Le commandant des Forces de l’Onuc, le général suédois Carl Von Horn, satisfait des résultats obtenus par la Brigade tunisienne dans la province du Kassai et voulant empêcher le commandement des troupes ghanéennes qui ont été désignées pour tenir la capitale du Congo ex-belge, Léopoldville, de continuer à s’immiscer davantage dans les affaires congolo-congolaises, décida la permutation de la brigade tunisienne qui tenait la province du Kassai avec la brigade ghanéenne. De ce fait, le commandement militaire de l’Onuc de la place de Léopoldville est passé sous l’autorité effective de la Brigade tunisienne à compter du 11 novembre 1960 à 12 heures. C’est encore le Ghana qui a été la cause du premier incident sérieux que nous avons eu avec l’armée congolaise. En effet, des soldats congolais ayant voulu arrêter l’ambassadeur du Ghana — déclaré persona non grata — pour l’expulser, les soldats tunisiens qui étaient chargés de garder sa résidence, comme c’était le cas pour les autres ambassades, les en ont empêchés, ce qui provoqua le déclenchement d’une longue fusillade sur nos troupes qui, usant du droit de légitime défense, ont riposté énergiquement. C’est l’incident le plus grave et le plus sérieux auquel les Forces de l’ONUC en général et les troupes tunisiennes en particulier ont eu à faire face au cours des six premiers mois de présence dans ce pays. Cet incident eut pour résultat la mort du Colonel Nkokolo, le responsable militaire congolais de Léopoldville, et la blessure d’autres soldats congolais ainsi qu’un mort et sept blessés dans nos rangs dont le lieutenant Mahmoud Gannouni qui a été sérieusement blessé. C’est dans cette ambiance de méfiance, d’incertitude et de crainte des uns par rapport aux autres qu’en janvier 1961, notre camarade de promotion, le Lieutenant Khelifa Dimassi, officier de transmissions, voulant dépanner l’une de nos unités implantée à l’Université de Luvanium, située à 25 km de la capitale dont le poste radio était tombé en panne, s’est rendu sans chauffeur ni escorte pour la dépanner. En quittant la capitale, Léopoldville, on est, immédiatement, en pleine brousse et notre camarade tomba dans une embuscade qui serait montée par des soldats de l’Armée nationale congolaise, voulant, probablement, venger le Colonel Nkokolo. Et ainsi, le Lieutenant Dimassi a été porté disparu et nos recherches n’ont donné aucun résultat ; le commandement de l’ANC, répondant aux énergiques injonctions de l’ONUC et de la Brigade Tunisienne, nia, totalement, l’implication de ses hommes dans cette affaire.
Cette première mission des Casques bleus durera jusqu’à fin juillet 1961 quand le gouvernement tunisien, suite à la guerre de Bizerte, demanda le rapatriement de ses troupes pour faire face à cette nouvelle situation. La brigade a été, en totalité, rapatriée le 1er août 1961.
Notre armée nationale souffla sa cinquième bougie, en continuant à faire face aux nombreuses tensions et difficultés occasionnées par les provocations, les incursions et les accrochages, le long des frontières tuniso-algériennes, avec les harkis, les commandos et les groupes spéciaux de l’armée française d’Algérie. Ceux-ci s’infiltraient, de temps à autre, dans le but de rechercher des renseignements sur les camps de l’ALN algérienne ou poser des mines sur les pistes frontalières. Dans tous les cas de figure, nos hommes se sont comportés avec courage, détermination et bravoure. C’est alors que nous avons été obligés de mener un autre combat, plus difficile, plus meurtrier et plus injuste, celui de la guerre de Bizerte. En effet, alors que la Tunisie souhaitait reprendre les négociations avec la France en vue de fixer la date de l’évacuation de cette base, elle a été surprise de constater le début des travaux d’extension des pistes d’atterrissage de la base de Sidi Ahmed. Cela signifie, clairement, la volonté de la France d’y rester encore pour une bonne période. C’est ce qui provoqua le 19 juillet 1961 le déclenchement de cette guerre inégale à tous points de vue. En effet, feu le général Said el Kateb, lieutenant à cette époque posté, depuis plusieurs jours et très discrètement, tout près de la clôture de la base, avec une section de mortiers 81 mm, bombarda, de nuit, les installations militaires françaises de Sidi Ahmed, lui occasionnant de sérieux dégâts et se replia, avant le lever du jour, malgré l’intervention de l’artillerie et de l’aviation ennemies. Nos unités, compte tenu des moyens disproportionnés avec ceux de l’adversaire, ont mené un combat retardateur jusqu’à la médina qu’elles ont investie et interdite à l’ennemi d’y pénétrer. Cette guerre, asymétrique, dura quatre longues, dures et pénibles journées avec de nombreuses pertes dont le commandant Mohamed Bejaoui, commandant l’artillerie, mort l’arme à la main, avec ses troupes. Cette situation durera jusqu’à ce que le Conseil de sécurité de l’ONU ordonnât le cessez le feu le 22 juillet 1961 à 20h30. De cette guerre déséquilibrée, on peut retenir :
– D’abord, la détermination d’un groupe de très jeunes officiers courageux appartenant, pour la plupart, à la 1ère promotion d’officiers de St Cyr, la Promotion « Bourguiba » et dont nous sommes très fiers, dix lieutenants au total ( Said El Kateb, Hamida Ferchichi, Noureddine Boujellebia, Bechir Ben Aissa, Salah Bouhelel, Abbes Atallah, Ammar Kheriji, Mohamed Benzerti, Abdelhamid Escheikh, Abdelhamid Lajoued), qui, bien que n’ayant pas encore assez d’expérience (5 ans de service), mais animés de cet esprit patriotique, du sens de l’honneur et du devoir, et convaincus de leurs droits, n’ont pas baissé les bras et ont relevé le défi : celui de tenir coûte que coûte la médina de Bizerte, malgré le déséquilibre des forces en présence et ont tous juré de se battre jusqu’à la mort. Avec eux, se trouvaient deux autres jeunes sous-Lieutenants de la 2e et 3e Promotion de St Cyr ( S/Lt Aziz Tej et Hedi Ouali) ainsi que quatre sous-lieutenants issus des rangs (Abderrahman Chihi, Boualem, Salem et Naji).
– Ensuite, les pertes en vies humaines, assez nombreuses dont celle du commandant Mohamed Bejaoui, brillant officier supérieur, l’un des quatre premiers officiers diplômé de l’Ecole d’Etat-Major française, et commandant de l’artillerie tunisienne, mort l’arme à la main.
– Enfin, l’anarchie indescriptible provoquée par l’intrusion de milliers de jeunes tunisiens, citoyens désarmés pour la plupart, et qui n’ont servi qu’à gêner les opérations de nos troupes.
On épiloguera, longtemps sur les véritables raisons qui ont poussé le Président Bourguiba, lui le Grand Homme politique habitué aux grandes manœuvres politiciennes, à mettre en difficulté son armée, nouvellement créée, très peu armée et sans aucune expérience.
Beaucoup de gens ont spéculé sur la guerre de Bizerte. Mon opinion est que le Président Bourguiba, en mobilisant le peuple et surtout les jeunes, pour la récupération, au plus tôt, de Bizerte, voulait faire une démonstration de force… politique à la France pour la convaincre d’évacuer la base.
Une fois le problème de la guerre de Bizerte réglé, l’ONU, satisfaite du rendement du premier contingent tunisien, demanda à notre pays l’envoi d’un deuxième contingent au Congo. Celui-ci, arrivé, en totalité, à Léopoldville, le 4 janvier 1962, a été affecté à la province du Katanga, province qui fit sécession sous la présidence de Moïse Tshombe. Au Katanga, nous avons été chargés de la protection et du soutien du camp de près de quatre- vingt mille réfugiés Balubakat (les Balubas du Katanga, une tribu hostile à Tshombe et que l’ONU a prise sous sa protection) et qui a été installée dans ce qui fut l’un des plus beaux parcs d’Afrique. Nous avons participé, avec les autres contingents dont le plus important, celui des Indiens, les Gurkhas, des guerriers redoutables qui se déplacent toujours avec leurs trophées, et celui des Ethiopiens, à la déroute de la gendarmerie katangaise, appellation donnée à l’armée du Katanga, qui, durant deux mois et depuis octobre 1962, harcelait tous les soirs les contingents de l’ONU par des tirs de mortiers imprécis et qui provoquèrent, avec l’autorisation de New York, la riposte onusienne le 28 décembre 1962. La gendarmerie katangaise, décrochant au fur et à mesure que les Casques bleus avançaient, s’est en fin de compte évaporée, sans combattre sérieusement et sans avoir opposé une résistance digne d’être signalée. C’est ainsi que prit fin le régime de Moïse Tshombe et le Katanga redevint une province congolaise.
La mission du contingent tunisien deviendra plus importante, plus grave, très délicate et plus accentuée après le mois de décembre 1962 et jusqu’à notre retour définitif en Tunisie en mars 1963, lors de l’effondrement du régime de Tshombe. Obligés de suppléer l’autorité qui s’est évaporée, et étant le seul contingent parlant français, nous avons assumé les tâches auparavant imparties à la police et il fallait:
1- assurer la sécurité de toute la population dans cette ville de plus de deux cent mille habitants à cette époque;
2- sauvegarder les personnes et les biens ;
3- éviter les pillages et les règlements de comptes dans une période d’incertitude, d’anarchie et d’absence totale de l’autorité légale ;
4- et surtout protéger les minorités de tout acte de vengeance.
Cette mission, loin d’être aisée pour des militaires habitués aux exercices de combat et aux manœuvres, a été remarquablement remplie par nos hommes qui ont mérité, à la fin de notre séjour, les félicitations, les remerciements de l’ONUC, ainsi que la reconnaissance de la population congolaise (katangaise) et celle de tous les Européens qui étaient fort nombreux à Elisabethville. Le rapatriement de notre contingent eut lieu en mars 1963.
Quels enseignements tirer alors de cette première mission de maintien de la paix réussie par cette très jeune Armée tunisienne au Congo et au Katanga sous l’égide de l’ONU ?
D’abord, ce témoignage de reconnaissance du rédacteur en chef du quotidien L’Echo du Katanga qui s’est fait le porte- parole de tous les habitants d’Elisabethville, sans distinction de race, d’origine ou de couleur, qui a écrit, le 26 février 1963, dans un flash en première page :
« Le bataillon tunisien nous quitte : hier soir, le colonel Remiza, commandant le bataillon tunisien, recevait le tout E’ville, à l’occasion du prochain départ. Les E’villois, de toutes les factions (jadis opposées) étaient présents. Tous regrettent le départ des Tunisiens. Ils ont accompli ces derniers temps un travail de police très efficace et qui a été l’un des éléments de base du rétablissement rapide des conditions normales de vie dans notre ville. C’est de tout cœur que nous leur disons: au revoir et bon voyage. Si jamais un bataillon tunisien devait revenir au Congo, nous souhaitons qu’encore une fois il soit commandé par un homme de la trempe du Colonel Remiza ».
Ce vibrant témoignage du journaliste congolais relatif au succès de la mission tunisienne au Congo et au Katanga était, pour nous tous, la meilleure reconnaissance pour le travail accompli car on ne doit jamais oublier que servir la paix est pour un soldat plus difficile, à certains égards, que de faire la guerre. En plus des qualités militaires normales, cela demande, non seulement une fermeté inébranlable mais aussi du courage, de l’expérience, une patience infinie, de la réserve et de la tolérance.
Cependant, les relations de notre pays avec notre voisin du sud-est n’ont toujours pas été brillantes et se sont dégradées davantage après l’échec du projet d’Union signée à Djerba en 1973-74. Kadhafi, le président de la Jamahiria, a même tenté, en 1978, d’encourager une rébellion en essayant de lui fournir une grande quantité d’armes et de munitions capables d’équiper près de deux cents hommes qu’il a fait introduire, secrètement, et déposée, en territoire tunisien, entre Lorzot et Bir Zaar, à près de 70 km au sud de Remada et qui a été découverte par une patrouille méhariste, deux ou trois jours plus tard, les restes de pastèques encore assez frais le confirmant. Cet armement devait être récupéré par d’autres convoyeurs en vue de le remettre à ses acolytes à Gafsa où la révolte devait avoir lieu en 1978. C’est la raison pour laquelle la tentative d’insurrection qui eut lieu à Gafsa en janvier 1980 a été, rapidement, matée et que l’Armée nationale et les services de sécurité tunisiens ont été à la hauteur de leurs responsabilités et ont mis en échec flagrant cette tentative. C’est la raison pour laquelle six nouveaux postes frontaliers sahariens ont été, aussitôt, créés et mis en place, en février 1980, deux semaines après l’affaire de Gafsa, dans un secteur frontalier allant de Benguerdane, au nord, jusqu’à Dhibat, au sud et qui, quoique très dense par sa population, et carrossable pour tout type de véhicules et d’engins, n’en était pas pourvu et disposait seulement de quelques postes de la Garde nationale aux moyens très limités.
Ces souvenirs, vieux déjà de près de soixante cinq ans, sont ressentis par tous ceux qui les ont vécus comme datant d’hier. Une pieuse pensée à tous nos martyrs et en particulier au premier de la Promotion, notre camarade le Lt Khelifa Dimassi.
Aussi, et grâce à la formation, à l’expérience et aux connaissances acquises par les premières promotions d’officiers et dans le but de nous rassurer quant à notre autonomie en matière de formation et d’éviter toute dépendance vis-à-vis de l’étranger, nous avons créé toutes les institutions, centres et écoles de formation nécessaires au développement de notre armée dont essentiellement l’Ecole des sous-officiers, l’Académie militaire, les Cours spécialisés d’armes, l’Ecole d’Etat-Major, l’Ecole supérieure de guerre et l’Institut de défense nationale.
De même, c’est avec une immense fierté que nous constatons aujourd’hui que le Soldat tunisien a été, depuis cette épopée et tout le long des soixante, cinq dernières années, présent aux quatre coins du globe dans des missions onusiennes de maintien de la paix : au Congo ex-belge, au Sahara ex-espagnol, au Cambodge, en Somalie, au Rwanda, aux Iles Comores et ailleurs. Nos braves et vaillants soldats, malgré toutes les difficultés dues à l’environnement hostile et des sacrifices consentis, ont été admirables de sérieux, d’honnêteté et de compétence. Ils ont hissé haut les couleurs nationales, à la satisfaction de l’ONU et surtout des populations protégées.
C’est la raison pour laquelle nous, leurs anciens, en leur rendant l’hommage qu’ils méritent, nous leur faisons part de notre admiration et de notre fierté pour leurs réalisations partout dans le monde, et de nos encouragements pour qu’ils perpétuent les grandes qualités du soldat tunisien en ayant toujours présent à l’esprit la devise qui nous anime tous « Dévouement à la Patrie et fidélité à la République ».
L’enseignement qui serait à tirer donc, s’il n’y avait qu’un seul à tirer, serait que l’Armée tunisienne a misé, dès le départ, sur le capital humain, a parié sur ses soldats, techniquement bien formés, mais aussi imbus de valeurs de patriotisme, de désintéressement et de sacrifices. Ces mêmes valeurs, enracinées dans nos écoles de formation des cadres, continuent en effet jusqu’à ce jour à motiver les générations qui se suivent. C’est au commandement de veiller à les perpétuer et les renforcer par un minimum de moyens matériels nécessaires à l’accomplissement des missions qui leur sont dévolues. Naturellement, de la considération et de la reconnaissance de la part de la communauté nationale aux soldats de l’ombre, aux soldats de la Grande Muette, leur donneront encore plus de force et de détermination, surtout quand les moyens s’avèrent modestes.
J’ai profité du 69e anniversaire de l’Armée nationale pour présenter à nos concitoyens et essentiellement à notre élite les réalisations de la génération de l’indépendance durant la première décennie. Cette élite qui, depuis l’indépendance, n’a pas donné au service national l’importance qu’il mérite et considérant qu’il ne la concerne guère, a, malheureusement, négligé ce devoir constitutionnel, oubliant que la défense du pays mérite qu’on s’y prépare sérieusement et d’avance. Bien que les moyens de notre pays soient plus que limités lors de l’indépendance et que notre solidarité avec l’Algérie combattante soit indiscutable même si elle nous a privés de l’assistance et de l’aide de certains pays occidentaux, notre génération a réalisé de grandes et belles choses : elle a mis sur pieds les composantes d’un Etat moderne, s’est occupé à améliorer les conditions sociales du peuple tunisien qui, en plus des malheureuses conséquences de la Seconde Guerre mondiale, cette guerre qui traversa, treize ans plus tôt, notre pays, du sud au nord en y laissant de sérieux traces et dommages, avait connu la faim, la pauvreté, la misère, les diverses épidémies dont le typhus et l’analphabétisme qui touchait la majorité des adultes.
Bien que la comparaison entre la première décennie de l’indépendance et la première décennie post-révolution ne puisse être assez objective étant donné la différence entre les deux époques et le niveau intellectuel et matériel des citoyens de chacune d’elles, et les résultats obtenus dans tous les domaines, je laisse le soin au citoyen de méditer sur ces deux périodes et de tirer lui-même ses propres enseignements ou conclusions.
A priori, le premier constat qui peut être fait est la différence au niveau du comportement, de la discipline, du sérieux, du civisme, du patriotisme et des valeurs morales entre les deux générations. Le deuxième constat est l’existence, lors de l’indépendance, d’un leader charismatique qui brilla et s’imposa par sa longue lutte contre le colonialisme, par ses nombreuses années de prison, de déportation et d’exil, et surtout par ses vues avisées, subtiles et ingénieuses. Il a su avoir la meilleure pédagogie pour convaincre la majorité du peuple pour le suivre et l’appuyer, les évènements lui ayant donné raison. Par contre, et suite à la révolution, le nombre de chefs politiques autoproclamés a, au début, dépassé l’entendement et nous avons cru que cela allait empêcher, assurément, et au désespoir de tout le peuple, l’aboutissement à un programme sérieux et réaliste de développement économique et social. Mais ce ne fut, heureusement, pas le cas. Le troisième constat, dix ans après l’indépendance, a été l’union sacrée de tout un peuple derrière ses dirigeants alors que la révolution qui permit l’éclosion de très nombreux partis politiques et qui ne sont intéressés que par le pouvoir, encouragea les ambitions des uns et les prétentions des autres au détriment du réalisme alors que le patriotisme observé chez le concitoyen post révolution est juste à fleur de peau, pour ne pas dire utopique .
Je voudrais, avant de clore cet article, à l’occasion du 69e anniversaire de la création de l’Armée nationale, le 24 juin 1956, rendre le plus vibrant des hommages à notre premier Chef Suprême des Forces Armées, le Président Bourguiba qui, compte tenu des priorités qu’il avait, durant les deux premières décennies de l’indépendance, était assez avare quant à l’acquisition d’armes sophistiquées et dissuasives, assez coûteuses par ailleurs, mais était très généreux quand il s’agissait de la formation de ses officiers. C’est ainsi qu’il a permis aux officiers des premières promotions de fréquenter toutes les écoles militaires supérieures du monde occidental ainsi que les écoles techniques spécialisées. C’est pour cette raison que, grâce à cette formation de très haut niveau et à la fréquentation de stagiaires venus des quatre coins du globe, que nos cadres officiers ont été imbus de cet esprit républicain, de fidélité et de dévouement à la Patrie qui sont les clés de la répartition des tâches dans les sociétés évoluées et démocratiques. C’est pourquoi nos cadres officiers sont convaincus de la mission et du rôle de chacune des composantes de la société.
Et c’est bien cela la spécificité de l’Armée nationale tunisienne dont nous sommes très fiers.
Que Dieu veille et protège la Tunisie éternelle, l’héritière de Carthage et de Kairouan.
(*) Ancien sous-chef d’état-major de l’Armée de terre, ancien commandant de la Brigade saharienne, ancien gouverneur.
N.B. : L’opinion émise dans cette tribune n’engage que son auteur. Elle est l’expression d’un point de vue personnel.