La sous-commission des droits humains du Parlement européen a tenu une réunion extraordinaire focalisée sur la protection des avocats, un événement qui a rapidement mis «en lumière les inquiétudes concernant la situation de Sonia Dahmani, incarcérée en Tunisie».
Le député européen, Mounir Satouri a indiqué dans un post diffusé sur les réseau que plusieurs parmi ses collègues ainsi que des avocats et des représentants d’organisations ont exprimé leur soutien à Sonia Dahmani, en soulignant « la nécessité de garantir l’indépendance de la justice et le droit des avocats à exercer leur profession sans crainte de représailles ».
La même source a ajouté que Ramla Dahmani, sœur de l’avocate détenue, a pris la parole, et a livré un témoignage poignant « concernant la violence du régime tunisien qui se déchaîne sur Sonia », a écrit Mounir Satouri estimant que « le Parlement européen doit adopter au plus vite une résolution pour exiger la libération de Sonia Dahmani et de tous les prisonniers d’opinion ! »
Rappelons qu’en juin dernier, alors qu’elle purgeait déjà deux peines de 26 mois de prison, Sonia Dahmani a été condamnée à deux ans de prison supplémentaires dans une affaire également liée à des déclarations et sur la base du décret 54.
L’international tunisien Hannibal Mejbri, évoluant en tant que milieu de terrain à Burnley est visé par une enquête ouverte par la Fédération anglaise de football.
Il est accusé d’avoir craché sur des supporters de Leeds United lors de la deuxième période du match ayant opposé les deux équipes samedi dernier et il risque une suspension.
La Fédération Anglaise de football a également transmis les faits à la police, qui a confirmé travailler sur le dossier d’autant qu’un supporter a porté plainre. En fonction des résultats de cette enquête des sanctions pourraient être prises contre le joueur tunisien de 22 ans, indiquent les médias locaux.
Les Parisiens à l’épreuve du feu en Allemagne ! Ce mardi 21 octobre 2025, le PSG défie le Bayer Leverkusen à la BayArena dans un choc décisif de la 3e journée de la phase de ligue UEFA Champions League 2025-2026.
Après leur nul spectaculaire 3-3 contre Strasbourg, les Rouge et Bleu de Luis Enrique, portés par les talents de Khvicha Kvaratskhelia, Goncalo Ramos, Bradley Barcola, Warren Zaire-Emery et Vitinha, visent une victoire cruciale pour grimper au classement malgré les absences d’Ousmane Dembélé et Joao Neves sur blessures. Face à une équipe allemande combative emmenée par Alejandro Grimaldo, Christian Kofane et Claudio Echeverri sous les ordres de Kasper Hjulmand, cette compo offensive en 4-3-3 avec Lucas Chevalier dans les buts promet du suspense.
Les Blaugrana prêts à rugir en Ligue des Champions ! Ce mardi 21 octobre 2025, le FC Barcelone affronte l’Olympiakos au Stade Olympique Lluís Companys de Montjuïc, dans un match décisif de la 3e journée de la phase de ligue UEFA Champions League 2025-2026.
Après la défaite contre le PSG, les hommes de Hansi Flick, emmenés par les talents de Lamine Yamal, Pedri (capitaine), Frenkie de Jong et la grosse surprise du jeune prodige Dro Fernandez (17 ans) qui fait ses débuts en UCL à la pointe de l’attaque, visent une victoire convaincante pour grimper au classement. Avec Wojciech Szczesny dans les buts, Pau Cubarsi en défense et Marcus Rashford en ailier, cette compo audacieuse en 4-2-3-1 promet du spectacle face aux Grecs combatifs d’Ayoub El Kaabi, Daniel Podence et Gelson Martins.
Tout est fermé ce mardi 21 octobre 2025 à Gabès en raison d’une grève générale régionale à laquelle a appelé par l’Union régionale du travail (URT), relevant de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), pour dénoncer la crise environnementale provoquée par les émissions toxiques des unités du Groupe chimique tunisien (GCT) et exiger des mesures immédiates de protection de l’environnement et de la santé publique.
La décision a été prise samedi dernier par la commission administrative de l’UGTT de Gabès, qui s’est réunie d’urgence suite aux marches de protestation de la population qui ont commencé le 27 septembre et se poursuivent encore aujourd’hui.
Selon l’URT de Gabès, la grève touche l’administration, les entreprises publiques et privées, ainsi que le secteur de l’éducation. Seuls les services essentiels, notamment les urgences hospitalières, restent assurés.
Le secrétaire de l’UGTT de Gabès, Salaheddine Ben Hamed, a précisé que la grève est «un moyen, et non une fin» et que la structure syndicale reste en réunion permanente dans l’attente de décisions concrètes pour la région.
Ces dernières semaines ont été marquées par une hausse des émissions toxiques, des hospitalisations pour problèmes respiratoires et des manifestations massives exigeant la fermeture ou le déplacement des unités les plus polluantes du GCT, notamment celles qui déversent du phosphogypse en mer.
Ces derniers jours, des milliers de personnes sont descendues dans la rue et les agents de sécurité ont fait un usage intensif de gaz lacrymogènes, ce qui a contribué à dégrader davantage le climat social. Pour ne rien arranger, des dizaines de personnes ont été interpellées, dont de nombreux mineurs, et certains mis en détention et poursuivis en justice.
Photos : Gabes.com
Le gouvernement a réagi par une série d’annonces et une séance parlementaire consacrée à la crise. Hier, à l’Assemblée, les ministres de la Santé et de l’Équipement ont présenté des mesures d’urgence et une feuille de route pour achever six projets inachevés, identifiés comme à l’origine de la dégradation environnementale. Parmi ces mesures, la suspension des rejets de phosphogypse directement en mer. Mais la confiance semble rompue avec un gouvernement qui est longtemps resté insensible aux souffrances de populations excédées et qui exigent désormais la fermeture immédiate des usines polluantes, car elles ne croient plus aux promesses de l’Etat.
Des organisations nationales et des associations professionnelles soutiennent les revendications environnementales, des habitants de Gabès avec des appels à des marches pacifiques et à des sit-in. Le réseau de taxis de la ville a publié une déclaration de soutien, tandis que les avocats ont annoncé des initiatives parallèles. Et la tension ne semble pas près de tomber.
Il y a vingt ans, la France a fermé toutes les usines qui produisent le DAP 18-46. Plusieurs autres pays lui ont emboîté le pas. D’autres, en revanche, moins soucieux de l’environnement, tardent à le faire, comme la Russie, le Maroc et la Tunisie. Mais jusqu’à quand les usines du Groupe chimique tunisien (GCT), qui produisent cet engrais pour l’exporter en France et ailleurs, vont-elles continuer à empoisonner les habitants de Gabès ?
Habib Glenza
Depuis les années 1970, la région de Gabès vit dans les fumées d’un immense complexe public de transformation de phosphate, un minerai utilisé dans la fabrication d’engrais agricoles, dont le DAP 18-46 qui empoisonne les sols, les eaux et les habitants de la région.
L’impact de la production des engrais sur l’environnement, pendant plus de 50 ans, a dévasté cette oasis maritime paradisiaque et risque de polluer la côte de Zarzis et de l’île de Djerba. Ce qui se répercuterait négativement sur le tourisme, un secteur économique pourvoyeur d’emplois et de devises
L’assainissement de la zone industrielle, de l’oasis et du golfe de Gabès dans son ensemble ne se fera pas du jour au lendemain. Il nécessitera beaucoup de temps et d’argent. Entretemps, on ferait mieux de stopper la production d’engrais en attendant les résultats des travaux envisagés et annoncés par les autorités.
Engrais chimiques, pollution industrielle et cancers
La chaîne de production de l’engrais (DAP 18-46) produit 5 tonnes de déchets cancérigènes pour 1 tonne d’engrais. Ces déchets très nocifs sont appelés phosphogypse.
Il y a deux types de rejets, en mer et dans l’atmosphère.
Les rejets en mer : 15 000 tonnes de déchets sont quotidiennement rejetées en mer, soit 5 millions de tonnes par an ou encore 250 millions de tonnes de déchets sur 50 ans !
Pour produire de l’acide phosphorique, il faut mélanger le phosphate avec de l’acide sulfurique. En produisant de l’acide phosphorique, on obtient beaucoup de déchets qui contiennent des métaux lourds cancérigènes tels que le cadmium, le zinc, le mercure et l’arsenic.
Les rejets dans l’atmosphère : une étude de l’impact de la pollution sur l’économie de la région de Gabès financée par l’Union européenne (UE), parue le 30 mars 2018, montre clairement que les rejets annuels contiennent 18 000 tonnes de dioxyde de soufre ; 115 tonnes de gaz fluoré; 3 436 tonnes de poussière; 311 tonnes d’ammoniaque et 717 tonnes d’oxyde d’azote.
Le taux d’atteinte par le cancer parmi la population de Chatt Essalam, où se trouve l’usine du GCT, est l’un des plus élevés de la planète.
Les résultats des prélèvements de l’eau de mer du golfe de Gabès, comparés aux normes canadiennes, sont alarmants : la concentration du cadmium est 1000 fois supérieure à la norme, l’arsenic 110 fois, le zinc 85 fois et le mercure 10 fois.
Ces résultats montrent que plus rien ne vit dans une pareille acidité et température de l’eau de mer dans le golfe de Gabès, une zone complètement morte, ni algues, ni poissons, ni crustacés. Les fameuses sardines de Gabès contiennent des métaux lourds cancérigènes, il faut donc éviter de les consommer.
Ce mardi 21 octobre 2025 restera dans les annales de la Ve République française. L’ancien président Nicolas Sarkozy a été incarcéré à la prison de la Santé, à Paris, près d’un mois après sa condamnation à cinq ans de prison ferme pour association de malfaiteurs dans le dossier du financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007.
Djamal Guettala
L’ancien chef d’Etat a quitté son domicile à pied, main dans la main avec son épouse Carla Bruni. A l’appel de sa famille, une centaine de partisans se sont réunis devant sa demeure pour venir le soutenir. La foule l’a acclamé à sa sortie, scandant «Nicolas ! Nicolas !» ou «Libérez Nicolas !».
Une image inédite : celle d’un ex-chef d’État ouvrant lui-même la portière d’un véhicule officiel, direction la prison, où il est arrivé vers 10 heures locale, sous l’œil des caméras.
Un important dispositif de sécurité avait été mis en place et une cinquantaine de surveillants s’étaient réunis en début de matinée pour dénoncer la surpopulation carcérale.
Une demande de mise en liberté a été formulée par les avocats de l’ancien chef d’Etat dès son incarcération. La justice aura deux mois pour trancher, même si le délai devrait être plus court. «Quoi qu’il arrive», ce sera «trois semaines, un mois de détention», a estimé son avocat Christophe Ingrain
Le symbole de la prison de la Santé
Le 25 septembre, le tribunal correctionnel de Paris avait prononcé un jugement d’une sévérité rare : cinq ans ferme, dont trois assortis d’un mandat de dépôt provisoire. Sarkozy devient ainsi le premier président français de la Ve République à être incarcéré.
Il a été reconnu coupable d’avoir sciemment laissé ses collaborateurs rencontrer à Tripoli un dignitaire du régime de Mouammar Kadhafi pour discuter d’un financement occulte de sa campagne présidentielle de 2007. L’ancien chef de l’Etat a fait appel et se dit innocent.
Le choix de la prison de la Santé n’est pas anodin : c’est là que furent enfermés, jadis, les figures du grand banditisme, mais aussi des politiques condamnés pour corruption.
Sarkozy a été placé dans le quartier d’isolement, sous haute surveillance. Selon l’administration pénitentiaire, il bénéficiera de «conditions sécurisées adaptées à son statut», c’est-à-dire une cellule individuelle, des promenades séparées, et un régime de visites encadré.
Cette incarcération s’effectue malgré l’appel interjeté par ses avocats, puisque le tribunal a ordonné l’exécution immédiate de la peine.
Une onde de choc politique
Cette entrée en détention provoque un séisme dans la classe politique française. Les partisans de l’ancien président dénoncent un «acharnement judiciaire» et un «procès politique».
À l’inverse, une partie de l’opinion publique y voit la preuve que la justice peut atteindre les puissants, signe d’une démocratie capable de juger ses dirigeants.
Le contraste est saisissant entre l’homme qui fut le symbole du pouvoir fort et celui qui doit aujourd’hui répondre comme un citoyen ordinaire devant la loi.
L’affaire Sarkozy dépasse les frontières françaises. Dans les pays du Maghreb, notamment en Tunisie et en Algérie, où la relation franco-libyenne et le rôle de la France dans la chute de Kadhafi restent sensibles, cette incarcération réactive de nombreux débats.
Beaucoup y voient une «revanche posthume» de Kadhafi et le retour de la mémoire du «dossier libyen», marqué par les promesses financières et les complicités politiques entre Paris et Tripoli dans les années 2000.
Le cas Sarkozy rappelle aussi les affaires qui ont entaché d’autres dirigeants européens, de Silvio Berlusconi à Mariano Rajoy, témoignant d’un temps nouveau où la justice rattrape le pouvoir.
Un président déchu, une République éprouvée
L’image de Sarkozy entrant à la Santé restera celle d’une chute spectaculaire. Mais elle marque aussi un tournant : celui d’une justice française qui, après des décennies de prudence vis-à-vis des «grands», affirme désormais son indépendance.
Reste à savoir si cette page ouverte par la «détention Sarkozy» relèvera de la purge morale d’une démocratie ou du règlement de comptes d’un système qui se défend.
‘‘Nos muses les murs’’ est le titre d’une anthologie d’écrits engagés et puissants de poètes francophones dirigée par Arwa Ben Dhia (Photo) et préfacée par Alexandra Cretté.Ce recueil, qui paraîtra à la fin de ce mois aux éditions Mindset, se veut une réponse aux aspirations de la poésie francophone moderne : internationaliste, engagée, tout en restant intime et contemplative.
Les poètes de ce bouquet singulier n’écrivent pas seulement des mots, mais peignent aussi les murs du monde avec leurs vers, offrant une restitution poétique de la complexité humaine.
« La présente anthologie est (…) le troisième ouvrage collectif publié sous l’égide d’Apulivre [association qui promeut la lecture et le livre, Ndlr], s’inscrivant dans le cadre du lancement de la revue Térence Lettres, dans lequel des poètes de tous horizons ont pu s’exprimer sur des murs inspirants», écrit Arwa Ben Dhia.
«Les murs sont-ils les pages publiques de nos âmes ? En ce siècle d’écrans et ces décennies de plates machines quadrangulaires, doubles permanents de nos paumes, ce livre propose des chemins de mots — relations nécessaires entre nos espaces. Intérieurs. Extérieurs. Intimes. Politiques», ajoute Alexandra Cretté, directrice de la revue Oyapock en Guyane française, dans la préface.
Le recueil présente des écrits de 40 poètes d’Afrique, d’Europe, d’Amérique et d’Asie, dont six de Tunisie : Monia Boulila, Kaïs Ben Farhat, Nasser Kefi, Myriam Soufi, Emna Louzyr et Arwa Ben Dhia.
Chaque auteur(e) tisse un canevas où les mots résonnent avec les murs, brisant les enclos et peignant les pierres avec les couleurs de la liberté.
Le désastre écologique et sanitaire de Gabès et de nombreux autres sites industriels dégradés par de mauvais choix d’activités polluantes et non créatrices d’emplois suffisamment rémunérateurs car nécessitant une main d’œuvre inférieure à ce qu’offre le pays, ont fait de nombreuses zones industrielles tunisiennes des cimetières d’entreprises ou carrément pour les citoyens en raison d’un environnement sérieusement dégradé ou carrément morbide. Ce désastre est aussi le signe de la fin d’un modèle économique qui a montré ses limites et ses nocivités.
Elyes Kasri *
Lorsqu’on parle de la nécessité de changement de modèle économique en Tunisie, ce n’est pas en termes éthiques pour chasser les incompétents, véreux et corrompus présumés coupables de déviance et d’abus de situation et de pouvoir, mais plutôt pour se débarrasser du régime hybride et oxymorique social-libéral de la deuxième moitié du siècle dernier qui présentait la Tunisie comme un site d’activités économiques et d’investissement extérieur «low skills-low wages» soit à compétences basses et salaires bas.
D’où la prolifération des mécanismes étatiques de compensation directe et indirecte avec une bureaucratie disproportionnée et les tentacules du syndicalisme infiltrées partout y compris dans les institutions de souveraineté avec tous les errements et abus constatés au cours de la décennie noire.
Erosion de la compétitivité et marginalisation internationale
Au cours des années 80 du siècle dernier, l’état social-libéral a commencé à montrer de sérieux signes d’anachronisme et l’économie était à bout de souffle à la faveur de l’émergence de l’Asie en tant que site de production low cost en même temps que l’augmentation des attentes sociales et salariales de la main d’œuvre tunisienne qui avait commencé à voir ses rangs renforcés par des compétences issues de l’éducation bourguibienne qui refusaient le paradigme low skills-low wages.
Ben Ali a cru répondre au besoin de changement et de passage de l’économie et de l’administration à un stade supérieur de désengagement de l’Etat et de libération de l’initiative mais a fini par avoir peur du changement qui risquait à ses yeux de l’entraîner avec lui et n’a pas résisté à la tentation de la manipulation et de népotisme suscitée par les programmes de désengagement de l’Etat et de privatisation du secteur public.
Le détournement de l’Europe, principal partenaire économique et investisseur étranger en Tunisie, vers l’Europe de l’est à la suite de la chute du mur de Berlin et les errements de la diplomatie tunisienne qui n’a pas su négocier avec suffisamment de tact et de vision ce virage géostratégique, ont accéléré le processus d’érosion de la compétitivité et de marginalisation internationale de la Tunisie.
L’engouement international suscité par la pseudo «révolution de la liberté et de la dignité» ou plus romantiquement «la révolution du jasmin» n’a été qu’un bref intermède éphémère et sans effet palpable car la réalité bureaucratique et socio-économique était restée figée malgré les nombreux slogans de «start up economy» ou «invest in democracy» pour révéler un environnement des affaires en dégradation continue et même, à certains égards, accélérée.
Le désastre écologique et sanitaire de Gabès et de nombreux autres sites industriels dégradés par de mauvais choix d’activités polluantes et non créatrices d’emplois suffisamment rémunérateurs car nécessitant une main d’œuvre inférieure à ce qu’offre la Tunisie (l’exode de dizaines de milliers d’ingénieurs n’en est qu’un symptôme), ont fait de nombreuses zones industrielles tunisiennes des cimetières d’entreprises ou carrément pour les citoyens tunisiens en raison d’un environnement sérieusement dégradé ou carrément morbide.
Inertie et résistance au changement
Le paradoxe de la Tunisie, c’est une volonté de changement brouillée et contrecarrée par la mainmise de l’administration et de quelques familles sur l’économie profitant du statu quo et représentant un formidable facteur d’inertie et de résistance au changement.
La classe politique n’a malheureusement pas été au rendez-vous car motivée par les attributs du pouvoir et non par un changement rationnel, durable et inclusif.
Comment faire sauter ce verrou et instaurer le changement vers une économie innovante et vibrante avec des coûts socio-économiques tolérables pour instaurer une dynamique d’innovation, d’entrepreneuriat et d’équité sociale durable et inclusive ?
Telle sera la question à laquelle devra répondre tout candidat à la direction du pays et non pas un quelconque tour de passe-passe idéologique ou sentimental pour nous entraîner vers l’inconnu ou nous faire revenir à un passé qui a montré ses limites et son anachronisme.
Malheureusement, l’offre politique de tout bord ne semble pas répondre depuis un quart de siècle, de manière suffisamment rationnelle et convaincante, à cette exigence fondamentale et existentielle, dans une Tunisie considérée comme l’ombre d’elle-même et des fois, peut être avec un brin d’exagération, comme une embarcation en perdition à la merci des courants et des vents, surtout ceux en provenance de l’ouest dont l’histoire regorge de souvenirs douloureux : de l’antiquité avec la destruction de Carthage à la vague rampante de la colonisation française, et plus récemment, les réseaux de contrebande et de terrorisme rejoints par les vagues de migrants en provenance d’Afrique subsaharienne.
Dans un jardin, chaque plante a ses besoins en eau. Le jasmin réclame de l’attention, l’olivier résiste à la sécheresse, le cactus vit là où la rose se flétrit. Si le jardinier oublie cela, certaines plantes se fanent et d’autres pourrissent. La société, c’est la même chose : élites et peuple n’ont pas les mêmes attentes, mais leur destin est lié. Quand l’équilibre se perd, c’est tout le jardin qui s’abîme.
Manel Albouchi *
Aujourd’hui, cet équilibre est menacé. Les élites parlent un langage compliqué, réservé à elles-mêmes. Le peuple, lui, se réfugie dans des slogans courts et rassurants. Entre les deux, le fossé s’élargit et la démocratie se fragilise.
Bourguiba avait compris cette tension. Formé dans les grandes écoles en France, il aurait pu rester enfermé dans un langage d’élite. Mais il avait le talent rare de traduire les grandes idées en images simples. Il parlait du pain, de l’école, de la femme, de la santé. Il expliquait longuement, comme un instituteur patient.
Il ne cherchait pas à séduire par des promesses faciles, mais à instruire pour que chacun comprenne. C’est ce qui a marqué son époque : il fut à la fois un père qui explique et un maître qui enseigne. Bien sûr, cette pédagogie avait aussi ses limites : le peuple restait souvent en position d’élève, sans vraie possibilité de répondre.
Le raccourci des slogans
Aujourd’hui, la logique est inversée. Le populisme ne cherche plus à élever, mais à séduire. Il ne donne pas des explications, il lance des slogans. Il flatte la colère, la peur, l’indignation.
Comme le montre le politologue Christophe Jaffrelot, le populisme oppose toujours un «peuple pur» à des «élites corrompues», en utilisant un langage simple, émotionnel, direct. Mais il va plus loin : il mobilise la peur et la colère, moralise l’adversaire et personnalise à l’extrême le pouvoir via l’héroïsation du leader et sa relation «directe» au peuple.
Là où Bourguiba essayait de rendre le peuple adulte par la pédagogie, le populisme tend à le maintenir dans l’illusion.
Du démon au complot
Il y a pourtant une continuité psychologique. Autrefois, quand une personne faisait une crise d’angoisse ou entendait des voix, on disait qu’elle était possédée par des djinns ou des démons. C’était une manière d’expliquer ce que l’on ne comprenait pas.
Freud, dans ‘‘Totem et Tabou’’ (1913), expliquait déjà que les sociétés anciennes donnaient un visage invisible à ce qui leur faisait peur. Elles projetaient leurs angoisses sur des forces surnaturelles, pour transformer l’incompréhensible en récit.
Aujourd’hui, la même structure existe encore. Quand une décision politique paraît injuste ou une crise difficile à comprendre, beaucoup se tournent vers la théorie du complot. Ce ne sont plus les djinns qui manipulent, mais des «puissances cachées».
Les chercheurs en psychologie (Karen M. Douglas, Alexandra Cichocka et Robbie M. Sutton2017) montrent que ces croyances ne sont pas anodines : elles répondent à trois besoins fondamentaux
comprendre ce qui échappe;
reprendre un sentiment de contrôle, et;
se sentir appartenir à un groupe qui «sait».
Mais cette explication ne résout rien : elle rassure un instant, tout en alimentant la méfiance et la division.
La Tunisie miroir vivant de ces mécanismes
Ces recherches ne sont pas seulement théoriques. Elles se vérifient chaque jour sur le terrain tunisien.
Quand la population, face à la crise économique ou politique, cherche des explications simples et rassurantes, elle illustre exactement ce que décrivent Douglas et ses collègues : le besoin de sens, de contrôle et d’appartenance. Les rumeurs de complot circulent dans les cafés, sur les réseaux sociaux, comme autrefois les récits de djinns et de malédictions.
De la même manière, les émotions politiques analysées par Jaffrelot (peur, colère, héroïsation du leader, relation «directe» et accolades avec le peuple) se lisent à ciel ouvert dans les discours quotidiens.
La Tunisie est ainsi un laboratoire à vif de la psychologie politique contemporaine : un pays où se dévoilent sans fard les mécanismes universels de la peur collective, du besoin de figures protectrices et du risque de manipulation.
Comment retrouver l’équilibre ?
La liberté se perd quand les élites méprisent et que le peuple s’enflamme. C’est entre le mépris d’en haut et la colère d’en bas que naît le despotisme.
La Tunisie a besoin aujourd’hui d’une nouvelle médiation vivante :
des élites qui expliquent clairement sans jargon ni mépris;
un peuple qui refuse les illusions faciles et accepte l’effort de compréhension.
Sans cette médiation, le jardin se dérègle. Certaines plantes meurent de soif, d’autres se noient. Et dans ce déséquilibre, ce sont toujours les mauvaises herbes qui prospèrent.
Exilé volontaire et éternel voyageur, Tahar Bekri ne s’est jamais lassé d’évoquer le pays natal qu’il porte désormais en lui, pays intérieur paré d’une beauté accentuée par la douleur de la séparation et l’éloignement des souvenirs. Après nous avoir gratifié du ‘‘Livre des souvenirs’’ (Elyzad, Tunis, 2014), sorte de Carnets de voyage où il évoque des souvenirs de retour au pays natal, le voici mettant ses mémoires en poèmes : représentation du pays dominée par une grammaire onirique où les souvenirs surgissent à travers des tableaux dont l’ordre d’apparition dit l’éclatement de la vision.(Photo: Anne Savale).
Ahmed Mahfoudh *
Et ce n’est pas des moindres de constater que les mémoires mis en poèmes, est un genre qui privilégie l’épaisseur du sujet sur l’intérêt de l’objet. De ce point de vue, le pays est une vision intérieure tapie au fond de son cœur, qui lui permet d’affronter l’exil, le froid et la solitude. Tout est donc vécu en termes de souvenirs brûlants, flots de mémoire qui l’envahissent au caprice des jours sans liens avec le temps objectif, mais au gré de cette mémoire affective, sorte de noyau aimanté qui capte les souvenirs tournoyants autour de lui : «Je te porte pays/ Haute vague dans les flots des mémoires/ Des rivages miens/ Les voiles résistant aux tempêtes/ Je n’oublie pas…»
La geste mémorielle
Ainsi, le poète se met en scène en train de se souvenir, il devient lui-même objet de la quête et montre comment la geste mémorielle l’a transformé, l’amenant à accepter son destin et à se réconcilier avec la vie. Tel est le sens de cet hommage au dernier poème de Robert Desnos, à travers l’image d’un Sisyphe heureux : «Parfois je pensais à Robert Desnos/ Et à son dernier poème/Cette crainte installée dans le vers/Sisyphe je repoussais l’éclipse/ Pour voir ton soleil…»
On retrouve également dans ce poème à Desnos la signification de la métaphore de la braise et la brûlure qui constitue le titre : le souvenir du pays natal est une flamme qu’il faut entretenir si on veut survivre, même si paradoxalement la brûlure en est si vive qu’on risque d’y laisser la vie. Tel est le sens de la métaphore du papillon : «Je te disais la brûlure du papillon/ La lampe gardeuse de la flamme/ La vie tenant à quelques rayons.»
Une autre spécificité des mémoires écrits en poème est l’ordre dans lequel apparaissent les souvenirs. Nous avons d’abord, une structure ordonnée et cohérente à travers 55 poèmes. En ouverture, le poète rend hommage au pays, à travers la figure de répétition de «Je te porte pays» à laquelle répond en écho : «Tu me portais pays» comme si l’hymne au pays natal constituait une dette de reconnaissance.
Puis le poète évoque de manière linéaire trois périodes de sa vie au pays natal : l’enfance entre Sfax et Gabès (poèmes 5 à 15) ; la période estudiantine à Tunis (poèmes 16 à 29) et enfin l’exil entrecoupé de retrouvailles avec le pays (poèmes 30 à 53). En finale, deux poèmes (54 et 55) pour exprimer sa réconciliation avec la vie malgré les nombreuses ruptures et la douleur de l’exil : «Il y a des êtres/comme des rayon de soleil/Nécessaires à la vie/ Ouvre le jour/ Pour leur dire/ Le monde est une merveille.»
C’est une structure très équilibrée, close et à progression linéaire. Tahar Bekri après avoir évoqué les souvenirs du pays natal, exprime son émerveillement d’être, non seulement en vie, mais réconcilié avec la lumière malgré les péripéties douloureuses de sa vie faite de séparations et d’exil. A l’origine de sa résilience, l’activité poétique comme mode de survie et «le poème comme seul compagnon», p. 29.
Et pourtant l’ordre n’est que de surface, de temps en temps surgissent des souvenirs sauvages qui n’obéissent pas à l’ordre chronologique, tel le souvenir douloureux de la mort de la mère et de la séparation avec la maison natale, un exil intérieur avant l’exil proprement dit.
La métaphore du train
C’est que le poète est fils de cheminot, avec tous les aléas que comporte ce métier, ayant trainé son enfance de ville en ville, au gré des affectations professionnelles de son père. Le train lui-même devient métaphore d’une vision subie, non maitrisée, un défilement arbitraire des paysages que le voyageur appréhende le front contre la vitre («ces veilleurs de chagrin», Eluard) : «Il me souvient des trains cahoteux/ Châteaux sur les rails de fortune/ Lourdes roues klaxons et vitesse de tortue/ Et moi collé à la vitre reconnaissais tes paysages un à un/Je scrutais tes oliveraies à l’infini/ Leur disais mes départs difficiles…»
L’exil des poètes n’est jamais forcé («ghorba»). Il est converti en choix poétique et humaniste. Car Tahar Bekri a profité de son séjour français pour être au centre de la poésie francophone et mondiale. L’une des fonctions magiques de la poésie consiste à transformer les drames de vie en autant d’expériences enrichissantes et de réconcilier l’homme avec son destin. De ce fait, l’exil devient volontaire («taghrib») quête de symbiose et le poète se sent en paix avec lui-même, aussi bien dans sa patrie natale que dans celle qui l’a accueilli.
* Ecrivain et universitaire.
Tahar Bekri, ‘‘Mon pays, la braise et la brûlure’’, Paris, Asmodée Edern (poétiques), 2025.
Le Club culturel Tahar Haddad de Tunis s’apprête à donner le coup d’envoi de la saison culturelle 2025/2026 avec la deuxième édition de son festival Jazzmean,
Sous le patronage de la Délégation régionale des affaires culturelles de Tunis, le club organise la deuxième édition de Jazzmean, qui se tiendra du 24 au 27 octobre 2025.
Vendredi 24 octobre 2025 : 11h00 : Masterclass avec Omar Elouer 19h00 : Concert 𝑴𝒖𝒔𝒌 𝑻𝒓𝒊𝒐 d’Omar Elouer
Samedi 25 octobre 2025 : 11h00 : Masterclass avec Wassim Ben Rahouma 19h00 : Concert du groupe Wassim Ben Rahouma
Dimanche 26 octobre 2025 : 19h00 : Concert 𝑩𝒐𝒑 𝑬𝒍𝒂𝒕𝒊𝒐𝒏 de Ahmed Ajabi Sextet
Lundi 27 octobre 2025 : 19h00: Concert 𝑻𝒂𝒒𝒂𝒔𝒊𝒎 𝑹𝒆𝒗𝒊𝒗𝒂𝒍 𝑺𝒆𝒙𝒕𝒆𝒕 de Fawzi Chekili Les billets sont à 10d disponible le jour du spectacle au club.
L’historien et universitaire Ali Mahjoubi, ancien doyen de la Faculté des sciences humaines et sociales de Tunis, a tiré sa révérence ce lundi 20 octobre 2025.
Doyen de la faculté des sciences humaines et sociales de Tunis entre 1993 et 1996, Ali Mahjoubi est spécialiste de l’époque contemporaine et ses travaux ont été axés sur le Monde arabe et la décolonisation dans les pays du Maghreb.
Ali Mahjoubi natif de Jebiniana, a également été chercheur à l’Institut supérieur d’histoire du mouvement national et membre de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique.
Plusieurs universitaires ont exprimé leur tristesse de la perte « d’un grand homme, dont le souvenir est inébranlable, un professeurs au cours magistral, qui a formé des générations d’historiens, leur transmettant l’exigence méthodologique, l’honnêteté intellectuelle et le courage de penser contre les récits dominants ».
Plus de 29 tonnes de produits alimentaires et plus de 4.000 litres d’eau impropres à la consommation ont été saisis dans plusieurs régions du pays.
C’est ce qu’annonce l’Instance nationale de la sécurité sanitaire des produits alimentaires (INSSPA) après une nouvelle vague de campagnes de contrôle menée par ses équipes en coordination avec les forces sécuritaires et les autorités municipales.
L’INSSPA indique que les équipes ont saisi des légumes avariés, notamment plus de 13 tonnes de citrouilles à Nabeul, 210 kg de pêches à Bizerte ou encore du fromage à Béja.
Les équipes ont aussi saisi de la viande à Zaghouan, à Ben Arous et à Fouchana, du poisson à Sidi Bouzid ainsi que 10 tonnes d’olives, de harissa et d’épices à Tunis, parmi d’autres saisies effectuées lors de ces récentes campagnes.
L’INSSPA a aussi annoncé la saisie de 3.117 litres d’eau minérale exposée au soleil et mille litres d’eau de puits vendue sans autorisation et de source inconnue.
Le Parquet près le Tribunal de première instance du Kef a ordonné la mise en détention d’un fonctionnaire à l’Inspection de l’enseignement primaire et d’un agent à la Délégation régionale de l’Éducation au Kef.
Ils sont poursuivis pour suspicion de falsification d’un contrat de travail au profit d’une diplômée de l’enseignement supérieur, indique Mohamed Amine Ayari, substitut du Procureur de la République et porte-parole dudit Tribunal, dans une déclaration à l’Agence Tap ce lundi 20 octobre 2025.
Les deux suspects ont été placés en détention sur ordre du ministère public , indique la même source, sachant que selon les enquêtes préliminaires, les deux accusés auraient, il y a quelque temps, fourni à une diplômée de l’enseignement supérieur un faux contrat de travail falsifié, prévoyant son recrutement en tant que fonctionnaire à l’Inspection de l’enseignement primaire…
Le ministère de l’Intérieur a annoncé le démantèlement de plusieurs réseaux de spéculation au cours de différentes opérations menées à travers le pays.
Dans un communiqué publié hier soir, dimanche 19 octobre 2025, le ministère précise que les unités sécuritaires ont mené simultanément une série de descentes dans des entrepôts et des abattoirs opérant en dehors des cadres légaux situés dans plusieurs gouvernorats du pays.
Celles-ci ont abouti à la saisie de grandes quantités de produits alimentaires, stockés illicitement à des fins de spéculation, indique encore le département de l’Intérieur, en affirmant que des procès-verbaux ont été établis et que les contrevenants ont été interpellés et déférés devant la justice.
Quant aux produits saisis, ils ont été injectés dans les circuits de distribution officiels, indique encore le ministère.
La Société des transports de Tunis (Transtu) a annoncé ce lundi 20 octobre 2025 qu’une enquête a été ouverte afin de déterminer les circonstances exactes et les responsabilités dans l’accident impliquant deux rames de métro, survenu ce midi au niveau de la zone de Meftah Saadallah.
Selon le communiqué de la Transtu, l’accident a fait plusieurs blessés parmi les voyageurs et un agent en service, mais sans gravité, souligne la même source en évoquant principalement des cas de panique.
Les blessés ont été transportés aux hôpitaux les plus proches, où ils ont reçu les soins nécessaires ainsi qu’une prise en charge psychologique, lit-on encore dans le communiqué.
La Transtu rappelle aussi avoir mobilisé des bus pour assurer le transport des usagers en attendant le rétablissement de la circulation normale sur les deux lignes concernées (la 3 et la 5), qui a finalement repris cet après-midi.
Une délégation du Ministère du Transport, incluant le Bureau des enquêtes et des accidents, s’est déplacée sur les lieux de la collision. Une commission d’enquête spécialisée, relevant de la Transtu, a également été mise en place pour enquêter sur les causes exactes de l’accident, en déterminer les circonstances et établir les responsabilités.
Il a fallu attendre plus de trois semaines de protestations quotidiennes de la population contre la pollution industrielle à Gabès pour qu’on apprenne enfin, ce lundi 20 octobre 2025, que cette crise est due au… non-parachèvement de six projets programmés dans ce gouvernorat et qui visent à maîtriser les rejets de gaz et améliorer la situation environnementale dans cette région qui s’énorgueillit d’abriter l’unique oasis maritime au monde. C’est bon à savoir, mais pourquoi avoir attendu si longtemps pour l’‘annoncer ?
Latif Belhedi
C’est le ministre de l’Equipement, Salah Zouari qui a fait cette déclaration aujourd’hui lors d’une séance à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) consacrée à la crise larvée à Gabès, à laquelle prenait part aussi le ministre de la Santé Mustapha Ferjani.
La crise, rappelons-le, a été déclenchée le 27 septembre par l’asphyxie de plusieurs élèves suite à des émissions de gaz toxiques des unités du Groupe chimique tunisien (GCT). On peut donc estimer que cette annonce gouvernementale est venue avec un retard que rien ne peut justifier.
Le ministre Zouari, qui a n’a pas cru devoir expliquer pourquoi l’exécution de ces 6 projets a-t-elle été retardée, s’est contenté de préciser que leur coût global s’élève à 200 millions de dinars, que les études et financements y afférents sont disponibles, tout en annonçant le démarrage immédiat des travaux pour leur finalisation, ajoutant qu’ils sont à divers états d’avancement.
Outre les interventions immédiates prévues, il existe des projets complémentaires qui seront mis en œuvre au cours d’une seconde phase. Leur financement, estimé à 180 millions de dinars, est actuellement en cours de négociation avec la Banque africaine de développement (BAD), a aussi annoncé M. Zouari, le but étant d’«améliorer la situation environnementale dans la région et de garantir un environnement sain pour tous», selon ses termes.
Des mesures d’urgence exceptionnelles seront prises afin de relancer les travaux et c’est ce qui a fait l’objet de discussions lors de la réunion, samedi dernier, entre le ministre de l’Equipement et l’ambassadeur de Chine à Tunis, Li Wang. Une équipe d’experts chinois se rendra d’ailleurs demain à cet effet aux usines du GCT à Gabès
Concernant les rejets de phosphogypse directement dans la mer Méditerranée, Salah Zouari a souligné la nécessité de mettre fin à cette pratique sans fixer une date ou un délai pour cela, se contentant de parler d’une aire de stockage de ces rejets pour leur revalorisation et leur réutilisation dans les travaux de bâtiment.
«Si ces projets programmés avaient été achevés dans les délais initialement impartis, on aurait pu en programmer d’autres pour l’amélioration de la situation environnementale et la réhabilitation totale des unités industrielles au profit du développement agricole et économique du pays», a conclu le ministre, sans préciser les causes exactes qui sont derrière le retard mis dans l’achèvement des projets en cours. Sont-elles bureaucratiques, financières ou autres ?
Il reste dépendant à espérer que ces annonces convaincront les habitants de Gabès, qui continuent de protester pour exiger la fermeture pure et simple des unités du GCT, et les rassureront sur les véritables intentions du gouvernement qui est resté, jusque-là, insensible à leurs souffrances et les a longtemps abandonnés à leur sort.
Cela dit, il reste une question que les habitants de Gabès, et pas seulement eux, se posent : pourquoi ces annonces ont-elles été faites à Tunis et non à Gabès ? Et pourquoi, à ce jour, aucun haut responsable de l’Etat n’a cru devoir aller à la rencontre des Gabésiens ?
La ruée mondiale vers les terres rares et autres minéraux critiques s’accélère, et le cabinet de conseil financier deVere Group estime qu’elle constituera l’un des thèmes d’investissement déterminants de 2026, alors que les États-Unis et la Chine intensifient leur lutte pour le contrôle des matières premières qui alimentent l’économie moderne.
Nigel Green, directeur général de deVere Group, déclare : «Les terres rares sont passées de la périphérie du marché des matières premières au cœur de la stratégie mondiale. La bataille pour leur sécurisation façonnera les décisions commerciales, technologiques et d’investissement pour les années à venir.»
Les minéraux, essentiels aux véhicules électriques, aux smartphones et aux systèmes d’armement avancés, ont longtemps été dominés par la Chine, qui contrôle actuellement environ 70 % de l’exploitation minière et près de 90 % des capacités de traitement, ce qui expose fortement les fabricants mondiaux aux décisions politiques de l’Empire du Milieu.
Une «guerre» larvée sino-américaine
Cette domination est aujourd’hui remise en question par l’administration Trump, qui a fait des terres rares une priorité nationale, investissant massivement dans la production aux Etats-Unis et dans les pays alliés.
Les Etats-Unis ont pris des participations dans des sociétés minières nord-américaines, proposé un prix plancher soutenu par le gouvernement pour stabiliser l’offre et élaboré des plans pour la constitution d’une réserve minérale stratégique. Les procédures d’autorisation sont accélérées et les règles environnementales ont été assouplies pour accélérer la construction de mines dans le cadre de la politique dite «mine, baby, mine».
La Chine contrôle actuellement environ 70 % de l’exploitation minière et près de 90 % des capacités de traitement.
«L’intervention de Washington marque le début d’un nouveau cycle industriel», estime Nigel Green. Il ajoute : «Les États-Unis veulent reprendre le contrôle de leurs chaînes d’approvisionnement et réduire leur vulnérabilité face à Pékin. Il ne s’agit pas seulement d’une mise en scène politique; il s’agit de la plus grande initiative coordonnée en faveur de la sécurité des ressources depuis une génération.»
Dans le même temps, la Chine a resserré son emprise. Pékin a imposé de nouveaux contrôles à l’exportation, obligeant les entreprises à obtenir une autorisation avant d’expédier des aimants contenant des traces de terres rares d’origine chinoise. Elle a également ajouté cinq éléments supplémentaires, à savoir l’holmium, l’erbium, le thulium, l’europium et l’ytterbium, à sa liste restreinte.
«La Chine démontre que le contrôle de l’offre implique le contrôle des marchés», déclare le PDG de deVere, estimant que «les États-Unis et leurs alliés sont désormais contraints de construire des chaînes d’approvisionnement alternatives, ce qui entraîne une vague d’investissements sans précédent en Australie, en Amérique du Nord et dans certaines régions d’Afrique». D’autant plus que, comme il l’explique, «les marchés financiers suivent la géopolitique.»
Changement de paradigme générationnel
«Les implications en matière d’investissement sont considérables. Il s’agit d’une transformation sur plusieurs années, et non d’un scénario à court terme. Les infrastructures et les capacités de raffinage ne se construisent pas du jour au lendemain. Les investisseurs qui se positionnent tôt bénéficieront des flux de capitaux soutenus vers les ressources stratégiques», expliquent encore les analystes de deVere, en prévoyant une volatilité persistante du secteur, des interventions des gouvernements et des annonces politiques influençant les prix.
«Ces marchés ne fluctueront pas uniquement en fonction des bénéfices. Ils fluctueront en fonction des politiques. Chaque restriction à l’exportation, chaque participation gouvernementale, chaque partenariat stratégique aura un impact sur le marché. Cette volatilité peut créer des opportunités pour les investisseurs disciplinés», analyse Nigel Green. Et de poursuivre : «La diversification de la chaîne d’approvisionnement, de l’extraction minière au raffinage en passant par les technologies de recyclage, sera essentielle. Il s’agit de sécuriser les systèmes qui assurent la continuité des économies. Les investisseurs qui en seront conscients seront les gagnants à long terme.»
Conclusion de l’expert économique et financier : «Les terres rares sont au carrefour de la politique industrielle, des énergies propres et de la sécurité nationale. La compétition pour leur contrôle sera déterminante en 2026. L’ampleur des investissements déjà en cours montre la rapidité avec laquelle le monde s’adapte à une nouvelle réalité économique. Il s’agit d’un changement de paradigme générationnel dans la création de valeur.»