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Tunisie: L’huile d’olive au Japon, un produit précieux et un marché florissant
Tunisie – Grève des hydrocarbures : Le blocage persiste entre syndicats et ministère
La séance de conciliation tenue jeudi dernier entre le Syndicat des hydrocarbures et des produits chimiques et le Syndicat du transport des carburants, sous l’égide du ministère des Affaires sociales, n’a pas permis d’aboutir à un accord. En conséquence, la grève annoncée pour les 29 et 30 novembre reste maintenue.
Une nouvelle séance de conciliation est prévue lundi prochain, toujours sous la supervision du ministère des Affaires sociales. Cette réunion sera décisive concernant la poursuite ou non du mouvement social.
Le Syndicat des hydrocarbures et des produits chimiques demande la signature d’un accord sectoriel en remplacement de l’avenant portant sur l’augmentation des salaires, signé entre l’Union générale du travail et l’Union des employeurs en 2022.
Le secrétaire général du syndicat, Selwan Smeiri, a précisé que la signature de cet accord n’aurait aucune incidence financière, soulignant ainsi l’incompréhension face au refus de signer.
Il a également appelé les autorités et le gouvernement à ouvrir un dossier sur le transport des carburants, tout en réaffirmant le rejet catégorique du syndicat de toute tentative visant à aggraver la situation par de nouvelles tensions ou des grèves.
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Médecins internes en colère : Boycott des centres de stage dans le Grand Tunis
Le président de l’Organisation tunisienne des jeunes médecins, Wajih Dhakkar, a déclaré hier samedi que son organisation a alerté le ministre de la Santé, Mustapha Farjani, sur la problématique liée à la réduction du nombre de médecins internes dans les centres de stage des hôpitaux de la région du Grand Tunis.
Dans une déclaration à l’Agence TAP, Wajih Dhakkar a indiqué que cette diminution affecte le fonctionnement des services hospitaliers et alourdit la charge de travail des médecins internes. Lors d’une réunion tenue mercredi dernier avec une délégation de l’organisation, le ministre de la Santé s’est engagé à apporter une solution durable à ce problème, qui a conduit les médecins internes à boycotter le choix des centres de stage depuis le 4 novembre.
Selon Dhakkar, le nombre de médecins internes affectés aux stages pour cette année a été réduit à 330, contre une moyenne de 500 par an auparavant. Cette baisse, dit-il, pourrait entraîner une surcharge des équipes médicales et une augmentation des heures de travail dans les services hospitaliers.
Pour répondre à cette situation, l’Organisation tunisienne des jeunes médecins propose de recruter entre 200 et 300 médecins ayant achevé leur première année d’internat et qui sont actuellement en attente de passer le concours de spécialisation (résidence). “Ces médecins, bien que temporairement en dehors du système, sont disposés à intégrer les centres hospitaliers pour combler le déficit”, a affirmé Dhakkar. Il a rappelé que cette solution avait été utilisée avec succès durant la pandémie de Covid-19.
En cas d’impossibilité d’appliquer cette mesure, notamment pour des raisons budgétaires, l’organisation propose d’autres alternatives, comme la réduction du nombre de centres de stage ou une redistribution des ressources humaines existantes.
Dhakkar a également précisé que ce déficit en médecins internes concerne uniquement les hôpitaux de la région du Grand Tunis. Les gouvernorats abritant des facultés de médecine, tels que Monastir, Sousse et Sfax, ne semblent pas touchés, grâce à un meilleur équilibre entre les besoins et les ressources dans leurs services hospitaliers.
Il a conclu en appelant le ministère de la Santé à agir rapidement pour garantir la continuité et la qualité des services médicaux dans les établissements hospitaliers.
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Tunisie – Festival de la Gastronomie du Poulpe : Kerkennah, île de traditions et d’avenir
L’île de Kerkennah accueillera, du 29 novembre au 1er décembre prochains, la “Caravane de la Route de la Gastronomie en Tunisie”, avec la participation d’associations venues de Béni Khedache, Djerba (gouvernorat de Médenine), Tozeur et Sfax. Cet événement est organisé par l’association Tawassoul Al-Ajyal de Sfax et le réseau des associations de la Route de la Gastronomie en Tunisie.
Un hommage au patrimoine culinaire et culturel
Cette caravane coïncide avec la deuxième édition du Festival de la Route de la Gastronomie du Poulpe, un événement initié l’an dernier par l’association Tawassoul Al-Ajyal pour mettre en valeur le riche patrimoine matériel et immatériel de l’archipel de Kerkennah. Lors d’une conférence de presse, la délégation régionale du tourisme de Sfax et les organisateurs ont souligné l’importance de cette initiative dans la préservation et la promotion des traditions locales.
L’événement réunira des acteurs clés du développement, des composantes de la société civile et des professionnels des secteurs touristique, culturel et agricole. Y participeront notamment des pêcheurs, des artisans et des associations locales, ainsi que des structures d’autres régions tunisiennes ayant développé, comme Tawassoul Al-Ajyal, des circuits touristiques et valorisé leur patrimoine culinaire.
Selon Sana Taktak Kaskas, présidente de l’association Tawassoul Al-Ajyal, « la création de routes gastronomiques s’inscrit dans le cadre du projet Renforcement du tourisme durable en Tunisie, soutenu par l’agence de coopération allemande GIZ et cofinancé par l’Union européenne dans le cadre du programme Tounes Wijhetouna. » La caravane rassemblera des participants de plusieurs régions, notamment Béni Khedache, Djerba, Tozeur et Sfax.
Des circuits gastronomiques comme atout touristique
Le commissaire régional du tourisme de Sfax, Fathi Zarida, a déclaré que ces initiatives visent à diversifier et enrichir l’offre touristique en répondant aux attentes des touristes tunisiens et étrangers, qui privilégient de plus en plus un tourisme alternatif et durable. Il a également souligné l’importance de mettre en lumière les spécialités culinaires locales, comme le poulpe, emblème de Kerkennah, qui constitue un puissant levier d’attractivité touristique.
Il est à noter que la deuxième édition du festival comprendra des conférences sur la préservation du patrimoine face aux changements climatiques, des activités de plantation dans le cadre du programme de la ceinture verte, ainsi que des animations valorisant les traditions culinaires et les spécialités locales de Kerkennah. Le tout vise à ancrer la région comme une destination touristique alternative, durable et respectueuse de son environnement naturel et culturel.
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Tunisie – Météo : Pluies éparses attendues sur les côtes Est
Le temps pour ce dimanche 24 novembre 2024 sera globalement marqué par un ciel partiellement nuageux sur l’ensemble du territoire. En soirée, les nuages s’intensifieront sur les régions côtières de l’Est, où des pluies éparses sont attendues, indique l’INM.
Les températures maximales afficheront une légère hausse dans les régions nord et centre, tandis qu’elles resteront stables dans le sud. Elles varieront entre 19 et 23 degrés sur la majorité du pays et atteindront environ 15 degrés sur les hauteurs de l’Ouest.
En ce qui concerne les conditions maritimes, la mer sera agitée à très agitée au fil de la journée. Les vents, d’origine sud dans le nord et le centre, et d’est dans le sud, souffleront relativement fort près des côtes, tandis qu’ils resteront faibles à modérés à l’intérieur du pays.
Les autorités conseillent aux pêcheurs et plaisanciers de faire preuve de prudence en raison des vents forts et des conditions maritimes défavorables.
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Maher Belhadj : « Le PLF 2025 représente une lueur d’espoir, mais il reste perfectible »
Dans un contexte économique difficile marqué par l’héritage d’une décennie d’instabilité politique, de gestion défaillante et de crise sociale persistante, Maher Belhadj, expert en économie et finance, appelle à des réformes structurelles profondes pour sauver la Tunisie. Dans cet entretien, il expose les mesures nécessaires pour soutenir les PME, intégrer l’économie parallèle au circuit formel et garantir une stabilité durable. Il décrypte également les opportunités offertes par le projet de loi de finances 2025 et le statut amendé de la BCT, tout en plaidant pour une vision économique audacieuse et inclusive.
Quelles réformes économiques et sociales la Tunisie devrait-elle mettre en place pour favoriser la croissance des PME, intégrer l’économie parallèle à l’économie formelle et garantir une stabilité économique et sociale durable ?
La Tunisie aurait dû amorcer, voire accélérer, ses réformes économiques dès 2016, et même bien avant. Lorsque je parle de réformes économiques, je fais nécessairement référence aux impacts sociaux, car économie et social sont indissociables, surtout dans un environnement libéral. Négliger l’aspect social peut entraîner une instabilité qui nuit à la croissance économique. En outre, l’ignorance des droits sociaux pourrait nous conduire à des situations proches de l’esclavage et de l’appauvrissement. Sans exagérer, un tel manque de prise en compte des droits sociaux pourrait nous faire basculer dans une époque médiévale et entraîner des soulèvements révolutionnaires.
En l’absence de réformes efficaces, le pays n’aura jamais la stabilité nécessaire, tant sur le plan économique que social, pour attirer les investissements et mener les réformes indispensables à l’économie. Il est possible, à titre d’exemple, de faire en sorte que les négociations sociales avec l’UGTT se tiennent tous les trois ans au lieu de chaque année.
Examinons notre tissu économique, qui repose principalement sur les PME, qui représentent plus de 90% de notre économie. Un fait marquant devrait nous interpeller : de nombreuses entreprises, présentes sur le marché depuis 20, 30 ou même 40 ans, n’ont jamais connu un essor significatif, malgré leur longue expérience. La cause de cette stagnation réside dans l’absence de soutien de l’État, un soutien crucial qui n’a été accordé qu’à quelques groupes économiques influents. De plus, l’accord d’association avec l’Union européenne a eu un impact négatif, contribuant à la disparition de nombreuses PME. Ces entreprises n’ont pas prospéré, car elles se sont concentrées sur le marché local, sans chercher à s’étendre à l’international, notamment sur le marché africain, qui regroupe plus d’un milliard de consommateurs. De plus, l’environnement économique et l’écosystème n’ont pas facilité l’essor de ces PME. Parmi les obstacles majeurs, je souligne l’accès limité au financement, tant pour la création de projets que pour l’extension d’autres.
En tant que banquier, je peux affirmer que les charges financières imposées aux PME par les banques sont souvent similaires, voire identiques, ce qui suggère une entente tacite entre les établissements financiers. Cela nuit à la concurrence et engendre une économie fantôme, ou « économie parallèle ». Si cette économie parallèle venait à s’intégrer à l’économie formelle, le PIB national pourrait connaître une augmentation significative, pouvant même doubler. En intégrant les travailleurs du secteur informel dans l’économie formelle, la croissance pourrait atteindre 3 à 4 points supplémentaires durant les premières années, pour dépasser les 7 ou 8% à terme. Cette dynamique permettrait de stabiliser le pays sur le plan économique et social.
Un autre impact important de l’intégration de l’économie parallèle serait la génération de recettes fiscales. Il est essentiel de rappeler que cette économie parallèle échappe à l’impôt et prive l’État de ressources fiscales cruciales. Par ailleurs, il convient de noter que l’économie parallèle est en grande partie financée par l’économie formelle, car ce sont les Tunisiens qui achètent les produits du marché parallèle, alimentant ainsi son développement.
Un autre facteur est à prendre en compte : le régime forfaitaire, dont bénéficient près de 420 000 personnes qui paient des montants très faibles à l’État. En conséquence, l’État perd annuellement près de 25 milliards de dinars, une somme qui pourrait couvrir la dette publique, estimée à 24,7 milliards de dinars au début de l’année 2023. Cette situation montre que l’État pénalise les entreprises qui respectent la légalité.
Les PME tunisiennes rencontrent donc plusieurs contraintes majeures : la concurrence déloyale exercée par le marché parallèle, une pression fiscale lourde et instable, des charges financières élevées, la limitation du marché local, trop petit pour permettre leur expansion à l’international et l’absence de soutien de l’État.
Je note également l’absence de véritable valeur ajoutée dans de nombreux produits tunisiens. Par exemple, l’huile d’olive est souvent exportée en vrac, alors qu’elle pourrait générer davantage de recettes si elle était correctement conditionnée et emballée. Cette absence de valeur ajoutée reflète une faiblesse structurelle dans l’économie tunisienne. Enfin, la corruption, qui a longtemps miné le système économique, a obligé de nombreux Tunisiens à se tourner vers des circuits informels et illicites pour subsister. Ce phénomène a porté un coup sévère à l’économie nationale et empêché la croissance d’une économie saine et durable.
Est-il encore possible de sauver le pays et de redresser l’économie nationale ?
En 2016, et même bien avant cette date, nous avions l’opportunité de redresser la barre et de remettre l’économie nationale sur les rails. Comme vous le savez, en économie, plus tôt les réformes sont mises en œuvre, plus elles ont de chances d’être efficaces, car le temps joue un rôle crucial. Aujourd’hui, la situation du pays est critique, mais des réformes structurelles commencent à émerger. Reconstruire l’économie, gravement endommagée au cours d’une décennie noire, est un défi de grande ampleur. Hériter d’un tel passif nécessite du temps, des sacrifices et une stratégie cohérente.
Ce lourd héritage est aggravé par une détérioration des valeurs sociétales tunisiennes et par une baisse significative de l’épargne et des dépôts, due aux conditions de vie difficiles des citoyens. Ces facteurs compliquent davantage la tâche de relance. Le moment est venu d’agir avec détermination. Il est impératif de mettre en œuvre des réformes urgentes et visionnaires.
Que signifie « réformes visionnaires » dans ce contexte ?
Cela signifie que les réformes doivent être conçues pour anticiper les défis futurs et ne pas se limiter à des solutions conjoncturelles, valables uniquement à court terme. Il est essentiel d’éviter une situation où le pays serait contraint de réviser ses politiques chaque année, car cela entraînerait une instabilité susceptible de décourager les investisseurs, qu’ils soient locaux ou étrangers. En ces temps critiques, la stabilité économique et politique est un impératif absolu pour la relance.
Que pensez-vous du projet de loi de finances 2025 ? Est-il sur la bonne voie ?
Oui, mais pas entièrement. Prenons un exemple concret : la mise à jour des paliers d’imposition prévue dans ce projet constitue une avancée positive. Cependant, l’État ne peut pas aller plus loin dans l’amélioration de ces paliers, car il a besoin de maintenir un niveau élevé de recettes fiscales. Si le marché parallèle était intégré au circuit formel, cela offrirait à l’État une marge de manœuvre suffisante pour réduire davantage la pression fiscale.
Cela dit, cette mise à jour contribuera à alléger la charge fiscale des classes défavorisées, voire de la classe moyenne.
Il est néanmoins essentiel de clarifier ce que l’on entend par classe moyenne. Certains estiment qu’elle inclut les revenus dépassant 5 000 dinars par mois, tandis que d’autres placent ce seuil à 2 000 dinars. Une définition claire et consensuelle des classes sociales en Tunisie – aisée, moyenne, défavorisée – permettrait d’harmoniser les points de vue et d’élaborer des politiques plus adaptées. Actuellement, la mise à jour des paliers fiscaux engendrera une augmentation moyenne de 25 dinars par mois pour les ménages concernés, ce qui reste insuffisant.
Malgré ses imperfections, le projet de loi de finances 2025 donne tout de même une lueur d’espoir. Pour augmenter encore ses recettes fiscales, l’État pourrait envisager de déduire les charges d’investissement et les dépenses liées aux produits de consommation de l’assiette imposable, encourageant ainsi l’investissement et la consommation productive.
En ce qui concerne les secteurs économiques, le PLF 2025 accorde pour la première fois une attention particulière au secteur technologique, une démarche prometteuse. Ce progrès pourrait être renforcé par des amendements au code des changes et la promulgation d’autres lois qui accompagneraient et soutiendraient cette vision. Cependant, des résistances au changement subsistent, notamment en raison de la nature conservatrice de nombreux Tunisiens, qui ont souvent du mal à accepter des réformes radicales.
Un autre point critique concerne l’imposition des grandes entreprises. Actuellement, certaines sont soumises à un impôt de 40% sur leur chiffre d’affaires. Cela peut poser problème : une entreprise réalisant un chiffre d’affaires de 3 millions de dinars, mais un bénéfice net de seulement 1 million, serait pénalisée par cette taxation élevée. Il serait plus juste d’imposer les entreprises sur leurs bénéfices plutôt que sur leur chiffre d’affaires, afin de ne pas nuire à leur croissance et à leur compétitivité. En conclusion, bien que le PLF 2025 introduise des mesures intéressantes, il reste perfectible, notamment en termes d’équité fiscale et d’accompagnement législatif pour garantir un environnement économique stable et inclusif.
Le projet de loi visant à amender la loi n° 2016-35 du 25 avril 2016, qui établit le statut de la Banque centrale de Tunisie (BCT), suscite un vif débat entre ses partisans et ses opposants.
Selon cette loi, la BCT a pour principales missions : assurer la stabilité des prix, contribuer à la réalisation des objectifs socio-économiques de l’État, en favorisant la croissance du PIB, la création de richesse et la réduction du chômage, maintenir l’équilibre financier de l’État tout en minimisant les coûts, afin de réduire le recours excessif aux financements extérieurs et intérieurs et préserver la valeur du dinar face aux devises étrangères et limiter l’inflation importée.
Dans un contexte marqué par une décennie noire, une gestion défaillante des finances publiques par les gouvernements successifs, l’impact de la pandémie de Covid-19, la guerre en Ukraine et une instabilité politique chronique, la Tunisie a frôlé l’effondrement économique. Depuis le 25 juillet 2021, des mesures drastiques ont été prises pour éviter le pire, bien qu’elles pèsent encore lourdement sur les Tunisiens. Par ailleurs, l’endettement excessif accumulé sur dix ans n’a engendré aucune création significative de richesse.
Face à cette situation, la politique actuelle s’efforce de réduire les dettes extérieures au profit des financements intérieurs. Cependant, ces derniers s’accompagnent de coûts très élevés, augmentant les dépenses de l’État et limitant la liquidité des banques, ce qui freine le financement des acteurs économiques.
Pour pallier ce manque de liquidité, la BCT intervient à travers ses refinancements, dont le montant global est passé de 17 500 MD en 2019 à 12 338 MD aujourd’hui. Toutefois, ce déficit de liquidité a conduit à une hausse des taux d’intérêt directeurs (TID) pour maîtriser l’inflation.
Le nouveau projet de loi prévoit de répartir ces refinancements en deux volets : une part destinée aux institutions financières pour faciliter le financement de l’économie nationale, et une autre part permettant à l’État de se financer directement auprès de la BCT à un taux réduit, afin de diminuer les coûts liés à ses investissements.
Ce mécanisme permettrait également à la BCT de racheter les créances de l’État détenues par les banques, renforçant ainsi la liquidité des institutions financières et soutenant le financement de l’économie nationale.
Les impacts attendus de cette réforme incluent une baisse de l’inflation et de l’indice des prix, une accélération et une réduction des coûts des investissements publics, une amélioration de la valeur ajoutée et une contribution à la croissance du PIB.
Pour que cette réforme produise pleinement ses effets, il est essentiel d’accélérer les réformes structurelles, tout en luttant contre les quatre grands fléaux du pays : le terrorisme, l’économie parallèle, l’évasion fiscale et la corruption. D’autres mesures doivent également être mises en place, telles que le lancement effectif de l’identifiant unique et l’instauration de dispositifs permettant de concrétiser la dématérialisation des paiements. La digitalisation de l’administration doit être mise en œuvre de manière tangible afin de simplifier les démarches administratives et atteindre l’objectif d’un zéro papier. Enfin, les autorités compétentes doivent exercer un contrôle strict sur les circuits de distribution pour lutter contre la spéculation et la hausse des prix.
Cette interview est disponible dans le Mag de l’Economiste Maghrébin n 907 du 20 novembre au 4 décembre 2024
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Napoli vs Roma en direct et live streaming: comment regarder le match ?
Ce dimanche 24 novembre 2024, à 18h00, la Serie A reprend ses droits avec une affiche très attendue entre le Napoli et la Roma, au Stadio Diego Armando Maradona de Naples. Ce match, qui compte pour la 13ᵉ journée de championnat, promet d’être un duel intense entre deux équipes historiques du football italien. La Roma, […]
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Le poids du fondamentalisme religieux chrétien écrase les États-Unis
Le fait religieux n’a jamais été aussi puissant aux États-Unis pas seulement par son expression dans le débat public mais carrément par sa domination de la politique et la dernière élection présidentielle en est l’illustration. Les fondamentalistes religieux chrétiens ont pris en otage le Parti républicain et occupent les postes les plus influents dans la nouvelle administration Trump avec toutes les incidences qui en découleront aussi bien sur le domaine sociétal que sur la politique internationale car, à titre d’exemple, l’idéologie messianique est devenue la base de la gestion du conflit israélo-palestinien. Une dérive ultra-religieuse contre laquelle des protagonistes politiques avaient mis en garde il y a de cela une trentaine d’années mais rien n’a été fait.
Imed Bahri
Le magazine politique américain bimensuel CounterPunch a publié un article intitulé «Sans limites mais nous devons en parler» dont l’auteur, Bob Topper, souligne que les critiques adressées aux Démocrates lors des récentes élections américaines sont méritées mais que d’autres facteurs ont influencé le résultat de ces élections.
Selon Topper, l’un de ces facteurs est la presse qui a «normalisé» le comportement du candidat républicain Donald Trump, les médias traitant l’information de manière biaisée, en particulier Fox News qui a admis avoir menti aux téléspectateurs et certains médias numériques non réglementés qui ont manipulé et diffusé une quantité énorme de fausses informations.
Cependant, l’un des facteurs cruciaux qui échappe souvent à l’attention est, selon l’auteur, le rôle très important que joue la religion dans la politique moderne, un rôle qui ne peut être ignoré et pour évaluer son influence, il faut examiner la division politique aux États-Unis comme un conflit entre la pensée positiviste et la croyance chrétienne largement répandue.
Le récit de la «fin du monde» fait des émules
Topper se réfère à William Bernstein dans son livre ‘‘Illusions of Crowds’’ (L’Ilusion des masses) qui estime que la polarisation actuelle de la société américaine ne peut être comprise sans une connaissance pratique du récit de la «fin du monde» qui prédit la seconde venue du Christ, d’autant plus que 39% des adultes américains pensent que l’humanité vit cette «fin du monde» selon une enquête menée par le Pew Research Center.
Selon l’auteur, il serait peut-être préférable de comprendre le résultat de ces élections en le considérant comme un cas d’hystérie collective. Il n’existe aucun moyen de connaître l’étendue de l’influence de la théorie de la Providence divine sur ces élections mais l’hystérie alimentée par les craintes de «la fin du monde» répond à la question la plus douloureuse: Pourquoi le peuple américain a-t-il élu comme président un candidat avec tous les défauts que lui reprochent ses adversaires?
Selon l’auteur, les fondamentalistes religieux américains voient le monde comme une bataille entre le bien et le mal, entre Dieu et Satan, entre la justesse de la foi chrétienne et les méfaits du libéralisme rationnel.
Par conséquent, les discours de campagne de Trump ont joué sur la crainte que les Démocrates soient décrits comme Satan et le mal intérieur car les défauts de caractère de Trump sont atténués au point de devenir insignifiants dans ce drame parce que l’homme est un instrument entre les mains de Dieu, en tout cas selon leur vision.
CounterPunch indique qu’en 1994, le Républicain conservateur Barry Goldwater a exprimé ses inquiétudes quant à une prise de contrôle de son parti par des fondamentalistes chrétiens en disant: «Croyez-moi, si ces prédicateurs prennent le contrôle du Parti républicain et ils essaient certainement de le faire, ce sera un terrible désastre. Honnêtement, ces gens me font peur. La politique et la gouvernance nécessitent des compromis. Mais ces fondamentalistes chrétiens croient qu’ils agissent au nom de Dieu, ils ne peuvent donc pas faire de compromis et ne veulent pas le faire. Je le sais, j’ai essayé de traiter avec eux.»
Il y a vingt-cinq ans, des prédicateurs évangéliques sont devenus actifs au sein du Parti républicain et ont attaqué l’avortement et les relations homosexuelles. Cependant, les Républicains traditionnels n’ont pas adopté la rhétorique des Evangéliques mais ont accueilli favorablement leur soutien.
La droite chrétienne domine le Parti républicain
Aujourd’hui, la droite chrétienne domine le parti. Les valeurs conservatrices défendues par Goldwater et les valeurs américaines fondamentales de liberté, d’égalité et de démocratie ne sont plus importantes pour l’identité et le message du parti.
L’auteur estime que les craintes de Goldwater se sont pleinement réalisées et que son parti est devenu aujourd’hui un parti théocratique chrétien déguisé en Parti républicain.
CounterPunch ajoute que les principes de la séparation de l’Église et de l’État et du respect de la vie privée sont une réalité mais que la critique des croyances religieuses est devenue interdite.
Maintenant qu’une faction religieuse s’est transformée en parti politique, il n’est plus acceptable de s’y adapter surtout lorsque ses convictions entrent en conflit avec les valeurs fondamentales de liberté, d’égalité et de démocratie.
Topper estime que chaque Américain est tenu de protéger et de défendre la Constitution et les valeurs qu’elle garantit et lorsqu’une religion attaque le cœur des principes fondateurs de la nation, la critique ne doit pas être interdite.
Tout comme les Américains rejettent la charia islamique, ils doivent rejeter toute autre version de la religion qui remplacerait le système juridique et lorsque les croyances religieuses rendent la démocratie représentative impuissante, la résistance est inévitable, ajoute-t-il. Et d’expliquer: «Même si nous ne pouvons pas sous-estimer les 39% de citoyens américains qui croient que nous vivons la fin du monde, ils doivent admettre que cette fin du monde est un mythe que les bons chrétiens peuvent respecter mais il faut accepter que c’est un fantasme tout comme ils ont accepté le fait que la Terre tourne autour du Soleil et non l’inverse.»
En conclusion, l’auteur affirme les problèmes auxquels nous sommes confrontés sont réels et que les solutions viendront de dirigeants réalistes qui prendront des décisions rationnelles fondées sur la science et les faits. Les fantasmes et les peurs superstitieuses ne feront que perpétuer ces problèmes. Quiconque en doute devrait considérer les conséquences tragiques du fanatisme religieux tout au long de l’histoire depuis l’Inquisition jusqu’à la Porte du Paradis puis comparer le bien-être des personnes vivant dans les démocraties libérales à celui des nations théocratiques et autocratiques en particulier celles du Moyen-Orient.
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‘‘Iraq from revolution to dictatorship’’ : massacres, coups d’Etat et ambitions. Le rêve unitaire fracassé
Après l’échec du rêve unitaire arabe dont sa population a longtemps été bercée, l’Irak est aujourd’hui un pays contrôlé par les Américains mais pas suffisamment pour empêcher les milices pro-iraniennes de tirer des salves de missiles et de drones sur Israël. Et son avenir paraît toujours aussi compromis, même à l’issue de la fin (officielle) de l’occupation américaine.
Dr Mounir Hanablia *
L’Irak est ce pays ancien bien connu correspondant grosso modo à la Mésopotamie, peuplé d’une mosaïque de communautés. Considéré comme un jalon important sur la route des Indes devant être verrouillé pour interdire l’accès au golfe Arabo-persique aux Allemands alliés des Ottomans, durant le premier conflit mondial, son accession à l’ère moderne commence en 1917 par sa conquête sur les Ottomans par les Anglais et par la découverte et l’exploitation du pétrole par une filiale de l’Anglo-persian Oil Company. Aux provinces de Basra et de Bagdad, ils adjoignent celle pétrolière kurde de Kirkouk, au grand dam des Turcs qui n’auront de cesse d’ambitionner de la reconquérir.
Une monarchie, celle des Hachémites originaires du Hedjaz, y est installée dans les années 1920 après l’expulsion du Roi Fayçal de Syrie par les Français. Et toutes les révoltes sont matées par la Royal Air Force, qui n’hésite pas à bombarder les populations et les habitations civiles sans aucune considération du nombre de victimes. Ainsi Sulaymaniyah dans le Kurdistan est pratiquement détruite en 1926.
La monarchie hachémite en Irak est étroitement dépendante du pouvoir anglais, et sa principale ressource est constituée par les maigres dividendes concédées par l’Irak Petroleum Company. Cela n’empêche pas le pays d’adopter le parlementarisme britannique, mais celui-ci n’est que le reflet de la domination exercée sur la société par les classes éduquées des villes et les grands propriétaires terriens. Le pays demeure essentiellement rural et agricole, sans toutefois assurer ses besoins alimentaires.
Le paradoxe de l’Irak tout comme l’Egypte soumise à la domination anglaise, est son incapacité à produire suffisamment dans l’agriculture malgré ses immenses ressources hydriques. Quant à l’industrie, elle est, mis à part le pétrole, inexistante.
Durant la seconde guerre mondiale, un groupe d’officiers nationalistes, plus précisément anti-anglais, le carré d’or, prend le pouvoir et veut fournir une base à la Luftwaffe à Kirkouk dans l’espoir de voir la Wehrmacht débouler des montagnes du Caucase et du désert de Syrie pour libérer le pays de l’occupation anglaise. Le projet tourne court lorsque le chef de l’escadrille allemande envoyé à Kirkuk est tué accidentellement. Mais rares sont les Irakiens qui ont approuvé de voir leur pays s’associer aux Nazis.
Avènement de l’idéologie panarabiste
Après la seconde guerre mondiale, et avec la guerre froide, la Grande Bretagne veut faire de l’Irak une pièce essentielle du dispositif anticommuniste, avec la Turquie, l’Iran, et le Pakistan, dans ce qu’il est convenu d’appeler le pacte de Bagdad.
Entretemps s’est formé un puissant Parti communiste irakien essentiellement au sein de la communauté chiite, la plus nombreuse mais aussi la plus opprimée. Un autre parti, le Baath, créé par le visionnaire utopiste syrien Michel Aflaq, prônant la renaissance d’une mythique nation arabe, ne fait que quelques adeptes au début des années 50. Mais l’arrivée au pouvoir en Egypte des officiers libres et l’émergence du nationaliste égyptien, Nasser en tant que leader de la nation arabe, à son corps défendant semble-t-il, fournit à l’idéologie panarabiste une impulsion décisive dans sa revendication contre les puissances coloniales anglo-françaises, et sioniste. C’est peut être faire abstraction des événements d’Iran et de la lutte engagée par l’Anglo Iranian Oil Company contre Mossadeq sur la région. Mais en juillet 1958 se produit un coup d’État militaire issu d’ officiers nationalistes irakiens contre le régime royal anglophile dont la figure de proue est un ancien officier de l’armée ottomane, Nouri Saïd. La population de Bagdad se soulève à l’appel des putschistes et massacre les principales personnalités du régime dans les rues.
De Abdelkarim Kassem à Saddam Husseïn
Le nouveau régime militaire dirigé par Abdelkarim Kassem s’appuie sur les communistes, instaure la république, mais face aux Nassériens, se prétend avant tout nationaliste irakien. Kassem prétend réintégrer le Koweït à la mère patrie irakienne par la force et veut la réforme agraire, ce qui lui assure certes une réelle popularité dans la population mais désorganise la production agricole. Il est prudent en s’abstenant de remettre en question le statu quo dans le domaine du pétrole, mais se place néanmoins en porte à faux contre les puissances occidentales, les pays arabes du Golfe, ainsi que et surtout, Nasser. Il refuse néanmoins de se jeter dans les bras du Parti communiste, pourtant son seul soutien, qu’il n’hésite pas à marginaliser.
En fin de compte, après le soulèvement de Mossoul dirigé par un officier, Abderrahmane Chawaf, qui se conclut par un bain de sang perpétré contre les nationalistes arabes et les baathistes, puis plusieurs tentatives d’assassinats dont l’une dans laquelle est impliquée un certain Saddam Hussein, Kassem malgré sa popularité, et malgré l’appui de la population descendue dans la rue le soutenir, est renversé et exécuté en 1963 par des officiers nassériens soutenus par des militaires du Baath, qui ne lui ont pas pardonné les exécutions de manifestants, qu’on lui attribue. Les communistes sont pourchassés dans les rues et massacrés en masse par les militants du Baath. Pourtant l’Union syro-égyptienne s’est conclue deux années auparavant par un échec retentissant.
Le nouveau président, Abderrahmane Aref, quoique nationaliste arabe, ne veut pas être sous la coupe de Nasser. Et l’union tripartite envisagée avec l’Egypte et la Syrie est cantonnée à un simple slogan. Les militaires au pouvoir sont conservateurs sur le plan économique et social et ne veulent pas du socialisme prôné par Nasser. Ils sont hostiles aux revendications autonomistes kurdes et se lancent dans une guerre absurde au Kurdistan qui se conclut par un échec retentissant.
En 1965, ces militaires s’allient aux conservateurs du Baath et à son fondateur Michel Aflaq pour réprimer l’aile gauche du parti dirigée par l’ancien ministre de l’Intérieur Ali Salah Saadi accusé de vouloir prendre le pouvoir et de faire le jeu de la branche syrienne du parti.
Des militants armés comprenant l’inévitable Saddam Hussein font irruption dans le siège du Congrès en scandant : «Une seule nation arabe au message éternel» au moment même où la scission au sein de leur parti est consommée.
Abderrahmane Aref meurt dans un mystérieux accident d’hélicoptère. Son frère lui succède en 1967 mais il n’a pas le charisme nécessaire. Il essaie bien d’obtenir un consensus minimum et de conférer au gouvernement une apparence civile, mais c’est peine perdue. Il est renversé par les militaires du Baath dirigés par Ahmed Hassan Al Bakr qui cette fois s’assurent de la réalité du pouvoir malgré l’instauration d’un conseil du commandement de la révolution. La suite on la connaît. Saddam Hussein qui est un parent du président s’assure progressivement le contrôle de la police secrète, du parti, de l’administration, de l’armée. En 1973 il élimine Nazem Al Kazzaz, le puissant chef de la police secrète, qui tente de prendre le pouvoir, et qui semble en l’occurrence avoir été victime d’une provocation soigneusement préparée. Cette affaire permet d’éliminer quelques autres rivaux et sert d’avertissement à tous ceux qui s’opposent à l’ascension du nouvel homme fort qui joue des communistes et des Kurdes les uns contre les autres afin de neutraliser toute opposition et incrimine le parti frère ennemi de Damas dans des complots dont la réalité n’est le plus souvent pas prouvée.
Saddam n’hésite pas à nationaliser le pétrole en 1972 en s’assurant le soutien de la France sans encourir l’hostilité des Britanniques et la hausse du prix du pétrole de 1973 sert ses intérêts en décuplant les revenus de l’État. Il a alors en main les moyens nécessaires pour transformer le pays et commence par mener une guerre coûteuse dans le Kurdistan qui n’aboutit pas du fait de l’appui apporté aux autonomistes par le Shah d’Iran, l’Amérique, et Israël. Les accords d’Alger avec l’Iran en 1975 en consacrant l’abandon des Kurdes lui fournit l’occasion de «pacifier» la région du nord par une politique d’arabisation forcée, de déportation, et de réinstallation des populations.
Contrôle total sur la population et culte de la personnalité
Il est vrai que l’époque est à la prospérité et la population irakienne jouit d’une élévation considérable de son niveau de vie dont le Baath tire profit pour assurer son contrôle total sur la population. Mais à partir de 1977, un nouvel adversaire apparaît, le clergé chiite. Les forces de sécurité n’hésitent pas à tirer sur la foule des pèlerins dans les lieux saints. La capture opportune sur les lieux d’un soldat syrien permet au régime d’étoffer sa thèse du complot extérieur mais Saddam est obligé de donner des gages aux religieux au détriment de la politique officiellement laïque jusque-là pratiquée.
Il est vrai que la Révolution Islamique d’Iran survenue en 1979, année à laquelle Saddam accède à la présidence, en fait désormais l’un de ses principaux ennemis. Il enfile alors les bottes du conquérant arabe musulman face au perse païen et du défenseur des régimes du Golfe. Il envahit l’Iran en 1981 avec l’appui des Occidentaux et des régimes arabes conservateurs qui financent son armée, et ses opérations militaires. La guerre lui permet d’instaurer un véritable culte de la personnalité et d’exercer un contrôle absolu sur l’armée en nommant des personnes de sa famille et de son clan aux postes les plus sensibles.
A partir de 1983, le front se stabilise grosso modo de part et d’autre de la frontière. C’est le statu quo que plusieurs offensives iraniennes meurtrières ne parviennent pas à modifier. La guerre se termine en 1989 avec l’acceptation par l’Iran des résolutions des Nations unies, et l’usage d’armes chimiques par l’armée irakienne devenue coutumière du fait contre les populations kurdes provoque le célèbre massacre de Halabja.
L’Irak a la fin de la guerre est un pays surarmé par l’Occident qui lui a même livré des usines de fabrication de gaz de combat, et ruiné, qui doit rembourser ses créanciers arabes, alors que les prix du pétrole baissent. Saddam croit alors obtenir le feu vert des Américains pour envahir le Koweït. Il juge que c’est le seul moyen pour lui de sauver ce qui lui paraît essentiel, son propre pouvoir. Le pays est alors détruit par la campagne militaire américaine sous couverture internationale Tempête du Désert, puis soumis à un sévère embargo qui fait plus de victimes que la guerre. Le Kurdistan irakien jouit d’une sécession de fait.
Le régime de Saddam est liquidé en 2003 avec l’occupation du pays par les troupes américaines opérant pour le compte d’Israël. Lui-même est pris, jugé et exécuté, pour des crimes dont on ne peut pas l’exonérer, et sa mort courageuse ne doit pas occulter sa responsabilité.
Un pays contrôlé par les Américains
En effet, le rêve unitaire arabe prôné par le Baath ne fut pour lui qu’un moyen de réaliser ses propres ambitions et il ne chercha jamais à masquer ses mesures expéditives, dont la plus spectaculaire reste sans aucun doute cette trentaine de personnes cueillies par la sécurité d’Etat à l’appel de leurs noms dans la salle du Congrès du Parti, sans avoir la possibilité de se justifier et emmenées sans autre considération vers des destinations inconnues.
On peut certes l’accréditer des nombreuses réalisations économiques et sociales du pays. Mais il ne s’agissait là que d’un vernis. La société irakienne qui pouvait se targuer de posséder la classe la plus cultivée du Moyen-Orient dans les années 50, ne s’est pas sous le Baath laïc modernisée en profondeur, et la meilleure preuve en est l’irruption de Daech de ses entrailles quelques années après.
D’autre part, les succès attribués au régime exclusivement issus de la rente pétrolière n’ont pas assuré la transition vers une société sans pétrole. La réforme agraire n’a pas assuré au pays l’autosuffisance alimentaire que ses ressources en eau eussent dû lui assurer. Au contraire, les huit années de guerre contre l’Iran ont assuré à la Turquie voisine l’opportunité pour réaliser le gigantesque projet Atatürk de barrages de retenue sur les cours de l’Euphrate et du Tigre. Quant à l’industrialisation militaire dont elle avait acquis le savoir-faire avec la guerre contre l’Iran, l’occupation américaine l’en a privée.
Aujourd’hui l’Irak est toujours un pays contrôlé par les Américains mais pas suffisamment pour empêcher les milices pro-iraniennes de tirer des salves de missiles et de drones. Et son avenir paraît plus dans un modèle de cohabitation de communautés disparates à la libanaise que dans l’émergence véritable d’une nation. Pour tout dire, son avenir paraît toujours aussi compromis, même à l’issue de la fin (officielle) de l’occupation américaine.
* Médecin de libre pratique.
‘‘Iraq Since 1958: From Revolution to Dictatorship’’, de Marion Farouk-Sluglett et Peter Sluglett, éd. I. B. Tauris, 25 août 2001, 416 pages.
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