Au fait du jour – Passage obligé ?
La Presse — Mokwana, Sasse, Rodriguez, Blaili ( !?), Ali Youssef sont sur le départ. D’autres joueurs sont-peut être en pourparlers. On n’en sait rien. Pourquoi sont-ils venus et pourquoi voudraient-ils partir? C’est la question que l’on pourrait se poser. En effet, leur arrivée a été précédée d’un lancement médiatique sans précédent. Ce sont d’assez bons joueurs et quelques-uns même, sont de véritables vedettes. Ils tiennent à partir et leurs clubs éprouvent des difficultés pour les remplacer. Surtout que la saison est bien lancée.Et le problème c’est que lorsqu’un joueur se met dans la tête qu’il tient à rejoindre d’autres horizons, il est difficile de le retenir.
Il a à sa disposition une foule d’agissements et de comportements pour imposer une rébellion pure et simple sous forme de provocations envers ses camarades ou le personnel d’encadrement, la blessure qui n’en finit pas de guérir, des rechutes, etc. Au point de devenir tout simplement d’une rentabilité douteuse, un poids financier inutile. Derrière cette décision de changer d’air, il y a, bien sûr, l’argent et, pour certains, la promotion que représente le fait de jouer une compétition plus valorisante. C’est le cas d’Ali Youssef par exemple.
Pourquoi ne pas reconnaître que, dans ce cas, c’est légitime ? Sauf qu’après avoir effectué une préparation avec son équipe, le départ décidé, sans prévenir, devient dérangeant à tous les points de vue. Trouver un remplaçant n’est pas facile, alors que la compétition est en cours. Dilemme que les clubs se doivent de résoudre sans trop de casse. Le championnat de Tunisie, qu’on le veuille ou non, revêt une importance que reconnaissent les puristes et les techniciens qui recrutent sur des profils bien précis. Les joueurs, qui évoluent au sein de notre compétition, sont assez mûrs tactiquement grâce à la maturité des techniciens qui les dirigent. Donc, indépendamment des qualités techniques individuelles, incontournables, il y a cette maturité que nos entraîneurs inculquent et entretiennent pour surclasser leurs vis-à-vis. Les entraîneurs tunisiens, qui évoluent au service de bien des équipes à l’étranger, ont d’ailleurs mis en évidence cet aspect de leur formation. Le football tunisien est, par voie de conséquence, une plate-forme de lancement, pour ceux qui voient loin ou pour ceux qui attendent la bonne affaire.
Indépendamment des histoires de cachoteries qui ont émaillé ces pourparlers, la politique de négociation menée par le CA dans l’affaire Ali Youssef n’est pas seulement une vente réussie. « Si elle se concrétise », c’est une leçon de gestion d’actifs.
Le joueur a débarqué en tant que joueur libre. Le Club Africain a investi dans son talent athlétique, en exploitant sa valeur technique significative pendant une saison entière. Il l’a ensuite transformé en atout, réalisant un bénéfice.
Le désir, l’ambition du joueur, était de devenir professionnel et le CA était un tremplin vers l’Europe. Son contrat expire l’été prochain, ce qui signifie qu’il partira gratuitement. Ses aspirations rejoignent celles du club. Nantes, son éventuel futur club, paiera la clause libératoire de 600 000 dollars prévue dans le contrat.Le CA a réussi techniquement et financièrement en créant une star à bas prix sur le marché du football international, qui attirera l’attention des recruteurs du monde entier.En acceptant de négocier et libérer, le Club se fait une réputation qui encouragera d’autres joueurs de qualité désirant entreprendre cette voie.
Voir partir ces éléments dans ce cas, et dans ces conditions, est un risque calculé à courir. Les équipes professionnelles qui font subir des essais à des jeunes font le même calcul. S’ils sont bons, ils les gardent, sinon ils les revendent.