Ahmad al Ahmad, ce père de famille d’origine syrienne, aura désarmé l’un des tireurs dimanche à Sydney, en Australie, au péril de sa vie. Devenant ainsi le visage planétaire d’un héroïsme hors du commun.
Un héros au cœur d’un effroyable massacre. Il ne fait aucun doute que le bilan humain aurait pu être encore plus lourd si ce n’était l’incroyable courage insensé d’un homme. Celui-ci est parvenu à désarmer, à mains nues, l’un des assaillants lourdement armé qui a ouvert le feu sur la foule qui célébrait la fête juive de Hanouka sur la plage de Bondi, à Sydney en Australie, tuant une quinzaine de personnes dont une fillette de 12 ans. Or, il se trouve que le sauveur des juifs n’est autre qu’un musulman d’origine syrienne. Et il s’appelle Ahmed al Ahmed. Tout un symbole.
Un courage à la limite de l’insouciance
En effet, pendant une dizaine de minutes, l’enfer s’est déchaîné à Sydney, dimanche 14 décembre, quand un père et son fils ont ouvert le feu à une quarantaine de reprises. Et ce, en ciblant une foule qui célébrait la fête juive de Hanouka sur la mythique plage australienne de Bondi, habituellement très fréquentée pendant le week-end par des foules de promeneurs, de nageurs et de surfeurs.
Mais l’intervention d’un homme a permis d’éviter un bain de sang. Elle a été filmée en direct et est devenue rapidement virale sur les réseaux sociaux. Alors qu’il lui tourne le dos, un homme vêtu d’un jean et d’un t-shirt blanc avance vers l’un des tireurs, l’agrippe par le cou, le maîtrise et lui arrache son fusil. Dans la foulée, il parvient à renverser l’assaillant, à le mettre en joue, puis à le faire reculer et fuir. Par la suite, le suspect sera neutralisé, comme son complice, par les forces de l’ordre.
Ahmad est actuellement hospitalisé, après avoir été blessé. Il aurait reçu quatre à cinq balles dans l’épaule, ont indiqué ses parents à ABC Australia. « Il a vu qu’ils étaient en train de mourir, que des gens perdaient la vie, et quand ce type [le tireur] a été à court de munitions, il lui a pris son arme, mais il a été touché. Nous prions pour que Dieu le sauve », explique sa mère.
« Quand il a agi, il ne pensait pas à l’origine des personnes qu’il sauvait, ni à celles qui mouraient dans la rue. Il ne fait aucune distinction entre les nationalités. Ici, en Australie, il n’y a aucune différence entre les citoyens », abonde son père.
Né en Syrie, à Al-Nayrab, le héros, 43 ans, est père de deux petites filles de 3 et 6 ans et tient une petite épicerie à Sydney, un commerce de fruits à Sutherland… Selon les médias locaux, il ne connaissait rien au maniement des armes.
La piste de l’Etat islamique
Que sait la police australienne des deux assaillants ? Le père, abattu par la police, était membre d’un club de tirs et possédait légalement six armes à feu, toutes ont servi à perpétrer la tuerie. Il s’appelait Sajid Akram et avait 50 ans.
Son fils, âgé de 24 ans, s’appelle Naveed Akram et s’était déjà retrouvé dans le radar des autorités. Il avait, en 2019, fait l’objet d’une enquête pour des liens avec un membre d’une cellule de Daesh implantée en Australie. Mais à l’époque, les services de renseignement avaient estimé qu’il ne représentait pas une menace.
Les auteurs de l’attentat sont probablement « motivés par l’idéologie » du groupe « Etat islamique », a déclaré le premier ministre australien, Anthony Albanese.
Le véhicule retrouvé près de la plage de Bondi était immatriculé au nom du fils et contenait deux drapeaux de l’Etat islamique ainsi que des engins explosifs improvisés. C’est ce qu’a déclaré plus tard Mal Lanyon, responsable de la police de Nouvelle-Galles-du-Sud.
« Un véritable héros »
« Au milieu de toute cette horreur, au milieu de toute cette tristesse, il y a encore des Australiens merveilleux et courageux, prêts à risquer leur vie pour aider un parfait inconnu », s’est écrié Chris Mintz, le Premier ministre de la Nouvelle-Galles du Sud qui fut parmi les premiers à lui rendre hommage. Ajoutant que « c’est la scène la plus incroyable que j’aie jamais vue. Un homme qui s’approche d’un tireur, le désarme seul, et met sa vie en danger pour sauver d’autres, c’est un véritable héros ».
Même Donald Trump, dont le fonds de commerce est la lutte contre l’immigration surtout en provenance du Tiers-monde qu’il qualifie de « pays de merde », n’a eu d’autre choix que de saluer le courage de l’ancien immigré syrien naturalisé par la suite. « C’est une personne très courageuse qui a affronté un tireur et sauvé de nombreuses vies. J’ai beaucoup de respect pour cet homme », a-t-il déclaré.
A noter que le ministère iranien des Affaires étrangères a également condamné cette attaque meurtrière. « Nous condamnons l’attaque violente à Sydney, en Australie. Le terrorisme et le meurtre d’êtres humains, où qu’ils soient commis, sont rejetés et condamnés », a écrit sur le réseau X le porte-parole du ministère, Esmaeil Baqaei.
Idem pour le ministère palestinien des Affaires étrangères a « condamné fermement » l’attaque. Affirmant rejeter « toutes formes de violence, de terrorisme et d’extrémisme, qui sont contraires aux valeurs humanitaires et aux principes moraux »
Enfin, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, s’est montré très critique à l’égard de l’Australie. « Il y a trois mois, j’ai écrit au Premier ministre australien pour lui dire que sa politique jetait de l’huile sur le feu de l’antisémitisme ».
A quoi fait-il référence ? Evidemment à l’annonce par Canberra de sa décision de reconnaître un État palestinien. Faignant ainsi d’oublier l’impact des images chocs du drame de Gaza sur l’opinion publique internationale, y compris au fin fond de ce pays d’Océanie.
L’article Attentat terroriste à Sydney : un héros arabe et musulman au cœur d’une tragédie est apparu en premier sur Leconomiste Maghrebin.