Manipulations et trahisons : le calvaire des élèves
L’incident survenu dans la région du Kef, où les données personnelles de 12 élèves ont été modifiées de manière frauduleuse, n’est pas une simple coïncidence. Tout a commencé par une altération de leurs choix d’orientation, après que leurs informations aient été saisies dans un centre public d’internet. Cette situation révèle malheureusement une volonté claire de perturber et de saboter le processus d’orientation universitaire, qui est pourtant si important pour l’avenir des jeunes.
Devant cette alerte, le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Technologie, en partenariat avec les ministères des Technologies de communication et de l’Éducation, a lancé une enquête sérieuse afin de retrouver les responsables et de garantir la justice pour chacun des élèves concernés.
Mais ce cas ne doit pas nous faire oublier qu’il n’est malheureusement pas isolé. Comme l’a fait remarquer le politologue Sami Jallouli, tout le monde a été marqué par l’histoire d’un élève qui avait réussi son baccalauréat mais dont les résultats avaient été trafiqués. Heureusement, grâce à son action rapide et au soutien des réseaux sociaux, notamment Facebook, il a pu récupérer ses droits. Sa voix, portée par des personnes influentes, a enfin été entendue.
Pourtant, derrière ce récit positif, il y a un côté sombre. D’innombrables autres jeunes ont probablement été victimes d’injustices semblables sans même s’en rendre compte, ou sans avoir la possibilité de se défendre. Certains n’ont jamais eu les moyens de vérifier ou de contester ces manipulations qui ont pu gâcher leur avenir.
On peut penser à ce scandale des années 90 à la faculté de droit de Sousse, quand une commission du ministère de l’Enseignement supérieur avait dû réexaminer les résultats. Imaginez : certains candidats avaient été déclarés admis, alors qu’ils n’avaient même pas passé les examens, tandis que d’autres avaient vu leurs notes attribuées à quelqu’un d’autre.
Et de préciser: « Alors, franchement, peut-on croire que ce genre de pratiques ne se produit pas ailleurs, dans d’autres écoles ou universités ? Peut-on vraiment penser que les erreurs, volontaires ou non, n’existent pas ? Et malheureusement, certains parlent même d’achats et de ventes de notes. Ce problème dépasse aussi les frontières de l’éducation : il concerne aussi les concours nationaux. Il m’a par exemple été rapporté qu’une personne inscrite à l’Ordre national des avocats n’avait jamais réussi le concours CAPA. D’autres ont été embauchés sans avoir passé aucun concours, ou y ont participé de façon fictive. »
Avant d’ajouter: « Ces manipulations sont présentes dans de nombreux secteurs. C’est pourquoi je lance un appel à tous ceux qui ont un doute sur leurs notes ou résultats : n’attendez pas, bougez, demandez une révision, même si l’espoir d’un changement semble faible. Ne laissez pas passer cette injustice. Car au final, priver un élève ou un étudiant de ses droits, c’est bien plus qu’une erreur administrative. C’est un profond sabotage de ses années de travail acharné, des sacrifices financiers consentis, de ses efforts constants et des rêves, parfois fragiles mais tellement précieux, de lui-même et de sa famille. Cette injustice nous concerne tous, car elle blesse l’avenir même de notre société. »
L’article Manipulations et trahisons : le calvaire des élèves est apparu en premier sur Leconomiste Maghrebin.