Lese-Ansicht

Es gibt neue verfügbare Artikel. Klicken Sie, um die Seite zu aktualisieren.

Salon national des arts plastiques 2026 : Ouverture des inscriptions au Macam-Tunis

Après une première édition organisée à la Maison des Arts du Belvédère (CNAV-Belvédère), Dar el Founoun, le Salon national des arts plastiques tiendra sa deuxième édition en 2026 au Musée National d’Art Moderne et Contemporain de Tunis (Macam-Tunis).

Le Musée a annoncé l’ouverture des inscriptions pour cette édition multidisciplinaire, prévue du 24 janvier au 24 février 2026, à l’initiative du ministère des Affaires culturelles.

Les artistes sont invités à soumettre jusqu’à trois œuvres par participant dans les disciplines de la peinture, sculpture, photographie, gravure, céramique et installation. La date limite de dépôt des candidatures est fixée au 22 décembre à 17h30.

Les participants devront s’engager à respecter les règles relatives aux droits d’auteur et à la propriété intellectuelle. Le dossier d’inscription exige des informations personnelles ainsi qu’une description détaillée des œuvres. Le Macam-Tunis précise que toute utilisation d’images sera soumise à une stricte conformité juridique.

À travers ce Salon, le ministère entend repenser les mécanismes de gestion des subventions destinées aux artistes plasticiens, en élargissant l’accès à la participation aux créateurs de toutes les régions et de toutes les générations, gratuitement. Cette initiative s’inscrit dans une stratégie de décentralisation culturelle, mise en œuvre en coordination avec les délégations régionales aux Affaires culturelles.

Le Salon ambitionne de pallier le manque de galeries et d’espaces d’exposition dans plusieurs régions, afin de permettre à la commission d’achat d’accéder aux œuvres. Il vise également à stimuler la création dans les régions intérieures et à valoriser le patrimoine culturel local.

Lors de la première édition, tenue du 14 juin au 5 juillet 2025, 64 artistes, diplômés des écoles des beaux-arts et autodidactes, issus de nombreux gouvernorats, ont participé. Un comité d’achat a sélectionné des œuvres en vue de leur acquisition par le ministère.

Dans une déclaration aux médias, la ministre des Affaires culturelles a indiqué que ce rendez-vous sera organisé en deux sessions annuelles, en janvier et en juin. Selon l’éditorial du catalogue de la première édition, ce salon constitue une vitrine majeure des arts plastiques tunisiens et un levier stratégique de l’action culturelle de l’État.

L’article Salon national des arts plastiques 2026 : Ouverture des inscriptions au Macam-Tunis est apparu en premier sur WMC.

INSSPA : Nouveaux certificats de santé pour l’exportation des produits végétaux dès janvier 2026

L’instance nationale de la sécurité sanitaire des produits alimentaires (INSSPA) a annoncé mardi dans un communiqué qu’elle sera chargée exclusivement de délivrer les certificats de santé pour l’exportation des produits végétaux et des produits d’origine végétale, à partir du 1er janvier 2026.

L’instance a précisé dans son communiqué, que cette mesure concerne tous les exploitants des établissements dans le secteur alimentaire, en particulier les exportateurs de produits végétaux et de produits d’origine végétale actuellement soumis à un contrôle technique lors de l’exportation, appelant toutes les entreprises et les acteurs économiques souhaitant obtenir le certificat de santé pour l’exportation à contacter les services compétents de l’INSSPA afin d’entamer les démarches nécessaires.

Cette décision, qui s’inscrit dans le cadre des dispositions de la loi n° 25 de l’année 2019 en date du 26 février 2019 relative à la sécurité sanitaire des produits alimentaires et des aliments pour animaux, vise à adapter le cadre juridique national aux normes et principes internationaux à même de renforcer la protection de la santé du consommateur et les opportunités d’exportation des produits alimentaires tunisiens vers les marchés internationaux permettant ainsi à l’état, de conclure des accords de reconnaissance mutuelle des certificats de conformité en matière de sécurité sanitaire des produits alimentaires.

L’article INSSPA : Nouveaux certificats de santé pour l’exportation des produits végétaux dès janvier 2026 est apparu en premier sur WMC.

Tunisie : ONU-Femmes salue les avancées historiques du pays en matière de droits des femmes

Le Secrétaire d’État aux Affaires Etrangères Mohamed Ben Ayed a reçu mardi à Tunis, la sous-secrétaire générale des Nations Unies, Directrice exécutive adjointe d’ONU-Femmes Nyaradzayi Gumbonzvanda.

La rencontre a été l’occasion de passer en revue l’approche avant-gardiste de la Tunisie en matière des droits humains, matérialisée en 1846 par l’abolition de l’esclavage, et confortée dès 1956, par l’adoption du Code du Statut Personnel, consacrant les droits de la femme que l’Etat veille à renforcer et à faire respecter, lit-on dans un communiqué du département.

Le Secrétaire d’Etat a mis en avant le niveau des relations de coopération entre la Tunisie et ONU-FEMMES et affirmé la disponibilité du département des Affaires étrangères à apporter le soutien nécessaire au Bureau de l’Organisation à Tunis pour lui permettre d’accomplir sa mission dans les meilleures conditions.

Pour sa part, la responsable onusienne a salué les acquis de la femme tunisienne, se félicitant du rôle pionnier de la Tunisie dans les instances internationales internationaux, notamment au sein de la Commission de la Condition de la Femme, dans le but d’autonomiser les femmes du monde entier où qu’elles soient.

L’article Tunisie : ONU-Femmes salue les avancées historiques du pays en matière de droits des femmes est apparu en premier sur WMC.

Tunisie : 200 000 m³ de déchets de construction collectés depuis janvier 2025, selon le ministère de l’Environnement

Depuis janvier 2025, près de 200 000 mètres cubes de déchets de construction et de démolition ont été collectés, a indiqué, mardi, le ministère de l’Environnement.

Le programme se poursuivra en décembre, avec l’objectif de collecter environ 30 000 mètres cubes supplémentaires, ajoute la même source dans un communiqué.

En matière d’espaces verts, le ministère précise que les travaux d’aménagement de l’espace vert d’Utique dans le gouvernorat de Bizerte sont désormais achevés.

Au total, plus de 70 sites répartis sur l’ensemble des gouvernorats du pays ont bénéficié d’opérations d’aménagement cette année.

Le ministre de l’Environnement, Habib Abid, avait effectué aujourd’hui, une visite de terrain pour suivre les travaux de collecte et de transport des déchets de démolition et de construction dans la commune de Douar Hicher relevant du gouvernorat de la Manouba, ainsi que l’entretien du parc de Carthage.

L’article Tunisie : 200 000 m³ de déchets de construction collectés depuis janvier 2025, selon le ministère de l’Environnement est apparu en premier sur WMC.

Huile d’olive : un produit agricole devenu enjeu culturel et économique

OliveUtilisée depuis des millénaires autour de la Méditerranée, l’huile d’olive raconte une histoire où se croisent agriculture, commerce, santé publique et échanges culturels. De l’Antiquité aux marchés mondiaux actuels, son évolution illustre la manière dont un produit naturel peut devenir un marqueur identitaire et un actif économique stratégique.

Des origines préhistoriques aux premières cultures organisées

Les premières traces d’oliviers domestiqués apparaissent au Proche-Orient il y a plus de 6000 ans. Très tôt, les civilisations de la Méditerranée comprennent l’intérêt de l’olive : alimentation, conservation des aliments, soins corporels, éclairage.

En Égypte, en Grèce ou chez les Phéniciens, l’huile d’olive devient un bien de valeur, transporté en amphores sur les routes commerciales. Les Grecs lui attribuent une dimension symbolique, associée à la paix et à la prospérité. L’Empire romain, quant à lui, structure la production à grande échelle, organise des plantations et standardise le commerce, faisant circuler l’huile dans tout le bassin méditerranéen.

Moyen Âge : un savoir-faire préservé malgré les bouleversements

Après la chute de Rome, la production se recentre sur les régions méditerranéennes. Les monastères et les communautés rurales jouent un rôle clé dans la transmission des techniques de culture et de pressage.

L’huile reste un produit essentiel : elle sert à cuisiner, mais aussi à fabriquer des savons, à soigner la peau ou à éclairer les habitations. La maîtrise de l’olivier devient un atout agricole, notamment dans les territoires au climat sec où peu d’autres cultures prospèrent.

Temps modernes et industrialisation : de l’artisanat au marché

À partir du XVIIᵉ siècle, les États méditerranéens structurent leur production pour alimenter un commerce devenu plus international. L’essor des moulins mécaniques au XIXᵉ siècle transforme la filière : extraction plus efficace, volumes plus élevés, diversification des usages industriels.

À la même époque, l’huile d’olive gagne les États-Unis et d’autres régions du monde via les migrations et l’expansion agricole.

XXᵉ–XXIᵉ siècle : entre tradition, santé et compétition mondiale

L’huile d’olive change de statut au XXᵉ siècle. Les recherches scientifiques mettent en lumière les bénéfices du régime méditerranéen, propulsant l’huile d’olive comme produit sain à l’international. Les appellations d’origine et les labels de qualité renforcent la dimension culturelle et patrimoniale.

Aujourd’hui, la filière doit composer avec de nouveaux producteurs hors Méditerranée, l’évolution des modes de consommation et les effets du changement climatique sur les rendements. L’huile d’olive s’impose plus que jamais comme un produit agricole stratégique, reliant terroirs, économies locales et enjeux globaux de durabilité.

Perspectives

La demande mondiale augmente, tandis que la ressource devient plus sensible aux variations climatiques. Les innovations agronomiques, la valorisation des variétés locales et une gestion plus durable des vergers seront déterminantes.

L’histoire de l’huile d’olive, riche de traditions millénaires, se poursuit désormais dans un contexte de transformation agricole et environnementale qui redéfinit ses équilibres.

L’article Huile d’olive : un produit agricole devenu enjeu culturel et économique est apparu en premier sur WMC.

Loi de Finances 2026 : La commission paritaire ARP–CNRD échoue à trancher plusieurs articles litigieux

La commission paritaire composée de cinq membres des deux chambres parlementaires (ARP et CNRD) chargée d’examiner les articles litigieux du projet de Loi de Finances 2026 a achevé, mardi, ses travaux, sans parvenir à un accord sur certaines dispositions, a fait savoir, l’Assemblée des représentants du Peuple (ARP).

Toutefois, une séance plénière conjointe de clôture, entre l’ARP et le Conseil national des régions et des districts (CNRD), se tiendra demain, mercredi 10 décembre 2025, à partir de 11 heures, au Palais de Bardo.

L’ARP a rappelé que la commission formée conformément au décret-loi n°2024-1 du 13 septembre 2024, portant organisation des relations entre l’ARP et le CNRD, et composée de cinq membres de chaque chambre, a poursuivi l’examen du projet en question les 7, 8 et 9 décembre 2025 et auditionné la ministre des Finances et le secrétaire d’État chargé de la Transition énergétique, à propos des articles faisant objet de désaccord entre les deux chambres.

Un accord n’a pu être trouvé à propos de l’article 82, relatif à la régularisation de la situation des véhicules déposés dans les entrepôts municipaux, des articles 102 et 103 relatifs au calcul du régime de retraite des députés de l’ARP et de l’article 110, relatif à la date d’application de la loi de finances pour l’exercice 2026.

L’un des articles litigieux est, aussi, l’article 25 relatif à la baisse des tarifs douaniers à l’importation des panneaux solaires et un autre relatif à la prime prévue au profit des personnes atteintes de dystrophie musculaire.

Le président de la commission paritaire, Dhafer Sghiri a affirmé que la version de la loi de finances adoptée dans son intégralité par l’ARP, depuis le 4 décembre 2025, est celle qui sera présentée au président de la République, Kaïs Saïed, pour être paraphée ou renvoyée à l’ARP.

Il a fait savoir, dans une déclaration à l’agence TAP, que les membres de la commission des deux chambres allaient trancher, dans le consensus, les articles litigieux, “mais les membres du CNRD n’étaient de cet avis”.

Il s’agit entre autres de l’article relatif aux énergies renouvelables. Le gouvernement avait proposé de réduire les droits de douane sur les importations de panneaux solaires de 30 à 15 %, alors que le taux approuvé par les membres du CNRD était de 20 %. La commission paritaire entre les deux chambres parlementaires (ARP et CNRD) avait déjà auditionné la ministre des Finances, Michket Slama Khaldi et le secrétaire d’État chargé de la Transition énergétique, Wael Chouchène et demandé un éclairage sur la proposition du gouvernement, lequel a montré la nécessité d’approuver la réduction.

Pour rappel, l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP), avait adopté, le 4 décembre 2026, dans son intégralité, la Loi de Finances (LF) pour 2026, lors d’une séance plénière, tenue au Palais du Bardo, avec 89 voix pour, 23 voix contre et 12 abstentions.

L’article Loi de Finances 2026 : La commission paritaire ARP–CNRD échoue à trancher plusieurs articles litigieux est apparu en premier sur WMC.

Tunisie : l’ISIE se dit prête à organiser les élections municipales avant fin 2026

demandes accréditation

Mohamed Tlili Mansri, porte-parole de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), a annoncé ce mercredi que l’institution est prête, sur les plans juridique, humain et logistique, à organiser les élections municipales avant la fin de l’année 2026. Selon lui, les préparatifs techniques et organisationnels sont déjà bien avancés. Il a précisé que ces élections […]

The post Tunisie : l’ISIE se dit prête à organiser les élections municipales avant fin 2026 first appeared on Directinfo.

Vers un nouveau modèle de développement pour la Tunisie

Depuis 2011, la Tunisie se cherche un modèle de développement capable de redonner souffle à une économie en transition et de répondre à la crise sociale et écologique qui s’accentue. Le modèle productiviste hérité des décennies précédentes — fondé sur la main-d’œuvre bon marché, le tourisme de masse et une agriculture dépendante des intrants importés — montre désormais ses limites. La dépendance extérieure, la fragilité du tissu industriel, la dégradation des ressources naturelles et les inégalités régionales ont rendu nécessaire une révision profonde du paradigme national.

Zouhaïr Ben Amor *

Or, la Tunisie dispose d’atouts uniques : une situation géographique exceptionnelle à la pointe nord de l’Afrique, face à l’Europe, ouverte sur la Méditerranée et connectée au monde arabe et africain; une diversité naturelle rare pour un pays de sa taille; et surtout, un patrimoine culturel et historique d’une richesse exceptionnelle. Ces éléments constituent les fondements d’un modèle alternatif, que l’on pourrait résumer par une équation simple : Environnement + Culture + Tourisme.

Ce triptyque pourrait devenir l’ossature d’un développement durable à la tunisienne — un modèle reposant sur la protection de l’environnement (y compris l’agriculture), la valorisation culturelle et un tourisme repensé dans sa dimension qualitative et territoriale.

1. La Tunisie et ses atouts naturels et humains

La Tunisie est bénie par la nature. Son climat méditerranéen tempéré, son littoral de plus de 1 300 km, ses reliefs variés, ses zones humides, ses oasis, et ses terres agricoles confèrent au pays une diversité écologique que peu de nations arabes possèdent.

Pourtant, ces richesses naturelles sont aujourd’hui menacées. La surexploitation des nappes phréatiques, l’avancée de la désertification, l’érosion des sols et la pollution côtière pèsent lourdement sur les équilibres environnementaux. Selon la Banque mondiale, la Tunisie perd chaque année près de 0,7 % de son PIB à cause de la dégradation environnementale.

Mais l’environnement ne se réduit pas à un décor; il constitue une base de production, un patrimoine vivant et une source de bien-être collectif. C’est là que l’agriculture, composante essentielle de ce pilier, trouve toute sa place. L’Office national de l’agriculture (Onagri) rappelle dans son Référentiel pour une agriculture durable en Tunisie (2015) que «la durabilité du secteur agricole passe par la préservation des ressources, la diversification des cultures et la valorisation du savoir-faire paysan».

À ces atouts naturels s’ajoute un patrimoine culturel et historique d’une densité exceptionnelle. La Tunisie est un carrefour de civilisations : phénicienne, romaine, byzantine, arabe, ottomane, andalouse, européenne. Ses médinas, ses sites archéologiques, ses traditions artisanales et musicales, ainsi que ses langues et cuisines régionales constituent une mosaïque culturelle d’une grande richesse.

Enfin, le pays dispose d’un capital humain jeune et éduqué, d’une diaspora dynamique et d’un secteur créatif en plein essor (design, photographie, cinéma, artisanat, arts plastiques). Ce potentiel humain et symbolique doit être placé au cœur du projet de développement.

2. Environnement et agriculture : socle de la résilience

Le pilier environnemental ne peut être dissocié de l’agriculture, qui reste le premier utilisateur de l’eau et un pilier social pour près d’un tiers des Tunisiens. Cependant, la pression climatique et hydrique impose une refonte totale des pratiques. La Tunisie est classée parmi les pays les plus exposés au stress hydrique dans le monde, avec moins de 400 m³ d’eau douce disponible par habitant et par an, loin du seuil de pauvreté hydrique fixé à 1 000 m³.

L’adoption de modèles agroécologiques, la modernisation raisonnée de l’irrigation, l’usage d’énergies renouvelables dans les exploitations et la revalorisation des déchets organiques constituent des priorités. Des expériences locales en permaculture, à Grombalia, Sidi Bouzid ou Tozeur, montrent qu’il est possible de produire autrement, avec des rendements stables et des sols régénérés.

Les politiques publiques doivent encourager ces transitions : crédits verts, labels bio, circuits courts entre producteurs et consommateurs, coopératives territoriales. Dans le monde, des exemples inspirants existent : l’Italie du Sud, le Maroc (plan Génération verte) ou encore le Portugal ont réussi à associer agriculture locale, tourisme rural et durabilité environnementale.

L’agriculture tunisienne peut devenir à la fois productrice de biens, de paysages et de valeurs culturelles. Le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) recommande de considérer les zones agricoles comme «systèmes écoculturels» : chaque terroir est porteur d’une identité, d’un savoir-faire et d’une biodiversité spécifique.

Ainsi, la préservation de l’environnement devient la condition de la durabilité économique : sans eau, sans sol fertile, sans paysages intacts, ni agriculture ni tourisme ne peuvent survivre.

3. Culture et patrimoine : l’âme du développement

La culture, dans ce modèle, n’est pas un supplément d’âme. Elle est la clé de la cohésion nationale et le moteur symbolique du développement. En effet, c’est la culture qui donne sens à l’espace, valeur au territoire, et attractivité à la nation.

La Tunisie possède une trentaine de sites classés au patrimoine mondial de l’Unesco, et des centaines d’autres en attente de reconnaissance. Pourtant, beaucoup de ces trésors sont sous-exploités ou laissés à l’abandon. La restauration des médinas (Tunis, Kairouan, Sousse, Sfax) et la mise en réseau de leurs artisans pourraient devenir un puissant levier économique et social.

Au-delà du patrimoine bâti, le patrimoine immatériel (chants, gastronomie, savoir-faire, mémoire populaire) doit être valorisé.

L’expérience de Djerba, récemment classée à l’Unesco (2023), montre qu’un territoire peut être reconnu pour la coexistence de ses traditions, de ses religions et de ses architectures vernaculaires.

La culture, lorsqu’elle s’ouvre à la création contemporaine, devient aussi un facteur d’innovation et de différenciation internationale. Le tourisme culturel, qui attire une clientèle curieuse et respectueuse, est une alternative durable au tourisme balnéaire de masse.

De plus, la culture ancre le développement dans la dignité. Elle valorise l’artisan, le musicien, le conteur, la potière ou le tisserand, en leur offrant reconnaissance et débouchés. Cette dynamique, soutenue par des circuits culturels (routes du patrimoine, festivals, musées vivants), peut revitaliser les régions intérieures et réduire les fractures territoriales.

4. Tourisme durable : catalyseur du modèle

Le troisième pilier, le tourisme, représente historiquement un moteur de devises et d’emplois, mais son orientation vers le «tout balnéaire» a fragilisé sa durabilité. Le tourisme tunisien a longtemps misé sur le volume plutôt que sur la qualité. Cette approche a généré des effets pervers : saisonnalité extrême, faibles marges, pression sur les ressources naturelles, dégradation du littoral et homogénéisation culturelle.

Aujourd’hui, un tournant s’impose. La stratégie nationale du tourisme durable à l’horizon 2035, élaborée avec l’appui de la Banque mondiale, recommande une diversification profonde : écotourisme, tourisme culturel, rural, saharien, sportif et médical.

L’écotourisme est un levier prometteur. Il repose sur la valorisation des parcs nationaux (Ichkeul, Bou Hedma, Chaambi), des zones montagneuses (Kef, Zaghouan), et des oasis (Douz, Tozeur, Nefta). Ces espaces, gérés de manière participative, peuvent devenir des laboratoires de durabilité.

Le tourisme rural et agricole, quant à lui, permet d’intégrer les populations locales : hébergement en gîtes, dégustation de produits du terroir, initiation aux pratiques agricoles, découverte des savoir-faire artisanaux. Cette approche, déjà expérimentée à Takrouna ou dans le Cap Bon, crée un lien humain et économique entre visiteurs et habitants.

L’exemple du projet BioTED (Tunisie-Belgique) est emblématique : il a permis de développer des circuits agrotouristiques bio, valorisant les petits producteurs et les paysages ruraux.

Enfin, le tourisme doit devenir un espace de responsabilité. Les visiteurs d’aujourd’hui recherchent l’authenticité, la nature et le sens. Le pays qui saura leur offrir cela gagnera en notoriété et en respect. La Tunisie a les moyens de devenir cette destination méditerranéenne durable, entre mer, désert et culture.

5. Les défis à surmonter

Ce modèle intégré, aussi séduisant soit-il, se heurte à plusieurs obstacles.

Le premier est le changement climatique : la diminution des précipitations, la montée du niveau marin, l’érosion côtière et la salinisation des sols sont des menaces existentielles. La Tunisie doit urgemment moderniser la gestion de l’eau : récupération des eaux pluviales, dessalement, réutilisation des eaux usées traitées, et tarification rationnelle.

Le deuxième défi est institutionnel : les politiques publiques restent fragmentées. L’environnement, l’agriculture, la culture et le tourisme dépendent de ministères différents, rarement coordonnés. Une approche intégrée nécessite une gouvernance territoriale, des agences régionales, et des compétences transférées aux collectivités locales.

Le troisième obstacle est économique : le financement de la durabilité. Or, les outils existent. Le Fonds vert pour le climat, la Banque européenne d’investissement et de nombreuses institutions internationales proposent des lignes de crédit pour les projets verts et culturels. La Tunisie pourrait en bénéficier à condition de présenter des projets cohérents et bien évalués.

Enfin, le quatrième défi est culturel au sens civique : il faut réhabiliter la conscience collective de la valeur de la nature et du patrimoine. La durabilité ne se décrète pas, elle s’éduque. Les écoles, les médias, les associations doivent inculquer une culture écologique et patrimoniale, un sens du bien commun.

6. Pour une gouvernance intégrée et participative

L’un des points faibles chroniques des politiques tunisiennes est la fragmentation administrative. Pour que ce modèle fonctionne, il faut une structure de gouvernance transversale — une Agence nationale du développement durable territorial — chargée d’orchestrer les actions entre les ministères, les collectivités et les acteurs privés.

Cette agence pourrait, par exemple, piloter des projets intégrés sur des territoires pilotes : un gouvernorat côtier, un territoire oasien, une médina restaurée. Ces expériences locales serviraient de laboratoires avant leur généralisation.

L’implication des citoyens est cruciale. La durabilité se construit à partir des communautés locales. Les municipalités, les associations, les coopératives, les universités doivent être associées à la conception et à l’évaluation des projets. Une gouvernance ascendante, fondée sur la concertation, garantit la continuité et l’appropriation.

De plus, la Tunisie pourrait mettre en place un système de paiement pour services environnementaux : les acteurs économiques qui profitent des paysages (hôtels, agences, promoteurs) devraient contribuer à leur préservation. Une telle mesure, déjà appliquée au Costa Rica et au Maroc, permet d’allier économie et écologie.

7. Comparaisons internationales et inspirations

Dans la région méditerranéenne, plusieurs pays ont engagé des transitions similaires. Le Portugal, après avoir connu un tourisme de masse, a réorienté sa stratégie vers la durabilité en misant sur la culture, la nature et la gastronomie. Résultat : un allongement de la saison touristique, une hausse du revenu par visiteur et une meilleure répartition régionale.

Le Maroc a intégré la culture et le tourisme durable dans son Plan Vision 2020, créant des circuits culturels et ruraux (Routes des kasbahs, du safran, des oasis). La Jordanie a développé le tourisme communautaire autour de Petra et de Dana, en impliquant directement les habitants dans la gestion et les bénéfices.

Ces exemples montrent que la durabilité n’est pas une utopie. Elle est économiquement rentable à moyen terme et politiquement valorisante. La Tunisie, par son histoire et sa position géographique, a toutes les conditions pour devenir une référence méditerranéenne du développement intégré.

8. Perspectives et impacts attendus

Si la Tunisie met en œuvre une stratégie cohérente articulant environnement, culture et tourisme, plusieurs effets vertueux peuvent être anticipés.

Sur le plan écologique, la restauration des milieux naturels, la reforestation, la rationalisation de l’eau et la réduction de la pollution amélioreraient la qualité de vie et la résilience climatique.

Sur le plan économique, la diversification des activités rurales, la création d’emplois dans la restauration patrimoniale, l’agrotourisme et les industries créatives pourraient absorber une partie du chômage des jeunes diplômés.

Sur le plan social et culturel, la revalorisation des savoir-faire traditionnels et la reconnaissance des cultures locales contribueraient à la cohésion nationale et au sentiment d’appartenance.

Enfin, sur le plan international, une image renouvelée de la Tunisie — moderne, durable et authentique — renforcerait son attractivité et sa crédibilité dans les circuits touristiques et environnementaux mondiaux.

9. Conclusion : un souffle pour la Tunisie de demain

L’équation Environnement + Culture + Tourisme n’est pas un slogan, mais une voie stratégique. L’environnement représente la base matérielle et biologique de la vie ; la culture en incarne l’âme et la mémoire ; le tourisme, s’il est durable, devient le moteur économique qui fait circuler les deux.

La Tunisie doit désormais passer de la parole à l’action :

  • investir dans l’agriculture durable et l’économie circulaire ;
  • restaurer et valoriser son patrimoine matériel et immatériel ;
  • repositionner son tourisme sur la qualité, l’expérience et la responsabilité.

Ce modèle intégré, soutenu par une gouvernance décentralisée et des financements verts, pourrait être le levier d’une renaissance nationale. Il offrirait à la Tunisie non seulement un nouvel horizon économique, mais aussi une identité réconciliée avec elle-même : un pays où le respect de la nature, la fierté culturelle et la dignité sociale se conjuguent pour bâtir un avenir durable.

Ainsi, la Tunisie pourrait redevenir ce qu’elle a toujours été au fil des siècles : un pont entre les civilisations, un jardin fertile au cœur de la Méditerranée, et un exemple pour les nations qui cherchent à conjuguer progrès et humanité.

* Universitaire.

Références bibliographiques (sélection):

  • Onagri, Référentiel pour une agriculture durable en Tunisie, 2015.
  • Banque mondiale, Toward Sustainable Tourism in Tunisia, 2024.
  • Pnud, Rapport sur le développement humain en Tunisie, 2023.
  • Arab Reform Initiative, Tunisia’s Climate Justice Movement, 2023.
  • Eco-Conseil Belgique, Projet BioTED, 2022.
  • Agenda 21 Culture, Cultural Policy for Sustainable Development in Tunis, 2022.
  • FAO, Agriculture, eau et changement climatique en Méditerranée, 2020.
  • World Tourism Organization (UNWTO), Sustainable Tourism Indicators for the Mediterranean, 2022.
  • Le Monde, Les producteurs tunisiens face au manque d’eau, 2024.
  • Institut Tunisien des Études Stratégiques (ITES), Tunisie 2030 : modèle de développement durable, 2022.

L’article Vers un nouveau modèle de développement pour la Tunisie est apparu en premier sur Kapitalis.

JOZ Group choisit Jendouba pour sa nouvelle unité industrielle en Tunisie

Le groupe JOZ, acteur mondial majeur dans les secteurs des cosmétiques et des produits parapharmaceutiques, s’implante en Tunisie.

Une délégation de haut niveau a été chaleureusement reçue par Jalel Tebib, DG de la Fipa Tunisie, marquant le début d’une coopération prometteuse pour l’économie nationale. À cette occasion, le PDG Nabeel Joz a dévoilé un projet ambitieux pour la région de Bousalem, dans le gouvernorat de Jendouba. Il s’agit de la création d’une unité de production intégrée, couvrant la fabrication de parfums, de cosmétiques et de solutions parapharmaceutiques, avec l’ensemble du processus industriel sur place. À terme, cette initiative devrait générer de nombreux emplois qualifiés et insuffler un nouvel élan à l’économie locale.

Par ailleurs, la Fipa a rappelé les atouts majeurs de la Tunisie pour les investisseurs étrangers: un écosystème industriel solide, une position géographique stratégique au cœur de la Méditerranée, ainsi qu’un vivier de compétences reconnu et en constante évolution.

À vrai dire, l’intérêt du groupe JOZ ne se limite pas au secteur des cosmétiques. Le dirigeant a exprimé son attention pour d’autres secteurs porteurs, notamment l’automobile, identifiant dans le pays un tremplin stratégique pour diversifier ses activités. “Le groupe a également manifesté son intérêt pour d’autres projets nationaux d’envergure, tels que le projet Taparura (Sfax) et la Zone franche de Ben Guerdane”, a précisé la Fipa. Dans cette perspective, des réunions de suivi seront prochainement organisées afin d’approfondir et de concrétiser ces pistes de collaboration.

Aujourd’hui, “le groupe emploie des milliers de professionnels dans le monde et jouit d’une solide réputation dans les domaines du parfum, des soins de la peau, de la coiffure et des solutions parapharmaceutiques“, communique la même source. Son implantation en Tunisie traduit l’ambition du Groupe de renforcer sa position de leader tout en explorant de nouveaux marchés et ressources.

Fondé en 1935 à Bahreïn, JOZ s’est imposé comme une référence mondiale dans l’industrie de la beauté et de la santé, reconnu pour sa recherche de pointe, ses produits innovants et son engagement en faveur du développement durable.

 

Source: Fipa

L’article JOZ Group choisit Jendouba pour sa nouvelle unité industrielle en Tunisie est apparu en premier sur Managers.

Mdhila : un ouvrier décède dans un accident sur un site de phosphate

Un grave accident de travail a coûté la vie à un ouvrier ce mercredi matin 10 décembre 2025 sur le site n°2 de la Compagnie de Phosphate de Gafsa (CPG), dans la région de Mdhila. L’incident s’est produit lorsqu’un des engins lourds du site est entré en collision accidentelle avec le salarié, provoquant sa mort […]

L’article Mdhila : un ouvrier décède dans un accident sur un site de phosphate est apparu en premier sur La Presse de Tunisie.

Tunis : soirée astronomique gratuite à la Cité des sciences

La Cité des sciences de Tunis organisera, le 27 décembre à partir de 18h, une soirée astronomique gratuite ouverte au grand public et consacrée aux “constellations d’hiver”. L’événement, accessible sans inscription préalable, vise à offrir une découverte immersive du ciel hivernal à travers conférences et observations au télescope. Destinée aux passionnés comme aux simples curieux, […]

L’article Tunis : soirée astronomique gratuite à la Cité des sciences est apparu en premier sur La Presse de Tunisie.

Ligue des Champions : programme complet des retransmissions TV

Une journée riche en football attend les téléspectateurs ce mercredi 10 décembre 2025, avec la diffusion de rencontres décisives en Coupe Intercontinentale, en Ligue des Champions UEFA et en Ligue des Champions asiatique. Les principales chaînes sportives arabes, françaises et internationales mobilisent leurs antennes pour couvrir plusieurs affiches majeures, dont Real Madrid–Manchester City et Athletic […]

L’article Ligue des Champions : programme complet des retransmissions TV est apparu en premier sur La Presse de Tunisie.

Retraite des députés, panneaux solaires, allocations…, le cocktail qui bloque le budget 2026

À la veille de la séance plénière conjointe prévue mercredi pour clôturer l’examen de la loi de finances 2026, la commission paritaire réunissant l’Assemblée des représentants du peuple et le Conseil des régions et des districts n’est pas parvenue à résoudre les divergences concernant plusieurs articles clés du projet. Les membres des deux chambres doivent […]

L’article Retraite des députés, panneaux solaires, allocations…, le cocktail qui bloque le budget 2026 est apparu en premier sur La Presse de Tunisie.

Mondial 2026 : l’Égypte et l’Iran rejettent le soutien prévu aux homosexuels lors de leur match

L’Égypte et l’Iran ont officiellement exprimé leur refus de voir leur match de Coupe du monde 2026 consacré à une journée de soutien aux personnes LGBT, prévue par la FIFA lors de leur confrontation programmée le 27 juin 2026 à Seattle. Les deux fédérations ont adressé des courriers séparés à la FIFA demandant l’annulation de […]

L’article Mondial 2026 : l’Égypte et l’Iran rejettent le soutien prévu aux homosexuels lors de leur match est apparu en premier sur La Presse de Tunisie.

LEBRIDGE25 – Tunis : un hub inédit pour connecter startups, entreprises et investisseurs le 15 décembre

La première édition de l’événement « LEBRIDGE25 – Tunis », dédiée à la création de passerelles entre startups, entreprises et investisseurs, sera lancée lundi 15 décembre à Tunis. Et ce, à l’initiative de la Chambre de commerce et d’industrie tuniso-française (CCITF).

Conçu comme une plateforme d’accélération des collaborations, LEBRIDGE25 vise à faciliter les rencontres stratégiques et à faire émerger des partenariats concrets. Il intervient dans un contexte où la Tunisie affirme son dynamisme entrepreneurial. C’est ce qu’on peut lire sur la page Facebook de la Chambre.

Cet événement s’articulera autour de trois panels thématiques : tout d’abord, l’Open Innovation; puis les modèles efficaces de partenariats startups-entreprises; et les opportunités d’implantation en France. Il prévoit également des rencontres B2B ciblées, appuyées par une plateforme dédiée, permettant aux participants de planifier des rendez-vous stratégiques. Un Startup Showcase mettra aussi en lumière des projets innovants.

Il s’inscrit dans les actions de la Commission « Startup & Innovation » de la CCITF. Laquelle œuvre pour renforcer l’accès au marché, au financement et à l’expansion internationale des écosystèmes tunisien et français.

« LEBRIDGE25 – Tunis » s’adresse aux grandes entreprises, PME, startups innovantes, investisseurs et acteurs de l’écosystème. Il se positionne ainsi comme un lieu de rencontre clé pour construire des opportunités d’innovation et de croissance.

L’article LEBRIDGE25 – Tunis : un hub inédit pour connecter startups, entreprises et investisseurs le 15 décembre est apparu en premier sur Leconomiste Maghrebin.

Conseil d’Administration de la STIP : quatre nouvelles nominations

La Société tunisienne des Industries de Pneumatiques (STIP) a élu quatre nouveaux administrateurs lors de son Assemblée générale ordinaire du 14 octobre 2025.

AFRICA HOLDING, Khemis BABA, Mohamed Ali CHEKIR et Faouzi SKHIRI ont été élus pour un mandat de trois ans, qui prendra fin lors de l’Assemblée statuant sur les comptes 2027. Quatre candidatures avaient été déposées pour ces sièges soumis à renouvellement.

Le Conseil d’Administration de la STIP se compose désormais de neuf membres. Montassar DRIDI en assure la présidence, tandis que Khemis BABA cumule les fonctions d’administrateur et de Directeur Général. Les autres membres sont Jalel AZZOUZ, Ahmed BEN KHEDER, représentant des actionnaires minoritaires, ainsi que deux administrateurs indépendants, Maher Ben AISSA et Saida HACHICHA.

L’article Conseil d’Administration de la STIP : quatre nouvelles nominations est apparu en premier sur Leconomiste Maghrebin.

ECLAIRAGE – L’euro reprend l’initiative face au dollar — Quels impacts pour la Tunisie à l’aube de 2026 ?

L’euro avance prudemment mais sûrement face au dollar, dans un moment charnière où les banques centrales des deux côtés de l’Atlantique s’apprêtent à façonner le paysage monétaire des prochains trimestres.

À l’approche de la réunion de la Réserve fédérale américaine (Fed), les marchés accordent désormais une probabilité écrasante à une baisse imminente des taux directeurs. Tandis que la Banque centrale européenne (BCE) semble déterminée à maintenir sa position de pause monétaire. Cette divergence subtile mais déterminante nourrit actuellement le redressement de l’euro, qui évolue autour de 1,1645 dollar dans la séance asiatique de lundi.

Ce mouvement technique, qui pourrait paraître modeste, porte en réalité des implications majeures pour les économies périphériques, dont la Tunisie, fortement exposée aux turbulences du marché des changes.

La dynamique (1) qui s’installe repose largement sur l’affaiblissement progressif du dollar. Les investisseurs anticipent presque unanimement une réduction de 25 points de base du taux des fonds fédéraux, ramenant la fourchette entre 3,50 % et 3,75 %.

Cette vision d’un cycle d’assouplissement désormais engagé suffit à peser sur le billet vert. Mais les opérateurs demeurent attentifs au ton qu’adoptera la Fed (2). En effet, une baisse de taux assortie d’un discours ferme – le fameux « hawkishcut » – pourrait facilement inverser la tendance et offrir un répit au dollar en fin d’année. Tout se jouera dans l’orientation du message, plus encore que dans l’ajustement lui-même.

En zone euro, le tableau évolue dans un sens presque opposé. Les dernières données d’inflation ont légèrement dépassé les attentes en novembre. Une surprise qui allège paradoxalement la pression immédiate sur la BCE.

L’institution de Francfort devrait maintenir le statu quo lors de la réunion du 18 décembre, considérant que la normalisation monétaire opérée depuis deux ans doit encore déployer ses effets. Ce contraste entre un dollar pénalisé par l’anticipation d’une détente et un euro stabilisé par l’attentisme de la BCE confère aujourd’hui un avantage tactique à la devise européenne.

Les divergences d’analyse au sein des grandes banques (3) illustrent toutefois l’incertitude de moyen terme. Goldman Sachs privilégie un horizon prolongé de stabilité, avec un taux de dépôt maintenu à 2 % jusqu’en 2026. Deutsche Bank, plus prudente, estime qu’une hausse marginale reste possible si les pressions inflationnistes persistent.

 

La BCE devrait maintenir le statu quo lors de la réunion du 18 décembre, considérant que la normalisation monétaire opérée depuis deux ans doit encore déployer ses effets. Ce contraste entre un dollar pénalisé par l’anticipation d’une détente et un euro stabilisé par l’attentisme de la BCE confère aujourd’hui un avantage tactique à la devise européenne.

 

Aux États-Unis, les débats s’annoncent tout aussi serrés : plusieurs stratégistes anticipent des fractures internes au comité FOMC, nourries autant par les partisans de l’orthodoxie monétaire que par ceux plaidant pour une action plus souple. Dans un tel contexte, la volatilité sur l’EUR/USD devrait rester élevée durant tout le premier semestre 2026.

Les prochains indicateurs conjoncturels européens — notamment l’indice Sentix de confiance des investisseurs et la production industrielle allemande (4) — pourraient également influencer l’orientation des anticipations. Un rebond industriel, même timide, viendrait renforcer la thèse d’une zone euro résistante, offrant un nouvel appui à l’euro. À l’inverse, un repli marqué raviverait la pression sur la BCE et ouvrirait la voie à un rééquilibrage monétaire.

Implications pour la Tunisie : un moment charnière pour le dinar

L’évolution actuelle du marché des changes ne constitue pas seulement un mouvement technique entre deux devises majeures : elle façonne directement l’environnement macro financier dans lequel évolue la Tunisie.

Le pays, dont les importations sont majoritairement libellées en euro mais dont une part significative de la dette et des paiements extérieurs demeure en dollar, se trouve au cœur d’un arbitrage délicat.

Un euro qui se renforce et un dollar qui se replie constituent, à court terme, une configuration globalement favorable pour la Tunisie.

Ainsi, la baisse relative du dollar permettrait d’alléger temporairement la facture énergétique et celle des matières premières, généralement indexées sur la devise américaine. Cela pourrait contribuer à réduire les pressions sur la balance commerciale en fin d’année, dans un contexte où les déficits structurels restent importants.

 

La Tunisie, dont les importations sont majoritairement libellées en euro mais dont une part significative de la dette et des paiements extérieurs demeure en dollar, se trouve au cœur d’un arbitrage délicat.

 

Simultanément, un euro plus robuste soutient indirectement le dinar, compte tenu du panier de référence où la monnaie unique occupe une part dominante. Historiquement, les épisodes de raffermissement de l’EUR/USD se traduisent par une stabilisation du dinar face à l’euro et par une modération des tensions vis-à-vis du dollar. Si la tendance actuelle se confirme, le dinar pourrait évoluer dans une zone plus confortable au tournant de 2026, ce qui réduirait marginalement les pressions sur les réserves en devises.

Toutefois, ce répit n’efface pas les vulnérabilités. Une communication agressive de la Fed, renforçant temporairement le dollar, pourrait rapidement inverser les gains. De même, si la BCE venait à adopter un ton plus prudent début 2026, l’euro pourrait perdre une partie de son avantage. Pour la Tunisie, cela signifierait un risque renouvelé de glissement du dinar, surtout dans un contexte où la croissance demeure modérée, les besoins de financement importants et les marges de manœuvre monétaires limitées.

À moyen terme, le pays devra également composer avec une réalité incontournable : les conditions financières internationales vont rester volatiles en 2026. La divergence des politiques monétaires, les hésitations conjoncturelles européennes, les tensions géopolitiques et la fragmentation commerciale peuvent rapidement amplifier les mouvements de change. Pour la BCT, l’enjeu sera de maintenir une trajectoire de stabilisation progressive du dinar tout en évitant un resserrement trop prononcé qui pourrait pénaliser davantage les liquidités bancaires et l’activité réelle.

Perspectives 2026 : une fenêtre d’opportunité à saisir

Si l’euro poursuit sa trajectoire ascendante, la Tunisie pourrait bénéficier d’une fenêtre d’amélioration relative de ses conditions extérieures au premier semestre 2026. Un dollar plus faible allégerait certaines charges externes et pourrait contribuer à modérer l’inflation importée, élément crucial dans la gestion du pouvoir d’achat et de la stabilité sociale. Un euro stable ou légèrement renforcé offrirait par ailleurs un appui au dinar, favorisant une meilleure visibilité pour les opérateurs économiques et les investisseurs.

 

À l’orée de 2026, le mouvement de l’euro face au dollar esquisse donc un scénario de stabilisation favorable, mais non garanti. Pour la Tunisie, la priorité consiste désormais à transformer cette accalmie relative des marchés en marge de manœuvre durable, tant pour l’économie réelle que pour la trajectoire du dinar.

 

Mais cette fenêtre reste fragile. Elle dépendra largement de la capacité de l’Europe à éviter une récession, de la posture réelle de la Fed après décembre et de la stabilité géopolitique régionale. Dans un environnement incertain, la Tunisie devra accélérer ses ajustements internes, renforcer sa discipline budgétaire, améliorer la transparence de ses circuits de distribution et optimiser son plan de financement extérieur pour tirer pleinement parti d’un cycle monétaire mondial en transition.

À l’orée de 2026, le mouvement de l’euro face au dollar esquisse donc un scénario de stabilisation favorable, mais non garanti. Pour la Tunisie, la priorité consiste désormais à transformer cette accalmie relative des marchés en marge de manœuvre durable, tant pour l’économie réelle que pour la trajectoire du dinar.

=======================

Références :

(1) Salle des marchés-IAEF(ONG)-09/12/2025 16:54.

(2)communiqués :

(3) communiqués :  FED, Goldman Sachs, Deutsche Bank…

(4)communiqué Sentix

===============================

* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

L’article ECLAIRAGE – L’euro reprend l’initiative face au dollar — Quels impacts pour la Tunisie à l’aube de 2026 ? est apparu en premier sur Leconomiste Maghrebin.

❌