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Tunisie : la journaliste Khaoula Boukrim dans le collimateur

La journaliste Khaoula Boukrim (au centre de l’image), l’une des dernières voix de la presse libre en Tunisie, vient d’être rattrapée, elle aussi, par l’implacable radar d’un régime qui supporte de moins en moins les journalistes qui croient pouvoir encore exercer leur métier en toute indépendance et en toute neutralité.

Khaoula a en effet reçu, samedi 9 novembre 2024, une convocation pour comparaître devant la brigade criminelle de Ben Arous, banlieue sud de Tunis, demain, lundi 11 novembre, en tant que «suspecte». De quoi au juste ? Notre consœur, qui a annoncé cette nouvelle sur les réseaux sociaux, ne l’a pas précisé car elle ne le sait pas elle-même. Mais on ne tardera pas à le savoir. On imagine cependant que le «crime» dont elle serait soupçonnée est en lien avec sa profession de journaliste.  

Il faut dire que malgré que tous les clignotants rouges qui ont obligé la majorité de ses collègues à rentrer dans les rangs et à éviter de publier la moindre information ou opinion qui dérangerait le pouvoir en place, Khawla Boukrim a continué à faire son travail comme le lui dictent les règles du métier, ainsi que sa conscience de femme et de citoyenne qui refuse de céder sur ses droits les plus élémentaires.

La journaliste a donc continué à informer sur la situation des droits en Tunisie et à donner la parole aux opposants et aux familles des détenus politiques, comme le lui dicte d’ailleurs la déontologie de la presse, dont l’un des principes les plus sacrés reste la neutralité, et la neutralité vis-à-vis de toutes les parties, y compris, bien entendu, celles au pouvoir.   

En attendant d’en savoir plus sur les «reproches» faits à Khaoula Boukrim ou les «crimes» dont on la soupçonne, formons l’espoir qu’elle ne sera pas, à son tour, incarcérée et qu’elle n’ira pas grossir les rangs des journalistes incarcérés pour des «délits» en lien avec l’exercice de leur métier, comme Chadha Haj Mbarek, Mohamed Boughalleb, Mourad Zeghidi, Borhen Bsaies ou autres Sonia Dahmani.

Rappelons que Khaoula Boukrim avait reçu en 2021 le Prix Lina Ben Mhenni de la liberté d’expression, décerné par la Délégation de l’Union européenne en Tunisie, pour un article intitulé : «La loi sur les drogues: un sort obscur pour les jeunes dans les prisons, et le remède est inexistant.»  

I. B.

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 Football : une équipe de Tunisie new look à l’assaut de l’Afrique

L’entraîneur par intérim de la Tunisie, Kais Yaacoubi, a apporté des changements importants à son équipe pour les matches cruciaux des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations TotalEnergies CAF 2025 de cette semaine, avec le capitaine Youssef Msakni ( photo) parmi les dix joueurs exclus de l’équipe. Entre autres notables changements…

Il faut dire que lors des derniers matches des Aigles de Carthage, celui que ses compatriotes surnomment Ennems n’a pas été particulièrement étincelant et ses coups de génie ont manqué à ses coéquipiers quelque peu empruntés eux aussi.

Dans une refonte audacieuse de l’effectif, l’entraîneur de 58 ans a rappelé plusieurs joueurs tout en fermant la porte à des noms établis, dont le gardien de l’Espérance Bechir Ben Said, qui ne joue plus depuis le début de la saison, et Sabri Ben Hassen du CS Sfaxien.

Pour ce qui est des gardiens, on constate le retour d’Aymen Dahmen et Moez Ben Cherifia, qui ont joué pour la dernière fois en équipe nationale respectivement en juin et mars 2023, tandis qu’Amanallah Memmiche conserve son poste de premier gardien.

La ligne défensive a subi une transformation significative avec Hamza Mathlouthi, Amin Cherni et Ali Abdi qui ont été rappelés, remplaçant Raed Bouchniba, Mohamed Amine Ben Hamida et Houssem Ben Ali.

Au milieu de terrain, Idriss El Mizouni et Hadj Mahmoud ont été réintégrés, tandis que les milieux de terrain confirmés Ferjani Sassi et Houssem Tka ont été exclus du groupe.

L’attaque a connu la refonte la plus spectaculaire, avec quatre joueurs qui ont cédé la place, dont le capitaine vétéran Youssef Msakni, Seifeddine Jaziri, Chiheb Jebali et Bilel Mejri.

Leurs places ont été prises par les attaquants de retour Amor Laayouni, Sayfallah Ltaief, Haythem Jouini et Nabil Makni, tandis que Rabii El-Homri de l’Olympique Béja et Hazem Mastouri de l’US Monastir reçoivent leurs premières convocations.

L’équipe Tunisie, actuellement en tête du groupe A, affrontera Madagascar à Pretoria le 14 novembre avant d’accueillir la Gambie quatre jours plus tard à Tunis, avec la qualification pour la CAN 2025 en jeu.

La position de la Tunisie en tête du groupe A reste précaire, avec les Comores à un point seulement et la Gambie à deux points.

Ces prochains rendez-vous seront cruciaux pour déterminer a qualification de l’équipe pour la Coupe d’Afrique des Nations TotalEnergies CAF 2025. Elle sera regroupée dès cette semaine pour préparer son premier match de qualification contre Madagascar, où elle cherchera à renforcer son emprise sur le groupe A et à se rapprocher de la qualification pour la compétition continentale.

Joueurs convoqués

Gardiens : A. Memmiche, A. Dahmen, M. Ben Cherifia.

Défenseurs : W. Kechrida, M. Talbi, Y. Meriah, N. Ghandri, H. Mathlouthi, A. Ghram, A. Abdi, A. Cherni.

Milieux de terrain : E. Skhiri, A. Laidouni, H. Rafia, H. Mejbri, M. A. Ben Romdhane, I. El-Mizouni, M. Hadj Mahmoud.

Attaquants : A. Laayouni, S. Ltaief, N. Makni, R. El-Homri, A. Haj Mohamed, B. Aït-Malek, H. Jouini, H. Mastouri.  

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Kairouan : un homme de 40 ans décède après avoir été emporté par des inondations

Un homme est décédé dans la nuit du samedi 9 au dimanche 10 novembre 2024, après avoir été emporté par des pluies torrentielles dans l’Oued Al-Hasyan, traversant les délégations d’Ain Djeloula et de Sbikha dans le gouvernorat de Kairouan.

La victime a tenté de traverser un ouvrage hydraulique lorsque les eaux des fortes pluies l’ont fait tomber dans la rivière susmentionnée, a indiqué le communiqué du directeur régional de la protection civile, le général de brigade Hamdi Loussif.

Ce dernier a ajouté que des agents de la protection civile, aidés par des citoyens, ont réussi à sauver l’homme et à le transférer en ambulance à l’hôpital universitaire Ibn Al-Jazzar de Kairouan, mais il est décédé avant de recevoir les premiers soins.

La victime, âgé de 40 ans, est originaire de la délégation d’Ain Djeloula et travaille dans une cimenterie.

Les agents de la protection civile à Oueslatia ont également pu récupérer un camion léger avec deux personnes à bord après que le véhicule ait été emporté par les eaux à Oued Al-Hasyan dans les environs de Ain Djeloula, indique une source de la protection civile citée par Mosaïque.

Les blessés ont été transférés à l’hôpital universitaire Ibn Al-Jazzar de Kairouan pour y être soignés et leur état de santé est jugé stable.

Il est à noter que les délégations d’Ain Djeloula et de Oueslatia ont été le théâtre d’importantes précipitations qui ont provoqué le débordement de certaines rivières, comme Oued Al-Hasyan.

I. B.

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Tunisie : mesures en faveur de la filière de l’huile d’olive

Le ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche a annoncé, dans un communiqué publié samedi 9 novembre 2024, une série de mesures importantes en faveur des  oléiculteurs et des intervenants dans la filière de l’huile d’olive.

Selon ce communiqué, l’Office national de l’huile (ONH) a entamé la phase d’achat de quantités d’huile d’olive à des prix prenant en considération ceux en vigueur sur le marché intérieur et extérieur, tout en mettant les capacité de stockage de l’ONH, à travers ses centres régionaux, à la disposition des agriculteurs et des producteurs afin qu’ils puissent y stocker leur production conformément à leurs besoins.

Il a été aussi décidé de mettre en place un plan pour financer le stockage d’une quantité d’huile d’olive chez les producteurs, et ce dans le cas où la baisse des prix se poursuivra sur le marché intérieur. Et de maintenir, également, en vigueur la mesure relative à la prolongation de trois mois du délai de remboursement des prêts saisonniers par les agriculteurs et les propriétaires de pressoirs.   

Un accord a, par ailleurs, été trouvé avec les banques pour garantir le financement des intervenants dans la filière d’huile d’olive, ainsi que la bonne marche de la saison oléicole.

Une cellule a été créée à cet effet, qui assurera la coordination avec les comités de suivi au niveau régional. Sa tâche consiste à aplanir les difficultés et à suivre l’avancement de la saison oléicole : de la cueillette des olives, de leur transformation, de leur commercialisation et de l’évolution des prix sur les plans intérieur et extérieur.

I. B.

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Vers la création d’une zone de libre échange Russie-Tunisie

Anton Kobyakov a indiqué que la Fédération de Russie œuvre pour la création de zones de libre échange (ZLE) avec 4 pays arabes qui sont la Tunisie, l’Egypte, l’Algérie et le Maroc, rapporte nos confrères de Diwan sans citer de source.

Le conseiller de Vladimir Poutine, qui aurait fait cette déclaration samedi 9 novembre 2024, en marge de la réunion ministérielle organisée dans le cadre de la Conférence Russie-Afrique, à Sotchi (9-10 novembre), a ajouté que les négociations des accords relatifs à ces zones ont déjà commencé, en soulignant l’intérêt de son pays pour le renforcement de la coopération avec les pays africains dans les domaines du commerce et de l’investissement.

Il convient de préciser que le communiqué du ministère des Affaires étrangères, des Tunisiens à l’étranger et de la Migration, qui a rendu compte de la rencontre samedi à Sotchi entre le chef de la diplomatie tunisienne Mohamed Ali Nafti et son homologue russe Serguei Lavrov n’a pas fait état de négociation entre Tunis et Moscou à propos de cette ZLE.     

I. B.

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La Tunisie a intérêt à développer ses liens avec la Russie

La rencontre entre les chefs de la diplomatie tunisienne Mohamed Ali Nafti et son homologue russe Serguei Lavrov, samedi 9 novembre 2024, a permis d’examiner divers aspects de la coopération entre la Tunisie et la Russie et d’envisager les moyens de la développer dans les domaines commercial, économique, scientifique, médical, pharmacologique et universitaire, sachant que plus de 1900 étudiants tunisiens poursuivent leurs études dans des universités russes.

Imed Bahri

Ces thèmes seront abordés lors de la prochaine session de la Commission mixte tuniso-russe à Moscou, a indiqué un communiqué du ministère tunisien des Affaires étrangères, des Tunisiens à l’étranger et de la Migration, ajoutant que les deux responsables ont échangé leurs points de vue sur un certain nombre de questions régionales et internationales d’intérêt commun.

La rencontre a eu lieu à l’occasion de la première réunion ministérielle de la Conférence Russie-Afrique, samedi et dimanche à Sotchi, à laquelle participe le ministre Nafti.  

Cette conférence ministérielle, qui a réuni des hauts responsables d’une cinquantaine de pays africains, est l’occasion pour Vladimir Poutine de démontrer l’échec de la politique d’isolement et de sanctions engagée contre son pays par les Etats occidentaux après l’assaut russe en Ukraine en février 2022. Le Kremlin entend apporter une nouvelle illustration du «monde multipolaire» qu’il veut promouvoir dans son face-à-face avec les Occidentaux.

Lavrov a d’ailleurs salué la participation de la Tunisie à cette réunion ministérielle visant à développer les investissements bilatéraux entre la Fédération de Russie et les pays africains.

Nafti a déclaré, de son côté, que ce genre de réunion contribue au développement du continent africain et à sa stabilité, en complément aux autres cadres de coopération au sein de l’espace africain.

Allié historique des Etats-Unis et de l’Union européenne, la Tunisie a obtenu en 2015 le statut d’allié majeur non membre de l’Otan. Elle participe aux conclaves organisés par cette organisation et abrite souvent des exercices militaires que celle-ci organise aux niveaux africain et méditerranéens. Elle reste donc solidement amarrée au bloc occidental, comme l’a voulu, dès les années 1960, le fondateur de l’Etat tunisien moderne, Habib Bourguiba, qui savait ce que son pays doit au soutien des Etats-Unis pour accéder à l’indépendance et mettre en œuvre ses premiers plans de développement.

Sur un autre plan, la Tunisie importe de Russie surtout du pétrole et des céréales et sa balance commerciale avec ce pays est historiquement et structurellement déficitaire.

Outre la diversification de ses relations et de ses alliances internationales pour éviter le harassant tête-à-tête avec un Occident unilatéraliste, hautain et condescendant, l’intérêt pour Tunis dans ses relations avec Moscou serait donc d’abord d’essayer de rééquilibrer les échanges bilatéraux et d’examiner les moyens de développer les exportations tunisiennes vers la Russie et l’augmentation des flux de touristes russes vers notre pays.

   

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Mary Trump : Portrait au vitriol d’une famille dysfonctionnelle au pouvoir

Alors que Donald Trump retrouve la Maison-Blanche en tant que 47ᵉ président des États-Unis, l’ouvrage explosif de sa nièce, Mary Trump, ‘‘Trop et jamais assez’’, est réédité en format poche en France.

Djamal Guettala

Ce livre, paru pour la première fois en 2020, et réédité dans la collection Points, offre une analyse psychologique percutante de la famille Trump, révélant comment des décennies de dysfonctionnements familiaux et de manipulations ont façonné un chef d’État sans empathie ni remords. Un «menteur pathologique», dira la nièce de son oncle, qui vient d’être réélu à la présidence des Etats-Unis, la première puissance mondiale.

Mary Trump, psychologue clinicienne et fille de Freddy Trump, l’aîné marginalisé de la fratrie, retrace l’influence de son grand-père, Fred Trump, qu’elle dépeint comme un homme froid et manipulateur, qu’elle n’hésite pas à qualifier de sociopathe.

Froideur et manipulation

Dans cette atmosphère familiale toxique, où la vulnérabilité était méprisée, Donald Trump aurait appris très jeune que seule la brutalité mène à la réussite, écartant compassion et authenticité.

Dans son livre, Mary Trump décrit l’impact de cette éducation sur chacun des cinq enfants Trump, marqués à vie par un modèle de valeurs où l’égoïsme prime. Freddy, le père de l’autrice, en est l’exemple le plus tragique : incapable de se conformer aux attentes implacables de Fred Trump, il sombre dans des problèmes d’alcool qui le conduiront à une fin précoce.

Ce destin contraste avec celui de Donald, qui, terrorisé par son père, aurait, selon Mary, intégré les leçons de froideur et de manipulation de son père pour se forger l’armure d’un homme insensible, instable et manipulateur, qui n’hésite pas à se servir des autres pour parvenir à ses fins.

Avec ce récit de famille troublant, Mary Trump met en lumière les ressorts psychologiques d’un homme qui domine la scène politique mondiale. En rééditant son ouvrage alors que Donald Trump entame son deuxième mandat, elle alerte sur les risques d’un chef d’État façonné par un environnement familial où l’ambition démesurée écrase toute notion de bienveillance.

À la fois mémoires personnelles et analyse clinique, ‘‘Trop et jamais assez’’ est une plongée au cœur de la névrose d’une famille toute-puissante, qui éclaire sur les origines d’une personnalité qui continue de diviser l’Amérique et de mettre son pays et le monde sur un volcan.

Dérangeant et chaotique

«Cette captivante saga d’une famille malheureuse, racontée par Mary Trump, n’est pas qu’un simple aperçu de l’univers intime et dérangeant de son oncle. C’est également un révélateur exceptionnel du fonctionnement chaotique de l’administration Trump», écrit The Boston Globe à la sortie de ce best seller hors-normes, vendu à plus d’un million d’exemplaires en seulement 48 heures lors de sa parution aux États-Unis, et qui a secoué un moment la campagne présidentielle américaine sans parvenir à dissuader une majorité d’Américains de donner une nouvelle fois leur voix à un homme dangereux de tout point de vue.

‘‘Trop et jamais assez’’, de Mary Trump, éd. Albin Michel, 7 octobre 2020, 336 pages.

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‘‘La révolution trahie’’ : Le crochet gauche de Hamma Hammami

Si aujourd’hui on en est de nouveau au pouvoir personnel en Tunisie, c’est bien parce que les forces de gauche ont servi les pouvoirs contre lesquels elles croyaient lutter, à leur corps défendant, au détriment de leur liberté et de leur crédibilité, et que la classe politique a été incapable d’oublier ses intérêts égoïstes pour le bien du pays.

Dr Mounir Hanablia *

La solution de continuité politique qualifiée de révolution en Tunisie s’est déroulée sous nos yeux, et pourtant si les faits ne souffrent aucune contestation, leur interprétation est loin de faire l’unanimité. Par exemple, on s’accorde à dire que Ben Ali est parti le 14 janvier 2011 dans l’après-midi, mais les circonstances donnent lieu à plusieurs narrations, depuis les ambitions personnelles de Ali Seriati jusqu’aux initiatives de membres (patriotes?) de la sécurité présidentielle, en passant par les traditionnelles manipulations de l’ambassadeur américain.

Or Ben Ali en partant comptait manifestement revenir, puisque Mohamed Ghannouchi, Abdallah Kallel et Fouad Mebazaa avaient au départ parlé de «vacance provisoire» du pouvoir, alors même que le clan Trabelsi était arrêté et empêché de quitter le territoire. C’est le lendemain que, la nuit portant sans doute conseil, on s’est mis à parler de «vacance définitive» avec Fouad Mebazaa nommé président à titre provisoire selon le processus constitutionnel du moment.

La révolution de… la continuité

On ne voit pas comment des personnalités aussi timorées réduites à l’obéissance la plus totale pendant des années ont pu de leur propre chef prendre une telle décision. On est donc obligé de considérer, faute de mieux, qu’une dichotomie s’était produite au plus haut sommet de l’Etat, entre les institutions sécuritaires et politiques dans l’après-midi du 14 janvier, vite été résorbée le lendemain, avec la proclamation de la vacance définitive. Puis il y a eu le gouvernement timoré de Mohamed Ghannouchi, intenable politiquement, remplacé par celui dit provisoire de Beji Caid Essebsi.

Dans tout cela quel rôle ont joué les masses populaires? Il y a eu certes les soulèvements de l’intérieur du pays avec celui des mines de phosphate de Redeyef depuis 2008, mais on ne voit pas pourquoi menaceraient-ils l’existence du régime.

Quant à considérer qu’il s’agit d’ une manifestation de la lutte des classes exprimée par des revendications salariales non satisfaites, ou de celle des masses populaires revendiquant la liberté et la démocratie, le jugement doit être nuancé, tant que le rôle des notables locaux y compris syndicalistes dans le déroulement du conflit n’a pas été précisé.

Le sit-in sur la voie ferrée interdisant toute exportation de phosphate à partir du bassin minier immédiatement après le changement du régime prouve bien que d’autres forces étaient à l’œuvre derrière les revendications syndicales non satisfaites. Et par ailleurs la révolte du bassin minier ne s’était accompagnée d’aucun soulèvement majeur dans le pays menaçant le pouvoir de Ben Ali. Simplement un moment est arrivé après «l’immolation» de Mohamed Bouazizi, quand une partie des forces sécuritaires elles-mêmes soumises à l’influence de facebook et en contact quotidien avec les citoyens ont commencé à ne plus réprimer les manifestations organisées sur les réseaux sociaux, aboutissant à l’intervention des janissaires du régime, qualifiés de «snipers», envoyés mater la population.

Donc, si on veut évaluer le rôle des forces de la gauche qualifiées de démocratiques dans le jargon de Mr Kilani dans tout cela, force est de constater que son influence a été, avec tous les respects dus à l’écrivain, nulle, tout comme d’ailleurs celui de l’ensemble des forces de l’opposition (Mouvement du 18-Octobre, etc.).

Si cette opposition s’est réunie miraculeusement l’après-midi du 14 janvier devant le ministère de l’Intérieur, c’est simplement qu’elle avait «appris» que le dictateur était sur le départ. De là à hurler, à l’instar de ce qu’avait fait Abdennasser Aouini, seul la nuit au milieu de l’Avenue Habib Bourguiba, que Ben Ali était parti, comme s’il s’agissait d’une victoire obtenue par le peuple, il n’y a qu’un pas que beaucoup ont allègrement franchi.

La gauche au service de la contre-révolution

Cela n’exonère pas la Gauche, particulièrement le Parti des Travailleurs de Hamma Hammami, de sa responsabilité ultérieure dans le mouvement pour l’Assemblée constituante, et qui a contribué d’une manière décisive à permettre au parti Ennahdha de mener le pays sur une voie de garage. En l’occurrence la préparation aux élections de cette Assemblée constituante allait fournir à Béji Caïd Essebsi le temps dont il avait besoin pour poser le pied du parti Ennahdha à l’étrier du pouvoir.

Si donc on veut parler d’une révolution trahie, c’est peut-être à cette opportunité que la gauche a ouverte à la «réaction» pour poser les jalons de la «contre-révolution» politique et sociale, que l’on doit d’abord penser. 

Du reste, l’analyse faite des jeux politiques de Rached Ghannouchi et Béji Caïd Essebsi est pertinente. Ce dernier n’a joué de son fils, dont il ne pouvait pas manquer de savoir qu’il était inapte à assumer le pouvoir, qu’aux fins de démanteler son propre parti, Nidaa Tounès, et d’empêcher l’émergence d’une force dotée de la légitimité (électorale) nécessaire pour s’opposer au nom du principe démocratique aux velléités présidentielles exclusives.

Avec le terrorisme le vent en poupe, la crise économique, celle du Covid, l’affaiblissement de l’Etat, la volonté prédatrice et l’arrogance des partis, et surtout l’absence de Cour Constitutionnelle inaccessible grâce à leur jeu, le mécontentement et la piété populaires associés à la médiocrité générale ont balisé le chemin de l’ambition vers le pouvoir. Ce fut Savonarole qui en émergea.

Evidemment, tout cela doit être replacé dans une perspective plus large. La révolution en Tunisie fut l’occasion de liquider les acquis de l’État national, et d’arrimer définitivement le pays à l’économie mondialisée par le biais de la dette contractée auprès des marchés financiers internationaux durant la décennie Ennahdha-Nidaa. C’est ce legs que bon gré mal gré, nous assumons tous aujourd’hui et que nous devons rembourser. 

En admettant qu’il y eût bien une révolution et qu’elle ait échoué, on ne peut en jeter la pierre ni à Ebert, ni à Liebknecht, ni à Staline. Il aurait fallu pour cela qu’il y eût d’abord une gauche, qu’elle eût mené une révolution, et qu’elle ait accédé au pouvoir ou ait été bien près de le faire. Ce ne fut évidemment jamais le cas.

Le drame véritable de la gauche en Tunisie fut que ses militants n’aient pas été emprisonnés pour leurs idées ou le danger qu’ils représentaient, qui n’a jamais existé. Autrement dit, tout comme Hamma Hammami l’a fait pour Béji Caïd Essebsi et Rached Ghannouchi en exigeant l’Assemblée constituante, ils ont servi les pouvoirs contre lesquels  ils croyaient lutter, à leur corps défendant, au détriment de leur liberté et de leur bien-être pour les uns, de leur crédibilité pour les autres.

Néanmoins Mohamed Kilani dans son livre use d’une vision perspective (sans jeu de mots) jetée sur le passé, certes parfois biaisée par l’inévitable lutte des classes, mais intéressante  pour une réflexion approfondie, à la lumière des derniers développements politiques dans le pays. Son évocation de l’Union des forces démocratiques républicaines en tant qu’alternative crédible à la situation politique actuelle, pour autant qu’on ignore qui elle intéresserait, a justement été démentie par l’expérience de l’Union pour la Tunisie, et plus encore par le Nidaa Tounès.

Si aujourd’hui on en est de nouveau au pouvoir personnel, c’est bien parce que la classe politique tunisienne a été incapable d’oublier ses intérêts égoïstes pour le bien du pays. C’est la quadrature du cercle.

* Médecin de libre pratique.

‘‘La révolution trahie: le dernier quart d’heure de la transition démocratique’’, de Mohamed Kilani, en arabe, éditions La Gai Savoir, Tunis, 2024.

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Le poème du dimanche : ‘‘Je crois en la religion de l’Amour’’ de Mohieddine Ibn Arabi

Né à Murcie, en Espagne musulmane, en 1165, Mohieddine Ibn Arabi est poète, théologien, juriste, philosophe. Sans conteste, il peut être considéré comme une figure majeure de la pensée soufie/mystique et ésotérique en islam.

Célébration de l’Unicité, au plus profond du monde intérieur, son œuvre, dense et riche d’un nombre très important d’ouvrages, n’est pas toujours d’accès aisé, développe un grand savoir religieux et philosophique érudit.

L’influence de Ghazali n’est pas loin, mais Ibn Arabi lui ajoute un souffle poétique fort, beau, tolérant, ouvert et universel.

Il décède à Damas, en 1240.

Tahar Bekri

O colombes dans les moringas et les jujubiers

Soyez douces n’attisez par vos plaintes ma peine

Soyez clémentes ne révélez par vos pleurs

Ma flamme secrète et ma tristesse cachée

Je lui parle au crépuscule et à l’aube

Avec le désir d’un amoureux et la souffrance d’un épris

Les âmes se résonnent dans le bosquet de tamaris

Penchés sur moi avec leurs branches m’achevèrent

M’apportèrent dans la passion et le désir intense

Cruelles épreuves et sensations nouvelles

Comment retrouver Jam’ Muhassabi et Minâ

Comment retrouver celle d’Atl et de Nomaan

Elles tournent autour de mon cœur heure après heure

Avec extase amour et embrassent mes piliers

Comme tourna le meilleur des Messagers

Autour de la Kaâba dont toute Raison est diminuée

Il en embrassa les pierres alors qu’il était discernant

Quelle valeur a le Lieu sacré au rapport du Destin de l’Homme

Combien de vœux et de serments faits pour ne pas qu’elles changent

Mais celle qui disparut fut infidèle à sa croyance

Comme il est étonnant qu’une gazelle voilée

Indique un jujubier en clignant les paupières

Son pâturage est entre côtes et entrailles

Comme son jardin est étonnant au milieu des feux !

Mon cœur est devenu en mesure d’accepter

Toute vue pâturage pour gazelle monastère pour moines

Temple pour idoles Kaâba pour pèlerin

Tables de la Thora Feuillets de Coran

Je crois en la religion de l’Amour où que se dirigent

Ses montures l’Amour est ma religion et ma foi

Tels sont Bishr et Hind et ses semblables

Tels sont Qays et Leyla Mayya et Ghaylan

Traduit de l’arabe par Tahar Bekri

Extrait de ‘‘Turjuman al-ashwaq’’ (L’interprète du désir)

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Ratonnades à Amsterdam : attention au retour des boomerangs !

Au moment où l’extrême droite élève la voix partout en Europe en banalisant les discours de haine et de rejet de l’autre, nous devons faire attention, car les ratonnades sont comme des boomerangs, elles reviennent à toujours à leurs expéditeurs.

Khémaïs Gharbi *

En ces temps de tensions croissantes et d’incertitudes sur tous les continents, il est impératif de se rappeler qu’importer les conflits en Europe avec leur charge de haine et de vengeance n’apportera jamais de solutions. Cela ne fera que nourrir des cycles infernaux de souffrance.

Les événements tragiques qui se déroulent actuellement, qu’il s’agisse des souffrances des populations de Gaza ou des violences à Amsterdam ** perpétrées avant-hier entre différentes communautés, rappellent douloureusement que l’intolérance et les attaques ciblées sont des vestiges d’un passé que nous devons rejeter avec la dernière énergie.

Qui sera la prochaine victime?

Il est capital de dénoncer toute forme de violence et de discrimination, sans exception. Justifier des actes de brutalité et des expéditions punitives à l’encontre d’un groupe en raison des actions d’individus ou de gouvernements efface les nuances et la complexité de la réalité humaine.  Chaque être humain pacifique a droit à la protection, et il est de notre devoir collectif de préserver la dignité de tous.

Nous devons également nous rappeler que l’indifférence face à la haine peut ouvrir la porte à des dangers encore plus grands. Si nous ne prenons pas position contre les discours de haine et les actes de violence, peu importe la communauté ciblée, nous risquons de voir ces tendances se normaliser et revenir comme un boomerang. Demain, qui en sera la cible? Qui sera la prochaine victime? 

Pour nous, immigrés de la première génération, nous avons vécu les ratonnades pendant la guerre d’Algérie et les corps flottants sur la Seine ou dans le Rhône. Et la communauté juive, quant à elle, a aussi subi son lot de rejet dramatique quelques décennies auparavant.

Eteindre les incendies dès leur début

Ensemble, nous pouvons et devons «éteindre les incendies dès leur début» plutôt que de les attiser. Cela commence par le refus d’importer des conflits extérieurs en Europe. Chacun a le droit de défendre pacifiquement son opinion, comme bon lui semble. S’unir contre l’intolérance, célébrer la diversité et construire des ponts entre nos communautés sont des actions essentielles pour contrer la montée de la haine.

Nous avons tous un rôle à jouer. Rejetons les discours qui sèment la discorde, élevons nos voix pour la paix et la compréhension mutuelle, et travaillons ensemble à construire un avenir où chacun, indépendamment de son origine ou de sa croyance, pourra vivre en sécurité et avec dignité.

* Ecrivain et traducteur.

** Jeudi 7 novembre 2024, une centaine de supporters israéliens se sont rassemblés sur la place du Dam, dans la capitale néerlandaise, entourés d’un important dispositif policier, avant de regagner le stade Johan Cruyff. Dans un communiqué, la Fédération palestinienne de football a dénoncé le «racisme anti-palestinien et l’islamophobie manifestés par les supporters du Maccabi Tel-Aviv, qui ont également attaqué les maisons et les magazines arborant le drapeau palestinien en solidarité avec les victimes du génocide en cours».
Les médias néerlandais et européens ne se sont pas attardés sur cet épisode, passé presque sous silence. En revanche, ils se ont longuement parlé de ce qu’ils ont qualifié de
«violences contre des supporters israéliens à Amsterdam» et d’«explosion d’antisémitisme».  

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Italie-Tunisie : Focus sur les énergies renouvelables et l’intelligence artificielle

Le ministre italien de l’Entreprise et du Made in Italy, Adolfo Urso, a rencontré, jeudi 7 novembre 2024, la ministre tunisienne de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie, Fatma Thabet Chiboub, au Palais Piacentini, à Rome.

Au centre des discussions bilatérales, la coopération industrielle entre l’Italie et la Tunisie, avec un focus sur l’accompagnement des PME et des start-up innovantes, notamment dans les secteurs stratégiques de l’innovation technologique, du numérique et de l’intelligence artificielle.

Au cours de la réunion, les deux ministres ont exprimé leur intention de créer de nouvelles opportunités d’interaction et d’investissement dans le secteur des énergies renouvelables et des matières premières critiques et de promouvoir la coopération institutionnelle entre les centres de recherche et les technopoles présents dans leurs pays respectifs, dans le but de renforcer l’innovation, en créant de nouvelles infrastructures et en encourageant le développement des chaînes d’approvisionnement.

Enfin, focus sur le chemin tracé par la conférence ministérielle du G7 sur l’industrie et l’innovation dans les nouvelles technologies et sur le AI Hub for Sustainable Development, un projet de la présidence italienne, en ligne avec les principes clés du Plan Mattei, visant à encourager la rencontre entre entreprises italiennes et occidentales et startups africaines, pour renforcer les écosystèmes locaux d’IA et créer de nouvelles opportunités de croissance industrielle.

Adolfo Urso avait effectué une mission à Tunis en mai dernier.

A noter que l’Italie compte 370 entreprises industrielles installées en Tunisie qui emploient quelque 57 000 emplois er contribuent au développement régional et à la transition technologique.  

L’Italie est, par ailleurs, considérée comme le premier investisseur dans le secteur de l’énergie en Tunisie et le second en termes d’investissements directs étrangers avec un total de 910 entreprises opérant dans notre pays.

I. B. (avec Mimit).

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La République islamique d’Iran face à l’ouragan Trump

C’est la séquence géopolitique la plus attendue du nouveau mandat de Donald Trump et la question qui taraude partout dans le monde: Que va-t-il se passer avec la République islamique d’Iran après le retour au pouvoir du président républicain, qui avait ordonné, début janvier 2020, l’assassinat de Qassem Soleimani, le chef des Forces Al-Quds, unité d’élite des Gardiens de la révolution, et architecte de l’influence iranienne au Moyen-Orient ? Il a aussi accusé l’Iran de vouloir l’assassiner après les deux tentatives ratées durant la campagne électorale qui vient de s’achever. En même temps, l’ennemi irréductible de l’Iran, Benjamin Netanyahu, a l’oreille de son ami américain. Qu’en sera-t-il donc pour l’Iran?

Imed Bahri

Le Wall Street Journal a publié une étude préparée par Warren Strobel, Benoit Faucon et Lara Seligman dans laquelle ils affirment que le président récemment élu prévoit d’augmenter considérablement les sanctions contre l’Iran et d’étouffer ses ventes de pétrole dans le cadre d’une stratégie agressive visant à saper le soutien de Téhéran à ses groupes mandataires considérés violents au Moyen-Orient et à son programme nucléaire, selon des personnes proches. 

Le journal américain a indiqué que Trump avait adopté une ligne dure à l’égard de l’Iran au cours de son premier mandat en faisant avorter un accord entre six pays avec Téhéran -connu sous le nom de Plan d’action global commun- qui visait à limiter le développement du programme nucléaire de l’Ira. Il a également imposé ce qui a été décrit comme une stratégie de pression maximale dans l’espoir que l’Iran abandonnera ses ambitions d’obtenir l’arme nucléaire, cessera de financer et de former ce que les États-Unis considèrent comme des groupes terroristes et améliorera son bilan en matière de droits de l’homme.

Mais lorsqu’il prendra ses fonctions, le 20 janvier, l’approche de Trump à l’égard de l’Iran sera probablement influencée par le fait que des agents de la République islamique ont tenté de l’assassiner, lui et ses anciens conseillers à la sécurité nationale, après qu’ils aient quitté leurs fonctions, ont déclaré d’anciens responsables de l’administration Trump. L’Iran chercherait à se venger d’une frappe de drone américaine en 2020 qui a tué Qasem Soleimani, le chef des opérations paramilitaires secrètes iraniennes.

L’Iran dans une position de faiblesse

Mick Mulroy, un haut responsable du Pentagone au Moyen-Orient lors du premier mandat de Trump, a déclaré que «les gens ont tendance à prendre ces choses personnellement. S’il veut adopter une ligne dure à l’égard d’un pays en particulier ou d’un adversaire majeur spécifique, c’est bien l’Iran»

Des personnes proches des projets de Trump et en contact avec ses principaux conseillers ont déclaré que la nouvelle équipe agirait rapidement pour tenter d’étouffer les revenus pétroliers iraniens notamment en s’en prenant aux ports étrangers et aux négociants qui traitent du pétrole iranien. Cela recréerait la stratégie adoptée par le président élu lors de son premier mandat avec des résultats mitigés.

Un ancien responsable de la Maison-Blanche a déclaré: «Je pense que vous verrez les sanctions revenir, vous le verrez tenter d’isoler davantage l’Iran, diplomatiquement et financièrement. Je pense que l’on a l’impression que l’Iran est définitivement dans une position de faiblesse à l’heure actuelle et qu’il [Trump] a maintenant l’occasion d’exploiter cette faiblesse.»

Les responsables familiers avec le plan de Trump n’ont pas fourni des détails sur la manière spécifique d’augmenter la pression sur l’Iran.

Le WSJ a aussi indiqué qu’au cours des derniers mois, Israël a tué des dirigeants de groupes mandataires pro-iraniens à Gaza et au Liban et causé des dommages importants à la structure de direction de groupes tels que le Hezbollah et le Hamas. Il a également lancé des frappes contre l’Iran, en réponse à la salve de missiles iraniens ayant frappé Israël, qui a infligé de graves dommages aux capacités de Téhéran à produire des missiles et des défenses aériennes.

L’Iran s’est engagé à répondre à l’attaque israélienne du 26 octobre mais il n’est pas clair si la victoire électorale de Trump cette semaine modifiera les calculs de Téhéran ou son timing.

Trump cherchera à affaiblir davantage l’Iran

Brian Hook, qui a supervisé la politique iranienne au Département d’État pendant le premier mandat de Trump et est maintenant le responsable du département en charge de la transition vers l’administration Trump, a déclaré jeudi que le président élu n’avait aucun intérêt à chercher à renverser les dirigeants iraniens.

Toutefois, dans une interview accordée à CNN, Hook a noté que Trump s’était engagé à isoler l’Iran diplomatiquement et à l’affaiblir économiquement afin qu’il ne puisse pas financer toutes les violences commises par le Hamas, le Hezbollah, les Houthis au Yémen et d’autres groupes mandataires en Irak et en Syrie.

On s’attend généralement à ce que Hook obtienne un poste de haut niveau dans la sécurité nationale au cours du deuxième mandat de Trump. Au cours de son premier mandat, il a préconisé une campagne de pression maximale sur l’Iran. Les défenseurs de cette politique affirment que cela a réduit les fonds disponibles pour les services de sécurité de Téhéran. Mais il n’a pas réussi à arrêter les opérations iraniennes par l’intermédiaire de ses mandataires ni ses travaux nucléaires.

Les exportations de pétrole iranien ont augmenté l’année dernière dans le cadre de négociations discrètes pour libérer les Américains détenus par le régime ce qui a incité les Républicains à accuser l’administration Biden de ne pas appliquer pleinement les sanctions pétrolières actuelles ce que la Maison Blanche a démenti.

L’arme du pétrole pourrait bien être utilisée

Trump a réimposé une interdiction complète sur les exportations de pétrole brut iranien en 2019 et ses exportations sont tombées à 250 000 barils par jour début 2020 ce qui est bien en-dessous de leur niveau d’il y a deux ans mais après l’entrée en fonction de Biden, il a atteint son plus haut niveau depuis six ans en septembre de cette année.

Une fois de retour à la Maison Blanche, Trump pourrait être confronté au même dilemme que celui auquel Biden a été confronté : limiter les ventes de pétrole de l’Iran et d’autres adversaires comme le Venezuela mais risquer ainsi une hausse des prix du pétrole et déclencher une inflation.

Robert McNally, un ancien responsable américain de l’énergie, a déclaré que l’administration Trump pourrait imposer un embargo américain sur les ports chinois recevant du pétrole iranien ainsi que des sanctions visant les responsables irakiens qui financent des milices soutenues par l’Iran. Il a indiqué que estimations d’une application stricte de l’embargo pétrolier suffirait à réduire d’au moins 500 000 barils par jour principalement des achats de pétrole chinois.

«Ce sera une pression maximale version 2.0», a déclaré McNally qui dirige désormais le cabinet de conseil Rapidian Energy Group basé à Washington.

Helima Croft, stratège en chef des matières premières de la société canadienne RBC Capital Market, a déclaré que les principaux conseillers de Trump avaient exprimé leur ferme soutien à une frappe israélienne sur les installations nucléaires et énergétiques iraniennes. Une autre personne en contact avec l’équipe de Trump a déclaré que le nouveau président pourrait être moins enclin à s’opposer à une telle démarche d’Israël.

Biden a demandé et obtenu l’assurance d’Israël avant son attaque contre l’Iran le 26 octobre qu’il ne frapperait pas des sites nucléaires ou des infrastructures énergétiques car les États-Unis craignaient que cela entraînerait une hausse des prix du pétrole et une escalade régionale plus large.

Le président iranien Masoud Pezeshkian a déclaré mercredi soir que le résultat des élections américaines n’avait pas d’importance pour son pays.

L’agence de presse de la République islamique d’Iran a cité Pezeshkian disant: «Pour nous, peu importe qui a gagné les élections américaines car notre pays et notre système dépendent de notre force interne.»

Un accord diplomatique États-Unis-Iran n’est pas exclu

Toutefois, les responsables iraniens sont divisés sur la question de savoir si la République islamique peut résister à une pression économique supplémentaire.

«La situation pourrait devenir catastrophique pour l’industrie pétrolière iranienne», a déclaré un responsable pétrolier iranien ajoutant que la Chine achète déjà du brut iranien à prix réduit tandis que l’Iran souffre d’une pénurie de gaz naturel -utilisé pour le chauffage et l’industrie- en raison des années de sous-investissement.

Pour sa part, un diplomate iranien a déclaré que Téhéran compenserait les restrictions américaines en approfondissant ses partenariats commerciaux par le biais de l’Organisation de coopération de Shanghai, axée sur l’Asie et d’autres alliances. Il a ajouté qu’elle pourrait également répondre aux pressions en intensifiant son programme nucléaire ou en menaçant les installations pétrolières du Moyen-Orient.

Malgré l’hostilité mutuelle, certains qui ont travaillé avec Trump n’excluent pas de parvenir éventuellement à un accord diplomatique entre les États-Unis et l’Iran au cours de son deuxième mandat. Toutefois, Mike Mulroy a précisé, et c’est une précision de taille, que «Trump aime conclure des accords mais seulement si c’est son accord».

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Défense : deux navires italiens engagés dans un exercice multilatéral en Tunisie

La collaboration en matière de défense est un pilier fondamental du partenariat entre l’Italie et la Tunisie, a indiqué Alessandro Prunas, l’ambassadeur d’Italie à Tunis, dans un poste sur la plateforme  X, suite à sa visite aux deux navires Spica (marine miliaire) et Fiorillo (gardes-frontières) engagés dans un exercice multilatéral en Tunisie, mouillant au port de La Goulette au nord de la capitale.

Coordonné par l’US Africa Command et avec la participation de 1 100 militaires et observateurs représentant 12 pays (Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie, Sénégal, Turquie, Italie, Malte, Belgique, Géorgie, États-Unis) ainsi que la Tunisie, Phoenix Express 2024 (4-15 novembre) vise à accroître la coopération et la coordination entre les équipages navals, à les former à la gestion des équipements maritimes et à développer leurs compétences dans la lutte contre les activités illégales en mer, telles que le trafic d’êtres humains, afin de préserver la sécurité et la stabilité de la Méditerranée.

I. B. (avec Ansamed).

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Tunisie : témoignages sur l’état des journalistes incarcérés Boughaleb et Haj Mbarek

Dans un communiqué publié jeudi 7 novembre 2024, une Ong tunisienne basée en France dénonce le sort réservé aux deux journalistes Mohamed Boughaleb et Chadha Haj Mbarek, incarcérés depuis plusieurs mois dans des conditions très difficiles et souffrants de plusieurs maladies.  

Le Comité pour le respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT) «dénonce le meurtre à petit feu» des deux journalistes, tient l’État pour responsable des nombreuses maladies dont ils souffrent, et condamne la situation de Chadha Haj Mbarek «qui mène une grève de la faim pour obtenir l’exercice d’un droit fondamental : consulter un médecin et soulager les douleurs qui l’affligent», lit-on dans le communiqué. 

L’Ong rappelle aussi le sort des «prisonniers politiques qui sont détenus arbitrairement après l’expiration de la période de détention légale» et des «nombreux journalistes, tels que Mourad Zeghidi, Borhane Bsaies et Sonia Dahmani, [qui] sont également emprisonnés tandis que d’autres, comme le journaliste Zied El-Hani, sont l’objet de poursuites.»

«Des blogueurs aussi ont été arrêtés et lourdement condamnés sur la base du décret-loi 54», utilisé selon le CRLDHT pour «museler toutes les voix libres et opposées»

L’Ong reproduit dans son communiqué le témoignage suivant de la famille de Mohamed Boughaleb : «Mohamed a été transféré de la prison de Mornaguia à celle de Karaka, dans une cellule étroite partagée avec d’autres détenus de droit commun. Il souffre d’une infection cutanée grave, son oreille droite est enflée et il a perdu l’audition de ce côté-là. Son diabète s’aggrave, il est constamment exposé au froid, et les médicaments prescrits par son médecin ne lui sont pas fournis…»

Ainsi que celui de la famille de Chadha Haj Mbarek : «Depuis un certain temps, Chadha est en grève de la faim et sa condition se dégrade chaque jour. Elle demande des antidouleurs pour soulager ses maux et une consultation médicale pour soigner les nombreuses maladies qui affectent chaque partie de son corps à cause de la négligence sanitaire et de conditions de détention inhumaines. Alors qu’elle partageait initialement sa couchette avec une autre détenue, elle doit maintenant la partager avec quatre personnes, et elle tente de réprimer ses gémissements pour ne pas déranger ses codétenues. Elle ne demande plus la liberté qu’elle sait mériter mais qu’elle sait aussi impossible à atteindre pour l’instant ; elle demande simplement des soins pour soulager ses douleurs et un lit où reposer ce qui son corps.»

I. B.

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Sit-in à Tunis des familles des migrants disparus en mer

Un petit groupe de représentants de familles de jeunes migrants disparus en mer lors de tentatives de migration irrégulière vers les côtes italiennes ont organisé, jeudi 7 novembre 2024, un sit-in près de l’ambassade d’Italie en Tunisie et du ministère tunisien des Affaires étrangères, pour demander des informations sur leurs enfants disparus.

C’est ce qu’a annoncé l’agence officielle Tap, précisant que les familles des jeunes disparus, aux prises avec un fort sentiment d’attachement mêlé de doute et de désespoir, ont agité des photos de leurs enfants lors du sit-in et scandé des slogans dans l’espoir d’obtenir réponses de la représentation diplomatique italienne.

Cette manifestation, écrit encore Tap, a été organisée à l’initiative de l’association Terre pour Tous, qui lutte depuis des années pour les droits des migrants et soutient les familles dont les enfants ont disparu, assurant la coordination entre les autorités tunisiennes et leurs homologues italiennes.

Le président de l’association Imed Soltani a déclaré que plusieurs manifestations ont été organisées au fil des années par les familles de migrants devant l’ambassade d’Italie en Tunisie ou le ministère des Affaires étrangères pour obtenir des informations sur leurs enfants disparus lors de tentatives de migration irrégulière. «Ce sit-in a été organisé pour attirer l’attention de la présidence de la République et les autorités tunisiennes et italiennes pour qu’elles interviennent», a-t-il ajouté.

Soltani a déclaré qu’une commission d’enquête avait été créée en 2015 au ministère des Affaires sociales pour recueillir des informations sur les migrants tunisiens ayant atteint les côtes italiennes. «Cette commission avait envoyé des analyses génétiques, des empreintes digitales et des témoignages de familles de migrants disparus aux autorités italiennes, mais n’a reçu aucune réponse», a-t-il souligné.

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Tunisie : le budget de l’Etat pour 2025 ou la quadrature du cercle

Le gouvernement tunisien se donne pour objectifs pour 2025 d’endiguer le déficit budgétaire, de maintenir l’endettement public à un niveau acceptable, de lutter contre l’inflation et d’équilibrer les finances publiques. C’est la quadrature du cercle, en somme, tant ces objectifs semblent difficiles à atteindre en même temps dans la conjoncture nationale et internationale actuelle.  

Imed Bahri

C’est pourtant que qu’a assuré, vendredi 8 novembre 2024, le chef du gouvernement, Kamel Maddouri, lors de l’ouverture des plénières conjointes entre l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et le Conseil national des régions et des districts (CNRD), consacrées à l’examen des projets de Loi de finances et du Budget économique de l’année 2025.

«Tous les indicateurs font état d’une amélioration de la performance économique notamment dans les secteurs du tourisme et de l’agriculture, depuis le début du deuxième semestre. Cela devrait contribuer à réaliser un taux de croissance de 1,6% en 2024, et ce, malgré les difficultés auxquelles sont confrontées encore les industries extractives et manufacturières», a déclaré Maddouri, qui s’attend à une amélioration de la balance des paiements, et ce, grâce à la maîtrise du déficit budgétaire courant qui devrait atteindre 2,7% du PIB en 2024, en dépit de la hausse remarquable du déficit énergétique.

Optimisme de la volonté

Maddouri, dont l’optimisme (de la volonté) tranche avec le pessimisme (de l’intelligence) des experts, a, également, estimé que les réserves en devises devraient atteindre un niveau satisfaisant grâce aux transferts des Tunisiens à l’étranger et aux recettes touristiques, outre la hausse des flux des investissements extérieurs notamment dans le secteur des énergies renouvelables.

«Les estimations des ressources propres de l’État pour l’année 2025 dépendent principalement de l’amélioration de recouvrement de ses ressources, à travers l’appui de respect des obligations fiscales, la lutte contre l’évasion fiscale, l’intégration de l’économie parallèle dans le circuit légal, l’élargissement de l’assiette fiscale, l’amélioration des services administratifs, grâce à la numérisation et la modernisation de la direction de fiscalité et de recouvrement», a-t-il déclaré. Mais en disant cela, il mesure sans doute les difficultés auxquelles son gouvernement devra faire face pour réaliser tous ces objectifs, véritables casse-têtes sur lesquels la plupart de ses prédécesseurs au poste ont buté.

«Les efforts seront orientés vers la conception de nouvelles approches nationales plus efficaces et le recours aux compétences tunisiennes dans les différents domaines, afin de rétablir la confiance, booster la production et l’exportation, stimuler les investissements et promouvoir les activités prometteuses à haute valeur ajoutée», a insisté le chef du gouvernement, selon ses propos rapportés par l’agence officielle Tap.

«L’amélioration de la situation économique du pays constitue l’une des priorités de l’Etat, qui œuvre à renforcer la compétitivité des entreprises tunisiennes», a-t-il indiqué, rappelant que le tissu économique a fait face à plusieurs crises, à des transformations géostratégiques mondiales et à des fluctuations économiques conjoncturelles, laissant ainsi entendre que l’économie tunisienne, bien qu’elle soit en crise depuis 2011, enregistrant des taux de croissance annuelle variant entre 1 à 2%, a fait preuve jusque-là d’une résilience remarquable face aux crises mondiales (attaques terroristes, épidémie de Covid-19, guerre en Ukraine…). Une manière de ne voir que la partie pleine du verre…

Pessimisme de l’intelligence

L’Etat œuvrera à honorer ses engagements financiers extérieurs, a-t-il enfin insisté, en direction des bailleurs de fonds, sachant que son gouvernement va devoir continuer à s’endetter, alors que le taux d’endettement du pays est estimé 77,09% du PIB en 2024 (Statista), pour… pouvoir rembourser ses anciennes dettes et couvrir ses dépenses de fonctionnement, selon un schéma qui est reconduit d’une année à une autre depuis 2011, tout en attendant une hypothétique reprise économique qui tarde à pointer à l’horizon.

Selon les prévisions de la Banque africaine de développement (BAD), le taux de croissance du PIB de notre pays, qui a chuté à 0,4% en 2023 en raison de la sécheresse, devrait remonter à 2,1% en 2024 (1,6%, selon une plus récente estimation du ministre de l’Economie Samir Abdelhafidh) et 2,9% en 2025. Ces taux demeurent très faibles pour permettre la réduction du chômage qui se maintient autour de 15% depuis au moins deux décennies. Et au cours de toute cette période, aucun des nombreux gouvernements qui se sont succédé (une bonne quinzaine) n’a réussi à faire bouger le mastodonte.

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Plongée et écotourisme : quel rôle pour les clubs de plongée ?

La plongée sous-marine est désormais considérée dans le monde comme produit écotouristique. Malheureusement, en Tunisie, elle est encore un complément au tourisme balnéaire, un produit d’animation et non une offre touristique à part entière. Rares sont les personnes qui viennent en Tunisie spécialement pour la plongée.

Mohamed Mehdi Tabbakh *

La  Fédération des activités subaquatiques de Tunisie  (FASST) n’offre malheureusement pas de chiffres concernant le nombre de licenciés ou de formés, mais ce qui est clair, avec une vingtaine de structures associatives et commerciales, l’engouement local envers cette activité est de plus en plus croissant.

Les clubs de plongée peuvent jouer un rôle crucial dans l’essor de l’écotourisme en Tunisie. Ils ont la possibilité d’offrir une opportunité unique de valoriser le patrimoine subaquatique tout en promouvant des pratiques durables et respectueuses de l’environnement. La synergie entre tourisme, pratique et conservation contribue de manière significative au développement d’un modèle économique durable.

Valorisation du patrimoine subaquatique

Le patrimoine culturel subaquatique exceptionnel de la Tunisie est dû à ses côtes riches en histoire. Les clubs de plongée qui longent toutes les côtes tunisiennes, de Tabarka à Djerba, sont au cœur de la mise en valeur de ce trésor civilisationnel, offrant aux visiteurs une expérience immersive unique.

De 2007 à 2013, une collaboration avec l’Institut national du patrimoine (INP) et l’Office national du tourisme tunisien (ONTT), a permis de mettre en place six itinéraires culturels subaquatiques, qui ont été aménagés le long des côtes de Tabarka, de l’île Pilau et de Kélibia.

Ces parcours sont développés dans le cadre d’un projet tuniso-italien (Culturas). En théorie, les plongeurs pourraient explorer des épaves et des vestiges submergés datant de différentes périodes historiques, de l’Antiquité aux guerres mondiales, grâce à ces itinéraires subaquatiques. Malheureusement, la gestion post-projet a mis en cause leur pérennité, aussi, la complexité des démarches bureaucratiques a fait que ces tentatives sont restées dans un stade expérimental.

Promotion de l’écotourisme

Les clubs de plongée tunisiens sont de plus en plus conscients de leur rôle dans la promotion de l’écotourisme.

Certains organisent des événements pour la promotion de l’écosystème subaquatique comme le Festival Trapanis de la photographie sous-marine organisé par le club Cap Afrique.

D’autres en revanche, affiche clairement leur adoption de pratiques respectueuses envers l’environnement en organisant des actions de nettoyage périodiques, s’inspirant du World Clean up Day, et ceci en collaboration avec des structure de la société civile. Parmi ces club : Ras Adar Diving Club à Haouaria, Mouja Diving Club à Cap Zebib et Abysse Plongée à Ghar El-Melh.

Toutes ces actions, peuvent contribuer non seulement à la préservation de l’environnement marin et à la promotion d’un écotourisme, mais aussi à renforcer le sentiment d’appartenance à une communauté engagée derrière les Objectifs du développement durable (ODD).

Impact économique et social des clubs de plongée

Les clubs de plongée contribuent à diversifier l’offre touristique en proposant des produits centrés sur la découverte du patrimoine subaquatique et la conservation marine. Cette diversification peut attirer une nouvelle clientèle, locale et étrangère, qui cherche la pratique d’une activité peu commune.

Le concept du «bronze bête» a été trop souvent associé au tourisme tunisien, la notion du «plonge bête» ne doit pas s’ancrer dans le subconscient des passionnés.

L’installation d’un club de plongée dans une ville crée des opportunités d’emploi pour les populations locales, que ce soit directement dans les clubs de plongée (services communs, équipage, divemaster, moniteurs), ou indirectement dans les services associés (hébergement, restauration, transport).

Les clubs de plongée peuvent jouer un rôle important dans la sensibilisation des communautés locales à l’importance de leur patrimoine marin, et au développement d’un écotourisme équitable. Des programmes éducatifs peuvent être développés, en concours avec les commissariats régionaux de l’éducation, pour les jeunes et les enfants des régions concernées.

Les pêcheurs et autres intervenants peuvent aussi bénéficier d’actions de sensibilisation envers la protection de l’environnement sous-marin comme vecteur de l’écotourisme.

Les commissariats régionaux du tourisme devraient se pencher encore plus sur le rôle que peut jouer les clubs de plongée à l’instar des maisons d’hôtes.

Défis, opportunités et réglementations

La réglementation nationale pour la création des centres de plongée est régie par le code des sociétés commerciales. Cependant, la pratique de la plongée pour les entreprises est soumise à une autorisation, et non pas un cahier des charges, accordée par le gouverneur de la région. Le chemin pour avoir cette autorisation, se révèle comme un réel parcours du combattant, et qui peut dans beaucoup de cas ne pas aboutir. Nous citons ici le cas très connu de Ghanem Maaroufi, un jeune investisseur, qui a débloqué un montant qui dépasse 1 million de dinars pour le déploiement d’une base nautique et un centre de plongée dans la région de Tabarka. Un dossier déposé depuis septembre 2020, et qui n’a, jusqu’à ce jour-ci, pas vu le bout du tunnel.

Une révision en profondeur des textes de loi devrait se faire pour faciliter l’investissement dans ce genre d’activité (Tabbakh, 2024).

Il est nécessaire de définir plus précisément ce qu’est un «opérateur de plongée éco-responsable» et d’établir des normes claires pour l’écotourisme de plongée. Cette standardisation permettrait de garantir des pratiques durables et de faciliter la promotion de ces activités auprès des touristes soucieux de l’environnement. Dans ce cadre un plan de renforcement des capacités soutenu par l’ONTT serait un levier dans ce sens.

Le succès de l’écotourisme de plongée peut dépendre d’une collaboration étroite entre les clubs de plongée, les unités d’hébergement (FTH), les tours opérateurs (FTAV), les autorités locales, les institutions de conservation (INP) et les communautés. Renforcer ces partenariats est essentiel pour maximiser les bénéfices économiques et environnementaux.

Par ailleurs, les clubs de plongée doivent continuer à développer leur activité et innover, que ce soit dans le marketing pour la valorisation du patrimoine ou dans le développement de nouveaux produits en relation avec leur activité. Cette innovation est cruciale pour maintenir l’attrait de la destination et répondre aux attentes croissantes des éco-touristes.

Dans le monde, la plongée est devenue une «industrie» à forte valeur ajoutée. Analyser les expériences similaires, serait un point de départ pour mettre en place une stratégie à long terme. Voir ce qui ce passe en Jordanie, en Egypte, ou même en Thaïlande, au Mexique et en Australie, pourrait aider fortement la croissance de ce secteur. Faire appel d’une manière collégiale à des bureaux d’étude spécialisés peut fournir un plan stratégique et un plan d’action à moyen et à court terme pour les clubs de plongée.

Alors que la demande pour des expériences de voyage plongée continue de croître dans le monde, le potentiel de l’écotourisme de plongée en Tunisie reste considérable.

En relevant les défis actuels et en saisissant les opportunités offertes par le climat et la richesse subaquatique, les clubs de plongée peuvent jouer un rôle encore plus important dans le développement de l’écotourisme tunisien, tout en préservant les trésors naturels et culturels du pays pour les générations futures.

* Moniteur et spécialiste de la plongée sous-marine à Mouja Diving Club. Auteur du livre ‘‘L’effet Dunning-Kruger en plongée sous-marine : entre mythe et réalité’’.

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