Deuxième édition de Savoirs éco: renforcer la recherche au service des politiques publiques
Dans un monde où chaque chiffre raconte une histoire et chaque décision façonne l’avenir, comprendre les savoirs éco n’est plus un choix, mais une nécessité. C’est précisément dans cet esprit que le projet Savoirs éco a tenu aujourd’hui la deuxième édition de son événement annuel Parlons éco, en collaboration avec la FERDI, partenaire de mise en œuvre.
Une édition enrichissante durant laquelle le dialogue entre la recherche et l’action publique a été questionné et approfondi. Chercheurs, décideurs publics, représentants de la société civile, journalistes et partenaires techniques et financiers se sont réunis pour réfléchir ensemble à la diffusion et à l’appropriation des connaissances économiques en Tunisie.
Cette édition 2025 s’est déroulée sous le thème : “Qu’attendre de la recherche pour éclairer l’action publique ?”. Selon les organisateurs, l’événement a confirmé le rôle central de la connaissance et de l’analyse économique pour soutenir l’élaboration de politiques publiques efficaces et durables, capables de répondre aux enjeux économiques, sociaux et environnementaux du pays.

Pour sa part, Mohamed Heni El Kadri, directeur général de la coopération avec l’Union européenne au ministère de l’Économie et de la Planification, a déclaré que le projet Savoirs éco vise à renforcer le débat public et à permettre une meilleure prise en compte des données essentielles dans l’élaboration des politiques publiques. Il a rappelé également que, dans le cadre du programme de renforcement des capacités, 19 formations et visites d’études ont été organisées, rassemblant 2 115 participants, dont 65 % de femmes, afin de consolider les compétences des structures productrices de savoirs économiques (SPSE).
Ces efforts s’inscrivent pleinement dans l’ambition centrale du projet Savoirs éco : renforcer les structures productrices de savoirs économiques, qu’il s’agisse d’institutions publiques d’analyse, de laboratoires et centres de recherche, ou de think tanks issus de la société civile. Le projet accompagne ces structures en soutenant la production, la diffusion et la vulgarisation des analyses économiques, contribuant ainsi à nourrir un débat public éclairé sur les enjeux économiques et de développement durable en Tunisie. Dans cette perspective, il est essentiel de créer des liens solides entre chercheurs et décideurs publics : l’écosystème du savoir ne se construit pas spontanément, il requiert un dialogue actif et des efforts concertés. Pour cette édition, le projet a soutenu 24 structures productrices de savoirs économiques (SPSE), réparties comme suit : 2 structures gouvernementales, 2 centres d’analyse publics, 2 laboratoires et centres de recherche, et 18 think tanks issus de la société civile.
L’appui fourni a été à la fois technique et financier : des missions d’assistance ont été réalisées au profit du MEP, du MESRS, de l’ITCEQ et de l’INS, tandis que des subventions ont été accordées aux think tanks de la société civile. Doté d’un budget de 4,5 millions d’euros, le projet a débuté en février 2023 et se poursuivra jusqu’en août 2026.
Dans le même esprit de consolidation de l’écosystème du savoir, le projet soutient également la recherche en sciences sociales et en économie. Le Forum des Sciences Sociales Appliquées (FSSA) et le Global Development Network (GDN) ont ainsi finalisé le rapport Doing Research Assessment, une première en Tunisie et dans la région MENA, qui dresse un diagnostic approfondi du système national de recherche en sciences sociales et économiques.
Par ailleurs, afin de renforcer la diffusion des connaissances auprès du grand public, le projet a lancé officiellement la plateforme EcoTous, dédiée à la vulgarisation des questions économiques et de développement durable en Tunisie, une initiative mise en œuvre par l’IACE et l’IADH.
Connecter la recherche et l’action publique à toutes les échelles
Pour Soukeina Bouraoui, présidente du Centre CAWTAR, il est essentiel d’intégrer une approche genre dans la production et l’usage des connaissances afin de favoriser des politiques publiques véritablement inclusives. Elle rappelle à ce titre le rôle majeur joué par CAWTAR dans l’avancement de l’inclusion financière en Tunisie. Dès 2015, le centre a réalisé, avec le soutien de la Banque mondiale, une étude pionnière sur le mobile banking, devenue une référence lors de l’élaboration de la stratégie nationale d’inclusion financière pilotée par la Banque centrale de Tunisie. Cette dynamique s’est poursuivie en 2019 avec la création du Centre régional d’excellence en éducation financière, qui a permis de renforcer la formation et la sensibilisation autour des enjeux financiers. Dans cette même logique, Soukeina Bouraoui souligne que le plaidoyer (“advocacy”) constitue le chaînon essentiel entre la production du savoir et la mise en œuvre de politiques publiques efficaces. Selon elle, les politiques publiques en faveur des femmes ne peuvent réussir que si elles s’appuient sur la participation active, la co-construction et l’adhésion critique des citoyennes et citoyens. C’est cette interaction permanente entre connaissance, mobilisation et décision publique qui conditionne, selon elle, la pertinence et l’impact des réformes.
Lorsqu’on évoque l’analyse économique en Tunisie, l’Institut Tunisien de la Compétitivité et des Études Quantitatives (ITCEQ) s’impose comme une institution de référence, a souligné Alexis Ghosn, chef de projet Savoirs éco. Il a précisé que le partenariat entre l’Institut et Savoirs éco a permis de consolider progressivement l’ancrage de l’évaluation fondée sur des données probantes au sein des politiques publiques. “Le projet a également donné lieu à la co-construction d’un guide pratique, disponible sur le site de l’Institut, consacré à l’évaluation des politiques publiques”, a-t-il expliqué, ajoutant que ce document illustre parfaitement la qualité de la collaboration et l’ambition partagée par les deux institutions. Selon Alexis Ghosn, ce guide ne constitue pas seulement un outil méthodologique. Il représente un véritable levier pour une gouvernance plus efficace, plus cohérente et mieux adaptée aux réalités du terrain.
Doté d’un budget de 4,5 millions d’euros, le projet Savoirs éco, financé par l’Union européenne et mis en œuvre par Expertise France, a débuté en février 2023 et se poursuivra jusqu’en août 2026. Il vise à renforcer les capacités des structures productrices de savoirs économiques en Tunisie, afin de promouvoir un débat public inclusif et éclairé sur les enjeux économiques et de développement durable.
À quelques mois de la clôture du projet, ses partenaires expriment le souhait de voir des initiatives similaires émerger dans d’autres pays de la région, en Afrique du Nord comme au Moyen-Orient, afin d’étendre cette dynamique de production et de diffusion des connaissances économiques à l’échelle régionale.
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Pour sa part, Jacqueline Groth, cheffe de la Coopération au sein de l‘ambassade d’Allemagne à Tunis, a souligné que cette initiative s’inscrit dans la stratégie tunisienne de transformation numérique, visant à moderniser les échanges commerciaux transfrontaliers et à renforcer la compétitivité des entreprises sur les marchés internationaux. 




