Sécurité des mineurs : Le tournant législatif
Vorace la mer, cette année ! Vorace, impitoyable et sans merci même avec les petits anges. Les petits anges sans surveillance parentale, force est de le croire! La responsabilité des parents dans cet accident qui a ému tout le pays a été autant défendue que mise en doute. Des proches ont avancé que la victime a été attachée à sa mère par un fil et que les courants ont détaché le fil ! Mais respectons la douleur des parents.
L’affaire a tellement défrayé la chronique qu’une nouvelle proposition de loi a été présentée pour responsabiliser aussi bien les parents que les collectivités locales.
Et c’est peut-être là le vrai tournant. Car si les plages sont gratuites, elles ne doivent pas être synonymes d’abandon. L’absence de barrière ne peut justifier l’absence de règles. Cette proposition de loi, bien que symbolique pour certains, vise à établir un principe fondamental : la sécurité d’un enfant ne relève pas seulement du bon sens ou de l’émotion passagère, elle doit devenir une obligation légale.
En instaurant une amende de 500 dinars pour les parents ou les tuteurs laissant des enfants de moins de quinze ans seuls en mer ou sur les plages, le législateur cherche avant tout à prévenir l’irréparable. Car on oublie trop souvent que les noyades d’enfants en été ne sont pas une fatalité, mais les conséquences directes d’une négligence.
Le drame de Kélibia, aussi terrible soit-il, ne doit pas rester un fait divers. Il doit devenir un point de bascule.
Certes, certains s’interrogent : faut-il vraiment sanctionner des familles déjà endeuillées ? Mais ce n’est pas le deuil qu’on punit, c’est l’imprudence qu’on veut prévenir. Il ne s’agit pas de stigmatiser, encore moins de criminaliser l’inattention passagère, mais de dire avec clarté : Ne quittez jamais vos enfants des yeux.
Faut-il rappeler que des ribambelles d’enfants sont livrés à leur sort pendant les nuits ramadanesques, alors que leurs parents regardent les feuilletons ? Là aussi la liste des drames est longue…
Cette loi, si elle est votée, aura aussi le mérite d’impliquer davantage les collectivités locales : renforcer la présence de surveillants, équiper les plages de balisages visibles, alerter en cas de conditions météorologiques dangereuses. La prévention est une chaîne. Elle commence par l’État, passe par les communes, mais elle se boucle dans les bras des parents.
Responsabiliser, ce n’est pas accuser. C’est protéger. Et si cette loi sauve ne serait-ce qu’un seul enfant, alors elle aura déjà rempli sa mission.