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Al-Charaa à la Maison-Blanche, la Syrie dans le giron américain

Le président syrien par intérim Ahmed Al-Charaa est le premier président syrien depuis l’indépendance du pays à être reçu à la Maison-Blanche. Le pays du Levant longtemps partenaire stratégique de l’URSS puis de la Fédération de Russie change de camp et se positionne dans le giron américain. Le passé djihadiste du nouvel homme fort de la Syrie n’inquiète pas les Américains qui se réjouissent de ce revirement stratégique en leur faveur et font preuve comme souvent de pragmatisme, un pragmatisme partagé car Al-Charaa, soucieux de sauvegarder son pouvoir et de s’assurer les bonnes grâces de la première puissance mondiale qu’il combattait jadis, fait tout pour satisfaire l’Oncle Sam. 

Imed Bahri

La revue américaine Foreign Policy a publié une analyse d’Alexandra Sharp dans laquelle elle affirme que la visite du président syrien à Washington acte un bouleversement de l’ordre régional.

Lundi 10 novembre 2025, le président Donald Trump a reçu Al-Charaa à la Maison Blanche marquant ainsi la première visite d’un président syrien à Washington depuis près de 80 ans. Cette rencontre entre le président américain et le nouveau maître de Damas représente une amélioration significative des relations avec ce pays autrefois ostracisé.

Il y a moins d’un an, les États-Unis offraient une récompense de 10 millions de dollars pour toute information permettant la capture d’Al-Charaa en raison de ses liens avec Al-Qaïda. Cependant, après le renversement du dictateur Bachar El-Assad en décembre dernier, lors d’une opération menée par des combattants fidèles à Al-Charaa, ce dernier a transformé son image et celle de la Syrie sur la scène internationale, se positionnant comme un allié potentiel de l’Occident et spécifiquement des États-Unis. La Syrie qui a été longtemps dans le camp anti-américain durant le règne de la famille Assad a effectué un revirement stratégique en se positionnant désormais dans le camp américain. 

Le Conseil de sécurité de l’Onu a déjà levé certaines sanctions imposées à Al-Charaa et à des membres de son gouvernement, en vue d’une coopération internationale accrue.

«Un combattant au passé glorieux»

Après leur première rencontre en mai à Riyad, le président américain n’a pas tari d’éloge sur Al-Charaa, le décrivant comme un «homme fort» et «un combattant au passé glorieux». Al-Charaa espère exploiter cette image d’homme fort pour conclure un accord avec les États-Unis et obtenir la levée définitive des sanctions américaines contre la Syrie.

En 2019, Trump avait imposé des sanctions en vertu de la loi César pour punir Damas des violations massives des droits de l’homme commises sous le régime d’Assad. Mais en juin, il a levé ces sanctions par décret, invoquant la nécessité de donner au peuple syrien la possibilité de se reconstruire. 

Lundi, Trump a semblé vouloir satisfaire les exigences d’Al-Charaa en annonçant que le Trésor américain lèverait la plupart des sanctions contre la Syrie, à l’exception de celles liées aux transactions avec la Russie et l’Iran. Cependant, Al-Charaa recherche une solution permanente, ce qui nécessiterait une loi du Congrès, et les législateurs américains semblent réticents à accéder à une telle demande à moins que Damas ne remplisse plusieurs conditions, comme la garantie du pluralisme religieux dans le pays et l’amélioration des relations avec Israël.

Sharp considère que la levée des sanctions américaines contre Damas est essentielle à la réintégration de la Syrie au sein du marché financier mondial.

Al-Charaa a quant à lui affirmé que les investissements étrangers sont indispensables pour renforcer le système de santé du pays et reconstruire ses infrastructures vitales, dévastées par treize années de guerre civile.

Le président syrien sollicite également des financements étrangers pour la reconstruction, dont le coût est estimé par la Banque mondiale à au moins 216 milliards de dollars.

Washington veut aussi tirer profit de son nouveau partenaire. Trump lui a demandé de rejoindre une coalition de 89 nations pour lutter contre l’État islamique (EI) qui demeure une menace réelle. On estime à 2 500 le nombre de combattants de l’EI toujours actifs en Syrie et en Irak.

Une Trump Tower à Damas

Trump espère également étendre les accords d’Abraham et normaliser les relations diplomatiques avec Israël, ce qui permettrait le déploiement de troupes américaines sur la base aérienne de Mezzeh et la construction de la Trump Tower en plein cœur de Damas.

Washington voit là une occasion de consolider une révision positive de l’ordre régional en intégrant pleinement la Syrie post-Assad à leur camp. Voir la Syrie, principal pays du Levant, dans le giron américain et prendre ses distances avec la Russie et l’Iran a toute son importance. 

Le passé djihadiste de M. Al-Charaa n’est pas un problème pour M. Trump et pour les Américains qui sont connus par leur pragmatisme et ne sont animés que par la recherche permanente de leurs intérêts. De plus, le cas du nouveau dirigeant syrien ne constitue pas un précédent. Yasser Arafat, chef de l’Organisation de libération de la Palestine, était considéré comme un terroriste par les États-Unis. En devenant une figure clé des accords d’Oslo de 1993, il n’était plus perçu comme tel et a été intégré au sein de la communauté internationale. Passer du statut de paria à celui de fréquentable est tout à fait possible. 

À part le revirement stratégique pro-américain, Washington ainsi que ses alliés dans la région souhaitent que Damas, sous la direction d’Al-Charaa, deviendra un partenaire dans la lutte contre le trafic de drogue qui a fait des ravages au sein de la jeunesse de nombreux pays voisins, faisant de beaucoup de jeunes des toxicomanes.

En définitive, les attentes sont grandes et seul l’avenir nous dira si la lune de miel va se poursuivre et jusqu’à quand?

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