Plan égyptien : une contre-proposition sérieuse au projet fou de Trump
Pour contrecarrer le projet de Donald Trump, le Caire proposera au futur sommet arabe un plan ambitieux qui prévoit la reconstruction de Gaza, en veillant à ce que le peuple palestinien reste sur ses terres. Tout en élaborant un mécanisme de gouvernance qui exclut de facto le Hamas.
Enfin, une alternative crédible au plan abracadabrantesque de M. Trump, qui, dans un moment de profonde méditation transcendantale, et sous sa casquette d’ancien promoteur immobilier avisé, propose de déraciner deux millions de Palestiniens de leur terre pour les relocaliser en Égypte et en Jordanie et de « prendre possession » de Gaza pour en faire la « Côte d’Azur du Moyen-Orient ». Et pourquoi pas des casinos, tant que nous y sommes?
Mais, trêve de plaisanterie, une proposition égyptienne semble actuellement constituer la base d’un plan alternatif à celui du milliardaire républicain.
Ainsi, le plan égyptien-concocté en coopération avec l’administration américaine, les Nations unies et l’Union européenne ainsi qu’un certain nombre de pays arabes, dont la Jordanie, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, sera présenté à la réunion régionale restreinte qui a été élargie pour inclure les dirigeants des six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et qui se tiendra à Riyad le 21 février et auquel pourrait également participer l’Autorité palestinienne.
Dans un deuxième temps, les propositions arabes seront présentées lors d’un sommet arabe plus large prévu au Caire le 27 février.
Le Hamas sur la touche?
Mais que faire des factions armées de Gaza, en particulier le Hamas et le Jihad islamique? Là réside le véritable casse- tête chinois des dirigeants arabes lors du sommet de Ryadh où figure au menu la proposition de l’Egypte de former un comité national palestinien pour gouverner Gaza, sans la participation du Hamas, avec une implication internationale dans la reconstruction et une avancée notable vers une solution à deux États.
Ainsi, l’une des propositions du plan du Caire implique le désarmement de ces groupes une fois qu’un État palestinien aura été déclaré dans les frontières qui existaient avant la guerre des Six Jours. Jérusalem-Est sera la capitale de cet État.
Dans l’intervalle, la proposition prévoit également la formation d’un comité palestinien chargé de gouverner la bande de Gaza sans la participation du Hamas. Des forces arabes et internationales aideraient temporairement le comité à gérer la bande de Gaza.
Pour rappel, le Hamas a précédemment déclaré qu’il était prêt à céder la gestion de Gaza à un gouvernement d’unité palestinienne, soit un comité de technocrates, pour diriger le territoire. Toutefois, il souhaite jouer un rôle dans le choix de ses membres, déclarant ne pas accepter le déploiement de forces terrestres sans son consentement.
Un plan de reconstruction titanesque
Et que prévoit le plan égyptien égyptien? Un processus de reconstruction en trois phases qui durera jusqu’à cinq ans, sans expulser les Palestiniens de Gaza.
En effet, le plan égyptien est principalement axé sur la reconstruction de Gaza ainsi que la division de la bande en trois zones humanitaires, chacune comprenant 20 grands camps pour les résidents, avec la fourniture des besoins vitaux tels que l’eau et l’électricité.
Ainsi, des dizaines de milliers de maisons mobiles et de structures ressemblant à des tentes seront introduites dans des zones sûres pour y être hébergées pendant six mois, parallèlement à l’enlèvement des décombres causés par la guerre.
Toutefois, cela dépendra de la bonne volonté de l’occupant israélien d’autoriser régulièrement l’entrée de carburant et de matériaux de reconstruction dans la bande de Gaza. D’ailleurs, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé samedi 15 février qu’il n’autoriserait pas l’entrée de maisons mobiles et d’équipements de construction dans la bande de Gaza, invoquant « des problèmes de sécurité ».
Quid du financement?
S’agissant de la reconstruction de la bande de Gaza ensevelie sous les décombres, elle sera selon le Caire, financée par des donateurs arabes et internationaux : une cinquantaine d’entreprises multinationales spécialisées dans la construction fourniront des unités de logement sûres dans un délai de 18 mois dans les trois zones proposées pour Gaza. Le financement sera géré par un comité composé de représentants arabes et internationaux.
Question sécurité, ce plan prévoit également la création d’une zone tampon et d’une barrière pour empêcher le creusement de tunnels le long de la frontière entre Gaza et l’Égypte.
D’autre part, le projet table également sur la mise en place d’une force de police palestinienne composée principalement d’anciens policiers de l’Autorité palestinienne restés à Gaza après la prise de contrôle de l’enclave par le Hamas en 2007 avec le renfort de forces égyptiennes et de forces formées par l’Occident.
Reste toutefois la question lancinante : et si Washington rejetait comme prévu le plan égyptien, le Caire pourrait-il répliquer par l’annulation du traité de paix de Camp David avec Israël? Mais, le pourra-t-il en comptant sur le soutien financier des « frères » arabes, sachant que les États-Unis accordent annuellement au pays du Nil une aide militaire de 1,3 milliard de dollars? Cela semble exclu pour le moment.
L’article Plan égyptien : une contre-proposition sérieuse au projet fou de Trump est apparu en premier sur Leconomiste Maghrebin.