Ce n’est pas le meilleur moyen de résoudre le problème de la violence. Au contraire, les clubs en souffrent davantage.
La Presse — La meilleure façon de lutter contre la violence sous toutes ses formes dans nos stades, c’est d’imposer de grosses amendes aux fautifs, qu’ils soient joueurs, staffs techniques ou médicaux, dirigeants, public. C’était rusé, il y a quelques années, comme prétexte et à première vue bien convaincant, à tel point que les clubs n’ont pas fait objection à l’époque et ont signé les yeux fermés.
Ce n’était, au fait, qu’un moyen pour s’assurer chaque semaine une belle cagnotte de dizaines de milliers de dinars, versés à la Ligue nationale de football professionnel. Cette dernière n’est qu’une vitrine derrière laquelle se cache le Bureau fédéral, car tout le butin gagné est transféré par la suite, illico-presto, au compte de la Fédération.
Il faut avouer que la Ligue se plaît de se voir attribuer cette prérogative. La réunion de son bureau en début de chaque semaine n’est intéressante que par ses décisions juridiques ( en cas de réclamations) et sa série de sanctions financières qui sont, elles, hebdomadaires et régulières. Chaque journée de championnat de Ligues 1 et 2 apporte son lot d’incidents passibles de sanctions. Alors que les scènes de violences font leurs ravages et leurs victimes dans les stades, la Ligue se réjouit, elle, des sommes qui vont renflouer sa caisse, plus exactement celle de la Fédération, suite à ces événements regrettables sanctionnés selon des tableaux disciplinaires et des barèmes assez sévères qui n’ont jamais été dissuasifs pour empêcher la récidive.
Cet argent facile qui fait tant couler la salive, on ne sait au juste quel chemin il emprunte et si les clubs en bénéficient comme «retour d’investissement».
On se demande s’il n’est pas utilisé simplement comme fonds de sauvetage dans la gestion financière courante de la Fédération pour l’aider à «arrondir ses fins de mois» et à honorer une partie de ses engagements.
Les clubs les plus nantis bons payeurs
Durant le championnat des Ligues 1 et 2 qui vient de prendre fin, le montant total des amendes infligées durant toute la saison n’est pas loin de 800.000 dinars. Le CSS, qui traverse pourtant une grave crise financière, arrive en tête avec 73 mille dinars. Pas très loin du CA (72.000), du CAB (70.000), de l’ESS (60.000) et de l’EST (50.000). Ces cinq clubs ont payé à eux seuls 40 % de ces amendes. Ce ne sont que des « miettes » par rapport à des budgets annuels de plusieurs millions de dinars. Et c’est très normal que leur effet sur la trésorerie des clubs est très minime et ne peut pas constituer un moyen suffisant de dissuasion contre les fauteurs coupables.
Il faudra repenser toute cette politique des sanctions pour une meilleure efficacité dans la lutte contre cette violence de plus en plus exacerbée. Il faut penser à retourner à un plus grand nombre de matches de suspension pour les joueurs et d’interdiction de banc pour les entraîneurs et accompagnateurs fautifs. Un joueur condamné à une longue période de suspension et privé longtemps de compétition réfléchira à deux fois avant de récidiver. Une grosse amende n’est pas pour trop l’effrayer, car c’est toujours son club qui paie, sans la plupart du temps prélever la somme, comme l’autorisent les règlements, de ses rémunérations.
Idem pour les entraîneurs pour qui la sanction d’interdiction de banc doit être également augmentée de façon à les obliger à plus de « sagesse » et à moins de sortie de leurs gongs quand le vent des résultats ne tourne pas en leur faveur. Pour le public, la seule arme dissuasive, c’est le huis clos immédiat dès le premier dérapage. Assez de ces sursis camouflés avec la condition de la troisième récidive pour l’appliquer ! La pire des sanctions qu’on puisse attribuer à un club, c’est le priver de son public dès le premier débordement.
Et la pire des sanctions qui puisse frapper un public, c’est de le priver de voir le match et du soutien financier et moral de son équipe à chaque faute commise. Les sanctions, pour être efficaces et dissuasives, doivent être «payées cash» et applicables sur-le-champ. Les amendes, elles seules, ne sont pas la solution pour éradiquer ces scènes de violences verbales et physiques qui ternissent l’image de notre football. Cet argent facile ne fait que le bonheur de la trésorerie de la FTF.