Macron en visite à Rome pour apaiser ses relations avec Meloni
Le président français Emmanuel Macron se rend à Rome mardi pour tenter d’apaiser ses relations avec la présidente du Conseil italien Giorgia Meloni, après des tensions persistantes sur les dossiers de l’Ukraine, du commerce et des relations transatlantiques.
Ces derniers mois, les deux dirigeants ont affiché des approches divergentes — parfois concurrentes — face au possible retour de Donald Trump à la Maison-Blanche. Giorgia Meloni, dont le pays bénéficie d’un excédent commercial important avec les États-Unis, milite pour un alignement stratégique de l’Europe sur Washington. Elle a d’ailleurs lancé le slogan « Make the West great again » lors d’une rencontre avec Trump à Washington en avril. À l’inverse, Emmanuel Macron défend une vision d’une Union européenne plus souveraine et autonome.
Sur le dossier ukrainien, Giorgia Meloni a exprimé ses réserves concernant la “coalition des volontaires” proposée par Emmanuel Macron, ainsi que le projet franco-britannique visant à déployer des troupes de maintien de la paix en Ukraine après la guerre. Une initiative qui suscite l’inquiétude à Rome.
Les différends entre les deux dirigeants, aux profils très contrastés — un Macron ardent défenseur du projet européen face à une Meloni d’inspiration nationaliste dans un pays fortement attaché à l’axe transatlantique — se sont récemment exprimés de façon plus ouverte. Giorgia Meloni a notamment été critiquée en Italie pour ne pas s’être rendue à Kyiv avec Emmanuel Macron et les dirigeants allemand, britannique et polonais le 10 mai, puis pour avoir manqué un appel téléphonique avec Donald Trump et Volodymyr Zelensky lors d’un sommet en Albanie peu après.
Meloni a expliqué son absence en affirmant que les discussions portaient sur un éventuel envoi de troupes en Ukraine, une ligne rouge pour Rome. Mais Emmanuel Macron l’a publiquement contredite, précisant que les pourparlers visaient à établir un cessez-le-feu, ce que les autorités italiennes ont perçu comme une mise en cause humiliante, voire une assimilation à de la “désinformation russe”.
“Une question de nécessité, pas de nostalgie”
Selon l’Élysée, Emmanuel Macron est à l’initiative de cette rencontre et entend afficher une posture d’apaisement. Le dîner de travail et les échanges bilatéraux — tous deux à huis clos — seront, selon Paris, l’occasion de manifester “respect” et “amitié”.
« Le président de la République, quelles que soient les sensibilités politiques, est disponible pour chacun de nos partenaires européens », a-t-on souligné lors d’un point presse préparatoire.
Les discussions devraient porter sur les garanties de sécurité pour l’Ukraine, l’accord commercial avec le Mercosur, les droits de douane américains et la coopération industrielle, notamment autour du groupe Stellantis, qui a nommé un nouveau directeur général italien le 28 mai.
Côté italien, on affirme que cette rencontre vise à “jeter les bases d’un nouveau renforcement des relations bilatérales”. La situation au Moyen-Orient et en Libye sera également abordée.
Rome et Paris redoutent un renforcement de la présence russe dans l’est libyen à la suite de la chute du régime de Bachar al-Assad en Syrie fin 2024, Moscou cherchant à préserver une position stratégique en Méditerranée.
« Cette rencontre Macron-Meloni n’a pas pour but de raviver l’amitié franco-italienne. C’est une question de nécessité, pas de nostalgie », affirme Francesco Galietti, directeur de la société de conseil Policy Sonar, basée à Rome. Selon lui, les deux pays auraient intérêt à s’accorder rapidement sur le dossier libyen.