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Vers un nouveau modèle de développement pour la Tunisie

Depuis 2011, la Tunisie se cherche un modèle de développement capable de redonner souffle à une économie en transition et de répondre à la crise sociale et écologique qui s’accentue. Le modèle productiviste hérité des décennies précédentes — fondé sur la main-d’œuvre bon marché, le tourisme de masse et une agriculture dépendante des intrants importés — montre désormais ses limites. La dépendance extérieure, la fragilité du tissu industriel, la dégradation des ressources naturelles et les inégalités régionales ont rendu nécessaire une révision profonde du paradigme national.

Zouhaïr Ben Amor *

Or, la Tunisie dispose d’atouts uniques : une situation géographique exceptionnelle à la pointe nord de l’Afrique, face à l’Europe, ouverte sur la Méditerranée et connectée au monde arabe et africain; une diversité naturelle rare pour un pays de sa taille; et surtout, un patrimoine culturel et historique d’une richesse exceptionnelle. Ces éléments constituent les fondements d’un modèle alternatif, que l’on pourrait résumer par une équation simple : Environnement + Culture + Tourisme.

Ce triptyque pourrait devenir l’ossature d’un développement durable à la tunisienne — un modèle reposant sur la protection de l’environnement (y compris l’agriculture), la valorisation culturelle et un tourisme repensé dans sa dimension qualitative et territoriale.

1. La Tunisie et ses atouts naturels et humains

La Tunisie est bénie par la nature. Son climat méditerranéen tempéré, son littoral de plus de 1 300 km, ses reliefs variés, ses zones humides, ses oasis, et ses terres agricoles confèrent au pays une diversité écologique que peu de nations arabes possèdent.

Pourtant, ces richesses naturelles sont aujourd’hui menacées. La surexploitation des nappes phréatiques, l’avancée de la désertification, l’érosion des sols et la pollution côtière pèsent lourdement sur les équilibres environnementaux. Selon la Banque mondiale, la Tunisie perd chaque année près de 0,7 % de son PIB à cause de la dégradation environnementale.

Mais l’environnement ne se réduit pas à un décor; il constitue une base de production, un patrimoine vivant et une source de bien-être collectif. C’est là que l’agriculture, composante essentielle de ce pilier, trouve toute sa place. L’Office national de l’agriculture (Onagri) rappelle dans son Référentiel pour une agriculture durable en Tunisie (2015) que «la durabilité du secteur agricole passe par la préservation des ressources, la diversification des cultures et la valorisation du savoir-faire paysan».

À ces atouts naturels s’ajoute un patrimoine culturel et historique d’une densité exceptionnelle. La Tunisie est un carrefour de civilisations : phénicienne, romaine, byzantine, arabe, ottomane, andalouse, européenne. Ses médinas, ses sites archéologiques, ses traditions artisanales et musicales, ainsi que ses langues et cuisines régionales constituent une mosaïque culturelle d’une grande richesse.

Enfin, le pays dispose d’un capital humain jeune et éduqué, d’une diaspora dynamique et d’un secteur créatif en plein essor (design, photographie, cinéma, artisanat, arts plastiques). Ce potentiel humain et symbolique doit être placé au cœur du projet de développement.

2. Environnement et agriculture : socle de la résilience

Le pilier environnemental ne peut être dissocié de l’agriculture, qui reste le premier utilisateur de l’eau et un pilier social pour près d’un tiers des Tunisiens. Cependant, la pression climatique et hydrique impose une refonte totale des pratiques. La Tunisie est classée parmi les pays les plus exposés au stress hydrique dans le monde, avec moins de 400 m³ d’eau douce disponible par habitant et par an, loin du seuil de pauvreté hydrique fixé à 1 000 m³.

L’adoption de modèles agroécologiques, la modernisation raisonnée de l’irrigation, l’usage d’énergies renouvelables dans les exploitations et la revalorisation des déchets organiques constituent des priorités. Des expériences locales en permaculture, à Grombalia, Sidi Bouzid ou Tozeur, montrent qu’il est possible de produire autrement, avec des rendements stables et des sols régénérés.

Les politiques publiques doivent encourager ces transitions : crédits verts, labels bio, circuits courts entre producteurs et consommateurs, coopératives territoriales. Dans le monde, des exemples inspirants existent : l’Italie du Sud, le Maroc (plan Génération verte) ou encore le Portugal ont réussi à associer agriculture locale, tourisme rural et durabilité environnementale.

L’agriculture tunisienne peut devenir à la fois productrice de biens, de paysages et de valeurs culturelles. Le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) recommande de considérer les zones agricoles comme «systèmes écoculturels» : chaque terroir est porteur d’une identité, d’un savoir-faire et d’une biodiversité spécifique.

Ainsi, la préservation de l’environnement devient la condition de la durabilité économique : sans eau, sans sol fertile, sans paysages intacts, ni agriculture ni tourisme ne peuvent survivre.

3. Culture et patrimoine : l’âme du développement

La culture, dans ce modèle, n’est pas un supplément d’âme. Elle est la clé de la cohésion nationale et le moteur symbolique du développement. En effet, c’est la culture qui donne sens à l’espace, valeur au territoire, et attractivité à la nation.

La Tunisie possède une trentaine de sites classés au patrimoine mondial de l’Unesco, et des centaines d’autres en attente de reconnaissance. Pourtant, beaucoup de ces trésors sont sous-exploités ou laissés à l’abandon. La restauration des médinas (Tunis, Kairouan, Sousse, Sfax) et la mise en réseau de leurs artisans pourraient devenir un puissant levier économique et social.

Au-delà du patrimoine bâti, le patrimoine immatériel (chants, gastronomie, savoir-faire, mémoire populaire) doit être valorisé.

L’expérience de Djerba, récemment classée à l’Unesco (2023), montre qu’un territoire peut être reconnu pour la coexistence de ses traditions, de ses religions et de ses architectures vernaculaires.

La culture, lorsqu’elle s’ouvre à la création contemporaine, devient aussi un facteur d’innovation et de différenciation internationale. Le tourisme culturel, qui attire une clientèle curieuse et respectueuse, est une alternative durable au tourisme balnéaire de masse.

De plus, la culture ancre le développement dans la dignité. Elle valorise l’artisan, le musicien, le conteur, la potière ou le tisserand, en leur offrant reconnaissance et débouchés. Cette dynamique, soutenue par des circuits culturels (routes du patrimoine, festivals, musées vivants), peut revitaliser les régions intérieures et réduire les fractures territoriales.

4. Tourisme durable : catalyseur du modèle

Le troisième pilier, le tourisme, représente historiquement un moteur de devises et d’emplois, mais son orientation vers le «tout balnéaire» a fragilisé sa durabilité. Le tourisme tunisien a longtemps misé sur le volume plutôt que sur la qualité. Cette approche a généré des effets pervers : saisonnalité extrême, faibles marges, pression sur les ressources naturelles, dégradation du littoral et homogénéisation culturelle.

Aujourd’hui, un tournant s’impose. La stratégie nationale du tourisme durable à l’horizon 2035, élaborée avec l’appui de la Banque mondiale, recommande une diversification profonde : écotourisme, tourisme culturel, rural, saharien, sportif et médical.

L’écotourisme est un levier prometteur. Il repose sur la valorisation des parcs nationaux (Ichkeul, Bou Hedma, Chaambi), des zones montagneuses (Kef, Zaghouan), et des oasis (Douz, Tozeur, Nefta). Ces espaces, gérés de manière participative, peuvent devenir des laboratoires de durabilité.

Le tourisme rural et agricole, quant à lui, permet d’intégrer les populations locales : hébergement en gîtes, dégustation de produits du terroir, initiation aux pratiques agricoles, découverte des savoir-faire artisanaux. Cette approche, déjà expérimentée à Takrouna ou dans le Cap Bon, crée un lien humain et économique entre visiteurs et habitants.

L’exemple du projet BioTED (Tunisie-Belgique) est emblématique : il a permis de développer des circuits agrotouristiques bio, valorisant les petits producteurs et les paysages ruraux.

Enfin, le tourisme doit devenir un espace de responsabilité. Les visiteurs d’aujourd’hui recherchent l’authenticité, la nature et le sens. Le pays qui saura leur offrir cela gagnera en notoriété et en respect. La Tunisie a les moyens de devenir cette destination méditerranéenne durable, entre mer, désert et culture.

5. Les défis à surmonter

Ce modèle intégré, aussi séduisant soit-il, se heurte à plusieurs obstacles.

Le premier est le changement climatique : la diminution des précipitations, la montée du niveau marin, l’érosion côtière et la salinisation des sols sont des menaces existentielles. La Tunisie doit urgemment moderniser la gestion de l’eau : récupération des eaux pluviales, dessalement, réutilisation des eaux usées traitées, et tarification rationnelle.

Le deuxième défi est institutionnel : les politiques publiques restent fragmentées. L’environnement, l’agriculture, la culture et le tourisme dépendent de ministères différents, rarement coordonnés. Une approche intégrée nécessite une gouvernance territoriale, des agences régionales, et des compétences transférées aux collectivités locales.

Le troisième obstacle est économique : le financement de la durabilité. Or, les outils existent. Le Fonds vert pour le climat, la Banque européenne d’investissement et de nombreuses institutions internationales proposent des lignes de crédit pour les projets verts et culturels. La Tunisie pourrait en bénéficier à condition de présenter des projets cohérents et bien évalués.

Enfin, le quatrième défi est culturel au sens civique : il faut réhabiliter la conscience collective de la valeur de la nature et du patrimoine. La durabilité ne se décrète pas, elle s’éduque. Les écoles, les médias, les associations doivent inculquer une culture écologique et patrimoniale, un sens du bien commun.

6. Pour une gouvernance intégrée et participative

L’un des points faibles chroniques des politiques tunisiennes est la fragmentation administrative. Pour que ce modèle fonctionne, il faut une structure de gouvernance transversale — une Agence nationale du développement durable territorial — chargée d’orchestrer les actions entre les ministères, les collectivités et les acteurs privés.

Cette agence pourrait, par exemple, piloter des projets intégrés sur des territoires pilotes : un gouvernorat côtier, un territoire oasien, une médina restaurée. Ces expériences locales serviraient de laboratoires avant leur généralisation.

L’implication des citoyens est cruciale. La durabilité se construit à partir des communautés locales. Les municipalités, les associations, les coopératives, les universités doivent être associées à la conception et à l’évaluation des projets. Une gouvernance ascendante, fondée sur la concertation, garantit la continuité et l’appropriation.

De plus, la Tunisie pourrait mettre en place un système de paiement pour services environnementaux : les acteurs économiques qui profitent des paysages (hôtels, agences, promoteurs) devraient contribuer à leur préservation. Une telle mesure, déjà appliquée au Costa Rica et au Maroc, permet d’allier économie et écologie.

7. Comparaisons internationales et inspirations

Dans la région méditerranéenne, plusieurs pays ont engagé des transitions similaires. Le Portugal, après avoir connu un tourisme de masse, a réorienté sa stratégie vers la durabilité en misant sur la culture, la nature et la gastronomie. Résultat : un allongement de la saison touristique, une hausse du revenu par visiteur et une meilleure répartition régionale.

Le Maroc a intégré la culture et le tourisme durable dans son Plan Vision 2020, créant des circuits culturels et ruraux (Routes des kasbahs, du safran, des oasis). La Jordanie a développé le tourisme communautaire autour de Petra et de Dana, en impliquant directement les habitants dans la gestion et les bénéfices.

Ces exemples montrent que la durabilité n’est pas une utopie. Elle est économiquement rentable à moyen terme et politiquement valorisante. La Tunisie, par son histoire et sa position géographique, a toutes les conditions pour devenir une référence méditerranéenne du développement intégré.

8. Perspectives et impacts attendus

Si la Tunisie met en œuvre une stratégie cohérente articulant environnement, culture et tourisme, plusieurs effets vertueux peuvent être anticipés.

Sur le plan écologique, la restauration des milieux naturels, la reforestation, la rationalisation de l’eau et la réduction de la pollution amélioreraient la qualité de vie et la résilience climatique.

Sur le plan économique, la diversification des activités rurales, la création d’emplois dans la restauration patrimoniale, l’agrotourisme et les industries créatives pourraient absorber une partie du chômage des jeunes diplômés.

Sur le plan social et culturel, la revalorisation des savoir-faire traditionnels et la reconnaissance des cultures locales contribueraient à la cohésion nationale et au sentiment d’appartenance.

Enfin, sur le plan international, une image renouvelée de la Tunisie — moderne, durable et authentique — renforcerait son attractivité et sa crédibilité dans les circuits touristiques et environnementaux mondiaux.

9. Conclusion : un souffle pour la Tunisie de demain

L’équation Environnement + Culture + Tourisme n’est pas un slogan, mais une voie stratégique. L’environnement représente la base matérielle et biologique de la vie ; la culture en incarne l’âme et la mémoire ; le tourisme, s’il est durable, devient le moteur économique qui fait circuler les deux.

La Tunisie doit désormais passer de la parole à l’action :

  • investir dans l’agriculture durable et l’économie circulaire ;
  • restaurer et valoriser son patrimoine matériel et immatériel ;
  • repositionner son tourisme sur la qualité, l’expérience et la responsabilité.

Ce modèle intégré, soutenu par une gouvernance décentralisée et des financements verts, pourrait être le levier d’une renaissance nationale. Il offrirait à la Tunisie non seulement un nouvel horizon économique, mais aussi une identité réconciliée avec elle-même : un pays où le respect de la nature, la fierté culturelle et la dignité sociale se conjuguent pour bâtir un avenir durable.

Ainsi, la Tunisie pourrait redevenir ce qu’elle a toujours été au fil des siècles : un pont entre les civilisations, un jardin fertile au cœur de la Méditerranée, et un exemple pour les nations qui cherchent à conjuguer progrès et humanité.

* Universitaire.

Références bibliographiques (sélection):

  • Onagri, Référentiel pour une agriculture durable en Tunisie, 2015.
  • Banque mondiale, Toward Sustainable Tourism in Tunisia, 2024.
  • Pnud, Rapport sur le développement humain en Tunisie, 2023.
  • Arab Reform Initiative, Tunisia’s Climate Justice Movement, 2023.
  • Eco-Conseil Belgique, Projet BioTED, 2022.
  • Agenda 21 Culture, Cultural Policy for Sustainable Development in Tunis, 2022.
  • FAO, Agriculture, eau et changement climatique en Méditerranée, 2020.
  • World Tourism Organization (UNWTO), Sustainable Tourism Indicators for the Mediterranean, 2022.
  • Le Monde, Les producteurs tunisiens face au manque d’eau, 2024.
  • Institut Tunisien des Études Stratégiques (ITES), Tunisie 2030 : modèle de développement durable, 2022.

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Droits humains | Les valeurs reculent, le «deux poids, deux mesures» triomphe

Chaque année, le 10 décembre, le monde célèbre la Déclaration universelle des droits de l’homme. Un texte fondateur, né après les pires tragédies du XXᵉ siècle, qui devait servir de boussole morale universelle, plaçant la dignité humaine au-dessus des intérêts politiques, économiques ou géostratégiques. Mais célébrer aujourd’hui cet anniversaire relève presque de l’ironie. Car tandis que les discours officiels se multiplient, les pratiques, elles, s’éloignent dangereusement de l’esprit du texte de 1948.

Najet Zammouri *

Nous assistons, aujourd’hui, à une régression mondiale des droits humains, à une banalisation de l’arbitraire, et à une inquiétante dérive qui érige le deux poids deux mesures en norme internationale.

Les droits humains deviennent optionnels

Dans de trop nombreux pays, les droits humains ne sont plus perçus comme des principes sacrés, mais comme des variables d’ajustement entre les mains des gouvernements. Liberté d’expression réduite au silence, législations liberticides, justice instrumentalisée, criminalisation des voix dissidentes : la liste s’allonge.

Le plus troublant est que ces violations ne choquent plus. Elles se normalisent. La répression passe désormais sous les radars, rattrapée par des crises successives qui détournent l’attention ou par une lassitude générale face à la multiplication des conflits.

Le cynisme du deux poids, deux mesures

Jamais la contradiction entre principes proclamés et pratiques réelles n’a été aussi flagrante.

Ainsi, certains États qui se posent en champions des libertés ferment les yeux lorsque leurs alliés commettent l’impensable; d’autres justifient l’injustifiable au nom de la sécurité nationale.

Cette hiérarchisation des indignations sape la crédibilité même du système international des droits humains. Comment prétendre défendre l’universalité lorsque les violations sont condamnées ici, mais tolérées là-bas? Lorsque les migrant·e·s, les femmes, les minorités ou les défenseur·e·s des droits humains voient leurs droits dépendre de leur nationalité, de leur origine, de leur religion ou des intérêts des puissants ?

La sélectivité est devenue un langage diplomatique. Elle est aussi un aveu de faiblesse morale.

Des défenseur·e·s de droits humains ciblés comme jamais

Au moment même où l’humanité aurait besoin de voix courageuses, ce sont elles qui sont le plus menacées.

Intimidations, campagnes de diffamation, procès iniques, violences : les défenseur·e·s des droits humains, particulièrement les femmes, paient un prix exorbitant pour leur engagement.

Pourtant, leur combat est essentiel. Ils et elles sont le dernier rempart contre l’arbitraire et les dérives autoritaires. Ignorer leur protection, c’est accepter que le silence remplace la justice.

Réaffirmer l’universel : un devoir, pas un luxe

La Déclaration universelle des droits de l’homme n’est pas un texte du passé, mais un projet politique et éthique pour l’avenir, dont la survie exige qu’elle redevienne un véritable engagement et non un simple slogan. Réaffirmer son universalité signifie exiger une égalité de traitement pour toutes les violations, quel que soit l’auteur ou la victime, défendre avec courage les libertés fondamentales même lorsqu’elles dérangent, soutenir sans relâche les défenseur·e·s des droits humains partout dans le monde et replacer la dignité humaine au cœur des décisions politiques et économiques.

Face à la montée des extrémismes, aux conflits dévastateurs, aux discriminations et à l’impunité, la tentation de la résignation est grande, mais y céder serait trahir les aspirations fondamentales ayant inspiré la Déclaration de 1948.

Aujourd’hui plus que jamais, il faut rappeler que les droits humains ne sont ni un privilège ni une faveur, mais la condition indispensable à toute société juste, pacifique et véritablement humaine.

* Première vice-présidente de la Ligue tunisienne des droits de l’homme.

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Meeting à Paris en soutien aux prisonniers politiques en Tunisie

Le Centre pour le respect des libertés et des droits en Tunisie (CRLDHT), association tunisienne basée à Paris, appelle à un meeting citoyen de solidarité avec les prisonniers politiques et d’opinion en Tunisie, le mardi 16 décembre 2025 à 19 heures à la Bourse du Travail (Rue Château d’eau, Paris, Métro République).

Le meeting, mis sous le slogan «L’opposition n’est pas un crime. La solidarité internationale s’impose», est organisé avec le soutien et la présence de responsables de la société civile française et internationale (associations, partis politiques et syndicats), indique le CRLDHT. Son objectif principal : «témoigner collectivement de la répression qui frappe depuis 2023 les voix libres, la société civile, les médias, les avocat·e·s, les blogueurs et les syndicalistes.»

«Depuis 2023, la Tunisie subit une répression sans précédent. Les premières arrestations massives dans l’affaire dite du “complot contre la sûreté de l’État” ont ouvert la voie à une stratégie visant à criminaliser la dissidence et à soumettre la justice aux injonctions du pouvoir.

«Le 27 novembre 2025, cette dérive atteint son paroxysme : le tribunal d’appel prononce 824 années de prison en quelques heures, sans accusés, sans défense, sans procès réel. Un verdict politique.

«Depuis, la machine répressive s’emballe : Maître Ayachi Hammami, arrêté pour avoir dénoncé l’arbitraire ; Chaïma Issa, militante et journaliste, arrêtée en pleine manifestation ; Néjib Chebbi, 81 ans, figure historique de l’opposition, arrêté à son tour ; ainsi que des activistes, blogueurs, journalistes, avocats, syndicalistes et membres de la société civile.

«En parallèle, le pouvoir a entrepris de mettre au pas la justice, d’étrangler les libertés publiques, de réduire l’espace médiatique et d’intimider toutes les organisations indépendantes», lit-on dans le communiqué annonçant le meeting.

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Vient de paraître | Les poèmes-lettres de L. Yamm

‘‘Chaque jour je vous ai écrit’’ (Ed. Asmodée Edern, Bruxelles), recueil de poèmes de la Libanaise L. Yamm, au titre emprunté à un vers de René-Guy Cadou, vient de paraître dans la Collection «Poétiques» que dirige le poète et académicien, Eric Brogniet.

Née dans le nord du Liban, L Yamm, publie ici un deuxième recueil, des poèmes-lettres, entre, évocations, souvenirs, appels et regrets de paradis perdus. Poèmes amoureux, sensuels et doux, chants nostalgiques. L’être aimé, de l’intimité physique, de l’éloge du corps, s’allie au paysage, au pays quitté, fusion et résonance, mots chargés de métaphores, où il n’est pas difficile de reconnaître un ancrage dans le lyrisme arabe.

L’amour du pays natal est une célébration mélancolique du corps intime, comme si la revue Jassad «Corps» qu’animait Joumana Haddad planait sur une écriture qui se lit sans fioritures de langage ni exercices de style.

Le recueil est une suite de correspondances imaginaires, l’être absent emporte le présent, soulève l’auteure, l’habite, il y a comme une douleur du pays qui manque, un désir que la plume tente de sauver, ouvrant les paravents d’une terre, d’une mer, d’une montagne, dont les fragrances remplissent le cœur et l’âme de celle qui part, qui quitte, sans avoir jamais quitté ni le lieu ni l’être :

«Tu diras à tes doigts de pluie

De ne plus frapper à ma vitre

Les jours ont emporté les mots

Et le morceau de pain sec

Que je gardais dans ma main

Pour les oiseaux de passage».

Tahar Bekri

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Anouar Benmalek, l’opéra de la mémoire et de l’exil

‘‘Avec Irina, un opéra russe’’ (Éditions Emmanuelle Collas, 2025), Anouar Benmalek signe un roman ample et bouleversant, traversé par la douleur de l’exil, la fidélité à la mémoire et la fragile beauté de l’amour. L’écrivain algérien, dont l’œuvre est marquée par la quête de vérité et l’épreuve de la lucidité, poursuit ici son exploration du tragique humain à travers les destins croisés d’Irina, de Walid et de Vladimir, dans une Russie tourmentée où résonnent les échos d’autres histoires et d’autres silences.

Djamal Guettala

L’histoire commence à Leningrad, en 1978. Irina, soprano aux rêves de grandeur, aborde Walid, étudiant algérien, devant l’entrée du musée de l’Ermitage. Elle sollicite son aide pour accéder à la «petite salle italienne», où se trouve un étrange tableau du Caravage, puis disparaît. Walid se prend d’une passion pour l’opéra russe, espérant retrouver cette belle inconnue. Commence alors une longue histoire d’amour qui survivra à l’absence, pendant quarante années, jusqu’au retour de Walid à Saint-Pétersbourg en février 2022, décidé à retrouver Irina.

Fiction, drame et poésie

Dans ce livre, la Russie devient un miroir, celui des nations blessées, traversées par les violences de l’Histoire et par le mensonge institutionnalisé. Benmalek y interroge la manière dont les États fabriquent leurs mythes, effacent leurs fautes et travestissent la mémoire collective pour mieux régner sur les consciences. À travers le destin de Vladimir, le grand-père d’Irina, il nous plonge dans la sombre histoire de l’URSS au Kazakhstan dans les années 1930, mêlant splendeur et misère, drame et poésie. La fiction, chez lui, ne se contente pas de raconter : elle rétablit une justice poétique et redonne voix à ceux que l’Histoire officielle a condamnés au silence.

‘‘Irina, un opéra russe’’ n’est pas seulement une fresque politique ou historique. C’est aussi une méditation intime sur la condition humaine. Chaque personnage porte en lui une part de solitude, d’espoir brisé, de vérité retenue. L’exil — qu’il soit géographique, affectif ou intérieur — devient la métaphore d’un monde où tout être est séparé de ce qu’il aime. Et face à cette séparation, Benmalek oppose la seule force invincible qu’il reconnaisse : l’amour. Cet amour qui, loin d’être refuge, devient résistance — la dernière forme de dignité quand tout vacille.

Son écriture, tendue, poétique, incandescente, reflète cette tension entre la beauté et la violence. On y sent le poids de l’Histoire, mais aussi la musique du désespoir. Rien n’est apaisé dans son style : chaque phrase semble arrachée au silence, chaque mot pèse d’une mémoire.

Lire Benmalek, c’est entrer dans un univers où la langue elle-même devient combat — contre l’oubli, contre la lâcheté, contre la bêtise triomphante.

Résistance et mémoire

L’auteur, fidèle à lui-même, ne dissocie jamais l’acte d’écrire de la responsabilité morale. Loin des slogans et des illusions, il affirme que l’écrivain n’a pas à changer le monde, mais à témoigner de son désordre. Écrire, c’est penser «malgré l’évidence», affronter le réel dans sa complexité et ses blessures.

Au fil de ces pages, Benmalek déploie une lucidité sans complaisance. Il observe la barbarie contemporaine, les guerres, les exils, la perte du sens, et en tire cette conclusion simple : la littérature ne sauve pas, mais elle empêche la mort spirituelle. Elle maintient vivante la possibilité d’un regard libre, d’une conscience éveillée.

‘‘Irina, un opéra russe’’ est ainsi bien plus qu’un roman : c’est une œuvre de résistance et de mémoire, un opéra intérieur où la douleur s’accorde à la tendresse, où la vérité se conquiert mot après mot. Benmalek, fidèle à son exigence, rappelle que la seule noblesse de l’écrivain est de «faire de son mieux» — c’est-à-dire de ne jamais céder à l’oubli ni à la facilité.

Dans un monde saturé d’images et vidé de sens, son livre résonne comme un acte de foi dans la lecture elle-même : lire pour penser, lire pour ne pas disparaître.

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La force collective des femmes pour un développement économique du Sud tunisien

Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a réuni plus de 40 femmes entrepreneures de Gabès, Médenine et Tataouine pour transformer leurs réussites individuelles en une force collective contre la violence économique.

Elles ont partagé leurs parcours, leurs défis surmontés et les solutions qu’elles bâtissent chaque jour pour renforcer la cohésion sociale dans leurs communautés.

La journée a également été l’occasion pour de présenter et de commercialiser leurs produits à travers des stands dynamiques, illustrant concrètement le potentiel de développement économique du Sud tunisien.

Ces femmes ont montré qu’un avenir plus juste et inclusif se construit par la solidarité, la résilience et l’entrepreneuriat.

Communiqué

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Jendouba | Non-lieu pour Moncef Houaidi

Après une condamnation à deux ans de prison ferme pour « outrage au président de la République », le militant écologiste Moncef Houaidi a bénéficié d’un non-lieu.

Ce nouveau verdict a été prononcé par la chambre criminelle de Jendouba ce mardi 9 décembre 2025, ce qui implique sa libération après deux ans de prison et des poursuites lancées sur la base du décret 54 suite à des publications sur les réseaux sociaux.

Moncef Houaidi est engagé pour l’environnement et un fervent défenseur du droit à un environnement sain, à l’eau potable et à la dignité pour les habitants des zones rurales, notamment du nord-Ouest, dont il est originaire.

Y. N.

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Brouillard et visibilité réduite | Appel à la vigilance

L’Institut national de la météorologie (INM) a alerté, ce mardi 9 janvier 2025, sur un brouillard localement dense attendu cette nuit et demain matin .

L’alerte concerne en particulier le nord ainsi que sur les zones du centre et du sud, ajoute la même source en appelant à la vigilance d’autant que la visibilité sera réduite.

Par ailleurs, les températures nocturnes varieront entre 6 et 9°C au nord et au centre et entre 10 et 14°C ailleurs.

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Rayonnement International | Nomination aux Golden Globes pour « La Voix de Hind Rajab ».

Le film « La Voix de Hind Rajab » de la réalisatrice Kaouther Ben Hania a été officiellement nommé aux Golden Globe Awards 2026 dans la catégorie Meilleur film en langue non anglaise.

Les nominations ont été annoncées le 8 décembre 2025, et la cérémonie des Golden Globes se tiendra le 11 janvier 2026.

Cette nomination constitue une étape marquante pour le cinéma tunisien, confirmant son rayonnement croissant sur la scène internationale et sa capacité à porter des œuvres humaines d’une portée universelle.

Félicitations à la réalisatrice, à l’équipe du film et à toutes les personnes ayant contribué à cette œuvre exceptionnelle.

Bravo au cinéma tunisien pour cette nouvelle reconnaissance internationale, a commenté Centre National du Cinéma et de l’Image

Communiqué CNCI

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Tunis | Cinq mandats de dépôt pour trafic de drogues et blanchiment d’argent

Dans le cadre de l’enquête menée suite à la saisie de dizaines de kilos de cocaïne, d’ecstasy et de cannabis, le tribunal de première instance de Tunis a émis cinq mandats pour trafic de drogues et de blanchiment d’argent.

Ces mandats de dépôt ont été décidés dans le cadre de l’affaire du réseau international récemment démantelé en Tunisie et qui a permis la saisie de 40 kg de cocaïne, 50 kg de cannabis et de 25.000 comprimés d’ecstasy, après plusieurs descentes qui ont également permis l’arrestation de cinq suspects.

Parmi ces derniers, ont compte un individu visé par un mandat de recherche dans un pays européen, précise Mosaïque FM en affirmant que 7 autres suspects en fuite ont également été identifiés et font l’objet d’avis de recherche.

Y. N.

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Une institutrice violentée à Menzel Temime | Plainte contre une mère d’élève

Une institutrice a été agressée par une mère d’élève qui s’est introduit dans la salle de classe, ce lundi 7 décembre 2025, à l’école El Damous à Menzel Temime.

C’est ce qu’indique la secrétaire générale du syndicat de base de l’enseignement de base, Fadhila Ben Salah, citée par Mosaïque FM, en dénonçant une hausse de cas de violences visant les enseignants et en soulignant l’urgence de mettre fin à « ces crimes qui doivent impérativement être sanctionnés ».

La même source a ajouté que l’administration de l’école a déposé plainte et qu’une enquête sur cette agression.

Y. N.

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Aslan Berjeb | «Ne pas compter uniquement sur l’Etat pour trouver un emploi»

L’avocat d’affaires Aslan Berjeb, a souligné la nécessité de rompre avec l’idée de compter uniquement sur l’État pour trouver du travail et de s’appuyer plutôt sur l’autonomie individuelle et l’initiative privée, affirmant qu’il est possible d’investir dans les industries créatives et culturelles qui ne nécessitent pas de nombreuses procédures administratives ni d’énormes financements.

Le président de Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (Conect), qui présidait, ce mardi 9 décembre 2025, l’ouverture de la première édition du programme Tunisian Culture Builders (TCB) ou Tunisiens… Bâtisseurs de culture, une initiative de son organisation en partenariat avec Game, dans le cadre de l’initiative Scale (Sport, Culture & Loisirs), a souligné que ce projet encourage les jeunes à entreprendre, expliquant que «l’économie orange», qui englobe toutes les industries créatives et culturelles, ne nécessite pas beaucoup de financement, mais seulement trois éléments : la jeunesse, la créativité et la capacité de promouvoir et développer le patrimoine culturel.

Le projet TCB, qui a pour slogan« Transformez votre passion en projet entrepreneurial ! », appelle les jeunes Tunisiens ayant entre 18 et 35 ans, qu’ils soient passionnés par le sport, la culture, les loisirs ou les industries créatives, qu’ils soient au chômage ou en reconversion professionnelle, à postuler pour intégrer un programme innovant alliant formation certifiée LinkedIn, bootcamp entrepreneurial intensif, incubation hybride (présentiel et en ligne), avec, en perspective, un mentorat et financement de lancement pour 5 projets.

Le but du programme est de booster l’employabilité, de renforcer la visibilité professionnelle et d’accompagner les postulants dans la création d’un projet durable à fort impact.

I. B.

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Tunisie | L’Ordre des médecins alerte contre la «tradithérapie»

Dans un communiqué publié ce mardi 9 décembre 2025, la présidente du Conseil national de l’ordre des médecins de Tunisie, Dr Rym Ghachem, dénonce la promotion de la «tradithérapie» dans les médias, «comme alternative ou substitut à la médecine fondée sur les preuves».

Dr Ghachem alerte l’opinion publique, au nom de tout le conseil de l’Ordre, au sujet de la diffusion, dimanche soir, sur la chaîne El Hiwar Ettounsi, de contenus promouvant cette pratique douteuse et qui s’apparente au charlatanisme, «sans encadrement scientifique rigoureux ni avertissement clair», induisant le public en erreur, banalisant des méthodes non validées et exposant les citoyens à des «retards diagnostiques ou thérapeutiques parfois graves.»

«Ces contenus fragilisent les fondements mêmes de la médecine moderne, qui repose sur la science, l’évaluation méthodologique et la sécurité du patient», souligne le Conseil, en rappelant que «la santé des Tunisiens ne peut être exposée à des pratiques dénuées de validation scientifique.»

Tout en affirmant qu’il prendra toutes les mesures qu’il jugera nécessaires et utiles pour préserver l’exercice médical, protéger le public et garantir le respect strict des règles qui encadrent la profession, le Conseil appelle l’ensemble des médias à exercer leur responsabilité éthique «en évitant la diffusion de contenus susceptibles d’induire la population en erreur et en valorisant des informations fondées sur des données scientifiques fiables.»

Il s’agit de défendre «une médecine de qualité, rigoureuse, responsable et au service de tous les Tunisiens», conclut Dr Ghachem.

I. B.

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Menzel Temime | Arrestation de 3 trafiquants de drogue   

Au cours du week-end dernier, la police judiciaire de Menzel Temime (Nabeul, Cap Bon) a démantelé un réseau de trafic de drogue dirigé par trois personnes, deux originaires de la même ville et la troisième de Kelibia, a rapporté Mosaïque FM le mardi 9 décembre 2025, citant une source sécuritaire responsable.

La police judiciaire de Menzel Temime a reçu des informations concernant un trafic de drogue dans cette ville. Elle a identifié les membres du réseau qu’elle a traqués pendant trois jours avant de mener une série de raids qui ont permis d’arrêter les suspects et de démanteler, en même temps, un autre réseau impliqué dans des vols.

Au total, 20 personnes ont été arrêtées, dont 3 trafiquants de drogue opérant sur l’ensemble du territoire national. D’importantes quantités de cocaïne, d’ecstasy et de résine de cannabis ont été saisies.

Le procureur a autorisé la détention provisoire des suspects et l’ouverture de poursuites judiciaires à leur encontre pour possession et trafic de stupéfiants.

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CTN | Ouverture des réservations pour la saison 2026

La Compagnie tunisienne de navigation (CTN) a annoncé, ce mardi 9 décembre 2025, l’ouverture des réservations sur les lignes Marseille et Gênes pour la saison 2026, et ce à partir du 16 décembre courant.

La compagnie a précisé, dans un communiqué, que les réservations sont possibles dans ses agences et les agences de voyage partenaires en Tunisie et en Europe, ainsi que sur son site web.

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Ce que signifie l’élection de Mamdani à New York pour les jeunes Tunisiens

Après avoir relaté dans un précédent article les dures conditions d’enfance et d’adolescence de J-D Vance, qui ne l’ont pas empêché de devenir le vice-président des USA, l’auteur nous fait part dans cet article d’une autre «success story» américaine, celle de Zohran Mamdani, parti à l’âge de 7 ans de Kampala en Ouganda, pour devenir à 34 ans le plus jeune et le premier maire musulman de la métropole de New York(15 millions d’habitants). Il en tire des leçons de vie et même une lettre ouverte qu’il adresse aux jeunes Tunisiens.

Sadok Zerelli *

Dans un récent article, j’avais comparé les conditions de jeunesse et de vie de ma génération des «Baby boomers», née autour des années 1950, à celles de la génération Z, née entre l’arrivée du phénomène de la mondialisation au début des années 1990 et la «crise des surprimes » de 2008.

Je concluais que ma génération a eu la chance de vivre dans un monde en pleine expansion, un monde qui croyait encore au progrès, à l’ascension sociale par l’école, à un avenir toujours meilleur

Par contre, la génération Z a grandi, étudié et travaillé — ou cherche à le faire — dans un contexte de fragmentation constante. L’information est partout, mais la cohérence nulle part. L’avenir est au bout des doigts, mais instable comme une connexion wifi.

La révolution numérique lui offre certes une liberté quasi illimitée — mais avec une solitude accrue, un culte de la performance, une exposition permanente au regard social. Le prix de la liberté, c’est souvent le doute et l’épuisement. (voir dans Kapitalis :La génération Z est-elle moins chanceuse que celle des «Baby-boomers»?’’)

Dans un autre article, j’avais donné un aperçu sur l’autobiographie rédigée par J-D Vance, le vice-président américain actuel, alors qu’il n’avait que 32 ans et n’était nullement connu, vendue à trois millions d’exemplaires aux USA et traduite dans plusieurs langues, dont le Français (Edition Globes) : ‘‘Une famille américaine : de la grande pauvreté aux ors de la maison blanche’’.

J’avais fait ressortir que, né au sein d’une famille pauvre, d’origine «appalachienne» (les «hillbillies»), toute son enfance était marquée par les disputes entre sa mère, toxicomane, et ses différents maris (cinq), les menaces, les déménagements constants et une absence totale de sécurité émotionnelle ou matérielle.

C’est sa grand-mère, qu’il appelle Mamaw, une femme rude, drôle, violente parfois, qui l’a élevé et qui devint la figure salvatrice de sa vie. Elle lui imposait certes des règles très strictes mais justes, avait une croyance inconditionnelle en son potentiel et lui inculpa l’idée qu’il peut s’extraire de son milieu sans renier ses racines.

J’avais tiré du parcours de vie de J-D Vance sept leçons de vie pour nos jeunes Tunisiens, dont les plus importantes sont que «l’origine sociale n’est pas un destin», «la discipline et l’effort sont des armes contre le chaos social», «ne pas renier ses origines mais ne pas s’y laisser enfermer» et surtout que«l’éducation est le meilleur ascenseur social». (voir dans Kapitalis : ‘‘La vie de D.J. Vance, un exemple pour nos jeunes’’).

Le présent article porte sur une autre «success story», qui n’est pas seulement un autre récit de réalisation du rêve américain, mais constitue un autre témoignage universel sur la pauvreté, l’immigration, l’ambition et la capacité de rebondir.

C’est celle de Zohran Mamdani qui, né en 1991 à Kampala en Ouganda et émigré à l’âge de 7 ans aux USA avec sa famille issue de la diaspora indienne, devint le 4 novembre 2025 et à l’âge de 34 ans, le plus jeune maire de New York depuis plus d’un siècle et le premier musulman à accéder à ce poste.

Un intérêt précoce pour la politique

Après son arrivée aux États-Unis, Mamdani effectue sa scolarité dans le Queens, un quartier pauvre et populaire de New York.

Pour ses études supérieures, il intègre le Bowdoin College, un établissement d’arts libéraux situé dans le Maine. Il en est diplômé en 2014, avec une licence en «Africana Studies» (études africaines / diaspora) et une mineure en gouvernement.

Pendant son passage à Bowdoin, il a cofondé l’ONG étudiante «Students for Justice in Palestine» (Étudiants pour la Justice en Palestine), ce qui illustre très tôt ses engagements politiques et sociaux. Il a aussi travaillé pour le journal étudiant du collège, ce qui suggère un intérêt pour l’écriture, le débat et les questions politiques/sociales.

Ainsi, son adolescence et ses études l’ont façonné et il a été exposé tôt aux idées de justice sociale, d’engagement civique et d’activisme.

Un «socialiste démocrate»

Après l’université, Mamdani s’est engagé en politique. Il a été élu en 2020 à la New York State Assembly, représentant un district de l’ouest du Queens. Il a été réélu en 2022 et 2024, ce qui montre que son ancrage local a grandi et qu’il a su gagner la confiance de ses électeurs.

Au sein de l’Assemblée, il a initié un nombre important de projets de loi, ce qui suggère qu’il ne s’est pas contenté d’être un élu de base, mais qu’il a activement participé à la législation.

Sur le plan politique, il se décrit comme un «socialiste démocrate», c’est-à-dire issu de l’aile gauche du parti démocrate, avec un projet progressiste et un discours en faveur des classes populaires.

Parcours édifiant pour les jeunes

L’histoire de Mamdani est emblématique du rêve américain mais qui est en réalité universel : immigrant d’enfance, ayant grandi dans le Queens, éduqué dans une université prestigieuse, puis devenu représentant politique, tout cela malgré des origines modestes.

Son profil -jeune, issu de la diaspora, de confession musulmane, socialiste- incarne une diversité rarement vue. Son élection marque un tournant politique et symbolique pour tous les jeunes du monde, y compris en Tunisie.

Son engagement de longue date pour la justice sociale, les droits des minorités et les causes progressistes lui donne un capital de crédibilité auprès d’une population new-yorkaise très diverse, souvent sensible à la question des inégalités.

Leçons de vie pour les jeunes

L’élection de Mamdani comme maire de New York peut être un exemple puissant pour nos jeunes Tunisiens pour plusieurs raisons profondes : sociales, politiques, psychologiques et symboliques. Elles peuvent être résumées comme suit

1. Les origines modestes ne sont pas une barrière : Mamdani était un immigrant africain, arrivé enfant aux États-Unis, ayant grandi dans un quartier populaire. Pour nos jeunes, souvent convaincus que laréussite est réservée aux autres, son parcours montre que «l’origine sociale, le pays de naissance, la couleur de peau ou la religion ne doivent pas enfermer une vie».

2. L’engagement civique peut transformer une vie : Mamdani n’était pas un héritier politique. Il a commencé par des associations étudiantes, de l’activisme social et des actions locales dans son quartier. Puis il est devenu élu local, puis maire de New York.

Pour nos jeunes souvent désabusés par la politique, son élection rappelle que le changement commence localement, par une association, un groupe d’entraide, un projet citoyen, une initiative environnementale.

3. S’engager ouvre des portes : son élection prouve qu’on peut être jeune et accéder au pouvoir et devenir le maire de l’une des villes les plus importantes du monde.

En Tunisie, où beaucoup de jeunes se sentent exclus des responsabilités publiques, son exemple montre que l’âge n’est pas un obstacle, le leadership n’est pas réservé aux aînés et qu’un esprit jeune peut gérer une grande ville, innover et gouverner.

4. Une réussite qui valorise la diversité : Mamdani est musulman, afro-asiatique, et issu de l’immigration. Il devient maire d’une ville occidentale majeure.

Pour nos jeunes souvent confrontés au rejet et au racisme en Europe ou à la discrimination, cela montre qu’on peut être différent, et réussir, que l’identité n’est pas une faiblesse, mais une richesse. Cela redonne de l’espoir à ceux qui pensent qu’ils devront toujours «se cacher» pour réussir dans les pays où ils ont émigré.

5. Un modèle d’honnêteté et d’engagement social : son élection est portée par la lutte contre les inégalités, la défense des minorités, la justice sociale et un discours sincère et ancré dans la réalité.

Pour une jeunesse tunisienne qui souffre du chômage, du clientélisme, de la corruption et du sentiment d’injustice, Mamdani montre qu’un leader propre, jeune et engagé peut gagner. C’est un message très puissant : les valeurs peuvent triompher du système.

6. Un parcours international est possible : sans quitter ses racines, Mamdani a réussi dans un autre pays. Cela envoie un message aux jeunes Tunisiens : voyager, étudier, migrer n’est pas renoncer à soi.

L’expérience internationale peut construire des leaders et le monde est plus ouvert qu’on ne le croit.

7. L’avenir appartient à ceux qui osent : l’histoire de Mamdani dit aux jeunes Tunisiens : tu n’es pas condamné à subir, tu peux créer, agir, diriger. Aucune origine n’efface ton potentiel et aucun système n’étouffe une volonté sincère.

Lettre ouverte aux jeunes Tunisiens

Jeunes de Tunisie, garçons et filles. Vous qui marchez chaque jour entre l’espoir et le découragement. Vous qui rêvez d’un avenir qui semble parfois trop loin, regardez l’histoire de Zohran Mamdani, ou de J-D Vance. Pourquoi pas vous ?

Vous vivez dans un pays où les difficultés sont certes réelles : le chômage, la corruption, les inégalités, l’injustice, la bureaucratie du système.

Mais vous vivez aussi dans un pays où l’intelligence est vive et l’ambition une tradition familiale.

Vous êtes les héritiers d’une terre qui a toujours résisté et d’une jeunesse qui a déjà prouvé qu’elle peut transformer l’Histoire.

N’écoutez pas ceux qui vous disent que vous ne pouvez rien changer.

N’écoutez pas ceux qui vous disent que vous n’avez pas les bonnes origines, ou pas les bonnes relations, ou pas les bonnes portes d’entrée.

Les portes, vous pouvez les ouvrir.

Les chemins, vous pouvez les tracer.

Le destin, vous pouvez le renverser.

Les exemples de Mamdani et Vance vous disent ceci : on peut venir de loin et aller encore plus loin.

On peut être jeune et diriger.

On peut être différent et réussir.

On peut être Tunisien et conquérir le monde.

La Tunisie a besoin de vous et de vos idées créatrices.

N’abandonnez ni votre pays ni vos rêves.

* Economiste universitaire et consultant international.

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Tunisie | Renforcement des réserves des barrages du nord

«Les barrages du nord de la Tunisie ont été renforcés par 51 millions de mètres cubes d’eau de pluie au cours des huit premiers jours de décembre, ce qui représente des indicateurs très importants et rassurants». (Ph. Barrage Sidi Salem).

C’est ce qu’a déclaré le directeur général des barrages et des grands ouvrages hydrauliques au ministère de l’Agriculture, Faiez Msallem, à l’agence Tunis Afrique Presse, lundi 8 décembre 2025, ajoutant que les barrages du nord avaient reçu 200 millions de mètres cubes d’eau depuis le début de l’automne, ce qui a largement contribué à leur remplissage et a permis de garantir l’approvisionnement en eau potable.

Si les précipitations se maintiennent au même rythme, il sera également possible de sécuriser l’approvisionnement en eau destiné à l’irrigation, a indiqué Msallem, en soulignant que les apports aux barrages du gouvernorat de Béja ont été importants depuis début septembre, ce qui a contribué à augmenter leurs stocks par rapport à la même période de l’année précédente : la réserve du barrage de Sidi El Barrak est passé de 74 millions de m³ à 148 millions de m³, celui du barrage de Sidi Salem de 92 millions de m³ à 122 millions de m³ et celui du barrage de Kasseb de 19 millions de m³ à 24,6 millions de m³ actuellement.

Le gouvernorat de Béja comprend le plus grand barrage de Tunisie, celui de Sidi Salem, d’une capacité de 643 millions de m³, qui alimente en eau potable et d’irrigation plusieurs gouvernorats depuis sa construction sur le fleuve Medjerda en 1982. La délégation de la Nefza, dans le même gouvernorat, comprend également deux des plus grands barrages tunisiens, ceux de Sidi El Barrak et Kasseb.

I. B.

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Pour le Canada, la Tunisie pourrait être une tête de pont vers l’Afrique  

Le Tunisia Africa Business Council (TABC) annonce que le Canada sera l’invité d’honneur de la 9ᵉ édition de la conférence internationale Financing Investment and Trade in Africa (Fita2026), prévue les 28 et 29 avril 2026 à Tunis. Pour le Canada, qui se réveille difficilement du son tête-à-tête harassant avec son grand voisin (et partenaire presque exclusif) américain, la Tunisie pourrait être une tête de pont pour s’engager dans le marché africain et diversifier davantage ses échanges extérieurs.  

«Ce choix illustre la volonté commune de renforcer la coopération économique entre la Tunisie et le Canada, tout en ouvrant de nouvelles perspectives de partenariat à l’échelle du continent africain», indique le TABC dans son communiqué.

Depuis sa création, Fita s’impose comme l’une des plateformes économiques les plus influentes en Afrique, rassemblant décideurs publics et privés, institutions financières internationales, experts de haut niveau et entreprises opérant dans des secteurs clés. La participation du Canada en tant qu’invité d’honneur traduit une ambition partagée de consolider les relations économiques, de stimuler l’innovation et de promouvoir des projets structurants à fort impact pour le développement du continent africain.

L’édition 2026 sera marquée par une présence institutionnelle et privée canadienne de haut niveau, avec la collaboration étroite de l’ambassade du Canada en Tunisie et l’ambassade de la Tunisie au Canada, qui joueront un rôle central dans la coordination des délégations et l’accompagnement des entreprises canadiennes participantes.

Cette mobilisation ouvre la voie à un approfondissement des échanges économiques, commerciaux et technologiques entre les deux pays et leurs partenaires africains.

Le programme de Fita2026 proposera deux journées d’échanges intensifs, articulés autour de panels thématiques d’envergure, de présentations d’experts internationaux, de sessions de networking stratégique, ainsi que de rencontres B2B et B2G destinées à favoriser des partenariats concrets et durables. Un important Side Event Canada – Afrique, sera organisé en marge de la conférence.

 En plaçant le Canada au cœur de cette neuvième édition, TABC ambitionne de renforcer la triangulation Canada-Tunisie-Afrique et de soutenir une dynamique renouvelée d’investissement, de commerce et de coopération multisectorielle.

Cette édition vise à catalyser de nouvelles opportunités et à contribuer à l’émergence d’une vision commune fondée sur une croissance durable, inclusive et mutuellement bénéfique.

Les inscriptions pour Fita2026 sont désormais ouvertes sur ce lien.

I. B.

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L’Europe des valeurs et l’Europe des voleurs !

Après le désengagement du président Donald Trump de la guerre russo-ukrainienne, les Européens, bien qu’ils soient en grande difficulté économique et n’ont plus le moyen de financer une longue guerre, continuent de pousser l’Ukraine à poursuivre le conflit militaire dévastateur contre la Russie ! Tels sont les ordres de l’Etat profond européen. Cependant, la question qui se pose est : où vont-ils trouver les fonds nécessaires pour cela ? Ils vont tout simplement voler les actifs russes déposés en Europe !  C’est l’Europe des valeurs dans toute sa splendeur !

Habib Glenza 

Depuis le début des événements qui se sont déroulés en Ukraine après le coup d’Etat de 2014, appelé «rébellion du Maidan» et orchestré par la CIA, l’agence de renseignement extérieur américaine, l’Europe a joué un rôle négatif dans le cadre des accords de Minsk 1 et Minsk 2, entre Moscou et Kiev, faisant croire aux Russes que l’intervention d’Angela Merkel et François Hollande, représentants l’Union européenne (UE), avait pour objectif de rétablir la paix entre les minorités russes du Donbass et les nationalistes ukrainiens. Or, on sait aujourd’hui que ce fut de la poudre aux yeux et une grande tromperie. 

Après les aveux de Merkel et de Hollande en 2022 au sujet de ces accords, on se rend compte aujourd’hui que l’Ukraine n’est qu’un pays vassal de l’Etat profond occidental et que ces accords n’avaient pour objectif que d’affaiblir la Russie dans une première étape et la dépiécer par la suite. Brzezinski dans son livre ‘‘Le grand échiquier’’ paru en 1997 écrivait déjà : «Celui qui disposera de l’Eurasie (la Russie) et de ses richesses naturelles, commandera le monde !»

Aujourd’hui, après le désengagement du président Donald Trump, les Européens, bien qu’ils soient en grande difficulté économique et n’ont plus le moyen de financer une longue guerre, continuent de pousser l’Ukraine à poursuivre le conflit militaire dévastateur contre la Russie ! Tels sont les ordres de l’Etat profond européen. Cependant, la question qui se pose est : où vont-ils trouver les fonds nécessaires pour cela ? Ils vont tout simplement voler les actifs russes déposés en Europe !  

Utiliser les avoirs russes gelés, une décision inédite et difficilement imaginable il y a 50-70 ans. Jusqu’à présent, les États attendaient la fin du conflit pour utiliser les avoirs souverains étrangers gelés.

Véritable enjeu stratégique et manne financière, la question de l’utilisation des actifs russes déposés dans certains pays européens, pour soutenir la défense de l’Ukraine, soulève des questions juridiques, morales et économiques, sans parler des risques qu’un pareil abus pourrait provoquer.      

Depuis le 24 février 2022 et le début du conflit en Ukraine, l’UE a gelé une partie des avoirs russes présents sur son territoire. Si l’utilisation des intérêts de ces avoirs pour soutenir l’Ukraine est déjà en vigueur, les Vingt-Sept ne sont jusqu’alors pas parvenus à trancher sur l’utilisation de l’ensemble du capital en lui-même. 

Une situation qui pourrait se décanter après que la Commission européenne eut proposé, mercredi 3 décembre, un prêt de réparation de 165 milliards d’euros pour l’Ukraine. Ce prêt proviendrait de la valeur «nette» des avoirs gelés de l’État russe détenus en Europe, dont 140 milliards d’euros en Belgique, selon des informations de Politico.

Mais ces fonds peuvent-ils réellement être utilisés pour soutenir Kiev et les autres villes ukrainiennes touchées par la guerre ? Et qu’en est-il des réticences exprimées par certains États membres, et en premier lieu la Belgique ? 

Depuis mai 2024, les pays de l’UE et du G7 ont gelé les avoirs russes présents sur leur sol pour une période indéterminée, ou du moins jusqu’au rétablissement de la paix en Ukraine. Cette mesure vise à priver Moscou d’une source de financement pour son armée et à garantir le remboursement des prêts accordés par l’Europe, non pas à la Russie, ce qui aurait été défendable, mais à… l’Ukraine.

Dans les faits, le gel des avoirs est un dispositif légal et administratif permettant de rendre inaccessibles les ressources financières et matérielles d’un individu ou d’une entité. Bien que la Russie considère cette action comme un «vol», elle reste conforme au droit international tel que défini par l’Occident triomphant de l’après Seconde guerre mondiale.

Le montant des avoirs russes gelés

Les avoirs russes bloqués en Europe se composent principalement de 210 milliards d’euros d’actifs appartenant à la Banque centrale de Russie et de 24,9 milliards d’euros d’actifs appartenant à des privés russes. L’essentiel de ces avoirs est constitué de titres financiers, tels que des actions, des obligations d’État, des revenus immobiliers et des placements bancaires.

En Europe, ces fonds sont essentiellement stockés chez Euroclear, une société internationale de dépôt de fonds basée à Bruxelles, pour un montant évalué à quelque 185 milliards d’euros. Cet organisme joue le rôle d’intermédiaire financier entre acheteurs et vendeurs de titres.

Loin derrière la Belgique, la France détiendrait 19 milliards d’euros d’avoirs russes gelés, suivie du Luxembourg (10 milliards) et de l’Allemagne (0,2 milliard).

Ailleurs dans le monde, des avoirs russes sont également bloqués aux États-Unis (4,3 milliards), au Royaume-Uni (26,6 milliards), au Japon (28,1 milliards), au Canada (15,1 milliards) ou encore en Suisse (6,2 milliards). 

L’UE peut-elle légalement utiliser les avoirs russes gelés ?

Dans la pratique, le droit international protège les États et leur patrimoine, et interdit la saisie des biens d’un pays par un autre, au titre du principe de «l’immunité d’exécution». La décision de passer à l’action exposerait l’UE à de potentielles sanctions financières devant des juridictions internationales. En plus, cet acte injustifiable peut être considéré comme une déclaration de guerre par la Russie.

Le 21 mai 2024, le Conseil et le Parlement européens se sont accordés sur la mobilisation des bénéfices issus des avoirs russes gelés, en les affectant à hauteur de 90 % au soutien militaire de l’Union à l’Ukraine, et 10 % à l’assistance macro-économique de ce pays.

Ces intérêts s’élevaient à 4,5 milliards d’euros en 2023. Pour que l’UE puisse aller plus loin et confisquer les capitaux russes eux-mêmes, un vote unanime des représentants des États membres au sein du Conseil serait nécessaire.

Ursula von der Leyen, réussira-t-elle à convaincre la majorité des pays de l’UE ?

Le 10 septembre 2025, lors de son très scruté discours sur l’état de l’Union, la présidente de la Commission européenne a abordé cette épineuse question, après avoir rappelé que l’UE avait déjà mobilisé près de 170 milliards d’euros d’aide militaire et financière pour soutenir l’Ukraine. Une aide militaire qui a chuté de57 % en juillet et août 2025 par rapport aux six premiers mois de l’année, selon les chiffres recueillis par le Kiel Institute, basé en Allemagne. Sur les deux mois d’été, l’Union a alloué un total de 3,3 milliards d’euros d’aide militaire à Kiev, soit une moyenne mensuelle d’1,65 milliard.

Tout en rappelant que l’argent est le nerf de la guerre, la présidente de la Commission européenne a confirmé, le 10 septembre, qu’un «prêt à titre de réparation» serait financé à partir des avoirs russes gelés en Europe. Elle a toutefois précisé que seuls les intérêts de ces 210 milliards d’euros d’actifs seraient mobilisés et que l’on «ne touchera pas aux actifs eux-mêmes».

Cependant, la question de mobiliser directement les avoirs est revenue sur la table quelques semaines plus tard, à l’occasion d’une réunion des dirigeants européens à Copenhague, le 1er octobre. Dans une note transmise par la Commission, il est indiqué que sur le total détenu par Euroclear, une majorité du capital correspond à des prêts arrivés à échéance, et donc disponibles sous forme de liquidités. Sur cette somme, 45 milliards sont déjà utilisés dans le cadre d’une autre initiative du G7 pour soutenir l’Ukraine.

Or le reste, soit 140 milliards d’euros, pourrait être transféré à la Commission sous la forme d’un prêt sans intérêt. Celle-ci accorderait ensuite un prêt du même montant à l’Ukraine. Kiev ne devrait alors rembourser ce prêt massif qu’après avoir touché d’hypothétiques… réparations russes. Tant que Moscou n’aura pas effectué ces paiements, les fonds resteraient bloqués. Ainsi, ces futures réparations serviraient de garantie pour le prêt, sans qu’il soit nécessaire de saisir officiellement les avoirs de l’État russe.

La question ukrainienne était à l’ordre du jour du dernier Conseil européen, le 23 octobre. L’opération inédite d’un «prêt de réparation» s’est heurtée aux réticences du Premier ministre belge, Bart De Wever, qui a rapidement menacé de bloquer tout le processus s’il n’obtiendrait pas les garanties suffisantes. Il aurait fixe trois conditions à son accord : 1. une mutualisation totale du risque en cas de réclamation de Moscou; 2. la garantie que, si les fonds doivent être restitués, chaque pays européen participera au remboursement; 3. l’assurance que tous les autres États ayant gelé des avoirs russes, même sans l’avoir annoncé publiquement, agiront de la même manière que la Belgique.

Au terme de ce rendez-vous et faute d’accord formel après le refus de la Belgique de s’aligner, les Vingt-Sept sont finalement convenus de s’engager à répondre aux «besoins urgents» de l’Ukraine et ont enjoint la Commissionde «présenter, dès que possible, des options de soutien financier» pour ce pays.

L’Europe aide l’Ukraine avec l’argent russe

Présent au sommet, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a plaidé pour une décision rapide. «Je vous demande de prendre une décision au plus vite : les avoirs russes doivent être pleinement utilisés pour se défendre contre l’agression russe», a-t-il déclaré face aux dirigeants européens, comme s’il défendait un droit, celui de disposer librement de l’argent de son… ennemi. Dans cette foire aux «valeurs européennes», on aura donc tout vu, et il reste encore tant à voir !

Alors que ces chers européens devraient à nouveau aborder la question lors de leur prochaine rencontre, les 18 et 19 décembre, la situation devient pressante, surtout face à une aide américaine qui se tarit, suite au désengagement de Trump.

Selon les informations de Politico, le prêt d’aide, destiné à l’Ukraine est estimé à 165 milliards d’euros, fait partie d’un ensemble de mesures financières plus large, d’une valeur pouvant atteindre 210 milliards d’euros et visant à maintenir les finances de Kiev à flot pour les années à venir. Ce prêt comprend 25 milliards d’euros d’actifs immobilisés de l’État russe détenus dans des comptes bancaires privés à travers l’UE, en plus des 140 milliards d’euros détenus par la banque Euroclear en Belgique. Car «le trésor de guerre de l’Ukraine devrait être épuisé en avril», selon le gouvernement ukrainien

Le prêt serait remboursé par Kiev uniquement si la Russie met fin au conflit et paie des réparations de guerre, un scénario jugé peu probable voire impossible.

Au total, 115 milliards d’euros seraient destinés à financer l’industrie de défense de l’Ukraine, 50 milliards à couvrir les besoins budgétaires de ce pays et 45 milliards à rembourser un prêt du G7 datant de 2024.

La principale difficulté, déjà identifiée, vient de l’opposition de la Belgique, qui craint notamment des représailles russes contre l’État belge et Euroclear, le dépositaire des fonds gelés.

Ces deux propositions législatives serviront de base à des négociations techniques immédiates avant que les dirigeants de l’UE ne se réunissent dans quelques jours pour se prononcer sur les aspects les plus sensibles de l’initiative.

«Nous envoyons aujourd’hui un signal très fort au peuple ukrainien pour lui faire comprendre que nous sommes prêts à nous engager sur le long terme. Nous pouvons leur fournir les moyens de se défendre et, plus important encore, les moyens de mener des négociations de paix en position de force», a déclaré la présidente de la Commission.

Qui sont les pays va-en-guerre de l’UE, qui soutiennent la poursuite de la guerre jusqu’au dernier Ukrainien ?

Depuis quelques mois, c’est Outre-Rhin que le soutien est de plus en plus marqué. Dès la mi-septembre, le chancelier Friedrich Merz a publié une tribune dans le Financial Times pour exprimer son ralliement, appelant l’Europe à «renforcer le coût de l’agression russe». Devant les députés allemands, il a de nouveau appelé le 16 octobre à utiliser les avoirs de la Banque centrale russe, gelés depuis l’invasion de février 2022. L’appui de la première économie de la zone euro apparaît comme déterminant dans l’issue des négociations, d’autant que l’Allemagne s’était jusqu’alors montrée réticente.

Les conséquences catastrophiques du vol  

Comme il y a encore quelque temps, la plupart des pays européens ont encore tendance à s’opposer à la saisie des avoirs. Outre la Belgique, c’est notamment le cas de l’Italie ou de la France, qui a déjà fait part de sa volonté de voir les aides financières versées à Kiev conditionnées à la mise en œuvre de réformes et débloquées de façon graduelle. D’autres pays comme la Pologneou les Pays-Bas sont en revanche favorables à leur utilisation, au motif qu’elle pourrait freiner les velléités de Vladimir Poutine.

En parallèle, certains économistes et experts mettent en garde contre un effet boomerang : une mobilisation des fonds russes pourrait en effet inciter d’autres puissances, comme la Chine, l’Inde ou l’Arabie saoudite, à retirer leurs investissements d’Europe par crainte d’un traitement similaire à l’avenir.

C’est pour cette raison que les pays du Brics ont décidé de ne plus faire de transactions financières et commerciales directes, sans passer par les banques européennes, en dollar ou en euro, préférant les échanges en yens, roubles, roupies et autres devises plus sûres 

Vidéo de l’interview de J. F. Kennedy Jr. à propos du coup d’Etat du Maïdan en 2014 orchestré par la CIA.

Vidéo de François Hollande avouant que les accords de Minsk étaient une tromperie pour donner du temps à l’Ukraine pour se préparer à la guerre contre l’Ukraine.

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