Nous y sommes déjà. A l’entrée de certaines villes du centre et du sud, des enfants vous offrent, à des prix symboliques, des bouteilles remplies d’olives fraîchement cueillies et assaisonnées de sel. Une façon d’annoncer que nos oliveraies sont lourdes de fruits mûrs et que ces primeurs prouvent l’ouverture d’une nouvelle saison.
Dans quelques semaines, ce sera le branle-bas pour la cueillette, qui mettra à la disposition de l’économie nationale des moyens pour renforcer les efforts déployés pour relancer cette économie qui, déjà, sort la tête de l’eau.
La Presse — Mais ce n’est pas tout. Notre bonne terre nous donnera la possibilité de lancer presque dans les mêmes intervalles la collecte de dattes. Là, aussi, les prémices sont positives. Notre agriculture est bien en ordre de bataille pour relever les défis.
En effet, il ne faudrait pas oublier que nous sommes sur le point de boucler la saison des grandes cultures qui a affiché de nouveaux records. Et on a annoncé dans la foulée, que pour la prochaine saison, les graines sélectionnées sont déjà disponibles.
Sans oublier l’excellente récolte de pommes qui a dépassé les prévisions dans certaines régions. Cela n’a nullement assagi les prix de vente aux consommateurs. Des pommes de deuxième choix, aussi grosses que des billes, sont affichées à six dinars le kg.
Ou encore, le record établi au niveau de la production des pistaches, qui a largement dépassé celui de l’année dernière. Allez voir les prix demandés sur le marché. C’est inconcevable.
Faire profiter le consommateur
Ceci dit, il n’y a que du positif et les regards devraient se tourner vers la manière de traduire cette aisance dans laquelle se trouvent nombre de produits du terroir dans les faits, en faisant profiter le consommateur.
En effet, il faudrait que cessent ces scenarios catastrophes que l’on fabrique de toutes pièces, en cherchant des victimes pour soutenir que cela ne répond pas aux aspirations des producteurs. Histoire d’augmenter les prix et de revaloriser un produit qui sera disponible en quantité de plus en plus importante.
Les surfaces emblavées dans les grandes cultures sont de plus en plus vastes. Chaque année, on plante des milliers de nouveaux pieds d’oliviers, alors qu’autant entrent en production. Les nouvelles surfaces prises sur le désert, avec l’appui de l’Armée nationale, qui a mis en place des étendues équipées de toutes les commodités et prêtes à l’usage, des hectares de terre où prospérera la fameuse datte «deglet ennour».
Les particuliers ont compris l’intérêt de revenir à la terre. Les vergers sont de plus en plus étendus et les producteurs, grâce à un ciel prolifique, déversent des produits qui ont permis de conquérir de nouveaux marchés à l’étranger.
Changer les ordres du jour
Tout cela devrait changer les ordres du jour de ceux qui sont garants des intérêts des consommateurs, les vrais, ceux qui sont directement impliqués dans un plan national de relance et non ceux qui s’improvisent responsables, pour ne poser que des points d’interrogation.
Déjà, avons-nous appris qu’une réunion s’est tenue pour étudier de quelle manière utiliser les restes des huileries pour en faire un résidu utile et non s’en débarrasser n’importe où, dans l’irrespect total de l’environnement. C’est positif.
L’huile, cette année sera produite en grande quantité. Il ne faudrait pas que se pose de nouveau, le problème des prix et des quantités à accorder au marché local. Nous devons comprendre une fois pour toutes que la quantité sera en constante augmentation et plancher au moins sur deux questions de principe. La première porte sur le remplacement progressif des huiles de graines importées pour soulager la balance commerciale et faire profiter le consommateur tunisien de l’huile de son pays.
La seconde, répondre de quelle manière mettre un terme à ces exportations en vrac de la majorité de notre huile.
Il convient de noter que les exportations tunisiennes d’huile d’olive au cours de la campagne 2024-2025 ont atteint 239 000 tonnes, soit une augmentation de 35 % par rapport à la campagne 2023-2024.
Notre huile, ce n’est pas un secret, est reconditionnée ailleurs et remise sur les marchés internationaux sous d’autres étiquettes. Combien de fois a-t-on soulevé ce problème ? Depuis que nous ne savons plus où stocker notre huile. Qui s’est chargé de ce problème qui sera de plus en plus d’actualité en raison de l’augmentation de la production attendue pour les prochaines années ?
Avec les médailles d’or qu’empoche notre huile un peu partout dans le monde, nous n’avons pas été capables de prendre des décisions à même de valoriser ce trésor de la nature. Inconcevable !
«Le Conseil oléicole national s’est récemment réuni en ce mois d’août 2025, sous la présidence d’Azzedine Ben Cheikh, ministre de l’Agriculture, des Ressources hydriques et de la Pêche, en présence de représentants des structures publiques concernées et de représentants de la profession.
La réunion a été consacrée à l’examen du déroulement de la campagne d’exportation, des indicateurs mondiaux de production et de prix, ainsi qu’à la matrice des programmes et mesures relatifs aux préparatifs pour la réussite de la prochaine campagne 2025-2026».
Réduire la pression
Il a recommandé «une collaboration entre toutes les parties pour remédier aux insuffisances de la campagne précédente, tout en insistant sur la nécessité d’une meilleure coordination face aux évolutions et interventions rapides afin de garantir le succès et le bon déroulement de la campagne».
L’objectif était donc «d’assurer une campagne oléicole réussie en termes de production, de transformation et d’exportation». C’est parfait.
Mais, parmi les «représentants des structures publiques concernées et de représentants de la profession» n’y avait il pas un seul qui aurait suggéré de baisser la pression sur le consommateur tunisien et revaloriser par des propositions audacieuses notre huile sur les marchés étrangers ?
Voilà pourquoi on devrait revoir les contenus des ordres du jour, en sortant des sentiers battus. En mettant en évidence une nécessaire ouverture, qui réponde aux nouvelles conditions de production qui se sont imposées, tout en donnant de l’air au consommateur que l’on doit absolument défendre.
Au moins au niveau de ce qu’actuellement nous produisons en grande quantité. Au point d’être contraints de céder cette manne céleste à bas prix, parce que nous ne savons pas la revaloriser ou quoi en faire.