La musique classique, par sa rigueur et son exigence, impose à chacun une discipline de tous les instants. Les heures de répétition, la recherche de la justesse, l’attention portée au moindre détail : tout concourt à faire de chaque concert un moment d’exception. Mais cette discipline n’est pas réservée à une élite ou à une tradition figée. Elle est, au contraire, le socle sur lequel peut s’épanouir la créativité, l’échange, la découverte de l’autre.
Invité par l’Ambassade de France en Tunisie, l’Institut français de Tunisie et l’Opéra de Tunis, le violoncelliste français de renom, Sébastien Hurtaud sera présent à Tunis, à travers une série de concerts exceptionnels ( le 24 mai 2025 à la Cité de Culture, 29 mai 2025 – Palais du Baron d’Erlanger à Sidi Bou Saïd, 20h, 30 mai 2025 – Théâtre Municipal de Sousse, 19h et 31 mai 2025 à l’hôtel Movenpick de Sousse ) qui n’aurait pas été possible sans l’engagement de l’Institut Français de Tunisie (IFT), de l’Ambassade de France en Tunisie et de l’Opéra de Tunis. Ces institutions, véritables passeurs de culture, jouent un rôle clé dans la promotion de la musique classique et dans le rapprochement des peuples par l’art.
Il convient de rappeler que l’IFT, en particulier, s’investit depuis des années dans la diffusion de la culture française en Tunisie, en soutenant des artistes, en organisant des événements, en favorisant les échanges entre musiciens des deux rives de la Méditerranée. L’Ambassade de France, par son appui logistique et diplomatique, facilite la venue d’artistes internationaux et contribue à faire de la Tunisie une terre d’accueil pour la musique classique. Quant à l’Opéra de Tunis, il offre un écrin prestigieux à ces rencontres, permettant au public de découvrir des œuvres majeures du répertoire dans des conditions exceptionnelles.
Qu’est-ce qui rend si spécial le fait de jouer dans un pays où vous n’êtes jamais venu ?
C’est toujours très excitant pour un musicien de se produire dans un pays où il n’a jamais joué auparavant. Cela crée une rencontre unique : tout est nouveau, avec un public totalement différent que je ne connais pas. Vous aurez justement l’occasion de le découvrir demain.
Qu’est-ce qui vous attire particulièrement lorsque vous voyagez pour vos concerts ?
Ce qui m’intéresse quand je voyage, c’est de découvrir un peu l’âme des pays. Par exemple, je connais bien la Nouvelle-Zélande, où l’âme du pays est incarnée par le peuple Maori. De la même façon, je me suis longtemps demandé quelle était l’âme de la musique française, et je pense que Maurice Ravel en est l’incarnation.
Comment décririez-vous la relation entre la scène, le musicien et le public lors d’un concert ?
La scène et le public forment un microcosme et un macrocosme. On a l’impression que le public est à l’extérieur, mais en réalité, tout ce que je ressens, le public le ressent aussi. Il faut donc rester en soi, être dans la musique, tout en écoutant le silence du public. C’est grâce à ce silence que j’espère trouver un moment présent unique. C’est un travail énorme, car on répète des heures et des heures. Pour communiquer, il faut être profondément ancré dans ce que l’on veut exprimer avec la musique et être en communion. Souvent, cela se passe ainsi, j’essaie en tout cas. Dans l’orchestre, chaque musicien apporte sa personnalité, son histoire, mais tous partagent le même respect des œuvres, la même volonté de servir la musique. D’ailleurs, on ne joue jamais une œuvre de la même façon selon les partenaires. Pour la simple raison est que la discipline permet cette adaptation, cette écoute, cette capacité à trouver un langage commun, même entre musiciens de cultures différentes. C’est là que la musique devient vraiment universelle.
J’ajouterais qu’il est important d’avoir des influences actuelles, car Saint-Saëns lui-même s’est inspiré de diverses sources. Je pense qu’il est essentiel que des compositeurs s’intéressent à cela, qu’ils puisent justement dans des origines différentes pour les intégrer dans la musique qu’ils composent. C’est ce qui m’intéresse : créer de nouvelles œuvres qui vont dans ce sens, car c’est toujours une rencontre avec une culture. Quand on est musicien, c’est une grande chance, surtout en tant que soliste, de pouvoir découvrir une culture par le biais de la musique classique.
Pour finir, y a-t-il une citation qui vous parle particulièrement ? Une citation d’un compositeur, d’un écrivain, celle qui vous inspire ?
Il y en a une qui me vient à l’esprit. J’ai une nature extrêmement perfectionniste, mais il y a une citation très pragmatique qui m’aide énormément dans ma vie quotidienne : « Le mieux est l’ennemi du bien et permet d ‘avancer dans sa quête,son chemin à travers la musique ».
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