Le Festival International de Carthage (FIC) revient cette année pour sa 59ᵉ édition dans des circonstances inédites : l’événement se tient pour la première fois sans directeur officiel. La programmation, dévoilée cette semaine, est gérée par un comité d’organisation, dont la composition reste à ce jour inconnue.
Après s’être tenue en 2024 dans les villas romaines, la conférence de presse de lancement du FIC s’est déroulée jeudi soir dans les jardins menant à l’amphithéâtre romain de Carthage, lieu emblématique du festival.
Sous l’égide du ministère des Affaires culturelles, cet événement artistique prestigieux fête cette année son 61ᵉ anniversaire avec une programmation de 20 spectacles réunissant des artistes de Tunisie, d’Égypte, du Liban, des Émirats arabes unis, de Palestine, de France et de Jamaïque.
Organisé par l’Établissement National pour la Promotion des Festivals et des Manifestations Culturelles et Artistiques (ENPFMCA), le festival met l’accent sur la musique, tout en s’ouvrant à d’autres disciplines comme le théâtre, le cinéma, la danse et les arts de la scène. Rappelons que le FIC avait été suspendu pendant deux ans (2020 et 2021) en raison de la pandémie de COVID-19.
Une polémique autour d’un spectacle annulé
Le ministère a fait le choix d’une édition sans président, confiée au même comité d’organisation que celui des trois dernières éditions. Hend Mokrani, directrice générale de l’ENPFMCA, a confirmé cette continuité.
Entourée des artistes Mohsen Erraies et Riadh Fehri, Mokrani a répondu aux critiques des journalistes concernant certains choix polémiques dans la programmation, qui ont généré de vives réactions dans les médias et sur les réseaux sociaux.
Dès la publication du programme sur la page Facebook officielle du festival, deux affiches ont été retirées et un spectacle déprogrammé. Le concert de l’artiste palestinien Marwan Abdelhamid, alias Saint Levant, a été supprimé, suivi de celui de la chanteuse française Hélène Ségara, dont l’affiche a également été retirée.
Mokrani a déclaré que le spectacle de Ségara, initialement programmé, avait été retiré en raison de « la pression médiatique et de l’opinion publique, liée au soutien présumé de l’artiste à l’entité sioniste ».
Suite à une déclaration de l’artiste à l’AFP affirmant qu’elle n’avait jamais prévu de se produire à Carthage, Mokrani a assuré que le festival dispose de documents attestant de son engagement formel.
La responsable a souligné que le festival porte une vision artistique contemporaine, reflet de la diversité culturelle, dans le respect des orientations nationales de promotion culturelle. Elle a également réaffirmé l’engagement du FIC envers la cause palestinienne, à laquelle une partie de la programmation est dédiée.
Une programmation à dominante arabe
Après le retrait d’Hélène Ségara, 20 spectacles composent désormais le programme du festival, prévu du 19 juillet au 21 août 2025.
La conférence de presse a dévoilé une programmation dominée par les artistes du monde arabe, avec : 8 spectacles tunisiens (Mohamed Garfi, Aziz Jebali, Karim Thlibi, Latifa Arfaoui, Sophia Sadok, Soirée Tunisienne, La Nuit des Chefs)
9 spectacles arabes : Liban (Nassif Zeytoun, Adam, Nancy Ajram, Najwa Karam, Ibrahim Maalouf), Palestine (Mohamed Assaf, Saint Levant), Égypte (May Farouk), Émirats (Ahlam)
Les spectacles internationaux sont au nombre de trois : Folklore, un spectacle collectif, La chanteuse Chantal Goya Ky-Mani Marley, fils de Bob Marley, représentant la Jamaïque
Artistes en vedette et absence remarquée de l’Afrique
Le compositeur Mohamed Garfi assurera l’ouverture avec son spectacle « Men kaa el khabia », annoncé comme une performance de musique savante. Son fils, le maestro Shadi Garfi, présentera « La Nuit des Chefs », réunissant plusieurs artistes, dont une chanteuse turque.
L’artiste Riad Fehri revient pour la 7ᵉ fois avec « Tapis Rouge 2 », suite de son spectacle de 2009.
L’absence de l’Afrique dans la programmation a été remarquée. La direction du festival l’a justifiée par le manque de spectacles africains adaptés à la scène de Carthage cette année, bien que le continent offre une grande richesse artistique et constitue un pilier du dialogue interculturel.
Le budget du festival, estimé à 3 millions de dinars, est jugé insuffisant par Hend Mokrani, qui mise sur la vente des billets et la contribution des partenaires pour équilibrer les dépenses.
La billetterie en ligne est déjà ouverte, tandis que la vente physique débute vendredi 11 juillet à la Cité de la Culture et au siège du festival à Carthage.
Le Festival International de Carthage se déroule chaque année dans l’amphithéâtre romain de Carthage, au cœur d’un site archéologique classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1979.
Créé en 1964, le FIC est une plateforme pluridisciplinaire pour la promotion de la création artistique, accueillant aussi bien artistes confirmés qu’émergents. Il a vu le jour sur les Thermes d’Antonin, avant de s’installer dans son site actuel.