Lese-Ansicht

Es gibt neue verfügbare Artikel. Klicken Sie, um die Seite zu aktualisieren.

Conférence d’Alger : reconnaissance du fait colonial et réparations

Faire reconnaître les crimes de l’époque coloniale et obtenir réparation, tel était l’objectif de la «Conférence internationale sur les crimes du colonialisme» qui s’est tenue à Alger les 30 novembre et 1er décembre 2025.

 

L’Afrique face à son passé colonial. Ce dossier – très sensible, voire explosif parce que les plaies ne sont pas entièrement cicatrisées – était au cœur de la «Conférence internationale sur les crimes du colonialisme» organisée sous l’égide l’Union africaine (UA) à Alger les 30 novembre et 1er décembre 2025. Et ce, en présence de ministres, juristes, historiens et autres universitaires venus d’Afrique et même des Caraïbes.

Sur le banc des accusés : la France, l’Angleterre, la Hollande, la Belgique, l’Allemagne, le Portugal, l’Espagne ou encore l’Italie, et même Israël. Mais, curieusement, et bien que les Ottomans eurent pourtant colonisé durant plusieurs siècles une partie du Maghreb, la Turquie n’est citée nulle part dans cette liste de l’infamie.

Pragmatisme

Un Sommet symbolique pour faire le procès du colonialisme ? Il faut reconnaître que les participants ont placé la barre très haut en évitant surtout de concentrer les débats uniquement sur le discours mémoriel larmoyant relatif aux violations humaines, spoliation économique, destruction du patrimoine culturel, traumatismes intergénérationnels et impacts environnementaux, notamment les essais nucléaires menés sur des populations civiles.

A contrario, ils ont adopté une démarche politique et juridique destinée à considérer dans un premier temps le colonialisme, l’esclavage, la ségrégation raciale et l’apartheid comme crimes contre l’humanité. Pour réclamer, en deuxième étape, reconnaissance et réparation. Y compris la restitution des œuvres d’art spoliées par les musées occidentaux.

Vaste programme.

Un processus semé d’embuches

Car l’un des enjeux majeurs du Sommet panafricain est avant tout d’unifier les positions des États africains face aux anciennes puissances coloniales. L’objectif étant de présenter une démarche collective au niveau du continent auprès des instances internationales.

Par quel mécanisme ? L’enseignant-chercheur à l’Université Cheikh Anta DIOP de Dakar, Idrissa Ba, explique qu’il y a au moins deux étapes à respecter pour concrétiser le processus de la reconnaissance du fait colonial avant d’obtenir réparation. D’abord, réussir à quantifier le nombre de victimes du colonialisme, et pour cela, il faut remonter loin dans l’histoire. «Il faut aller dans le détail des chiffres concernant les massacres, les dégâts coloniaux. Je suis pour qu’on invoque la durée longue et qu’on remonte au moins jusqu’au 15e siècle», assure l’universitaire sénégalais.

Ensuite: contraindre les pays colonisateurs à reconnaître ces crimes et à faciliter l’accès aux archives. «Il y a une tendance à la demi-mesure qui consiste à ne reconnaître qu’une partie des crimes commis, à minimiser l’ampleur des dégâts sur le plan humain», détaille-t-il, avant de poursuivre : «Il va se poser la question très importante de la mise à disposition des chercheurs africains, des archives coloniales dans leur complétude. Il faut que ces puissances-là arrêtent de nous mettre à disposition des archives tronquées, javélisées qui ne permettent pas de reconstruire la vérité historique».

L’exemple de l’Algérie

Ces pays au passé colonial sont-ils prêts à faire leur mea culpa? Prenons l’exemple de l’Algérie, un pays meurtri par 132 ans de colonisation ; lequel exige des excuses pour les massacres de Sétif le 8 mai 1945, 40 000 morts. Des excuses pour la torture pendant la guerre d’Algérie et des explications sur les disparus. Des excuses pour les 17 essais nucléaires que la France aura menés au Sahara algérien entre 1960 et 1966, dont l’héritage de contamination radioactive est toujours présent.

Tergiversations

Comment l’ancienne puissance coloniale a-t-elle réagi ? Il va sans dire que les excuses que la France pourrait présenter à l’Algérie s’inscrivent dans une ligne délicate pour l’Etat français, oscillant entre reconnaissance historique et refus de repentance officielle.

Ainsi, Emmanuel Macron assume-t-il un discours ambivalent : lors de sa campagne en 2017, il qualifia la colonisation de «crime» et même de «crime contre l’humanité». Allant même durant ses deux mandats jusqu’à multiplier les gestes symboliques : restitution de restes humains conservés au musée de l’Homme et ouverture d’archives. Il a également lancé, avec Alger, une commission d’historiens chargée d’explorer la période coloniale «sans tabous». Une manière, selon l’Élysée, de construire une mémoire partagée plutôt que de figer les récits dans l’affrontement.

Cela étant, l’actuel locataire du palais de l’Elysée ne présentera pas d’excuses officielles. Sous prétexte qu’une demande de pardon risquerait d’«enfermer» la relation bilatérale dans un registre de culpabilité, plutôt que d’ouvrir le dialogue. Ainsi, défend-il, une démarche «d’apaisement» fondée sur la vérité historique plutôt que sur un geste politique jugé trop définitif.

Au final, le chef de l’Etat français assume une approche intermédiaire : reconnaître sans s’excuser, éclairer le passé sans s’en excuser au nom de l’État. Calcul politique interne oblige.

L’article Conférence d’Alger : reconnaissance du fait colonial et réparations est apparu en premier sur Leconomiste Maghrebin.

❌