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Chroniques de la Byrsa : Un triste spectacle de totale désolation

La Presse Certaines anomalies, à force de se généraliser et de durer, finissent par accéder à la normalité et par être admises comme faisant partie intégrante de l’ordre naturel des choses et même d’en devenir l’un des éléments constitutifs, à ce titre totalement incontournables. Ainsi en est-il de l’état dans lequel se trouvent nos cimetières.

A de très rares exceptions près, ces espaces, vers lesquels, pourtant, nous convergeons régulièrement pour dire adieu à ceux qui nous quittent ou pour raviver leur souvenir à l’occasion de célébrations rituelles, offrent dans la majorité des cas le triste spectacle de totale désolation qui double l’affliction des visiteurs. 

Nos cimetières, du moins les anciens d’entre eux, ont, la plupart du temps, été implantés sur des éminences, certainement par souci de préservation des submersions qui les noyaient après chaque pluie abondante du temps d’avant la multiplication des diverses retenues d’eaux de ruissellement et ouvrages de protection des villes des inondations.

Car cette situation ne pouvait être favorable à un aménagement rationnel propice à l’organisation de l’espace mortuaire et à la circulation des visiteurs et, éventuellement, des véhicules. Et c’est seulement ces dernières décennies que l’on a vu apparaitre des cimetières aménagés en terrains plats, plus faciles à adapter à la situation nouvelle, en particulier en matière d’entretien.

Jusqu’à l’institution dans notre pays de l’administration municipale au milieu du XIXe siècle, l’espace sépulcral était géré par les citoyens eux-mêmes. D’où les tourbas, nécropoles privées que s’offraient les familles les plus aisées, y compris en ville, ou des carrés familiaux pour les citoyens ordinaires sur des terrains communautaires.

Les choses sont censées avoir changé avec l’apparition de la gestion municipale des périmètres collectifs. Tout ce qui concerne l’espace sépulcral relève exclusivement des autorités municipales. Y compris l’entretien au quotidien. Du moins ainsi devrait-il être. L’état dans lequel se trouvent nos cimetières révèle l’abime qui sépare la théorie de la réalité.

L’occasion m’a été offerte, vendredi dernier, de le vérifier une fois de plus. M’étant rendu dans un cimetière de la banlieue nord pour accompagner une visiteuse venue de l’étranger se recueillir sur la tombe d’une parente récemment disparue, mon attention a été attirée par ce Monsieur, bien de sa personne, qui dirigeait une petite équipe de Subsahariens dans une opération de débroussaillage de la véritable savane qui avait envahi les lieux.

Un responsable municipal chargé de procéder à l’opération ? A la fin de notre visite, le Monsieur s’est présenté : un citoyen qui avait enterré un proche tout récemment et qui, révolté par l’état des lieux, avait organisé une collecte dans son proche entourage pour procéder à ce « toilettage ». Il est venu nous sensibiliser à une opération plus vaste qu’il prévoit pour un proche avenir et à laquelle il nous conviait à participer.

Bien sûr que je serai au rendez-vous. Et à chaque autre rendez-vous du même genre, en attendant que notre administration municipale guérisse de ses maux. 

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