement.

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Anniversaire de la Garde nationale : 68 ans de performances et de loyaux services

 

Manœuvrant en terre et en mer, le corps de la GN a largement contribué, chiffres et données à l’appui, à la stabilité du pays, particulièrement dans les années noires du terrorisme 

Traditionnellement, on fête un anniversaire dans la joie, au son de la musique et autour de plateaux de sucreries et de boissons, pour se dire, tout sourire, happy birthday. Le corps de la Garde nationale, fidèle à ses coutumes, a, lui, célébré le sien sur le terrain, c’est-à-dire sur le champ de bataille où il se sent comme un poisson dans l’eau. Et, en guise de cadeau d’anniversaire, il s’est offert, ce jour-là, pas moins de sept… jolis coups de filet consistant en la saisie, dans les gouvernorats de Médenine, Tataouine, Sfax, Kairouan et Sousse, d’un butin estimé à environ quatre millions de dinars (excusez du peu) et composé de marchandises diverses ( vêtements, produits alimentaires, pièces détachées, cigarettes, stupéfiants, bijoux, devises..). Cela, sans compter les deux autres exploits réussis le même jour, avec l’arrestation d’un dangereux takfiriste activement recherché depuis deux ans et de quelque 64 migrants subsahariens qui s’apprêtaient, depuis les côtes de Sfax, à gagner l’Europe à bord d’une embarcation de fortune. «Il n’y a pas lieu de s’en étonner, c’est notre raison d’être, et cela n’a pas changé depuis la naissance de notre chère GN, et, notez-le bien, il ne changera ni demain, ni après demain» nous confie un adjudant de ce corps, visiblement fier de son appartenance. «L’amour de la patrie, ajoute-t-il, et le sens du sacrifice dont nous sommes imprégnés, coulent dans nos veines et sont transmis de génération en génération». Évoquant le terme «témérité», notre interlocuteur, avec ses 24 ans de loyaux services rendus un peu partout dans le territoire du pays, assure que «quand on est au boulot, on bosse comme des forcenés et, pour ne pas faire chou blanc, on s’accroche à la réussite comme une huître à son rocher, si sérieuses que soient les menaces, car, dans nos convictions professionnelles, avoir peur, c’est comme si on retournait son arme contre soi. Et cette conviction s’est considérablement renforcée durant la terrible spirale terroriste qui avait embrasé le pays au lendemain de la révolution».

Un parcours héroïque

Créée moins de huit mois après l’indépendance à l’initiative de deux illustres poids lourds de la police tunisienne d’antan, en l’occurrence les regrettés Mahjoub Ben Ali et Tijani Ketari, la Garde nationale a fait ses premiers pas timidement, avec la constitution d’un premier contingent d’agents composé essentiellement de volontaires triés sur le volet parmi les scouts et les jeunes sans parents inscrits dans les centres d’accueil et de prise en charge étatiques appelés populairement «Atfel Bourguiba» (Les enfants de Bourguiba). La mayonnaise a pris plus vite qu’espère, avec la sortie, début 1958, de la première promotion de gardes nationaux. Enfin mis sur les rails, le petit train qui deviendra, des décennies plus tard, TGV prend de la vitesse. Plus rien ne l’arrêtera, à la faveur de la mise en place d’une solide structure qui n’avait rien à envier à celle de la police.

Depuis, que de chemin parcouru, que de générations «fabriquées», mais aussi et surtout que de réalisations et de performances. C’est surtout dans les années 80-90 que la GN s’est formidablement métamorphosée, sur la base de la création de nouvelles directions et sous-directions, et autres départements qui manquaient à la pyramide. Le tout totalement indépendant de la direction générale de la Sûreté nationale relevant du ministère de l’Intérieur. Au point qu’elle s’est dotée de sa propre école de formation, à savoir celle de Fondouk Jedid, devenue aujourd’hui de renommée internationale en matière de lutte contre le terrorisme. C’est justement de cette fameuse école, incontournable rampe de lancement de tireurs d’élite et de commandos qui, à chaque coup, font mouche, qu’est parti un tsunami qui sonnera, en 2016, le glas de l’hydre terroriste. Et là, on disserterait à l’infini sur le rôle capital et décisif qu’ont joué les gardes nationaux dans ce combat de triste mémoire.

En effet, de leurs postes confinés dans l’extrême sud du pays et à la lisière de nos frontières avec la Libye et l’Algérie, ils ont fait, souvenons-nous en, barrage aux fréquentes incursions armées des groupes jihadistes, parvenant à les mettre sous éteignoir. Alors que le pays s’enfonçait dans la mélasse du chaos et suscitait, par moments, le ras-le-bol et le désespoir de tout un peuple, eux, et presque eux seuls, croyaient encore mordicus en la délivrance. «Nous étions, raconte notre interlocuteur, tenacement déterminés à vraiment tout faire pour les battre, non seulement pour répondre à l’appel du devoir sacré de sauver la nation, mais aussi pour venger nos camarades tombés sur le champ d’honneur, une trentaine de victimes ayant été recensées dans nos rangs». Les vaillants chevaliers ont succombé à leurs blessures lors d’attentats terroristes, dont le cycle infernal a commencé au mois de mai 2011 à Errouhia (gouvernorat de Siliana) pour atteindre son paroxysme de 2012 à 2015, à coups de sanglantes attaques jihadistes, dont les plus meurtrières ont été perpétrées au Mont Chaâmbi, Bir Ali Ben Khelifa, Goubellat, Raoued, Jendouba, Sousse, Grand Tunis, Ben Guerdane, Kébili, Sejnene et Sidi Bouzid (sept agents tués en octobre 2013).

De son QG de l’Aouina transformé en bunker et redouté alors comme la peste par ses ennemis, la Brigade antiterroriste (BAT) de la Garde nationale, incontestablement la plus performante que compte le MI, faisait l’essentiel du travail d’exécution de la stratégie de lutte contre les groupuscules obscurantistes, et cela sous l’impulsion de son homme fort, le colonel Ammar El Faleh qui tenait, faut-il le rappeler, à poursuivre le boulot, bien qu’ayant fraîchement… perdu une jambe lors de l’attentat terroriste commis au mois d’avril 2013 au Mont Chaambi.

L’histoire retiendra aussi que c’est grâce aux descentes musclées et rusées de cette brigade qu’une centaine de cellules dormantes qui projetaient, au plus fort de la spirale terroriste entre 2013 et 2016, de mettre le pays à feu et à sang, ont été démantelées, une soixantaine de jihadistes tués, quelque 32 dépôts de stockage d’armes et de munitions découverts. Le mérite revient également à la BAT dans l’élimination des terroristes et caids les plus recherchés parce que les plus dangereux, de Kamel Gadhgadhi à Ahmed Rouissi, en passant par Ezzeddine Abdellaoui, Mohamed Dridi, Ali Klai, Makrem Riahi, Adel Saidi, Mohamed Khiari, Selmene Marrakechi et autre Marwen Belhadj qui constituaient l’élite des lieutenants choisie et mobilisée par Abou Iyadh. Ceux-là mêmes qui avaient participé, de près ou de loin, aux assassinats politiques de Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, envoyé des centaines de nos jeunes dans les foyers de tension en Syrie, Libye, Mali, Niger et Tchad. 

Au tableau de chasse des «Batistes», on compte également de nombreux jihadistes algériens arrêtés ou tués, qui étaient à la solde d’Aqmi (Al Qaida au Maghreb islamique) dirigé par Abdelmalek Droukdel à qui Abou Iyadh avait juré fidélité. 

Sur un autre plan , la Garde nationale a été toujours bien représentée en compétences au sein de la puissante Garde présidentielle. 

Lotfi Ben Jeddou, alors ministre de l’Intérieur et au fait du brûlant dossier du terrorisme de l’époque, n’a pu cacher son admiration, en déclarant un jour à un média occidental : «Les leçons de bravoure, d’efficacité et de professionnalisme données à répétition par les unités de la BAT de la Garde nationale méritent d’être enseignées dans les universités du monde». Une déclaration qui, soit dit en passant, rejoint la même proposition avancée en exclusivité par La Presse depuis 2012. 

Bref, la GN, c’est 68 printemps d’acquis, de loyaux services et de gloire. Oui, on est fiers de vous, héros d’un inoubliable conte de fées qui nous met du baume au cœur. 

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Transport aerien : Tunisair face au débauchage de ses hautes compétences

 

De plus en plus de pilotes, commandants de bord et techniciens de maintenance nautique mettent le cap sur les pays du Golfe. Fragilisation et désorganisation menacent la maison mère, Tunisiar. Quelles solutions de rechange s’offrent au transporteur national et à la Tunisie ?

Selon les chiffres révélés récemment par l’Association internationale du transport aérien (IATA : International air transport association), 4,8 milliards de personnes ont pris l’avion, du 1er janvier 2024 au 30 juillet dernier, soit une hausse de 8% par rapport à la même période de l’année écoulée.

Sur ces milliards d’âmes, combien de passagers ont été transportés par le transporteur national ? Les statistiques de l’Iata, instance suprême de l’aviation civile dans le monde, ne le disent pas. Mais il est certain que la Tunisie a eu sa part du gâteau, puisque les chiffres publiés au début du mois courant par l’Office de l’aviation civile et des aéroports (Oaca) ont démontré que le trafic aérien des passagers via les aéroports du pays a évolué de 9,9% au cours des sept premiers mois de 2024, pour s’établir à 5,3 millions de personnes. Cela s’est traduit par une augmentation de 2,6% du chiffre d’affaires passé à 694,536 millions de dinars, bien loin, évidemment, des années folles de la Gazelle nationale qui, avant 2011, s’amusait à accumuler des recettes flirtant chaque année avec un milliard de dinars.

Un assainissement qui s’imposait

Si notre compagnie aérienne, forte de 75 ans d’existence, est restée compétitive à ce jour, cela témoigne de son étonnante capacité de résistance, en dépit des vicissitudes, des crises et des zones de turbulences qu’elle avait traversées, au point de friser, à maintes reprises, l’effondrement. Le Chef de l’Etat avait annoncé, le lundi 1er avril dernier, qu’elle ne sera jamais cédée, quand tout le monde ne cessait d’appeler à sa privatisation. L’opération d’assainissement qui s’ensuivit a vite redonné des ailes à la compagnie, par la révision des états comptables, la réduction du nombre du personnel (6 mille actuellement, contre 8 mille auparavant) et le durcissement de la lutte contre la corruption qui minait la boîte, d’où l’arrestation de plusieurs cadres et syndicalistes qui attendent aujourd’hui d’être jugés.

Dans la foulée, la flotte aérienne qui comptait 15 appareils s’est renforcée par l’acquisition de deux nouveaux avions. Ce qui a permis d’atteindre la bonne moyenne de 50 vols par jour. «On aurait pu même faire mieux, n’eût été le vieillissement d’une partie de la flotte», affirme Amor Sidhom, mécanicien d’avion, qui suggère «l’acquisition d’appareils neufs pour mettre fin à la spirale des dizaines de milliards de millimes consacrés aux pièces de rechange et travaux de réparation et d’entretien».

..Et pour quelques milliers dollars de plus !

Membre de l’Iata certifié Iosa, Tunisair s’est, comme on le sait, transformée en holding, avec la création de «Tunisair Technics»  et de «Tunisair Handing» qui sont respectivement chargées de l’entretien, de la réparation, de la mise en route de la flotte et des menus servis à bord.

La compagnie nationale se heurte cependant à un nouveau phénomène, à savoir l’exode de ses compétences à l’étranger. Cela a notamment touché de plein fouet aussi bien le PNC (personnel navigant commercial qui compte plus de 800 hôtesses et stewards) et le PNT (personnel navigant technique composé des pilotes et des commandants de bord). Ces deux corps qui ont, chacun, son propre syndicat et qui, plus est, représentent plus de la moitié de tout l’effectif de Tunisair, sont très convoités par des compagnies aériennes étrangères, particulièrement celles des pays du Golfe qui se les arrachent, persuadées, plutôt impressionnées qu’elles sont par la flatteuse réputation de compétence et de professionnalisme des nôtres.

Il est vrai que la Tunisie, faut-il le rappeler sans aucun excès de patriotisme, a enfanté, depuis 1949 et grâce surtout au Centre de formation militaire de Borj El Amri, des pilotes et commandants de bord (CDB) de renommée internationale, dont les Bouraoui Ben Ali, Mohamed Ben Kilani, Sahbi Bornas, Hatem Ellouz, Mounir Ajlani, Olfa Lajnef et autres Abderrahman Barguaoui, Rached Ezzahi, Mourad Boughdir, Zied Garbouj et, bien sûr, l’inoubliable Alya Menchari, première femme pilote puis CDB en Tunisie, en Afrique et au Moyen-Orient. «Les pays du Golfe n’hésitent pas à nous proposer des ponts d’or pour nous recruter», déclare le CDB Sahbi Bornas qui évoque une véritable OPA qui n’est pas près de s’essouffler. «Cela a commencé, se remémore-t-il dans les années 70-80, avec les premiers contingents partis en Arabie saoudite, avant de voir les Émirats arabes unis, Oman puis le Qatar lui emboîter le pas. Personnellement, ajoute-t-il, j’ai dit non à leurs offres, pourtant fort alléchantes, tout simplement parce que, Dieu merci, je gagne bien ma vie ici».

Les vols cauchemars

Effectivement, à l’opposé des hôtesses et stewards de Tunisair dont le salaire mensuel ne dépasse pas les 1.700 dinars, les pilotes et CDB, eux, sont royalement payés : une mensualité qui varie entre 7 et 8 mille dinars, et entre 10 et 22 mille dinars, en tenant compte, dans les deux catégories, du nombre d’heures de navigation, du nombre de vols et de la longueur de la destination).

«Dans un pays du Golfe, un CDB gagne cinq fois plus que chez nous, soit entre 20 et 25 mille dollars par mois», affirme M. Bornas qui précise que «le travail dans ces pays est autrement plus pénible, à cause de la fréquence des vol “longs courriers transcontinentaux, ce qu’on appelle dans notre jargon aérien” les vols cauchemars».

En outre, les sirènes des pétrodollars ne cessent d’envoyer leur chant aux techniciens de maintenance nautique de Tunisair qui succombent, à leur tour, à la tentation du départ. Une soixantaine d’entre eux viennent récemment d’être enrôlés par les compagnies aériennes émiratie et qatarie.

Quid de la formation ?

Certes, voir partir ces compétences à l’étranger est inquiétant mais reste tout de même une source de fierté pour un pays qui a été toujours une mine de fabrication de talents. Reste maintenant à savoir si le vide que cette main-d’œuvre hautement qualifiée laisse est facile à combler ou pas.

Question lancinante et un dossier qu’il va falloir traiter d’urgence, pour au moins trois raisons. Premièrement, parce que le nombre de centres de formation spécialisés est réduit à l’échelle natinale, voire insignifiant. Deuxièmement, parce que les frais de participation aux stages et sessions de formation sont de plus en plus chers. Troisièmement, parce que plusieurs stagiaires promus de ces centres n’ont pu être recrutés par nos compagnies aériennes, malgré les dizaines de millions investies dans chaque cycle de formation. Le débat reste ouvert. 

L’article Transport aerien : Tunisair face au débauchage de ses hautes compétences est apparu en premier sur La Presse de Tunisie.

Rentrée des tout petits : Les jardins d’enfants, entre prestations moyennes et tarifs exorbitants

 

Concernant la qualité des programmes appliqués dans les jardins d’enfants, publics et privés, nous avons relevé que, sur un échantillon d’une quinzaine de personnes interrogées par La Presse, près de 90% se déclarent satisfaites, quand les autres se plaignent de la hausse incontrôlée des tarifs et du niveau professionnel parfois non conforme des animatrices.

La rentrée scolaire, c’est aussi la rentrée des tout petits, ces chérubins hauts comme trois pommes, qui, sacs à dos, ou en bandoulière affublés d’un sourire radieux, prennent le chemin des jardins d’enfants et garderies, sous l’œil attentionné de papa ou de maman, ou des deux ensemble. «Mon petit ange est déjà fin prêt pour l’exercice de l’année préparatoire» dit Habiba Rached, femme au foyer, après les formalités d’inscription. «Certes, ajoute-t-elle, moins de paperasses cette année, mais c’est cher payé», faisant allusion à la hausse des tarifs de prise en charge qui ont, à ses dires, augmenté de plus de 25%. Mais, qu’est-ce qui a poussé cette dame et sans doute plusieurs de ses semblables à opter pour une école privée, alors que les jardins d’enfants, plus abordables, ne se comptent plus dans le pays ? «Tout simplement, répond-elle, parce que j’ai vérifié que les écoles privées, qu’on le veuille ou non, jouissent d’une meilleure réputation dans les domaines de l’encadrement de la petite enfance.  Le programme éducatif, les activités de loisirs, sans compter la compétence des animatrices. Pour moi, l’argent importe peu lorsqu’il s’agit de l’éducation et du confort de mon enfant».

L’invasion des écoles privées 

L’on a constaté que les tarifs appliqués varient entre 300 et 1.200 dinars par mois, selon le standing de l’établissement. Le tarif le plus cher, ce sont les écoles préparatoires privées qui le détiennent, aidées en cela par l’engouement qu’elles suscitent auprès des familles aisées. Ce n’est, en tout cas, pas l’avis de la présidente de la Chambre nationale des jardins d’enfants et des garderies, Nabiha Kammoun, qui évoque «une invasion sauvage de ces structures libres dont le nombre, affirme-t-elle, a connu, de 2010 à 2023, une explosion de l’ordre de 488%, parallèlement au nombre d’inscrits qui a augmenté de 128%».

Rafik Belhedi, propriétaire d’une école privée à l’Ariana, jure qu’il s’agit d’un faux problème. «Nous faire ce procès, réagit-il, c’est fermer la porte au nez des investisseurs tunisiens. Personnellement, au lieu d’un jardin d’enfants classique, qui a fait son temps, je me suis inspiré de l’exemple occidental, et l’efficacité de ses approches éducatives qui ne sont plus à démontrer. Et quand on injecte plus de 125 mille dinars dans un tel projet, il devient anormal de se plaindre des tarifications élevées. De surcroît, nous garantissons la qualité».

Si les classes préparatoires continuent d’essaimer dans les écoles libres, on semble se soucier peu des effets qui en résultent. En effet, contrairement aux jardins d’enfants et garderies scolaires qui sont régis par un cahier des charges réglementant leur création et leur mode de fonctionnement, il n’en est pas de même pour les écoles libres. «L’inexistence d’un cahier des charges, dénonce Mme Kammoun, a ouvert la porte aux abus, avec l’émergence d’établissements anarchiques. Inévitablement, cela a coûté cher aux jardins d’enfants, dont plus de 320 ont été fermés, et d’autres, j’en suis sûre, suivront. Surtout que l’Etat n’a pas encore renoncé au régime de la classe préparatoire instauré dans les écoles publiques depuis 2001, suggérant également l’intégration des jardins d’enfants dans les écoles étatiques, mais sous tutelle du ministère de la Femme.

L’industrie de l’enfance 

Salem Zalila, banquier, évoque, lui, une percée de ce qu’il appelle «l’industrie de l’enfance», en se référant, précise-t-il, «aux prix exorbitants appliqués dans les écoles privées qui grimpent d’une année à l’autre, dans l’impunité totale».

Pour notre interlocuteur, «cela devra cesser, non seulement parce que la ligne rouge a été franchie, mais aussi parce que cette industrie de l’enfance a donné un coup mortel à nos bons vieux jardins d’enfants qui avaient formé des générations d’enfants et de compétences nationales».

Et les familles rurales celles à budget limité ? Eh bien, n’y trouvant pas leur compte, elles n’ont qu’à opter pour l’année préparatoire dans un établissement public. Les plus chanceuses d’entre elles peuvent se rabattre sur les jardins d’enfants municipaux, accessibles à toutes les bourses. «Nous possédons 41 jardins d’enfants intégrés où la moitié de la capacité est gratuitement réservée aux enfants de familles nécessiteuses» indique-t-on au ministère de la Femme qui projette d’augmenter le nombre de ces établissements dans le cadre de la stratégie sociale de l’Etat.

Ledit département a publié, le mois dernier, un communiqué, sous forme d’un appel aux parents, les invitant à n’inscrire leurs progénitures que dans les jardins d’enfants légaux et reconnus par le ministère. Les contrevenants sont-ils au moins sanctionnés ? «On fait de notre mieux, par le biais de visites d’inspection, pour faire respecter la loi en vigueur» réplique-t-on, sans plus de détails.

Des animatrices sous-payées ou non qualifiées

Concernant maintenant la qualité des programmes appliqués dans les jardins d’enfants publics et privés, nous avons relevé que, sur un échantillon d’une quinzaine de personnes interrogées par La Presse, près de 90% se déclarent satisfaites, quand les autres se plaignent de la hausse incontrôlée des tarifs et du niveau professionnel parfois non conforme des animatrices. Celles-ci, a-t-on constaté, ne sont généralement pas bien payées (entre 400 et 600 dinars pour un niveau bac +3). Et, bizarre encore, n’ont pas transité par l’institut national de formation de Carthage-Dermech, jadis passage obligé pour l’exercice de ce métier.

«De toute façon, assure Nabiha Kammoun, l’Unicef a rapporté dans une étude que la formation des enfants dans les traditionnels jardins d’enfants et garderies scolaires est plus efficace que dans les écoles libres …»

Entre-temps, les centres privés de formation d’animatrices poussent aujourd’hui comme des champignons. Bénéficiant de l’aval du ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle et du partenariat avec l’organisme européen ETF, ces centres qui organisent des sessions de formation étalées sur 20 mois, sont donc venus renforcer les rangs des concurrents potentiels dudit institut de Carthage-Dermech. Serait-ce là le signe de la fin d’une époque ?

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