Après avoir brillé pendant des années en aviron classique, la championne Khadija Krimi, championne d’Afrique en aviron de plage, s’attaque à cette nouvelle discipline. C’est désormais son nouveau champ de bataille.
Vos camarades et vous avez réussi à préserver en Egypte le titre continental d’aviron de plage, obtenu il y a deux ans à Hammamet. Ce n’est jamais facile de garder un titre à l’extérieur…
C’est vrai qu’il n’est pas facile de préserver son titre de champion surtout en Egypte où c’est complètement différent de ce qui se passe dans les autres pays hôtes. Pour les Egyptiens, tous les moyens sont bons pour gagner. Au dernier championnat d’Afrique d’aviron de plage, ils ont essayé de tricher en utilisant le mégaphone. En pleine course, nous avons entendu : “L’Egypte, attention à la bouée”. On nous a fourni également un mauvais matériel. Par ailleurs, nous avons pris nos précautions en amenant avec nous les chaussures et les pelles pour pouvoir ramer sans mauvaises surprises.
Heureusement que nous étions solidaires entre nous. Un bon état d’esprit a régné au sein de la délégation tout au long de notre séjour en Egypte. Même ceux qui n’ont pas participé au Championnat d’Afrique d’aviron de mer, ayant pris part seulement au championnat d’Afrique d’aviron classique, à l’instar de Ghaith Kadri, nous ont encouragés. Par solidarité, ils ont fait les échauffements avec nous et nous ont aidé à descendre les bateaux en mer.
Quels sont vos projets sportifs pour la nouvelle année ?
Pour la spécialité Double poids léger, les JO de Paris ont constitué la dernière édition lors de laquelle on l’a programmé comme épreuve olympique. Comme j’ai concouru à Paris en Double poids léger et que ce n’est plus une épreuve olympique, j’ai décidé de me réorienter vers l’aviron de plage.
Nous sommes actuellement en phase d’attente. Nous nous entraînons normalement et prenons part aux compétitions habituelles en attendant ce que la Fédération internationale d’aviron décidera comme modèle en ce qui concerne la qualification aux JO pour l’aviron de plage.
Nous adoptons donc la même stratégie. Nous débuterons l’année par l’aviron en salle. Comme ça, la pratique en salle, loin des facteurs extérieurs, nous permet d’évaluer nos aptitudes et surtout notre force sur machine stable.
Nous allons par la suite disputer les échéances internationales, le championnat et la Coupe du monde notamment. Par la suite, nous allons définir nos priorités en fonction de ce que décidera l’instance internationale sur la qualification aux JO pour l’aviron de plage afin de fixer nos priorités.
Je continue à m’entraîner normalement et à me concentrer davantage sur ma nouvelle spécialité, l’aviron de plage.
Vous allez alors vers l’aviron de plage ?
L’aviron est un sport de maturité. Avec l’expérience et le travail, les objectifs les plus lointains sont réalisables. Je me suis trouvé, en aviron de plage, une nouvelle discipline qui m’ouvrira de nouveaux horizons. Et aussi d’autres défis à relever et des titres à remporter comme je l’ai fait dans l’aviron classique. Désormais, l’aviron de plage, c’est mon nouveau défi.
Comment jugez-vous les résultats de l’aviron tunisien aux JO de Paris ?
Nous avons réalisé aux JO de Paris l’objectif que nous n’avions pas pu atteindre à l’édition précédente à Tokyo: atteindre le TOP 12. Nous avons terminé 11e à Paris en finale B. Notre objectif est donc atteint à Paris et mais avons donc réussi notre participation aux derniers JO en dépit des difficultés rencontrées.
En effet, je suis parvenue à surmonter les difficultés. Mon ancienne coéquipière, Nour El Houda Ettaieb, a raccroché. Ma nouvelle équipière Selma Aroussia Dhaouadi est basée en France. Nous n’avons donc pas été formées de la même façon. Il a fallu un an et demi pour que les automatismes prennent forme. De plus, la qualification en Double poids léger est plus difficile, une seule paire par continent. Et pour couronner le tout, j’ai eu une fracture de fatigue au mois d’avril.
Le nouveau cycle olympique, vous l’avez déjà abordé ?
En général, il faut un minimum de deux cycles olympiques pour se fixer des objectifs et les atteindre. Et comme je vous l’ai dit, c’est encore flou tant que le quota et le mode de qualification aux JO en aviron de plage n’ont pas été déterminés.
Qu’est-ce qui manque à l’aviron tunisien pour être plus performant?
Le lac de Tunis est grand par rapport aux lacs où nous concourons à l’étranger, outre son eau de mer qui est salée, mais aussi agitée par périodes. Les autres lacs n’ont pas la même vélocité. Et comme nous manquons de lacs, nous devons faire plus de stages à l’étranger. Sinon, je pense que notre fédération fait son maximum.
Le mot de la fin…
Je tiens à remercier mon entraîneur Chokri Ben Miled, notre kiné Dr Sofien Kasmi, ainsi que nos experts Fayal Soula et Sahbi Khardani pour leur encadrement et le travail qu’ils font. Ils ont une grande part dans ce que nous réalisons comme performances.
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