La diplomatie climatique est devenue un levier essentiel pour relever les défis environnementaux mondiaux, en particulier face à la triple crise planétaire que constituent le changement climatique, la pollution et la perte de biodiversité. Elle vise à mobiliser les financements internationaux, à renforcer les partenariats innovants et à porter la voix des pays vulnérables comme la Tunisie sur la scène internationale.
En articulant les priorités nationales avec les engagements globaux, la diplomatie climatique permet de défendre les intérêts vitaux des États tout en promouvant une solidarité climatique fondée sur la justice et la responsabilité partagée. C’est un outil stratégique indispensable pour accélérer la transition écologique, protéger les écosystèmes et garantir un développement durable inclusif. C’est ce qui ressort de cette demi-journée ayant pour thème: « Pour une diplomatie environnementale et climatique active au service du développement durable en Tunisie » qui se tient ce lundi 2 juin à l’Académie diplomatique.
Lors de son allocution, le ministre des Affaires étrangères, de la migration et des Tunisiens à l’étranger Mohamed Ali Nafti, a souligné que la thématique qui nous rassemble aujourd’hui est d’une urgence indéniable : la triple crise planétaire – changement climatique, pollution et perte de biodiversité – menace non seulement notre planète, mais aussi l’avenir même de l’humanité. Elle fragilise les bases écologiques de notre existence, déstabilise les écosystèmes et compromet notre sécurité collective.
Il précise dans ce contexte que la Tunisie, loin d’être épargnée, se trouve en première ligne. Evoquant la raréfaction de l’eau, les sécheresses prolongées, la désertification, la montée du niveau de la mer, la dégradation des terres agricoles, la pollution urbaine et marine, ainsi que la disparition accélérée de certaines espèces, ne sont plus des menaces hypothétiques. Elles sont déjà présentes, palpables, et leurs effets cumulés exacerbent les défis socio-économiques tout en mettant en péril la résilience de notre modèle de développement. »
Ces constats rappellent, selon ses dires plus que jamais, l’urgence d’agir, tant collectivement qu’individuellement.
Face à ces enjeux, il part du constat que la Tunisie a engagé des réformes ambitieuses. Tout en ajoutant : « Nous avons adopté une Stratégie Nationale de Transition Écologique pour 2035/2050, élaboré une Stratégie et un Plan d’action pour la biodiversité, et sommes en train de finaliser une Contribution Déterminée au niveau National (CDN 3.0) qui actualisera de manière ambitieuse nos engagements dans le cadre de l’Accord de Paris. Ces efforts s’appuient sur des politiques publiques transversales, des plans sectoriels d’adaptation et d’atténuation, ainsi que sur la promotion de l’économie circulaire.
Cependant, il est essentiel de rester lucides : l’ambition ne suffit pas sans les moyens nécessaires. »
Il rappelle que le coût estimé de la mise en œuvre de notre CDN s’élève à près de 19,4 milliards de dollars, dont une part importante dépend d’un soutien financier international. Or, l’accès aux financements climatiques reste complexe, lent et difficile, freinant la mise en œuvre rapide et efficace de nos stratégies.
Selon lui, la Tunisie s’emploie activement à lever ces obstacles. Elle finalise actuellement une Stratégie nationale de financement de la biodiversité et s’apprête à accueillir, en septembre prochain, une conférence sur l’investissement climatique pour mobiliser acteurs publics et privés autour des enjeux financiers de la transition écologique. Malgré ces efforts, les besoins demeurent largement supérieurs aux ressources disponibles.
Et de poursuivre : « C’est pourquoi la diplomatie joue un rôle accru et crucial pour faciliter l’accès aux financements internationaux et mobiliser des partenariats innovants. Cette action tous azimuts est indispensable pour faire face aux effets de la triple crise planétaire, en portant haut les priorités climatiques et environnementales de la Tunisie dans ses plans d’action et ses relations avec ses partenaires et pays amis.
La diplomatie, en ce sens, est l’instrument par excellence pour défendre les intérêts vitaux du pays, tout en constituant un levier pour un développement économique et social inclusif.
Nous devons promouvoir une diplomatie climatique et environnementale plus active, qui élève la voix de la Tunisie sur la scène internationale, afin de défendre une solidarité climatique réelle, fondée sur le principe de responsabilité commune mais différenciée. Nous plaidons, au nom de la justice climatique, pour que les engagements pris depuis la COP15 de 2009 soient pleinement honorés, comme nous l’avons réaffirmé lors du Sommet de l’avenir, du débat général de la 79e session de l’Assemblée générale, et lors de la réunion de haut niveau sur les menaces existentielles liées à l’élévation du niveau de la mer tenue à New York en septembre dernier. »
Il convient de rappeler que la COP29 a fixé un objectif ambitieux : tripler le financement climatique à 300 milliards de dollars par an d’ici 2035. Cet effort doit être concrétisé rapidement, de manière transparente et équilibrée entre atténuation et adaptation.
Et de conclure : « Dans quelques jours, à Nice, lors de la 3e Conférence des Nations Unies sur l’Océan, nous plaiderons également pour des résultats tangibles et des actions concrètes. Il est impératif de mobiliser les financements nécessaires pour préserver et exploiter durablement les océans, mers et ressources marines, soutenir le développement d’une économie bleue, et œuvrer à la conclusion d’un accord international renforçant la gouvernance des océans, à l’image de l’Accord de Paris pour le climat. Ensemble, faisons de cette conférence un moment fort de réflexion et d’engagement, pour placer la diplomatie tunisienne dans sa dimension environnementale au cœur de la réponse à la triple crise planétaire, au service d’un avenir plus résilient, plus juste et plus durable au profit de l’humanité entière. »
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