Ons Jabeur semble en fin de cycle professionnel. Et ce sont, certainement, de simples détails qui ont conditionné, au final, son parcours.
La Presse — Encore une fois, Ons Jabeur rate son entrée et quitte, discrètement et dès le premier tour, un grand chelem (Roland Garros 2025). Nouvelle désillusion, toujours des regrets et autant d’interrogations. Une sortie au goût amer, cette fois-ci, car elle pourrait être l’annonce indirecte du début de la fin de la carrière professionnelle de notre tenniswoman.
Une carrière, bien qu’elle soit pleine d’émotions, semble inachevée et même décevante, surtout si l’on met dans la balance le potentiel réel et certain de la joueuse, notamment un registre technique de haute facture, de l’avis même des experts, voire le plus accompli de tout le circuit. En Effet, grâce à un poignet que son premier entraîneur, Mlika, qualifie de «magique», Ons Jabeur a toujours réussi à présenter un jeu créatif et surtout à «jongler» avec plusieurs techniques. Mais cela était, décidément, insuffisant. Pourtant, en 2010, le monde de tennis a été impressionné par la découverte d’un talent exceptionnel. En effet, en se hissant à la finale du tournoi junior de Roland Garros qu’elle a malheureusement perdue face à Elina Svitolina (future numéro 1 mondiale), Ons Jabeur a suscité toutes les prédictions, même les plus invraisemblables. On parle ainsi d’une future grande championne au talent exceptionnel, qui dominerait, pour longtemps, le circuit.
Et Ons Jabeur n’a pas tardé de confirmer, une année plus tard, tout le bien qu’on pensait d’elle, en remportant le même tournoi face à la Portoricaine Monica Puig. La première joueuse africaine à réussir une telle performance. Son intégration du circuit WTA, en 2017, a été très attendue. Et là aussi, la joueuse n’a pas démérité, puisqu’en l’espace d’une année, elle intègre le top 100. Puis elle commence sa remontée au classement grâce notamment à son nouvel entraîneur Bertrand Perret, qu’elle qualifie plus tard «du technicien le plus favorable à son style de jeu». Mais le changement du staff technique, quelques années plus tard, et l’option pour Issam Jallali et Karim Kammoun (son mari), respectivement comme entraîneur et préparateur physique, était une erreur. En effet, le registre technique s’est avéré, à lui seul, insuffisant.
Certes, notre joueuse a pu se hisser au deuxième rang mondial et a continué à épater avec son jeu plaisant, notamment l’amortie, son arme destructive favorite et qui a déstabilisé, souvent, ses adversaires, même si on lui reproche, parfois, une utilisation excessive. Mais, Ons Jabeur a souvent craqué aux grands rendez-vous, ces moments décisifs qui distinguent les grands champions des joueurs ordinaires, notamment dans les finales. On reconnaît, en effet, que son staff technique est limité pour lui apporter le plus pour gagner des titres majeurs. Et c’est justement ce manquement qui justifie les passages à vide assez fréquents, les instants de doute et surtout cette fragilité mentale. En témoignent ces deux finales perdues, «anecdotiquement», face à Rybakina et Vandrousova à Wimbledon.
Au final, on peut affirmer que ce sont quelques détails, (mais décisifs) qui ont pesé lourdement dans la balance. Et on se demande sincèrement qu’ aurait été la carrière de Ons Jabeur sans K. Kammoun et I. Jallali ? Certainement beaucoup plus accomplie.