Le secrétaire d’État chargé des Ressources hydrauliques, Hamadi Lahbib, a affirmé, vendredi 7 novembre 2025, que la sécurité alimentaire nationale repose sur le soutien de l’agriculteur, la facilitation de son travail et une coordination étroite entre les structures de contrôle afin de sécuriser les circuits de distribution et lutter contre le monopole, tout en respectant la loi et en protégeant l’intérêt public.
Lors d’une séance de travail conjointe ayant réuni des représentants des ministères de l’Agriculture, du Commerce, de l’Intérieur et des Finances, M. Lahbib a insisté sur la nécessité d’adopter une approche participative entre les différents départements concernés. Cette démarche vise à unifier les procédures, assurer la pérennité du système agricole et valoriser les efforts des agriculteurs à travers le pays. Les premières actions sur le terrain sont prévues dès la semaine prochaine, lit-on dans un communiqué du ministère de l’Agriculture.
Cette réunion s’inscrit dans le cadre des orientations du président de la République en faveur du soutien aux agriculteurs et de la réduction des obstacles auxquels ils font face à toutes les étapes de la production et de la commercialisation.
Les participants ont également examiné les mesures pratiques visant à faciliter la promotion des produits agricoles – notamment les agrumes, dattes, olives, grenades et pommes – et à lever les obstacles administratifs et logistiques rencontrés par les agriculteurs. L’objectif est de garantir l’efficacité du contrôle, de prévenir la spéculation et de lutter contre les pratiques de monopole.
Trois axes principaux ont été abordés :
Simplification des procédures de déplacement et de commercialisation des produits agricoles ;
Allègement des dispositions administratives pesant sur les producteurs ;
Amélioration du stockage pour préserver la qualité des produits.
Les discussions ont également porté sur les moyens de faciliter les paiements et de lutter contre l’évasion fiscale, dans une optique d’équilibre entre stimulation de la production et respect des obligations fiscales.
Enfin, les participants ont souligné la nécessité d’assurer l’approvisionnement du marché intérieur dans les meilleures conditions, en garantissant la fluidité du transport, du stockage et de la commercialisation des produits agricoles, afin de réussir les saisons agricoles et de maintenir la stabilité des prix.
L‘Institut National de la Statistique (INS) a publié les chiffres de l’inflation pour octobre 2025, indiquant une légère baisse du taux d’inflation à 4,9%, contre 5% en septembre. Ce recul est principalement attribué au ralentissement de l’augmentation des prix dans les secteurs des produits alimentaires et des services liés aux restaurants, cafés et hôtels.
Sur un an, les prix des produits alimentaires ont progressé de 5,6%, soutenus par une forte hausse des légumes frais (+21,4%), de la viande d’agneau (+18,8%) et des poissons frais (+9,9%), alors que les huiles alimentaires ont enregistré une baisse de 22,2%. Les produits manufacturés ont vu leur prix croître de 5%, notamment dans l’habillement et les chaussures (+9,2%). Les services ont connu une hausse annuelle de 4,2%, tirée par les restaurants, cafés et hôtels (+7,5%).
L’inflation sous-jacente, hors alimentation et énergie, s’établit à 5,1%, avec une augmentation des prix des produits libres de 6% contre 1,1% pour les produits encadrés. Sur un mois, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 0,7%, principalement en raison de la hausse des prix de l’habillement (+6,4%) liée à la fin des soldes d’été.
Les secteurs des produits manufacturés et des services ont été les plus grands contributeurs à l’inflation globale, apportant respectivement 1,9% et 1,4%. En termes de régimes, ce sont les groupes « Non alimentaire libre » et « Alimentaire libre » qui ont eu l’impact le plus important, avec des contributions de 3,1% et 1,6%.
Le taux d’inflation a atteint 4,9% au mois d’octobre 2025, contre 5% le mois précédent, selon l’Institut National de la Statistique (INS).
Ce recul s’explique essentiellement par le ralentissement du rythme d’évolution des prix du groupe des produits alimentaires (5,6% en octobre 2025 contre 5,7% en septembre 2025), des prix du groupe des services des restaurants, cafés et hôtels (7,5% en octobre 2025 contre 10,1% en septembre 2025).
Un « Marché du producteur au consommateur » se tiendra jeudi 6 novembre à La Goulette, annonce l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP). Cette initiative vise à réduire les circuits de distribution, à promouvoir les produits agricoles locaux et à offrir aux consommateurs des prix plus justes.
Organisé en partenariat avec l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et la municipalité de La Goulette, ce marché permettra aux agriculteurs de vendre directement leurs produits, notamment des denrées certifiées et biologiques, sans intermédiaires. L’objectif est d’améliorer les revenus des producteurs tout en rendant les produits plus accessibles aux ménages.
Dans un contexte socio-économique tendu, ces circuits courts constituent un moyen de lutter contre la spéculation, les situations de monopole et de garantir la fraîcheur, la traçabilité et la qualité sanitaire des aliments. Ils offrent également un appui concret aux petits et moyens agriculteurs, souvent pénalisés par les circuits classiques dominés par les grossistes. Depuis 2025, l’UTAP organise chaque jeudi un marché de ce type à Tunis, rompant ainsi avec l’ancienne pratique qui réservait cette initiative au seul mois de Ramadan. Désormais, La Goulette entre dans le circuit.
Cela fait des années que nos chers ministres nous rebattent les oreilles par la nécessité de mettre en œuvre une stratégie nationale pour réduire le gaspillage alimentaire. Les ministres se succèdent à un rythme de plus en plus rapide et les mêmes paroles sont répétées à l’envi sans que l’on commence à voir ne fut-ce que les prémices de cette stratégie. C’est comme si l’on cherche à nous endormir en nous faisant admettre que la rareté de certains produits et la hausse vertigineuse des prix sont dues, non pas à la mauvaise gouvernance des autorités publiques, mais à nos mauvais comportements, nous autres consommateurs.
Toujours prêt à nous servir du réchauffé, le ministère du Commerce et du Développement des exportations a cru pouvoir nous annoncer, encore une fois, comme si cela ne l’avait pas été déjà fait plusieurs fois auparavant, le lancement (sic !) des travaux relatifs à la «Stratégie nationale de réduction du gaspillage alimentaire en Tunisie». Et on est censé s’en féliciter et même applaudir, alors qu’on est presque certain qu’il y aura, dans un an ou deux ou trois, un nouveau lancement des mêmes travaux pour la réalisation de la même «stratégie» qui ne verra peut-être jamais le jour ou qu’une fois mise sur papier, elle restera dans les tiroirs de ces chers ronds de cuir de l’administration publique.
Comme on est encore aux préliminaires, le ministre Samir Abid nous a appris, lors d’une réunion au siège de son ministère, que ladite stratégie sera élaborée en collaboration avec l’Institut national de la consommation (INC) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), sous la supervision d’un comité de pilotage réunissant les ministères concernés, les organismes administratifs et les organisations de la société civile.
Le gaspillage alimentaire représente un grave défi social, économique et environnemental, engendrant des pertes importantes pour l’économie nationale, l’épuisement des ressources naturelles et une augmentation des émissions de gaz à effet de serre, a souligné M. Abid, en insistant sur la nécessité de développer de nouvelles approches et de nouveaux mécanismes grâce à une stratégie globale, appuyée par un plan d’action concret et un plan de communication inclusif visant à sensibiliser tous les groupes sociaux, tout en utilisant des outils de communication modernes.
Le ministre a également exprimé l’espoir que cette initiative contribuera à modifier les comportements liés au gaspillage alimentaire, du niveau des ménages à celui de la communauté au sens large, en le transformant en une préoccupation économique, sociale et environnementale fondamentale, intégrée aux pratiques quotidiennes.
Tunis, UNIVERSNEWS (SEF) – Le président de la Chambre nationale des marchands de volailles et de viandes blanches relevant de l’Utica, Brahim Nefzaoui, a déclaré aujourd’hui, mardi, que « les prix de la viande blanche et des œufs vont baisser la semaine prochaine », tout en confirmant l’abondance de la production ». Il a précisé que la production de viande de volaille est estimée à 13.960 tonnes et celle des œufs, elle est de l’ordre de 161 millions d’unités au cours du mois de septembre, soulignant que les stocks sont suffisants chez les abattoirs et le groupement professionnel commun des produits de volaille et de lapins.
Le président de la Chambre nationale des commerçants de volaille et de viande blanche a appelé le ministère du Commerce à appliquer la loi contre les contrevenants pour limiter les prix élevés et l’abattage anarchique. Il a expliqué que les prix de la volaille sont généralement accessibles à tous.
Critiquant les fluctuations des prix, Nefzaoui a jugé inacceptable que le prix des quatre œufs atteigne 1,4 dinar, alors que le prix minimum devrait être fixé à 1,2 dinar. Ces variations, selon lui, sont liées aux hausses et baisses des coûts de production, appelant à déterminer une marge bénéficiaire réglementée. (M.S)
Tunis, UNIVERSNEWS (Consommation) – comme le veut la tradition, à quelques jours de la fête du Mouloud, les différents produits alimentaires, notamment le Zgougou et les fruits secs, connaissent une augmentation des prix. Si les étals sont bien garnis, les marchés bondés, les acheteurs se montrent hésitants devant les prix affichés. Le prix de Zgougou (graines de pin d’Alep) oscille entre 53 et 60 dinars. Le prix du pignon a dépassé les 150 dinars le kg. Les amandes sont proposées à 45dt le kilo. Les noix sont affichées à 75 DT le kilo alors que les pistaches s’élèvent à 58 DT le kg.
Tarek Makhzoumi, membre du bureau exécutif de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP) a souligné que la récolte des graines de pin d’Alep se fait de décembre à mars/avril chaque année notamment à Siliana, Béja et Zaghouan. La récolte a connu cette année une baisse en raison de la sécheresse ; des effets du changement climatique, des incendies qui ont ravagé de vastes surfaces forestières au cours des dernières années, ainsi que le retard enregistré dans la délivrance des autorisations de récolte. Les prix devraient se situer entre 50 et 53 dinars le kilogramme dans les zones de production, avec une légère hausse dans d’autres régions, de quoi susciter l’inquiétude des ménages qui doivent faire attention en procurant le Zgougou surtout que des quantités ont été introduites illégalement ces derniers jours en Tunisie. (M.S)
En Tunisie, pays au riche héritage viticole antique, la consommation d’alcool révèle un paradoxe profond entre tradition historique et tabous religieux. Malgré les interdits, l’alcool coule toujours dans les ruelles comme dans les hôtels touristiques, témoignant d’une réalité complexe et contrastée. Retour sur les racines millénaires et l’ouverture touristique qui ont façonné cette relation ambivalente.
Selon les données récentes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la Tunisie affiche une consommation moyenne d’environ 12,8 litres d’alcool pur par adulte et par an. Ce chiffre place le pays en tête du monde arabe et au 9ᵉ rang mondial. Une statistique surprenante dans un pays à majorité musulmane, où l’alcool reste officiellement proscrit par la religion et encadré par la loi.
Une échappatoire sociale et psychologique
Pourtant, une enquête menée par le Pew Research Center révélait dès 2013 que plus de 80 % des Tunisiens désapprouvent la consommation d’alcool. Cette contradiction entre discours et pratiques illustre un paradoxe profondément ancré dans la société.
En Tunisie, la vente d’alcool est strictement réglementée : interdite aux musulmans ( en théorie) selon le Code pénal, suspendue durant le mois de Ramadan, les vendredis et les jours de fêtes religieuses. Mais ces restrictions légales n’entravent pas réellement l’accès aux boissons alcoolisées. Cette rareté officielle nourrit un marché noir florissant, qui alimente aussi bien les consommateurs réguliers que les acheteurs occasionnels.
Dans les bars et points de vente autorisés, la taxation élevée des boissons pousse une partie des consommateurs vers des produits moins chers et souvent de qualité médiocre, augmentant ainsi les risques sanitaires.
Pour de nombreux Tunisiens, l’alcool devient un exutoire face aux pressions économiques et sociales. Les années qui ont suivi la révolution de 2011 ont vu croître une forme d’angoisse collective, traduite chez certains par une consommation accrue.
Les jeunes, notamment dans les grandes villes, y voient aussi un moyen de désinhibition sociale dans un environnement où d’autres formes de divertissement sont limitées. Ce phénomène s’accompagne d’une banalisation progressive de l’alcool dans certains milieux urbains, en dépit des normes religieuses et familiales.
Les taxes sur l’alcool ont fortement augmenté au cours des dernières années, rendant certaines boissons jusqu’à deux fois plus chères qu’en 2010. Pourtant, la demande ne faiblit pas. Elle se déplace vers des alternatives abordables, souvent artisanales ou issues de contrebande, qui échappent à tout contrôle sanitaire.
Des associations médicales et sociales tirent régulièrement la sonnette d’alarme face à l’augmentation des intoxications et des violences liées à l’alcool, mais leurs appels peinent à trouver un écho dans les politiques publiques.
Des racines antiques à l’essor touristique
La relation de la Tunisie avec l’alcool remonte bien avant l’ère moderne. Dès l’Antiquité, la région était connue pour ses vignobles, notamment sous l’influence des Phéniciens et des Carthaginois. L’illustre agronome carthaginois Magôn, auteur d’un traité sur la viticulture, avait posé les bases de techniques qui allaient influencer la production vinicole dans tout le bassin méditerranéen. Les Romains, héritiers de ces savoir-faire, développèrent encore la culture de la vigne, exportant vins et amphores depuis les ports de Carthage, Dougga ou Thuburbo Majus.
Au fil des siècles, la conquête arabe et l’islamisation de la région ont freiné cette tradition, sans toutefois l’effacer totalement. La production de vin et de bière a continué de manière marginale, notamment dans les zones à forte présence européenne ou au sein des communautés non musulmanes.
L’époque contemporaine a vu une renaissance de cette culture vinicole et brassicole, notamment à partir du protectorat français (1881-1956) et, plus récemment, avec l’essor touristique. Dans les années 1970 et 1980, le développement des zones balnéaires et l’ouverture au tourisme international ont entraîné une offre plus visible d’alcool dans les hôtels, restaurants et complexes touristiques.
Cette politique d’ouverture visait à répondre aux attentes des visiteurs étrangers, faisant coexister un marché destiné aux non-musulmans et une consommation locale qui, bien que taboue, continuait à croître en marge des circuits officiels.
S’agissant de la consommation de l’alcool, selon le Dr Faten Driss, spécialiste en traitement des addictions, la dépendance doit être considérée comme une maladie, non un délit. Elle insiste sur l’importance de lever la stigmatisation, notamment au sein des familles, qui doivent accompagner avec écoute, compréhension et soutien, et non jugement ni répression. Le traitement demande patience, temps et suivi régulier en thérapie, souvent sans hospitalisation. Le centre de Jebel Ouest, unique en Tunisie, accompagne surtout la réinsertion sociale post-consommation. Dr Driss rappelle que l’addiction est une maladie cérébrale chronique avec risque permanent de rechute. Elle appelle à la bienveillance des proches face aux rechutes, soulignant que la guérison reste possible grâce à un soutien constant.
Un paradoxe qui interroge
Cependant, la Tunisie vit dans une forme de schizophrénie culturelle : d’un côté, un discours officiel et religieux qui condamne fermement l’alcool ; de l’autre, une consommation réelle qui rivalise avec celle de nombreux pays occidentaux.
Ce paradoxe, entretenu par le poids du tabou, le manque de prévention et les tensions sociales, continue de façonner la relation des Tunisiens à l’alcool — une relation à la fois cachée, tolérée et difficile à briser.