France — Finances publiques
Des coupes budgétaires en vue
Selon les chiffres publiés, jeudi 26 mai, par l’Insee, la dette publique française a franchi un nouveau seuil historique, atteignant 3.345,8 milliards d’euros au premier trimestre 2025. Cela représente 114 % du produit intérieur brut, en hausse de 40,5 milliards par rapport au trimestre précédent. Une progression qui alimente les inquiétudes sur la soutenabilité budgétaire du pays.
L’augmentation concerne principalement l’Etat (+36,7 milliards), mais aussi les administrations de sécurité sociale (+3,3 milliards) et les collectivités locales (+600 millions). Si certaines structures locales comme les régions et les organismes intercommunaux voient leur endettement progresser, les communes et départements parviennent à le réduire légèrement.
Le gouvernement annonce une réduction des dépenses publiques de 40 milliards d’euros d’ici fin 2025, dans le cadre d’un effort budgétaire global estimé à 50 milliards sur l’année. Pour 2026, une trajectoire similaire est envisagée, alors que le service de la dette risque de devenir le premier poste de dépense de l’Etat.
L’exécutif entend éviter toute hausse d’impôt, préférant répartir l’effort entre l’Etat, la Sécurité sociale et les collectivités. Une « année blanche » pour certaines dépenses (c’est-à-dire leur gel en valeur, sans indexation sur l’inflation) fait partie des pistes évoquées. « Toutes les options sont sur la table », a affirmé la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas.
Le Premier ministre, François Bayrou, doit présenter à la mi-juillet une feuille de route budgétaire en amont du projet de loi de finances 2026, dont l’examen à l’automne s’annonce politiquement périlleux. Le chef économiste d’Oddo BHF, Bruno Cavalier, prévient que le budget 2026 pourrait s’avérer encore plus difficile à faire adopter que celui de cette année, en raison des mesures d’austérité impopulaires qu’il implique.
Maroc–Turquie
Vers un nouvel élan pour l’Accord de libre-échange
La 6e Commission conjointe de suivi de l’Accord de libre-échange (ALE) entre le Maroc et la Turquie s’est tenue récemment dans un contexte marqué par la volonté partagée des deux pays de renforcer leur partenariat économique. Cette réunion, qui s’inscrit dans le cadre du programme marocain du commerce extérieur 2025-2027, a permis d’évaluer la mise en œuvre de l’ALE, en vigueur depuis le 1er janvier 2006, et de poser les jalons d’une coopération plus équilibrée et mutuellement bénéfique.
La rencontre a été l’occasion d’examiner les moyens de booster les exportations marocaines vers la Turquie, tout en cherchant à corriger les déséquilibres commerciaux persistants. Les deux parties ont réaffirmé leur attachement à un partenariat fondé sur le principe de « gagnant-gagnant », garantissant une répartition équitable des bénéfices et une croissance durable des échanges.
Le comité technique conjoint, chargé d’analyser les flux commerciaux et les obstacles rencontrés par les opérateurs économiques, a présenté ses conclusions. Il a également proposé une série de mécanismes visant à renforcer la coopération bilatérale. Sur cette base, plusieurs mesures concrètes ont été adoptées.
Parmi elles, la volonté d’accroître les échanges commerciaux, actuellement estimés à près de 5 milliards de dollars, figure en tête. Pour y parvenir, Rabat et Ankara misent sur une meilleure intégration industrielle, en particulier dans les secteurs de transformation. Un Forum turco-marocain des affaires et de l’investissement sera organisé dans l’année, en plus de rencontres de promotion de l’investissement et de conférences sectorielles.
Les deux gouvernements ont également acté la mise en place d’un canal de communication direct entre les ministères du commerce afin de lever les barrières entravant les échanges, de faciliter l’accès des produits agricoles marocains au marché turc et de favoriser les rencontres B2B entre opérateurs.
Enfin, un programme de production conjointe, notamment dans le secteur textile, est en cours de conception. Il visera à cibler les marchés extérieurs, tout en stimulant la coopération dans des domaines clés tels que l’entrepreneuriat, le conseil et les infrastructures.
La session a souligné la volonté ferme des deux pays de faire de l’ALE un levier stratégique pour des projets structurants à venir et une coopération économique plus complémentaire et ambitieuse.
Forum d’été de Davos
La Chine tend la main aux investisseurs
A l’ouverture de la 16e Réunion annuelle des nouveaux champions, aussi appelée Forum d’été de Davos, le Premier ministre chinois, Li Qiang, a réaffirmé la confiance de Pékin dans sa capacité à maintenir une croissance économique soutenue, tout en appelant à un renforcement de la coopération internationale. L’événement, qui se tient à Tianjin du 25 au 27 juin, réunit quelque 1800 personnalités de plus de 90 pays autour du thème « L’entrepreneuriat pour une nouvelle ère ».
Li Qiang a souligné que le PIB chinois avait progressé de 5,4 % au premier trimestre 2025, malgré un contexte mondial tendu. Il a promis que la Chine maintiendrait ses portes grandes ouvertes aux entreprises étrangères, affirmant que le pays continuerait d’approfondir son intégration au marché mondial et de promouvoir un développement de haute qualité, axé sur l’innovation technologique.
Des dirigeants de premier plan, dont les Premiers ministres du Sénégal, du Vietnam, du Kirghizistan et de Singapour, ont assisté à l’événement. Le président du Forum économique mondial, Børge Brende, s’est montré optimiste sur les perspectives chinoises, saluant la transition vers les services, le numérique et l’intelligence artificielle. Plusieurs experts ont souligné la stabilité du discours chinois, malgré l’instabilité mondiale, et la résilience de son économie.
La Banque mondiale et des institutions financières comme Goldman Sachs ont récemment revu à la hausse leurs prévisions de croissance pour la Chine, notant l’effet des mesures de soutien budgétaires et monétaires. En marge du forum, les appels à préserver le multilatéralisme et à renforcer les chaînes de valeur globales ont été nombreux, alors que le monde fait face à des défis géopolitiques croissants.
Classement « IMD 2025 »
Les économies africaines gagnent du terrain
L’Afrique s’invite dans le classement mondial des économies les plus compétitives, avec six pays africains figurant dans l’édition 2025 du « World Competitiveness Ranking » publié par l’Institut suisse IMD Business School.
Parmi les 69 économies analysées, le Kenya fait une entrée remarquée et se positionne au 56e rang mondial, devenant ainsi l’économie la plus compétitive d’Afrique. Son score de 48,3 points s’explique notamment par une bonne performance dans l’efficacité des entreprises (38e place mondiale).
Le Botswana arrive en deuxième position à l’échelle continentale, avec 46,1 points et la 59e place mondiale, malgré une légère baisse par rapport à 2024. Il est suivi du Ghana (61e), de l’Afrique du Sud (64e), du Nigeria (67e) et de la Namibie (68e).
Réalisé depuis 37 ans, le classement de l’IMD repose sur 170 indicateurs statistiques (comme le PIB, les exportations, l’alphabétisation ou encore les infrastructures) ainsi que sur une enquête auprès de 6162 chefs d’entreprise. Ces derniers évaluent des critères qualitatifs comme la corruption, la fiscalité ou la disponibilité de la main-d’œuvre qualifiée. Les statistiques pèsent pour deux tiers du score global, les perceptions pour un tiers.
Selon l’IMD, la compétitivité dépasse les seuls indicateurs économiques classiques. Elle repose aussi sur des facteurs sociaux, politiques et culturels qui contribuent à la qualité de vie et à la performance durable des nations.
En tête du classement mondial figurent la Suisse, Singapour, Hong Kong, le Danemark et les Émirats arabes unis. Les États-Unis se classent 13e, et la Chine, 16e. Ce palmarès souligne les avancées de plusieurs pays africains dans un environnement économique mondial de plus en plus concurrentiel.